Le monde connu – Edward P. Jones

3-etoiles.gif

Henry Towsend meurt dans l’état de Virginie en 1850, quelques années avant la guerre de Sécession. Cet ancien esclave laisse à sa femme Caldonia la responsabilité
d’une plantation et d’une trentaine d’esclaves, dont Moïse, son fidèle surveillant. Caldonia est épaulée notamment par Robbins, l’ancien maître blanc d’Henri, ainsi que par les deux enfants qu’il
a eu avec sa maîtresse noire, Louis et Dora. Le Shérif a quant à lui monté une milice destinée à surveiller les allées et venues des esclaves de la région.

Difficile de résumer ce roman foisonnant! A travers une multitude de portraits, Edward P. Jones construit une grande fresque sur
l’esclavagisme. L’auteur traite le sujet sans manichéisme, décrit avec beaucoup de nuances les rapports complexes et ambigüs qu’entretiennent noirs et blancs, maîtres et esclaves, ainsi que
la difficulté des affranchis à trouver leur place. J’ai eu du mal à entrer dans l’histoire, à trouver mes repères: Il y a beaucoup de personnages, d’histoires qui se
recoupent, d’allers-retours dans le temps, une avalanche de détails et de digressions.  Malgré la qualité du propos et de l’écriture, la richesse, la densité même de ce
roman sont assez déroutantes,  et l’histoire s’éparpille trop pour que l’on puisse vraiment s’attacher aux personnages. “Le monde connu” est une oeuvre ambitieuse, mais un peu trop
copieuse à mon goût.

Prix Pulitzer 2004
Albin Michel 2005, 512 pages, 22.50€

Grand Prix des Lectrices de Elle

Voilà, l’aventure du Grand Prix des Lectrices de Elle est presque finie pour moi, il ne me reste plus qu’à attendre les résultats qui seront annoncés le 29 mai. Il y a bien eu quelques moments d’agacement et de découragement, mais dans l’ensemble je suis ravie d’avoir participé à ce prix passionnant et exigeant. 

Je ne me lancerais pas dans des explications détaillées sur le déroulement un peu complexe du prix… Pour résumer, entre septembre 2005 et mars 2006, ont été élus 3 livres chaque mois (un roman, un polar, un document). Soit au final 8 titres dans chaque catégorie, parmi lesquels seront choisis les 3 lauréats du prix Elle.


– Sélection Finale Roman
Miséricorde de Linn Ullmann
La vie parlée de Bernard Chapuis
Ambiguïtés d’Elliot Perlman
Les cerfs-volants de Kaboul de Khaled Hosseini
Les charmes discrets de la vie conjugale de Douglas Kennedy
La petite trotteuse de Michele Lesbre
Falaises d’Olivier Adam
De l’art de conduire sa machine de Steven Caroll

J’ai été un peu déçue par la sélection de romans, Les cerfs volants de Kaboul de Khaled Hosseini est sans doute le seul titre qui me marquera vraiment.

– Sélection Finale Polar –
Tokyo de Mo Hayder
La cité des jarres de Arnaldur Indridason
Ne te retourne pas de James W. Nichol
La route de tous les dangers de Kris Nelscott
De chair et de sang de John Harvey
La chambre des morts de Frank Thilliez
Naevi de Nicolas Michel
Meurtres à Pékin de Peter May

Je dois saluer en revanche la sélection de polars, (presque) tous très bons, j’ai redécouvert ce genre dont je m’étais un peu lassé. Et j’ai eu un vrai coup de coeur pour Tokyo de Mo Hayder.

– Sélection Finale Document –
La vie sauve de Lydie Violet et Marie Desplechin
Je veux revoir maman d’Alain Vincenot
Marylin, portrait d’une apparition de Marie-Magdeleine Lessana
Lucky d’Alice Sebold
Les jouets vivants de Jean-Yves Cendrey
Virginia Woolf et Vanessa Bell de Jane Dunn
Je parle de Laëtitia Bohn-Derrien
Dictionnaire égoïste de la littérature de Charles Dantzig

Le document était un genre que je connaissais peu avant d’aborder ce prix. J’ai appris à apprécier ces lectures, même s’il faut souvent avoir le moral bien accroché! Je retiens tout particulièrement Lucky d’Alice Sebold et La vie sauve de Lydie Violet et Marie Desplechin.


Pour poser votre candidature pour le prix Elle 2007 cliquez sur le logo ci-dessous!



