Héritières d’un magnat des armes à feu, les six sœurs Chapel portent toutes des noms de fleurs : Aster, Rosalind, Calla, Daphne, Iris et Hazel. Le père n’est qu’une ombre à la lisière de leurs vies, leur mère est trop aux prises avec ses démons intérieurs pour s’intéresser vraiment à ses filles. Tous vivent dans une bâtisse de Nouvelle-Angleterre qui ressemble à un gros gâteau de mariage. Et justement le mariage, à l’aube des années 50, semble la seule solution pour les aînées d’échapper à cette prison dorée. Mais alors que la première sœur, Aster, va bientôt épouser Matthew, sa mère la prévient : “Quelque chose d’horrible va arriver“. Mais peut-on vraiment prendre au sérieux cette femme qui croit voir des esprits au pied de son lit ?
Le roman se déroule sur deux temporalités : c’est Iris qui, plusieurs décennies après le drame, nous raconte le destin funeste de ses sœurs, car Aster ne sera pas la seule à mourir au lendemain de son mariage. “Les sœurs Chapel, d’abord elles sont mariées, puis elles sont enterrées” chantaient alors les gamins du quartier.
“Les voleurs d’innocence” est un conte d’inspiration gothique, un récit cruel et tragique qui m’a rappelé par certains aspects Virgin suicides, le roman de Jeffrey Eugenides adapté au cinéma par Sofia Coppola. Le roman est un peu long à démarrer, mais il devient ensuite très addictif. De ces six jolies fleurs, lesquelles parviendront à échapper à leur destin ? J’ai beaucoup aimé ce roman tant pour le suspens entretenu tout au long du livre que pour ses accents féministes. Et croyez-moi, même après avoir refermé “Les voleurs d’innocence”, les sœurs Chapel n’auront pas fini de vous hanter.
Les voleurs d’innocence (clic) de Sarai Walker, éditions Gallmeister, août 2023, 624 pages.
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