[Nouvelles] Infidélités – Vita Sackville-West

 

infidélitésVoilà longtemps que j’avais envie de découvrir Vita Sackville-West (romancière anglaise née en 1892 et décédée en 1962, amie de Virginia Woolf), c’est désormais chose faite grâce à ce recueil de nouvelles paru le mois dernier au Livre de Poche. Infidélités regroupe six nouvelles publiées dans différents journaux entre 1922 et 1930.

Le texte qui ouvre ce recueil, Son fils, est celui que j’ai trouvé le plus abouti. Dans son domaine de la campagne anglaise une femme âgée attend avec impatience son fils qu’elle n’a pas revu depuis 5 ans. Il y a tant d’amour dans ses préparatifs entamés de longue date et dans son attente fébrile, tant de fierté envers son enfant, tant d’espoirs d’un avenir partagé… Mais quand le fils prodigue arrive enfin, il se révèle être un personnage odieux et vide, passé maître dans l’art des apparences, qui se fiche bien des attentions de sa mère et ne pense qu’à retrouver sa maîtresse à Londres. Le décalage entre les attentes de la mère et le comportement du fils m’a beaucoup touchée.

J’ai aussi aimé deux autres nouvelles qui ont su me surprendre, Justice dans lequel un homme trompé va imaginer une punition effrayante pour se venger de l’amant de sa femme,  et Fiançailles où une femme se décide enfin à répondre aux avances d’un marin qui la poursuit de ses assiduités depuis de nombreuses années. Mais rien ne va se passer comme elle l’avait prévu…

J’ai été moins séduite par les trois autres textes: Dans Patience un homme se souvient de son grand amour de jeunesse alors que sa femme joue aux cartes près de lui, cette nouvelle m’a laissée un peu sur ma faim; Je n’ai pas compris où voulait en venir l’auteur dans Cet été-là (l’amitié de 4 jeunes gens qui ont l’habitude de passer leurs vacances ensemble va être perturbée par la relation amoureuse de deux d’entre eux); Liberté enfin raconte une relation adultère dans laquelle va s’immiscer le mari de l’amante, là j’ai trouvé le style moins fluide que dans les autres nouvelles, et l’auteur insiste un peu trop lourdement sur  l’idée que peut-être l’amant cache en fait une homosexualité refoulée (en couchant avec la femme, il coucherait en quelque sorte par procuration avec son mari).

Toutes ces nouvelles ont en commun de parler d’amour mais quelque soit sa forme (Amour maternel, adultère, relation triangulaire, voire quadrangulaire) il est ici toujours  associé à une bonne dose de cruauté, sali de petites trahisons, et ne sert finalement qu’à mieux marquer l’infinie solitude de chacun.  J’ai beaucoup aimé la plume fine et élégante de l’auteur, l’association de sentiments atemporels et d’une atmosphère délicieusement surannée. Si toutes les nouvelles de ce recueil ne m’ont pas forcément convaincue, j’ai quand même beaucoup aimé cette première rencontre avec Vita Sackville-West.

Infidélités de Vita Sackville-West, traduction de Micha Venaille, Le livre de poche mars 2013 – Note/4 etoiles

 

Sorties Poches Avril 2014

le manoir de tyneford  Le manoir de Tyneford – Natasha Solomons (Le livre de poche, 9 avril)

Au printemps 1938, l’Autriche n’est plus un havre de paix pour les juifs. Elise Landau, jeune fille de la bonne société viennoise, est contrainte à l’exil. Tandis que sa famille attend un visa pour l’Amérique, elle devient domestique à Tyneford, une grande propriété du Dorset. C’est elle désormais qui polit l’argenterie et sert à table. Au début, elle se fait discrète, dissimule les perles de sa mère sous son uniforme, tait l’humiliation du racisme, du déclassement, l’inquiétude pour les siens, et ne parle pas du manuscrit que son père, écrivain de renom, a caché dans son alto. Peu à peu Elise s’attache aux lieux, s’ouvre aux autres, se fait aimer… Mais la guerre gronde et le monde change. Elise aussi doit changer. C’est à Tyneford pourtant qu’elle apprendra qu’on peut vivre plus d’une vie et aimer plus d’une fois.

