Catégorie : Polars et Romans Noirs

Le journal d’Asta – Ruth Rendell

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Au début du 20ème siècle, Asta Westerby, une jeune mère d’origine danoise, émigre en Angleterre pour satisfaire les ambitions
de son mari. Pour tromper sa solitude dans ce pays inconnu, elle commence à tenir en secret un journal intime. Après sa mort, sa fille Swanny fait publier ce journal qui deviendra un
best-seller… Mais c’est à Ann, sa petite fille, que reviendra la lourde tâche de faire la lumière sur des points obscurs de la vie d’Asta : Swanny était elle réellement sa
fille ?

Quand j’ai établi ma liste pour le challenge ABC 2007 (bien mal en point soit dit en passant), j’ai choisi pour la
lettre R un livre qui était déjà dans ma PAL, Vera va mourir de Ruth Rendell. Mais je n’ai pas pu m’empêcher d’aller fouiller dans les rayons de ma médiathèque et je
suis finalement reparti avec cet autre titre de Rendell, sorti en 1994.

Les extraits du journal intime d’Asta (qui court du début du siècle jusqu’aux années 60) sont sans conteste les passages les plus intéressants de ce roman: S’y dessine le portrait d’une femme
exceptionnelle, une forte tête qui ne fait pas dans le politiquement correct, toujours en décalage avec son époque, son pays, les attentes de son entourage. Et la certitude qu’elle cache un
terrible secret donne encore une dimension supplémentaire à ce personnage atypique. Le roman aurait en revanche gagné en intensité sans la quasi-omniprésence d’Ann, la petite fille d’Asta, à la
personnalité fade et à l’existence insipide. Les tours et détours qu’elle entreprend avant de découvrir le secret de sa grand mère m’ont parus interminables, et delayent le suspens au lieu de
le renforcer. Impression mitigée donc, même si j’ai passé plutôt un bon moment avec ce livre. J’ai lu ici et là que ce roman n’était pas représentatif de l’oeuvre de Ruth Rendell, je lirais
donc certainement un autre titre pour me faire une idée plus précise de cet auteur.

Le livre de poche, 471 pages, 6,50€

Passage du désir – Dominique Sylvain

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Jean-Luc, Farid et Noah braquent un bureau de change parisien. Malgré l’incompréhension de ses deux amis, Farid a l’intention de
donner sa part du butin à Vanessa, son ex-petite amie. Mais quelques heures plus tard, le corps de Vanessa est découvert par ses deux colocataires, avec un énorme sac de billets près
d’elle.
Les soupçons de la police se portent sur Maxime, un restaurateur du quartier, qui aurait eu une liaison avec la jeune
femme.  Mais deux habituées du restaurant, Lola Jost et Ingrid Diesel, joignent leurs efforts pour mener leur propre enquête et prouver l’innocence de Maxime.
Après avoir lu l’excellent Tokyo de Mo Hayder, distingué par le prix des Lectrices de Elle 2006, j’ai noté fébrilement les quelques polars ayant obtenu ce prix les années précédentes, espérant y découvrir d’autres pépites.
“Passage du désir” est la première aventure d’un duo d’enquêtrices peu banal: Lola Jost est une ex-commissaire
renfrognée, qui profite de sa retraite récente pour faire d’énormes puzzles en robe de chambre. Et sa comparse, Ingrid Diesel, est une masseuse américaine toute en force et sensualité, qui mène
une double vie. Deux personnages originaux certes, mais pas très crédibles,  et dont la complicité immédiate sonne un peu faux. Ce couple insolite écrase une intrigue assez fade, pas
désagréable, mais qui ne sort pas des sentiers battus. Malgré un décor sympathique qui met en avant un quartier parisien,  “Passage du désir” est un  polar peu convaincant!
2004, j’ai lu, 282 pages, 5,80€
Grand prix des lectrices de Elle 2005

Meurtres à Pékin – Peter May

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Un homme est brûlé vif dans un parc de Pékin. Deux autres corps sont retrouvés dans la capitale chinoise, à deux endroits différents, et seul un mégot de cigarette
près de chaque cadavre permet de faire le lien entre ces trois affaires. L’enquête incombe au fraîchement promu commissaire Li Yan, qui sera aidé, un peu malgré lui, par Margaret, un médecin
légiste américain venue donner une série de conférences en Chine.
“Meurtres à Pékin” est le premier volume de la série chinoise de Peter May (le second volume, “le quatrième sacrifice” vient tout juste de paraître). Les amateurs de
polars seront déçus, l’enquête étant rapidement délaissée au profit d’une description de la vie quotidienne chinoise. Peter May a visiblement accompli un gros travail de documentation pour
décrire au plus près cette société en pleine mutation, qui reste marquée par le fer rouge de la révolution culturelle.
Menée sur un ton trop pédagogique, cette plongée mal maîtrisée au coeur des moeurs chinoises se noie malheureusement dans les détails et les longueurs. La goutte
d’eau est sans doute l’inévitable histoire d’amour qui  joue sur tous les clichés possibles, de les opposés s’attirent à Je t’aime moi non plus. Le
résultat final est d’autant plus décevant que les bonnes idées (le choc des cultures, le danger des OGM) ne manquent pas dans ce roman, dommage qu’elles soient si mal exploitées.
Sélection Polar du Grand Prix des Lectrices de Elle
Editions du Rouergue 2005, 414 pages, 20€

Naevi – Nicolas Michel

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Lors d’une partie de pêche en Camargue, deux enfants découvrent le corps d’une jeune femme assassinée, sur lequel a été prélevé un morceau de
peau. Chargé de l’enquête, l’inspecteur Etienne Gouirand va vite être confronté à d’autres découvertes macabres, et se lancer sur les traces d’un tueur en série obsédé par les grains de
beauté.

Je n’ai pas été convaincue par ce polar centré sur un inspecteur marseillais, amateur de pêche et de femmes, de vin et de romans policiers. