Après la mort de son fils et de sa belle-fille, Monsieur Linh quitte son pays ravagé par la guerre. Il emmène avec lui sa petite-fille Sang Diü (“matin doux”), sa seule raison de vivre désormais. Hébergé dans un dortoir impersonnel, il découvre un nouveau pays où tout lui est inconnu, froid, sans odeur ni saveur. Un jour pourtant, il rencontre Monsieur Brac, un homme bavard et chaleureux qui vient de perdre sa femme. Au-delà de la barrière de la langue, les deux hommes vont unir leurs solitudes.
Ce roman commence de manière déconcertante, comme un gentil conte un brin désuet et simpliste. L’écriture est sobre à l’extrême, et l’on suit les petits pas de Monsieur Linh avec compassion et tendresse, mais sans passion, en se demandant où nous mène ce charmant vieux monsieur. Et puis brusquement, une révélation inattendue apporte une profondeur vertigineuse au personnage. Les thèmes de la solitude, de l’amour ou du deuil prennent une nouvelle dimension et l’on saisit alors toute la force de ce portrait fragile et délicat.
Stock 2005, 159 pages, 15.50€