Mois : septembre 2009

Les mémoires de Giorgione – Claude Chevreuil


1510, le peintre vénitien Giorgione, malade de la peste, est revenu dans son village natal de Castelfranco pour y mourir. Il écrit une longue lettre à l’un de ses élèves, Sebastiano Del Piombo, dans laquelle il revient sur sa vie: fils de modestes paysans, il a quitté très tôt sa famille pour s’installer à Venise et intégrer l’atelier du grand Bellini. Lors de ses années d’apprentissage, il rencontrera les plus grands artistes, fréquentera la noblesse italienne, et découvrira aussi les plaisirs de l’amour .

Bien plus que le portrait romancé d’un peintre, Les mémoires de Giorgione est aussi le récit d’une époque foisonnante, la renaissance italienne, et d’une ville, Venise,  en pleine ébullition artistique. Au cours de son existence brève mais intense (il est mort à 33 ans), Giorgione y rencontrera entre autres grandes figures Léonard de Vinci, Dürer ou Titien, qui fut son élève avant de s’affirmer comme son plus grand rival. Claude Chevreuil livre ici un texte dense et passionné, parfois un peu obscur pour le non-initié quand il aborde certains aspects techniques de la peinture. Mais en bon pédagogue il s’efforce le plus souvent d’alléger le propos, par exemple  en accordant une large place à la vie amoureuse du peintre, et le récit est finalement assez bien équilibré, à la fois instructif et divertissant. S’il vaut mieux être un amateur averti pour saisir toutes les subtilités du récit, ceux qui comme moi ne connaissent pas grand chose à la peinture passeront donc tout de même un bon moment avec ce roman!


Le livre de poche, 416 pages, 6,50€
Les avis de Praline et de Kepherton.

Le jeu de l’ange – Carlos Ruiz Zafon (Rentrée littéraire 2009)


Dans les années 20, le jeune David Martin travaille pour un journal de Barcelone, La vox de la Industria, mais rêve de devenir écrivain. Grâce au soutien du riche et influent Pedro Vidal, il se voit confier l’écriture d’un feuilleton hebdomadaire, qui lance sa carrière littéraire. Il signe alors un contrat avec un duo d’éditeurs, achète la maison dont il rêvait, une grande demeure mystérieuse et fascinante, et peut espérer séduire  enfin la jolie Cristina. Mais le rêve tourne vite au cauchemar, ses éditeurs lui imposant un rythme infernal… Alors qu’il est à bout de forces, un autre éditeur lui propose une forte somme d’argent en échange d’un ouvrage un peu spécial, rien de moins que le texte fondateur d’une nouvelle religion.

Contrairement à ce que j’avais pu lire ici ou là avant de me plonger dans ce roman, Le jeu de l’ange n’est pas du tout la suite de L’ombre du vent,même s’il existe une filiation entre ces deux livres (que je vous laisse le plaisir de découvrir) et si on y retrouve quelques ingrédients connus (comme le cimetière des livres oubliés). J’ai été plutôt séduite par le début du roman qui raconte l’ascension du jeune écrivain, et par l’atmosphère que l’auteur prend le temps d’installer: A 1000 lieux des clichés touristiques, Barcelone apparaît comme une ville mystérieuse et envoûtante, aux rues tortueuses et aux demeures inquiétantes, dans la grande tradition des romans gothiques. Dans cet univers très sombre, le vieux libraire Sempere ou la jeune Isabella apportent une bouffée d’air frais, et j’ai particulièrement aimé ces deux personnages magnifiques, aussi généreux et lumineux que David, papillon de nuit, peut être égocentrique et ténébreux. Malheureusement la suite du roman est plus laborieuse, s’éparpille un peu dans tous les sens, s’attarde sur l’ histoire d’amour peu convaincante entre David et Cristina, et finit par s’enliser dans la relation malsaine et semi-fantastique que David entretient avec son éditeur. Le jeu de l’ange n’est pas un mauvais livre, loin de là, mais n’est à mon avis pas à la hauteur de l’attente qu’avait suscité L’ombre du vent.

Robert Laffont 2009, 544 pages, 22€

(Merci à)


Le billet du week-end #1


Retour sur ma semaine en quelques images…

* Expo Sabine Weiss* à Rennes: 40 photos grand format pour
découvrir l’univers de cette photographe d’origine suisse née en 1924. Des photos en noir et blanc, pleines de curiosité et de tendresse: le Paris d’après-guerre, les gitans de Sainte Marie de la
mer, depuis les années 50 Sabine Weiss a aussi parcouru la planète et saisi des regards d’enfants aux quatre coins du monde, Portugal, Egypte, Chine, Bali, Inde…  (Place de la mairie, expo
gratuite jusqu’au 7 octobre).

* Le retour à la terre * de Larcenet & Ferri: un 5ème tome jubilatoire, une série incontournable pour les amateurs de BD.

* Le premier jour de reste de ta vie* ou la chronique d’une famille ordinaire qui vous fait passer sans cesse du rire aux larmes, un petit bijou avec
Jacques Gamblin et Zabou Breitman. (diffusé actuellement sur Canal +, dispo aussi en DVD). On devait déjà au réalisateur Remi Bezançon l’excellente comédie Ma vie
en l’air
, et il s’occupe  actuellement de l’adaptation du livre d’Eliette Abecassis, Un heureux évènement.

Et ma lecture en cours: * Les mémoires de
Giorgione
*  de Claude Chevreuil, billet à venir!

Pourquoi j’suis pas aux Maldives – Soledad Bravi


Pourquoi j’suis pas aux Maldives? est en fait un best of de deux B.D. publiées précédemment (La BD des paresseuses tome 1 et tome 2).  Soledad Bravi, dont les silhouettes longilignes sont bien connues,  pointe ici avec beaucoup d’humour toutes les contradictions de la gent féminine: Comment, entre autres, faire un régime tout en s’empiffrant de gâteau au chocolat, ou faire du sport sans se fatiguer…! Elle décortique sans pitié le quotidien au féminin sous toutes ses facettes: notre addiction au shopping et aux séries télé, notre sac à main toujours trop lourd, le boulot et les réunions inutiles du lundi matin, les vacances et les tenues de ski ridicules, sans oublier évidemment nos relations complexes avec les hommes. Ce n’est en général pas très flatteur, mais avouons le, c’est plutôt bien vu! L’ensemble est inégal, manque parfois un peu d’audace et d’originalité, mais ces petites tranches de vie légères et drôles restent très agréables à lire.

Marabout 2009, 82 pages, 9,90€