L'amour est à la lettre A

3 etoiles

Divorcée et mère d’un adolescent, Emma plaque son boulot de traductrice pour ouvrir à Milan “Rêves & sortilèges”, une librairie entièrement dédiée à la littérature amoureuse. Federico, son premier amour, refait alors brusquement irruption dans sa vie. Devenu un brillant architecte,  il vit à New-York avec sa femme et sa fille. Après de brèves retrouvailles Federico propose à Emma d’ouvrir une boite postale et d’entamer une correspondance “à l’ancienne”  afin qu’ils réapprennent à se connaître.

Quelle jolie idée que de vouer une librairie aux mots et aux maux d’amour, de déambuler dans des rayons consacrés aux amours impossibles ou  aux cœurs brisés. “Rêves & sortilèges” est une bulle hors du temps où l’on chouchoute les livres et les lecteurs, et au fil des mois Emma et ses employés feront de cette librairie un endroit privilégié où se réfugient les habitants du quartier pour y parler littérature, et un peu plus selon les affinités.  Paola Calvetti saisit toutes les occasions d’évoquer tel ou tel roman,  oeuvres classiques ou contemporaines,  elle y cite aussi bien Marc Levy que les soeurs Brontë, Musso que Shakespeare, et j’ai noté au cours de ma lecture beaucoup de titres inconnus ou oubliés.

En revanche, que dire de la correspondance entre Emma et Federico? Federico est un type plutôt antipathique, infidèle et lâche, et sa relation avec Emma m’a fait plus d’une fois grincer des dents! Et moi qui ai pourtant une tendresse particulière pour les romans épistolaires, j’ai trouvé leurs lettres insipides, bavardes et répétitives, Federico s’attardant en plus longuement sur des considérations architecturales qui m’ont parues interminables. Un avis en demi-teinte donc, “L’amour est à la lettre A” est une lecture agréable qui sait flatter nos instincts de lecteurs (Nous aimons tous qu’on nous parle de livres, oui ça marche à tous les coups!). J’ai donc beaucoup apprécié les passages consacrés à la librairie d’Emma (et quel plaisir aussi de lire quelques belles pages sur  Belle-ile-en-mer, une ile bretonne chère à mon cœur, où les deux amoureux passent quelques jours) mais je n’ai pas été touchée par l’histoire d’amour entre Emma et Federico.

Editions Presses de la cité, 380 pages, 20€
Une lecture commune avec Canel et Mara.  Et cliquez ici pour découvrir la librairie Rêves & Sortilèges!

***

Deux extraits:

(extrait p. 328/329) Les livres sont là pour être touchés, pris en main, au lit, sur un banc, dans l’autobus, sur un canapé, par terre, couchés dans l’herbe. Même sur le ciment. Les gens lisent pendant qu’ils attendent. Ou dans les gares. Dans une chaise longue sur la plage, les romans se dégustent aux premières heures du matin ou au coucher du soleil. Dans la salle d’attente du dentiste, j’allège la tension en lisant; je le fais aussi chez l’esthéticienne pour supporter la douleur de la cire à épiler. Je lisais Lewis Carroll à Disneyland, pendant que Mattia tournait dans les “tasses d’Alice” et dévalait les montagnes russes avec son père. Ce que je préfère, ce sont les trains, la plus vaste salle de lecture du monde, sur tous les continents. Ceux qui n’ont pas mal au cœur lisent en voiture, comme cette Américaine qui éclaire les pages avec la lampe d’un casque de mineur pendant que son mari conduite en écoutant de l’opéra. C’est fantastique, un livre, ça n’a pas besoin de prise, de chargeur, de batterie, ça supporte avec patience le stylo-bille, le crayon, les marques et les “cornes” aux pages. Le livre c’est ma vie parallèle il me fait avoir partout de la famille et des amis, même morts. Quand je lis, j’oublie qui je suis. Je ne me rappelle pas qui disait que lire des livres c’est comme fumer, et que le plus beau, c’est qu’on n’a pas besoin d’arrêter (…)

(Extrait p. 354): Pour se sauver, on lit. On s’en remet à un geste méticuleux, une stratégie de défense, évidente mais géniale. Pour se sauver, on lit. Un baume parfait. Parce que peut-etre, pour tout le monde, lire c’est fixer un point pour ne pas lever les yeux sur la confusion du monde, les yeux cloués sur ces lignes pour échapper à tout, les mots qui l’un après l’autre poussent le bruit vers un sourd entonnoir par où il s’écoulera dans ces petites formes de verre qu’on appelle des livres. La plus raffinée et la plus lâche des retraites. Très douce. Qui peut comprendre quelque chose à la douceur s’il n’a jamais penché sa vie, sa vie toute entière, sur la première ligne de la première page d’un livre? C’est la seule, la plus douce protection contre toutes les peurs. Un livre qui commence.

