Mois : décembre 2008

Lus en 2008 – Romans étrangers



Le treizième conte de Diane
Setterfield (Pocket)

Gravement malade, la célèbre écrivain Vida Winter contacte la jeune Margaret Lea afin qu’elle rédige sa biographie. Alors qu’elle a toujours menti aux journalistes, révèlera t’elle enfin la
vérité sur sa vie à la jeune femme?  L’atmosphère de ce roman est un hommage aux grands classiques de la littérature anglaise: Une demeure isolée dans le yorkshire, des
âmes tourmentées, des fantômes qui rôdent, des secrets inavouables tapis sous les pierres et sous les peaux… Ajoutez des passages délicieux sur l’amour de la lecture, et tous les
ingrédients sont là pour passer un moment divin!  A  lire au coin du feu pendant les longues soirées d’hiver, evidemment. (Pocket)

Un incontournable de la blogosphère! Lu (et aimé) par Clarabel, Lilly, Laure, Joëlle, Cathulu, Fashion, Emjy, Papillon, Lily, Karine


Les grandes espérances du jeune Bedlam de George Hagen (Belfond)

Né dans les années 1860 dans un quartier défavorisé de Londres, Tom est élevé par sa mère, employée dans une manufacture de porcelaine. Son père, William Bedlam les a abandonné, peu après sa
naissance, pour tenter sa chance sur les planches. Mais un jour ce père indigne, voleur et fourbe, refait surface, et le destin de Tom va en être bouleversé.
Quelque part entre
Dickens et Irving, des bas-fonds de Londres aux paysages éclatants de l’Afrique du Sud, “Les grandes espérances du jeune Bedlam” est l’histoire d’une vie rythmée par les coups du sort, les
secrets et les trahisons. J’avais déjà beaucoup aimé le précédent livre de George Hagen, La famille
Lament
(en poche, chez 10-18) et ce deuxième roman est tout aussi réussi, c’est une belle saga qui s’appuie sur une galerie de personnages étonnants… Un auteur à suivre
de près!

Voir aussi l’avis de Keisha.


Les filles de Riyad de Rajaa Alsanea

“Les filles de Riyad” a d’abord été diffusé sur internet, sous forme de feuilleton hebdomadaire, puis publié au Liban (mais reste interdit en Arabie Saoudite). Dans une série de mails,
la narratrice évoque la vie quotidienne et amoureuse de quatre amies saoudiennes, Lamis, Michelle, Sadim et Gamra.  A travers les destins très différents de ces quatre jeunes
femmes, on découvre toutes les facettes de la féminité en Arabie Saoudite, la cohabitation difficile entre le carcan des traditions et les envies de ces femmes issues d’une classe sociale assez
aisée et donc ouvertes sur le monde occidental. Le sujet est intéressant, et le résultat plutôt sympathique, une sorte de Sex and the city version orientale. (Plon)


Les garçons de Wesley Stace

Il y a eu deux Georges dans la famille Fischer. L’un est né de père inconnu dans les années 60. Sa mère Frankie étant actrice et souvent absente, il est donc élevé par sa grand-mère Queenie
et son arrière-grand mère Evie, qui fut en son temps une célèbre marionnettiste. Son grand-père lui aussi était ventriloque, et l’autre George de la famille n’était autre que sa
marionnette… Les deux Georges prennent la parole chacun leur tour pour raconter l’histoire familiale. “Les garçons” est un roman sur l’identité masculine, George comme son grand-père,
essayant de trouver leur place dans une famille de femmes et d’artistes assez envahissantes! Un roman original et très agréable à lire, malgré quelques longueurs.(Flammarion)

Lu aussi par Virginie.

La vie devant ses yeux – Laura Kasischke



Un lycéen armé fait irruption dans les toilettes de son établissement, met en joue les deux jeunes filles qui s’y trouvent et leur demandent de choisir celle qu’il va tuer. Changement de décor: Mariée à un professeur d’université, Diana mène une petite vie tranquille dans une banlieue américaine. Elle élève sa petite fille, donne quelques cours, et a le temps de se consacrer à sa passion, la peinture. Mais le drame de son adolescence la rattrape…

Après une première scène choc (celle de la tuerie), il faut avouer qu’on s’ennuie un peu: la description de la vie plan-plan de Diana alterne avec ses souvenirs de lycéenne, les moments passés avec son amie Maureen. Mais soudain l’existence bien réglée de Diana se met insidieusement à dérailler et l’angoisse monte… Devient elle folle? Quelqu’un veut il lui rappeler un épisode sombre de son passé?  “La vie devant ses yeux” est un roman troublant et déroutant, et pour l’apprécier il faut accepter de ne jamais maîtriser  complètement le récit: Les allers-retours dans le temps, les ellipses, l’ambiguïté du personnage, une fin brumeuse, l’auteur ne nous donne pas toutes les clés et entretient la confusion chez le lecteur. J’aime décidément beaucoup l’univers de Laura Kasischke, sa façon de faire exploser les apparences de la middle-class américaine, à mi-chemin entre l’étude de moeurs, le thriller et le fantastique. J’ai déjà deux autres romans de Laura Kasischke dans ma PAL  (A moi pour toujours, et son petit dernier, La couronne verte) alors vous n’avez pas fini d’entendre parler de cet auteur sur ce blog!

