Catégorie : Romans francophones

[Roman] La reine du silence – Marie Nimier

La petite Marie n’a que cinq ans lorsque son père, l’écrivain Roger Nimier, meurt dans un accident de voiture. Quarante ans plus tard, elle entreprend de dresser le portrait de ce père qu’elle a si peu connu.

A quelques bribes de souvenirs s’ajoutent une carte postale lapidaire, les portraits d’amis écrivains, les confessions des frères de Marie, les traces d’une correspondance, des photos à la Une de Paris-Match… Elle évoque, sans jamais le juger, ce père aux multiples démons, qui privilégiait son travail à sa famille, et pouvait se montrer particulièrement cruel. Sous la plume de la femme mûre, on retrouve les questions, les peurs et les doutes d’une petite fille qui tente de comprendre, de se rapprocher de ce père trop tôt disparu, afin d’apaiser ses propres tourments.

Sur le ton de la confidence, avec beaucoup de sensibilité et de pudeur, Marie Nimier offre un beau témoignage sur l’amour filial.

Gallimard 2004, 170 pages, 14.50€ – PRIX MEDICIS 2004 /

[Roman] Merci – Daniel Pennac

Un artiste reçoit un prix pour l’ensemble de son œuvre. Seul sur scène, il doit sacrifier au traditionnel discours de remerciement.

Merci, oui, mais à qui, pourquoi, comment? Ces questions et l’ambiguïté du terme ( “Etre remercié” ou “à la merci de”…) font naviguer le personnage entre l’humour et la mélancolie. Il s’interroge sur son métier, sur ces gens qui le jugent, fouille ses sentiments, met à jour ses doutes et ses rancœurs. D’une digression à l’autre, il entre dans une sphère plus intime, évoque la solitude, la sincérité de ses amis ou de sa famille, l’impossibilité de remercier en amour.

Merci est un exercice de style déroutant mais plein de charme. Pennac s’amuse avec le cadre convenu et rigide du discours de remerciement, détourne les règles et repousse les limites du genre. Merci est un monologue doux-amer à savourer, une friandise pour les fans de Pennac!

Gallimard 2004, 127 pages, 13.50€/