13 Comments on L’amour est à la lettre A – Paola Calvetti

  1. Ce livre, je l’ai dévoré sur la plage cet été. Je trouve qu’il y était bien à sa place. D’accord, ce n’est pas un chef-d’oeuvre, mais il se lit facilement et j’y ai trouvé du plaisir.
    Je vis avec un architecte, alors les passages sur l’architecture, je les ai lus…
    De plus, son premier amour était une italienne…
    Je lui ai passé le livre, c’est à son tour.

  2. @Véro: C’est une lecture sympathique mais pas indispensable 😉

    @L’or des chambres: C’est dommage, tu aurais du te joindre à nous pour cette lecture commune. C’est une bonne façon d’écluser sa PAL 😉

    @Lorraine: Oui tout a fait d’accord avec toi… Sur la fin j’ai zappé aussi les passages sur l’architecture et lu en diagonale les lettres de Federico.

  3. C’est vrai que les longs passages sur l’architecture je les ai sautés. Du coup la lecture est plus agréable….
    Livre sympathique avec des qualités mais lecture par moment fastidieuse…

  4. Un an déjà qu’il est dans ma PAL celui là. Tu rejoins l’avis de beaucoup, à savoir que la partie sur la librairie et les livres est très émouvante, mais l’échange de lettres, bof… Tu me donne très envie de m’y mettre…
    Bonne soirée !

  5. @Liyah: Quand ce livre de Pancol est sorti, je me souviens que certains lecteurs trouvaient qu’il ressemblait lui-même beaucoup à un autre livre, “84 charing cross road” d’Helen Hanff 😉

  6. @Mara: J’ai aussi découvert ton blog grace à cette lecture commune 😉 Je me suis abonnée à ton flux RSS, donc je viendrais sans doute te rendre visite régulièrement!

    @Canel: Merci à toi de m’avoir proposé cette lecture, encore un livre de moins sur ma PAL 😉 Et je me rends compte que je veux absolument appeler le personnage Frederico au lieu de Federico, je vais modifier mon billet.

    @Sita
    : J’ai rarement été aussi partagée sur un livre, mais les passages sur la librairie ou sur la lecture sont vraiment très intéressants, rien que pour ça, ça vaut le coup de le lire!

    @Océane: Merci! J’ai déjà emprunté quelques romans de Daphné du Maurier, je ne sais pas encore par lequel je vais commencer.

  7. Pourquoi est ce que ce livre me fait beaucoup penser a celui de Pancol : Un homme a distance ?
    Je sais pas si tu l’as lus mais j’y trouve tout de même quelques ressemblances !

  8. Coucou demoiselle ! J’ai vu ta question chez moi, et bien sûr je te rajoutes sans problème au challenge Du Maurier. D coup je suis ravie de découvrir ton univers !

  9. Je l’avais repéré dans le catalogue France Loisirs, je suis contente de lire ta critique !
    Les extraits que tu as relevés me plaisent beaucoup.. Je feuilleterai sans doute les passages de lettres avant de l’acheter : )
    Ce serait tout de même dommage de rater la librairie Rêves&Sortilèges, ça a l’air chouette tout de même !

    Merci pour ton billet ^^

  10. Je vois que ton billet est d’abord positif, puis réticences sur Federico et note globale moyenne. Le personnage de F. pour l’instant ne me déplaît pas, mais ses lettres, si !
    Je reviendrai découvrir la fin de ton billet à l’issue de ma lecture. Mon billet est en ligne ! 😉
    Merci pour cette lecture commune ! 🙂

  11. Je vois que comme moi tu as préféré la librairie aux lettres. Ca a été un plaisir de se promener dans cette librairie et de noter une foule de nouveaux titres à lire.
    Je découvre par cette lecture commune ton blog que je vais m’empresser d’aller visiter.

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