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Le mystérieux Mr Kidder – Joyce Carol Oates (Points, le 24 avril)

Lolita postmoderne, Katya oscille entre la naïveté de ses 16 ans et le cynisme d’une gamine élevée à la dure. Quand le très distingué Mr Kidder l’aborde, la jeune fille se méfie, puis se laisse séduire par le charme et la générosité désintéressée du vieil homme. Derrière sa richesse, ses bonnes manières, ses tableaux bizarres, qui est le mystérieux Mr Kidder ? Et que veut-il vraiment de Katya ?

 

 

 

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Demain est un autre jour – Lori Nelson Spielman (Pocket, le 3 avril)

À la mort de sa mère, Brett Bohlinger pense qu’elle va hériter de l’empire de cosmétique familial. Mais, à sa grande surprise, elle ne reçoit qu’un vieux papier jauni et chiffonné : la liste des choses qu’elle voulait vivre, rédigée lorsqu’elle avait 14 ans. Pour toucher sa part d’héritage, elle aura un an pour réaliser tous les objectifs de cette life list… Mais la Brett d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec la jeune fille de l’époque.
Enseigner ? Elle n’a aucune envie d’abandonner son salaire confortable pour batailler avec des enfants rebelles. Un bébé ? Andrew, son petit ami avocat, n’en veut pas. Entamer une vraie relation avec un père trop distant ? Les circonstances ne s’y prêtent guère. Tomber amoureuse ? C’est déjà fait, grâce à Andrew, à moins que…
Malgré tout, Brett va devoir quitter sa cage dorée pour tenter de relever le défi. Et elle est bien loin d’imaginer ce qui l’attend.

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La femme qui décida de passer une année au lit – Sue Towsend (10/18, le 17 avril)

Le jour où ses jumeaux quittent la maison pour entrer à l’université, Eva se met au lit… et elle y reste. Depuis dix-sept ans que le train de la vie l’entraîne dans une course effrénée, elle a envie de hurler : « Stop ! Je veux descendre ! » Voilà enfin l’occasion.Son mari, Brian, astronome empêtré dans une liaison extraconjugale peu satisfaisante, est contrarié. Qui lui préparera son dîner ? Eva ne cherche qu’à attirer l’attention, prétend-il. Mais la rumeur se répand et des admirateurs par centaines, voyant dans le geste d’Eva une forme de protestation, se pressent sous la fenêtre de sa chambre, tandis que son nouvel ami, Alexander, l’homme à tout faire, lui apporte du thé, des toasts, et une sollicitude inattendue. Depuis son étrange prison, Eva va-t-elle trouver (enfin) le sens de la vie ?

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Bernadette a disparu – Maria Semple (10/18, 3 avril)

Paralysée par son propre génie, asociable, trop originale et trop angoissée pour la petite ville ou elle a atterri, Bernadette se sent de plus en plus enfermée. Alors elle fuit Seattle et ses mères de famille proprettes jamais à court de muffins, son mari gourou chez Microsoft dont l’esprit trop cartésien ne parvient plus à la comprendre, et son passé glorieux d’architecte visionnaire montée trop haut trop vite et que la chute a laissée bancale. Tout a commencé quand Bee, brandissant son bulletin de notes, a réclamé la récompense qu’on lui avait promise : un voyage en famille en Antarctique ! Mais, au moment de partir, les névroses de Bernadette la rattrapent. Au pied du mur, elle disparaît. Sur les traces de sa mère, Bee découvre dans son courrier une montagne de secrets. La part d’ombre que toute mère cache à sa fille. À chaque page, Bee la découvre un peu plus géniale et imparfaite.

