Dans les années 20, le jeune David Martin travaille pour un journal de Barcelone, La vox de la Industria, mais rêve de devenir écrivain. Grâce au soutien du riche et influent Pedro Vidal, il se voit confier l’écriture d’un feuilleton hebdomadaire, qui lance sa carrière littéraire. Il signe alors un contrat avec un duo d’éditeurs, achète la maison dont il rêvait, une grande demeure mystérieuse et fascinante, et peut espérer séduire  enfin la jolie Cristina. Mais le rêve tourne vite au cauchemar, ses éditeurs lui imposant un rythme infernal… Alors qu’il est à bout de forces, un autre éditeur lui propose une forte somme d’argent en échange d’un ouvrage un peu spécial, rien de moins que le texte fondateur d’une nouvelle religion.

Contrairement à ce que j’avais pu lire ici ou là avant de me plonger dans ce roman, Le jeu de l’ange n’est pas du tout la suite de L’ombre du vent,même s’il existe une filiation entre ces deux livres (que je vous laisse le plaisir de découvrir) et si on y retrouve quelques ingrédients connus (comme le cimetière des livres oubliés). J’ai été plutôt séduite par le début du roman qui raconte l’ascension du jeune écrivain, et par l’atmosphère que l’auteur prend le temps d’installer: A 1000 lieux des clichés touristiques, Barcelone apparaît comme une ville mystérieuse et envoûtante, aux rues tortueuses et aux demeures inquiétantes, dans la grande tradition des romans gothiques. Dans cet univers très sombre, le vieux libraire Sempere ou la jeune Isabella apportent une bouffée d’air frais, et j’ai particulièrement aimé ces deux personnages magnifiques, aussi généreux et lumineux que David, papillon de nuit, peut être égocentrique et ténébreux. Malheureusement la suite du roman est plus laborieuse, s’éparpille un peu dans tous les sens, s’attarde sur l’ histoire d’amour peu convaincante entre David et Cristina, et finit par s’enliser dans la relation malsaine et semi-fantastique que David entretient avec son éditeur. Le jeu de l’ange n’est pas un mauvais livre, loin de là, mais n’est à mon avis pas à la hauteur de l’attente qu’avait suscité L’ombre du vent.

Robert Laffont 2009, 544 pages, 22€

(Merci à)