les pintades à téhéran

3 etoiles

Après Une vie de pintade à Paris, qui m’avait moyennement convaincu,  c’est donc le deuxième livre de la collection des Pintades que je lis, celui-ci étant consacré à Téhéran. Le concept est toujours le même, mêler guide touristique (avec les bonnes adresses et les bons plans de Téhéran) et chronique sociale au féminin. L’auteur, Delphine Minoui a habité en Iran pendant  plusieurs années et nous fait partager la vie quotidienne des Téhérannaises que ne peuvent imaginer les touristes, car ici plus qu’ailleurs le fossé entre la vie publique et la vie privée est énorme!  Nos pintades cultivent leurs contradictions (derrière les foulards se cachent des femmes très soucieuses de leur apparence), et multiplient les petits arrangements quotidiens avec le pouvoir religieux.

Dépaysement oblige, j’ai appris pas mal  de choses, mais comme dans “Une vie de pintade à Paris”,  certains côtés m’ont agacé, comme ce ton faussement enjoué, un peu forcé, qui imite le style des magazines féminins. Et alors que je m’attendais à ce que ce volume consacré aux iraniennes soit plus profond que celui dédié aux Parisiennes, quelle déception (!) de découvrir que toutes les pintades du monde semblent avoir les mêmes sujets de préoccupation: il n’est question à longueur de pages que de maquillage, de coiffure, de lingerie, de défilé de mode, de chirurgie esthétique ou  d’épilation… Qu’elles soient de Paris ou de Téhéran,  ces pintades me semblent désespérément frivoles et je ne suis pas sûre de toujours saisir la différence entre une pintade nouvelle et une bonne dinde traditionnelle. La condition féminine en Iran est traité avec trop de légèreté à mon goût, les sujets sérieux vite évacués. Et même si quelques trop rares passages abordent des sujets moins futiles (comme le portrait du prix Nobel Chirine Ebadi, ou des réflexions intéressantes sur le port du foulard, sujet d’actualité!), je n’aime décidément pas l’image des femmes que véhicule cette collection.

Le livre de poche 2009, 280 pages, 6,50€

Une lecture commune avec Sylire.

Lu aussi par Keisha qui nous offre en prime quelques photos de son voyage en Iran, Enna a abandonné ce livre,  Liliba a trouvé ça “amusant, plein d’anecdotes, de portraits sympathiques” mais a ressenti un certain malaise tout au long de sa lecture, pour Lorraine il s’agit d'”une plongée très instructive dans un univers féminin en effervescence”, Clarabel est la plus enthousiaste.

10 Comments on Les pintades

  1. Mettre le foulard et même le Tchador, être femme en Iran n’est pas toujours facile. Je connais une iranienne qui malheureusement a été “vivement conseillée” d’épouser un homme. Sa revanche : sa coquetterie qui rend son mari jaloux quand 3 numéro de téléphone sont accroché sur le pare-brise de la voiture. Avec un titre comme “les pintades à Teheran” on sait qu’on va rire. Si les femmes la-bas ne savait être “frivole” je pense qu’elle aurait le cerveau en compote avec tous leur devoir de femmes. Je conseille le film de Jafar Panahi ” Off side” où des femmes iraniennes se déguisent en hommes pour assister aux matchs de foot. Engagé et touchant

  2. J’ai eu la même impression que toi en feuilletant ce livre en rayon, le côté futile m’a en effet dérangée. Maintenant, Lorraine n’a pas tort de dire que ça peut être aussi une forme de résistance sous un régime aussi sinistre, mais ce guide pourrait justement approfondir un peu ce regard.

  3. C’est vrai qu’il y a de la légèreté, mais sous certains régimes politiques, ça devient presque de la résistance face à l’austérité et la terreur imposées.
    J’ai appris plein de choses avec ce livre, et c’était agréable à lire !
    Et félicitations à toi Solenn pour la victoire de ton blog !

  4. J’ai “Les pintades à Londres” dans ma PAL. Ca a l’air d’un quide touristique décalé, limite chick litt. Peut-être que ça me permettra d’en apprendre un peu plus sur les habitudes des Londoniennes de tous poils!

  5. @Sylire: Quand j’ai découvert cette collection je m’attendais à un angle féminin, mais pas forcément frivole (en tous cas pas autant). D’ailleurs la description d’une pintade c’est “une femme d’aujourd’hui, légère et sérieuse, féminine et féministe”… Franchement j’ai cherché désespérément le sérieux et le féminisme. Je pense qu’il y avait moyen de construire une collection plus équilibrée et plus intéressante.

    @Keisha: Je ne doute pas que tout ce que décrit l’auteur est vrai, que les téhérannaises soient très soucieuses de leur apparence, mais j’ai trouvé que cet aspect occupait bien trop de place dans l’ouvrage. Je suis sûre qu’une fois coiffées et maquillées il leur arrive d’avoir des préoccupations plus sérieuses 😮

    @Canel: Oui il y a des lectures bien plus intéressantes sur L’Iran, notamment “Persepolis”, formidable lecture.

    @L’Ogresse: Ce n’est pas moi qui vais te convaincre de le lire en tous cas 😉

  6. Je sens que je suis d’accord avec sylire, le côté frivole de la collection est revendiqué , mais les passages “bonnes adresses” ne m’ont pas intéressé, pour la même raison les autres titres de la collection ne m’attirent pas.
    j’ai lu ce livre après mon court séjour en Iran, où j’ai vu des femmes des grandes villes plutôt élégantes, maquillées, trichant au maximum pour découvrir leur cheveux, une sorte de pied de nez aux autorités. A côte je faisais pitoyable, on ne m’a jamais prise pour une iranienne (alors que dans le métro de Moscou on m’a demandé deux fois son chemin, tu vois à quel point j’étais crédible en femme moscovite)

  7. J’avais été déçue par cette lecture, car comme tu dis c’est le côté “frivole” qui domine. Je m’attendais, comme toi, à qqch de plus sérieux sur la condition féminine iranienne.
    Il faut dire que j’ai lu ce livre après avoir été charmée et émue par “Persepolis” de Marjane Satrapi et les romans de Djavann Chahdortt (dont “La muette”).

  8. La légerté ne m’a pas dérangée car c’est le parti pris de cette collection, c’est clair dès le départ. Les pintades à Paris, franchement cela ne m’intéresse pas. Je n’ai pas grand chose à apprendre mais à Téhéran, oui, j’ai appris beaucoup de choses. Ceci dit, ce n’est pas une lecture incontournable.

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