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  A l’encre russe – Tatiana de Rosnay (Le livre de poche, 23 avril)

L’Enveloppe a valu au jeune romancier Nicolas Kolt un succès international et une notoriété dans laquelle il tend à se complaire. C’est en découvrant la véritable identité de son père et en fouillant jusqu’en Russie dans l’histoire de ses ancêtres qu’il a trouvé la trame de son premier livre. Depuis, il peine à fournir un autre best-seller à son éditrice. Trois jours dans un hôtel de luxe sur la côte toscane, en compagnie de la jolie Malvina, devraient l’aider à prendre de la distance avec ses fans. Un week-end tumultueux durant lequel sa vie va basculer…

 

 

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  Park Avenue – Cristina Alger (Le livre de poche, 9 avril)

En épousant Merrill par amour, le jeune avocat Paul Ross est entré dans le clan Darling avec son cortège de privilèges : un appartement sur Park Avenue, un job en or, des week-ends dans les Hampton et des soirées avec le tout Manhattan. Mais bientôt Wall Street plonge et les grandes banques menacent de s’effondrer. Un scandale vient éclabousser la famille Darling, la propulsant sous les feux des médias, et Paul doit choisir son camp. Sauver sa peau en trahissant sa femme et les siens ou les protéger, coûte que coûte. Cristina Alger pose un regard subtil et implacable sur cette haute société new-yorkaise dont la crise financière de 2008 va faire voler en éclats les certitudes. Un roman étincelant, drôle et féroce, aussi tendu qu’un thriller, sur lequel plane l’ombre de Madoff.

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Confessions d’un gang de filles – Joyce Carol Oates (Le livre de poche, 16 avril)

Un quartier populaire d’une petite ville ouvrière de l’État de New York dans les années 1950. Cinq lycéennes – Maddy, la narratrice, Goldie, Lana, Rita et Legs –, pour survivre et se venger des humiliations qu’elles ont subies, concluent un pacte, à la vie, à la mort : elles seront le gang Foxfire. La haine, surtout celle des hommes, va les entraîner dans une impitoyable équipée sauvage. Dans une langue crue, précise et concrète, Joyce Carol Oates dépeint la « fureur de vivre » des cinq inséparables et leurs accès de générosité envers d’autres déshérités. Comme toujours chez l’auteur de Blonde, le Mal est d’autant plus vraisemblable qu’il nous ressemble…

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  Yellow Birds – Kevin Powers (Le livre de poche, 2 avril)

Bartle, 21 ans, est soldat en Irak, à Al Tafar. Depuis l’entraînement, lui et Murphy, 18 ans, sont inséparables. Bartle a fait la promesse de le ramener vivant au pays. Une promesse vaine… Murphy mourra sous ses yeux et le hantera toute sa vie. Yellow birds nous plonge au cœur des batailles où se déroule le quotidien du régiment conduit par le sergent Sterling. On y découvre les dangers auxquels les soldats sont exposés jour après jour. Et le retour impossible à la vie civile.

 

 

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Le jeu des ombres – Louise Erdrich (Le livre de poche, 9 avril)

Gil est peintre, Irène écrivain. Ils ont trois enfants. Irene a souvent servi de modèle à son mari. Trop souvent, sans doute. Irene tient son journal intime dans un agenda rouge. Lorsqu’elle découvre que Gil le lit, elle décide d’en rédiger un autre, un carnet bleu qu’elle met en lieu sûr et dans lequel elle livre sa vérité. Elle continue néanmoins à écrire dans l’agenda rouge, qui lui sert à manipuler son unique lecteur. Une guerre psychologique commence. En faisant alterner les journaux d’Irene et un récit à la troisième personne, Louise Erdrich témoigne, une fois de plus, d’une prodigieuse maîtrise narrative.

 

 

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  Les paradis aveugles – Duong Thu Huong (Le livre de poche, 9 avril)

Hàng tente de gagner sa vie comme ouvrière dans une usine en URSS. Dans le train qui la conduit à Moscou, elle est appelée au chevet de son oncle malade, l’occasion pour elle d’une plongée dans un passé douloureux. L’oncle Chinh, membre zélé du Parti communiste, a été l’un des ardents serviteurs de la réforme agraire au Vietnam. La mère de Hàng, par piété fraternelle et par respect des traditions, n’a jamais osé s’opposer à son frère. Pas même quand il a obligé son mari, instituteur, à fuir le village, dédaignant la classe de sa famille, ces « ennemis mortels de la paysannerie ». Contrainte de s’installer à Hanoi et d’y élever seule sa fille, c’est elle qui subviendra aux besoins de Chinh, incapable de nourrir ses enfants avec sa maigre solde de fonctionnaire. Dans ce livre de jeunesse, Duong Thu Huong , en pointant à travers un drame familial, une tragédie collective, interroge déjà le paradis marxiste… celui de tous les aveuglements.