Points 2003, 7€, traduction d’Ann Wicke. Lu par Laurence, Joëlle, Céline, et vous trouverez aussi l’avis de Clarabel
sur
Amazon.
Ce roman a récemment été adapté au cinéma, avec Uma Thurman & Evan Rachel Wood.
Voir la bande annonce.


*****


A lire aussi: Rêves de garçons de Laura Kasischke.

Trois pom-poms girls insousciantes et arrogantes, en camp de vacances, partent pour une virée en décapotable. Leur rencontre avec deux garçons du cru bouleversera leurs vies à jamais. Un roman inattendu et féroce sur la cruauté du destin, cauchemars garantis!

Lus en 2008 – Romans français

Attention, rafale de critiques express: histoire de
bien démarrer 2009, je fais table rase de 2008 en vous parlant rapidement de livres lus cette année et que j’avais passés sous silence par manque de temps ou d’inspiration! Je commence
par les romans français.



Dans le creux de
ta main de Michèle Reiser

Un homme et une femme, chabadabada. Enfin plutôt blablabla en l’occurrence. Marie revoit Baptiste, et
c’est le coup de foudre. Marie est mariée, Baptiste a un emploi du temps surchargé, ils entament donc une relation en pointillé, dans laquelle les SMS vont prendre beaucoup de place…
Allez, ce n’est pas si mal écrit, mais le sujet est d’une banalité affligeante et l’auteur n’a pas réussi à me convaincre que le SMS pouvait représenter un quelconque intérêt
littéraire.  Pour en savoir plus, je vous renvoie au commentaire de
Frank Bellucci qui qualifie ce roman de “Titanic littéraire”. Pas mieux.
(Albin Michel).



La mère qui voulait être femme de Maryse Wolinsky


Une jolie saga familiale qui raconte l’histoire de 3 générations de femmes: Il y a Marta, une ancienne
violoniste qui fête ce soir ses 90 ans et qui a jadis abandonné sa famille. Sa fille Cécile, qui cherche desespérément l’approbation et l’amour de sa mère, et qui malgré la froideur de celle-ci,
est bien décidée à lui organiser une belle soirée pour son anniversaire. Et puis il y a la fille de Cécile,  l’impulsive et colérique Esther, elle aussi violoniste, qui rentre tout
juste d’une mission humanitaire. Un récit émouvant autour d’un secret de famille, qui met en lumière la complexité des rapports entre mère et fille. (Seuil)



Les petits sacrifices de Caroline Sers


1914, comme chaque année, la famille Dutilleul organise sa grande fête de l’été.  La sévère Marie,
mariée à Henri, élève d’une main de fer ses 4 enfants: Pierre, qui vient de se fiancer, Fabrice qui a du mal a trouver sa place, la discrète Geneviève, et la benjamine, Charlotte. Personne ne le
sait encore mais dans quelques heures leur petit monde sera définitivement bouleversé: l’honneur de la famille sera terni par un double drame survenu pendant la réception. Les cent
premières pages sont très accrocheuses avec cette atmosphère de fin du monde, cette menace indéfinissable qui plane au-dessus de la famille. Malheureusement l’auteur a ensuite
choisi de passer sous silence un grand laps de temps (plusieurs années),  un choix assez déstabilisant pour le lecteur. Le reste du roman m’a du coup paru moins intense, plus froid, et
j’ai eu du mal à m’attacher à des personnages qui ont beaucoup changé en quelques pages… Malgré une petite déception donc, ce roman m’a quand même donné envie de lire d’autres titres de
Caroline Sers! (Buchet Chastel)


Lu aussi par
Cuné (ne lisez pas les commentaires à la
suite du billet, un lecteur  y révèle toute l’histoire!).