Coup d’oeil sur ma PAL*

Il y a les livres de la bibliothèque (Le Club Jane Austen de Karen Joy Fowler), les achats trimestriels chez France Loisirs (Leur histoire de Dominique Mainard ou L’étourdissement de Joël Egloff), les livres empruntés (la série des Rois Maudits de Druon), offerts (Les mystères de Paris d’Eugène Sue), donnés, gagnés (Ecoute-moi de Margaret Mazzantini), les occasions qu’on ne peut pas laisser passer (L’étoile des mers de Joseph O’Connor à 2,20€, pensez donc), les titres achetés pour des lectures communes (L’affaire Jane Eyre de Jasper Fforde ou Un jardin à Téhéran de Shusha Guppy), ou achetés pour des vacances d’été pendant lesquelles on lit finalement moins que prévu (Une rivière sur la lune de Barbara Kingsolver ou Le cimetière des bateaux sans nom d’Arturo Perez-Reverte), il y a ceux que je n’ai plus envie de lire (Une nuit d’hiver un voyageur d’Italo Calvino) , ceux dont je repousse la lecture pour mieux l’apprécier (Harry Potter et le prince de sang-mêlé).. Certains sont là depuis quelques jours ou quelques mois, d’autres patientent depuis plusieurs années (Je pense que L’enfant du Danube de János Szekely détient le record). 54 livres attendent ainsi leur tour, à croire qu’ils se multiplient dans mon dos…
Et votre PAL à vous, elle ressemble à quoi?
* PAL = Pile A Lire

De l’art de conduire sa machine – Steven Carroll

3-etoiles.gif

Vic, Rita et leur fils Michael vivent dans un faubourg de Melbourne, à la fin des années 50. Ce samedi soir, ils sont invités chez leur voisin Georges Bedser, qui fête
les fiançailles de sa fille Patsy. Au cours de la promenade nocturne qui les mène à cette soirée, on découvre les difficultés de ce couple: Vic, conducteur de locomotives, est dévoré par la
maladie et l’alcool. Rita, bien trop élégante pour ce quartier étriqué, et désespérée par la lente déchéance de son mari, songe à tout quitter; Michael n’a quant à lui qu’un rêve, lancer la balle
de cricket parfaite, son ticket pour s’évader de cette triste banlieue.
Je me suis beaucoup ennuyée pendant la première moitié de ce roman, la trame très mince, le temps étiré à l’extrême (il faut près de 100 pages à Vic et Rita pour se
rendre à la fameuse soirée!) et la mise en scène théâtrale rendent la lecture assez soporifique. J’ai pourtant fini par me laisser happer par cette atmosphère triste et nostalgique, par ce
sentiment d’une époque qui s’achève. On s’attache à ces personnages ordinaires, à leurs vies banales, à leurs doutes et leurs failles.  “De l’art de conduire sa machine” est une longue pause
dans l’existence de ces personnages, que chacun d’entre eux met à profit pour s’interroger sur sa vie de couple et sur l’amour. Tous sont à un tournant de leur vie, confrontés à un choix
difficile, continuer à subir leur destin ou prendre enfin leur vie en main. S’attachant aux nuances du quotidien, Steven Carroll évoque ainsi la vie et ses tragédies en toute simplicité. Et même
s’il faut du temps pour apprivoiser l’univers de ce roman, on est finalement conquis par le charme qu’il distille par petites touches.

Phebus 2005, 232 pages, 19€

Meurtres à Pékin – Peter May

2_etoiles.gif

Un homme est brûlé vif dans un parc de Pékin. Deux autres corps sont retrouvés dans la capitale chinoise, à deux endroits différents, et seul un mégot de cigarette
près de chaque cadavre permet de faire le lien entre ces trois affaires. L’enquête incombe au fraîchement promu commissaire Li Yan, qui sera aidé, un peu malgré lui, par Margaret, un médecin
légiste américain venue donner une série de conférences en Chine.
“Meurtres à Pékin” est le premier volume de la série chinoise de Peter May (le second volume, “le quatrième sacrifice” vient tout juste de paraître). Les amateurs de
polars seront déçus, l’enquête étant rapidement délaissée au profit d’une description de la vie quotidienne chinoise. Peter May a visiblement accompli un gros travail de documentation pour
décrire au plus près cette société en pleine mutation, qui reste marquée par le fer rouge de la révolution culturelle.
Menée sur un ton trop pédagogique, cette plongée mal maîtrisée au coeur des moeurs chinoises se noie malheureusement dans les détails et les longueurs. La goutte
d’eau est sans doute l’inévitable histoire d’amour qui  joue sur tous les clichés possibles, de les opposés s’attirent à Je t’aime moi non plus. Le
résultat final est d’autant plus décevant que les bonnes idées (le choc des cultures, le danger des OGM) ne manquent pas dans ce roman, dommage qu’elles soient si mal exploitées.
Sélection Polar du Grand Prix des Lectrices de Elle
Editions du Rouergue 2005, 414 pages, 20€