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  Désordre – Penny Hancock (Le livre de poche, 2 avril)

Sonia mène une vie confortable mais solitaire dans sa maison des bords de la Tamise. Greg, son mari, est souvent en déplacement professionnel à l’étranger. Kit, leur fille, est partie à l’université. Pourtant, alors que Greg la presse de le rejoindre, Sonia se sent incapable de quitter la maison où elle a grandi et où elle a été heureuse. Lorsque Jez, 15 ans, le neveu de son amie Helen, frappe à sa porte pour lui emprunter un album de Tim Buckley, Sonia décide de ne plus le laisser partir. Prise d’une étrange et inquiétante obsession pour la jeunesse de Jez, elle va le séquestrer. La police, alertée par Hélène, se lance dans une enquête qui prend vite un tour inattendu. Désordre est un premier roman envoûtant et terrifiant. Les voix des deux femmes s’y conjuguent dans une tension extrême. Elles nous racontent une histoire de folie, cruellement humaine, qui culmine dans un suspense infernal.

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Nous étions faits pour être heureux – Véronique Olmi (Le livre de poche, 2 avril)

Serge, la soixantaine, a tout ce dont peut rêver un homme : une belle situation, une femme jeune et jolie, deux beaux enfants. Pourquoi s’éprend-il soudain de Suzanne, une accordeuse de piano d’apparence ordinaire, mariée elle aussi, et qui n’est a priori pas son genre ? Et pourquoi la choisir comme confidente de lourds secrets d’enfance dont il n’a jamais parlé et qui ont changé le cours de sa vie ?

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Noces de neige – Gaëlle Josse (J’ai lu, 2 avril)

Roman double emmenant le lecteur en 1881 en compagnie d’une jeune aristocrate russe ne supportant pas son reflet et en 2012 avec Irina, jeune Moscovite embarquant à bord du Riviera express qui relie Moscou à Nice.

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Le plus petit baiser jamais recensé – Mathias Malzieu (J’ai lu, 2 avril)

L’histoire d’amour entre une fille qui disparaît quand elle est embrassée et un inventeur dépressif. Alors qu’ils échangent le plus petit baiser jamais recensé, elle se volatilise. Aidé d’un détective à la retraite et d’un perroquet hors du commun, l’inventeur part à sa recherche.

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 Indigo – Catherine Cusset (Folio, 17 avril)

Un festival culturel rassemble pendant huit jours en Inde quatre Français, deux hommes et deux femmes, qui ne se connaissent pas. Une surprise attend chacun d’eux et les confronte avec leur passé. Cette semaine bouleverse leur vie. De Delhi à Kovalam, dans le Sud, ils voyagent dans une Inde sur le qui-vive où, juste un an après les attentats de Bombay, se fait partout sentir la menace terroriste. Une Inde où leur jeune accompagnateur indien déclare ouvertement sa haine des Etats-Unis. Une Inde où n’ont pas cours la légèreté et la raison françaises, où la chaleur exacerbe les sentiments, où le ciel avant l’orage est couleur indigo. Tout en enchaînant les événements selon une mécanique narrative précise et efficace, ce nouveau roman de Catherine Cusset nous fait découvrir une humanité complexe, tourmentée, captivante.

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Melisande! Que sont les rêves? – Hillel Halkin (Folio,  avril)

“Si nous n’avions qu’une vie à vivre ensemble, je la passerais avec toi dans la joie, en souhaitant encore davantage. Si toi et moi pouvions renaître encore et encore, je voudrais que ce soit toujours toi, toujours moi, pour qu’à chaque renaissance nous soyons toujours ensemble”. Dans le New York des années 1950, au club de littérature du lycée, Hoo, un adolescent timide, écoute avec ravissement la belle Melisande. Vingt-cinq années passeront, il ne cessera pas de l’aimer. Vingt-cinq années, de la chasse aux sorcières à la guerre du Vietnam, depuis que, le temps d’un été, ils formèrent avec le fougueux Ricky un inséparable trio. Hillel Halkin nous offre un hymne à l’amitié et à l’amour : le long et émouvant regard d’un homme mûr sur celle qui donna à son existence tout son sens.