La porte des enfers de Laurent Gaudé

1980, Matteo, chauffeur de taxi, vit à Naples avec son épouse Guliana, femme de chambre dans un hôtel. En
retard pour déposer à l’école son petit garçon Pippo, Matteo court dans les rues de Naples ce matin-là, quand soudain une fusillade éclate : Pippo ne se relèvera pas. Ses parents réagiront
au drame de façon différente : Alors que Matteo erre dans les rues de Naples toutes les nuits rongé par la tristesse et la culpabilité, Guiliana le supplie d’aller chercher son fils ou de le
venger. Laurent Gaudé n’évite pas toujours les lourdeurs et les maladresses dans ce roman (la description des enfers, un peu kitsch, ou les longs monologues de la mère de Pippo par
exemple). Mais l’extrême sensibilité des personnages et l’atmosphère de Naples au creux de la nuit font oublier les défauts du récit.  “La porte des enfers”  est un conte noir mais
touchant sur l’amour filial et sur notre rapport à la mort. (Actes Sud)


Lu aussi par
Dda, Amanda et Papillon.

(chanson) “A voix basse” – Juliette

J’ai un bien étrange pouvoir
Mais n’est-ce pas une malédiction ?
Cela a commencé un soir
J’avais à peine l’âge de raison
J’étais plongée dans un roman
De la Bibliothèque Rose
Quand j’ai vu qu’il y avait des gens
Avec moi dans la chambre close

Qui donc pouvaient être ces gosses,
Cette invasion de petites filles ?
Que me voulaient ces Carabosse
Qui leur tenaient lieu de famille ?
J’ai vite compris à leurs manières
A leurs habits d’un autre temps
Que ces visiteurs de mystère
Etaient sortis de mon roman

Ils jacassent
A voix basse
Dès que j’ouvre mon bouquin
Je délivre
De leurs livres
Des héros ou des vauriens
Qui surgissent
M’envahissent
Se vautrent sur mes coussins
Qui s’étalent
Et déballent
Linges sales et chagrins
Ils me choquent
M’interloquent
Et me prennent à témoin
De leurs vices
Leurs malices
De leurs drôles de destins
Mauvais rêve
Qui s’achève
Dès que je lis le mot “fin”
A voix basse
Ils s’effacent
Quand je ferme le bouquin
A voix basse
Ils s’effacent
Quand je ferme le bouquin

Depuis dès que mes yeux se posent
Entre les lignes, entre les pages
Mêmes effets et mêmes causes
Je fais surgir les personnages
Pour mon malheur, je lis beaucoup
Et c’est risqué, je le sais bien,
Mes hôtes peuvent aussi être fous
Ou dangereux, ou assassins

J’ai fui devant des créatures
Repoussé quelques décadents
Echappé de peu aux morsures
D’un vieux roumain extravagant
J’évite de lire tant qu’à faire
Les dépravés et les malades
Les histoires de serial-killers
Les œuvres du Marquis de Sade

Ils jacassent
A voix basse
Dès que j’ouvre mon bouquin
Je délivre
De leurs livres
Des héros ou des vauriens
Qui surgissent
M’envahissent
Se vautrent sur mes coussins
Qui s’étalent
Et déballent
Linges sales et chagrins
Ils me choquent
M’interloquent
Et me prennent à témoin
De leurs vices
Leurs malices
De leurs drôles de destins
Mauvais rêve
Qui s’achève
Dès que je lis le mot “fin”
A voix basse
Ils s’effacent
Quand je ferme le bouquin
A voix basse
Ils s’effacent
Quand je ferme le bouquin

N’importe quoi qui est imprimé
Me saute aux yeux littéralement
Et l’histoire devient insensée
Car je n’lis pas que des romans !
Ainsi, j’ai subi les caprices
D’un Apollon de prospectus
J’ai même rencontré les Trois Suisses
Et le caissier des Emprunts Russes

Un article du Code Pénal
Poilu comme une moisissure
S’est comporté comme un vandale
Se soulageant dans mes chaussures,
Ce démon qui vient de filer
Ça n’serait pas, je me l’demande
Un genre de verbe irrégulier
Sorti d’une grammaire allemande ?

Je pourrais bien cesser de lire
Pour qu’ils cessent de me hanter
Brûler mes livres pour finir
Dans un glorieux autodafé
Mais j’aime trop comme un opium
Ce rendez-vous de chaque nuit
Ces mots qui deviennent des hommes
Loin de ce monde qui m’ennuie.

Malgré les monstres et les bizarres
Je me suis fait quelques amis
Alors, j’ouvre une page au hasard
D’un livre usé que je relis
Et puis j’attends je dois l’avouer
Au coin d’un chapitre émouvant
Que vienne, d’un prince ou d’une fée,
Un amour comme dans les romans
Comme dans les romans

A voix basse
Qu’il me fasse
Oublier tous mes chagrins
Qu’il susurre
Doux murmures
Des “toujours” et des “demain”
Qu’il m’embrasse
Qu’il m’enlace
Et quand viendra le mot “fin”
Je promets
De n’jamais
Plus refermer le bouquin