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[BD] Pendant que le roi de Prusse faisait la guerre, qui donc lui reprisait ses chaussettes? – Zidrou & Roger

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– Comment va Michel?
– Bien. Enfin! Mieux qu’on ne l’aurait jamais espéré. Il vit sa vie, quoi! Avec ses petites misères et ses grandes joies.
– Et vous, Madame Hubeau?
– Moi aussi… Je vis sa vie.

 Catherine Hubeau, veuve, s’occupe seule de son fils Michel, 43 ans, qui souffre d’un important retard mental depuis un accident de voiture. Michel c’est un enfant coincé dans un corps d’adulte, qui aime le chocolat, les jeux vidéos, le dessin animé Hippie Papy, tricher au Puissance 4, mais aussi la bière et les films pornos (il a vu 13 fois Les jumelles perverses).  A 72 ans, Mme Hubeau n’a plus l’âge ni la force physique pour s’occuper de son ‘gros bonhomme en chocolat’, capable de piquer des colères retentissantes parce qu’il ne trouve pas son T-shirt préféré à sa place habituelle. Pourtant chaque jour elle répète inlassablement les mêmes gestes, les mêmes mots, les petits rituels qui rassurent Michel.

Cette BD au titre énigmatique raconte donc l’histoire de Mme Hubeau et de Michel sous forme de petites scènes quotidiennes.  Ayant moi-même un frère handicapé, j’ai été profondément touchée par la justesse des émotions: c’est un récit qui retranscrit parfaitement ce que peut être la vie d’un adulte souffrant de ce type de handicap, et la complexité des sentiments que ses proches peuvent éprouver.

Il y a des moments de découragement, des envies de liberté, la tentation parfois de tourner les talons. Il y a le décalage entre le regard extérieur même s’il est bienveillant (Michel trouve toujours quelqu’un pour disputer une partie de Puissance 4) et les difficultés quotidiennes (Sa mère est seule quand il fait un malaise sous la douche ou pour affronter ses colères dévastatrices). Il y a les regrets, de ce que la vie de son fils aurait pu être sans cet accident, et la culpabilité.

Mais il y a aussi les moments de tendresse et de complicité, les petits bonheurs quotidiens, cette relation fusionnelle et unique entre une mère et son fils.  Si le handicap est le sujet principal, il est aussi beaucoup, et surtout, question d’amour maternel (c’est d’ailleurs dans ce sens que je comprends le titre). C’est beau, c’est triste, mais c’est drôle aussi parfois, je vous rassure, par exemple  quand Mme Hubeau va emprunter avec la plus grande décontraction un DVD porno sous les yeux affolés d’un client lambda. Les dessins participent grandement à la réussite de cet album, beaucoup de sentiments passent par les attitudes des personnages, les proportions (Michel a une stature impressionnante alors que sa mère est toute petite) et les regards (les grands yeux ronds de Mme Hubeau sont  particulièrement expressifs).

Pendant que le roi de Prusse faisait la guerre, qui donc lui reprisait ses chaussettes? est vraiment un concentré d’émotions, le magnifique portrait d’une mère courage. Vous l’aurez compris, pour moi c’est un grand, énorme coup de cœur.

Pendant que le roi de Prusse faisait la guerre, qui donc lui reprisait ses chaussettes? de Zidrou & Roger, éditions Dargaud septembre 2013 – 5 étoiles

Challenge petit bac 2014

[Romance] L’île aux papillons – Corina Bomann

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2008, alors qu’elle vient de découvrir que son mari la trompe, Diana quitte précipitamment Berlin pour se rendre au chevet de sa grand-tante Emmely, dont elle est très proche. Elle retrouve le manoir familial des Tremayne, laissé aux bons soins du majordome Mr Green. Avant de mourir Emmely demande à Diana de faire la lumière sur un ancien secret de famille, lié à l’arrière-arrière grand-mère de Diane, Grace, et à sa sœur Victoria. Les recherches de Diana vont l’emmener jusqu’au Sri Lanka, où s’étaient installés ses ancêtres à la fin du XIXème siècle.

Nouvelle lecture en tant que Lectrice Charleston 2014, et c’est pour l’instant le livre que j’ai préféré depuis le début de cette aventure. Au début du roman j’ai d’abord eu un peu de mal à m’y retrouver dans les nombreux personnages féminins (il manque peut-être un petit arbre généalogique auquel se référer) mais une fois confortablement installée dans ma lecture j’ai beaucoup aimé ce voyage entre un vieux manoir anglais et le Sri Lanka du XIXe. Moi qui ne suis pourtant pas fan des romans exotiques d’habitude j’ai vraiment été subjuguée par la description de cette île aux papillons (c’est l’un des surnoms du Sri Lanka) et des plantations de thé.

La recherche du secret familial est passionnante: l’auteur sait titiller notre curiosité en distillant les indices au compte-gouttes, et en les présentant sous différentes formes (des lettres, des photos, une mystérieuse feuille de palme, un petit guide de voyage, etc…). J’ai eu beaucoup de mal à reposer le roman et j’ai dévoré les 200 dernières pages, le cœur battant, happée et émue par la destinée de Grace. A la fois enquête et saga familiale, roman historique et exotique, roman d’amour, L’île aux papillons est un délicieux moment d’évasion.

L’île aux papillons, éditions Charleston mars 2014, 432 pages – Note/4 etoiles

Sur Amazon vous pouvez lire les premières pages
Sur le site des éditions Charleston vous trouverez également l’avis des autres lectrices Charleston 2014 et une interview de l’auteur.

 

Challenge petit bac 2014

Sorties Poches Mars 2014

Le roman du mariage – Jeffrey Eugenides (Points, 6 mars)

A l’université de Brown, au début des années 1980, une fille et deux garçons découvrent avec exaltation la littérature, le sexe, Roland Barthes et les Talking Heads. Mitchell tombe sous le charme de Madeleine, qui lui préfère Leonard… Tel un personnage de Jane Austen, la jeune femme se retrouve au cœur d’un dilemme amoureux. Mais les temps ont bien changé depuis l’époque d’Orgueil et Préjugés

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Mon père est femme de ménage – Saphia Azzeddine (j’ai lu, 5 mars)

Polo a 13 ans quand il commence à raconter son quotidien que seul l’amour de son père vient illuminer, puis plus tard son amour pour les mots.

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La maison d’hôtes (Retour à Cedar Cove 1) – Debbie Macomber (J’ai lu, 5 mars)

Après la mort de son époux, Jo Marie ouvre une maison d’hôtes non loin de Seattle et accueille les âmes en peine afin de retrouver le chemin du bonheur et de l’amour.




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Bloody Miami – Tom Wolfe (Pocket, 6 mars)

Miami, c’est l’image la plus inquiétante et la plus contrastée de l’Amérique de ce début de siècle : riche et pauvre, flamboyante et violente, lumineuse et sombre. Elle offre un kaléidoscope de tableaux violents où se croisent Cubains, Russes, Américains, Nicaraguayens… C’est dans ce chaos urbain que Nestor, un jeune policier cubain de 26 ans, se retrouve mis au ban de sa communauté. On y rencontre aussi Magdalena – sa ravissante petite amie –, un psychiatre accroc au sexe – star des plateaux télé —, un professeur haïtien qui risque la ruine pour que ses enfants soient pris pour des Blancs, un chef de la police noir… Dans cet enfer cosmopolite, ce monde de damnés, Nestor trouvera-t-il son identité ? Cubain, américain ou… paria ?


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06h41 – Jean-Philippe Blondel (Pocket, 6 mars)

Le train de 06h41, départ Troyes, arrivée Paris. Bondé, comme tous les lundis matins. Cécile Duffaut, quarante-sept ans, revient d’un week-end épuisant chez ses parents. Elle a hâte de retrouver son mari, sa fille et sa situation de chef d’entreprise. La place à côté d’elle est libre. S’y assied, après une légère hésitation, Philippe Leduc. Cécile et lui ont été amants vingt-sept ans auparavant, pendant quelques mois. Cela s’est très mal passé. À leur insu, cette histoire avortée et désagréable a profondément modifié leurs chemins respectifs. Tandis que le train roule vers Paris et que le silence s’installe, les images remontent. Ils ont une heure et demie pour décider de ce qui les attend…

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Fleur de tonnerre – Jean Teulé (Pocket, 6 mars)

C’était au temps ou l’esprit des Lumières et le catéchisme n’avaient pas soumis l’imaginaire populaire aux lois de la raison et du Dieu unique. Partout en Bretagne, dans les forêts et les landes, sur les dunes fouettées par les vents fous de l’Atlantique, couraient les légendes les plus extravagantes. Le soir, au creux des fermes, on évoquait inlassablement les manigances des êtres surnaturels qu’on savait responsables de la misère et des maux qui frappaient sans relâche. De tous, l’Ankou, l’ouvrier de la mort, était le plus craint, et c’est cette terrible image qui frappa avec une violence inouïe l’esprit de la petite Hélène Jégado. Blottie contre le granit glacé des gigantesques menhirs, l’enfant minuscule se persuada qu’elle était l’incarnation de l’Ankou. Elle devait donc tuer tous ceux qui se trouveraient sur sa route et remplit sa mission avec une détermination et un sang-froid qui glacent le sang. Après avoir empoisonné sa propre mère qui l’avait surnommée « Fleur de tonnerre », elle sillonna la Bretagne, éliminant sans la moindre hésitation tous ceux qui accueillaient avec bonheur cette cuisinière si parfaite. Elle tuait tout le monde, hommes, femmes, enfants, vieillards et nourrissons. Elle empoisonnait dans les maisons, dans les presbytères, dans les couvents, dans les bordels. Et elle était si bonne, si compatissante aux chevets des mourants, que personne ne pouvait soupçonner un seul instant son monstrueux dessein. Au contraire, on plaignait cette personne si dévouée que la malchance conduisait toujours dans des familles victimes de la guigne. À laisser trop de traces, elle finit par se faire prendre, le jour où elle s’attaqua à un ancien juge, expert en affaires criminelles. Hélène Jégado reste la plus grande « serial killer » de France et, sans doute, du monde entier.

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Complètement cramé – Gilles Legardinier (Pocket, 13 mars)

Lassé d’un monde dans lequel il ne trouve plus sa place, privé de ceux qu’il aime et qui disparaissent un à un, Andrew Blake décide de quitter la direction de sa petite entreprise pour se faire engager comme majordome en France, le pays où il avait rencontré sa femme.
En débarquant au domaine de Beauvillier, là où personne ne sait qui il est réellement, il espère marcher sur les traces de son passé. Pourtant, rencontres et situations hors de contrôle vont en décider autrement… Entre Nathalie, sa patronne veuve aux étranges emplois du temps, Odile, la cuisinière et ses problèmes explosifs, Manon, jeune femme de ménage perdue et Philippe, le régisseur bien frappé qui vit au fond du parc, Andrew ne va plus avoir le choix. Lui qui cherchait un moyen d’en finir va être obligé de tout recommencer…

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Le palais de minuit – Carlos Ruiz Zafon (Pocket, 6 mars)

Calcutta, 1916. Dès leur naissance, les jumeaux Ben et Sheere sont séparés par un terrible drame. Sheere est confiée à sa grand-mère tandis que Ben est mis à l’abri dans un orphelinat. Il s’y fait six fidèles amis, avec lesquels il fonde la Chowdar Society. Cette fraternité secrète se retrouve dans les ruines de l’étrange Palais de Minuit. Le jour de leurs seize ans, Sheere et Ben sont réunis. Une ombre maléfique se déchaîne alors. Quelle est cette force qui s’attaque aux jumeaux ? Quel secret cache cette haine féroce ? C’est au cœur de l’ancienne gare de Calcutta que les membres de la Chowdar Society doivent découvrir la vérité. Dans ce lieu maudit, ravagé le jour même de son inauguration par un incendie qui a fait plus de cent morts, Ben et Sheere vont affronter les vérités de leur passé.

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Le passeur de temps – Mitch Albom (Pocket, 20 mars)

Pour s’être attiré les foudres des dieux le jour où il a réussi à créer la première horloge, Dor est emprisonné dans une cave pendant des siècles, contraint d’écouter les voix suppliantes de tous ceux qui, venant après lui, quémandent du temps, toujours plus de temps. Jusqu’au jour où on lui donne la possibilité de se racheter.
Projeté en 2012, Dor va devoir s’acquitter d’une mission : faire comprendre à deux personnes sur Terre le vrai sens du temps : une adolescente prête à mettre fin à ses jours et un riche homme d’affaires condamné par la maladie, désireux, lui, de vivre éternellement.
Pour se sauver lui-même, Dor va devoir les sauver.

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L’atelier des miracles – Valérie Tong Cuong (J’ai lu, 5 mars)

Une professeure au bout du rouleau, une jeune femme trop solitaire qui se jette dans le vide et un déserteur qui se fait passer à tabac par une bande dans la rue sont accueillis par Jean dans son Atelier des âmes cassées. Les locataires de l’Atelier vont devoir accepter leur part d’ombre et le mystérieux Jean tire les ficelles d’un jeu de plus en plus dangereux. Prix Nice Baie des Anges 2013.

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Black-out – Connie Willis (J’ai lu, 12 mars)

En 2060, les voyages dans le temps sont devenus chose courante et de nombreux historiens partent en mission. Soudainement, le labo des voyages temporels les annule toutes et modifie les programmes. Le plus terrible, c’est cette impression que l’histoire elle-même échappe à tout contrôle. La règle d’or établissant que nul ne peut modifier le passé semble ne plus être valable.

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Infidélités – Vita Sackville-West (Le livre de poche, 12 mars)

Elle n’a que lui et elle l’adore, mais lui ne pense qu’à s’enfuir au plus vite… Elle dort à ses côtés, et lui, « les yeux grand ouverts dans la nuit », rêve à une autre… Elle attend depuis toujours qu’il s’engage, et lui ne peut attendre de lui révéler sa nouvelle existence… L’amour à sens unique, l’amour trahi, la vie qui se fendille en une seule phrase, négligemment glissée dans la conversation :dans ces six nouvelles composées entre 1922 et 1932, Vita Sackville-West montre une fois de plus à quel point elle excelle dans le tableau doux-amer des sentiments inexprimés.

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L’île des beaux lendemains – Caroline Vermalle ( Pocket, 6 mars)

À soixante-treize ans, Jacqueline découvre que son cœur en a dix-sept et abandonne tout, décidée à remonter le temps vers les promesses de sa jeunesse. Marcel, son époux délaissé, affronte la descente de la Loire et toutes les rivières de l’enfer pour partir à sa recherche. Leurs chemins croisent ceux de Paul, ancien prêtre et amateur astronome, fasciné par une étoile morte à l’aube du monde, et de Nane, aristocrate gouailleuse et rebelle, qui panse les plaies des âmes en peine avec les douceurs de l’Île-d’Yeu. C’est auprès d’elle que Jacqueline fera le plus beau des apprentissages : celui de la liberté. Ils ont trois cents ans à eux quatre, et leur aventure commence tout juste. Tissée de poésie, d’espoir et de lumière, l’histoire de gens ordinaires qui découvrent qu’il n’est jamais trop tard pour devenir soi-même.

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La vie contrariée de Louise – Corinne Royer (Pocket, 20 mars)

Lorsque James Nicholson apprend l’existence d’une grand-mère qui vit en France, au Chambon-sur-Lignon, il est trop tard. Comme seul testament, Louise laisse à son petit-fils venu des États-Unis un cahier rouge, journal intime de sa jeunesse. Au fil des pages lues par Nina, serveuse dans le petit hôtel où il séjourne, l’Américain découvre que le village protégea des milliers de réfugiés sous l’Occupation. Pourtant, même les plus belles histoires recèlent leur part d’ombre et de mystère. De la liaison de Louise avec Franz jusqu’au terrible secret des enfants cachés, James plonge dans un passé familial où la barbarie bouscule l’innocence et l’amour. Nul ne peut tout à fait se soustraire à son destin, mais il appartiendra à Nina, la lectrice, de décider si toute vérité est, ou non, bonne à dire.

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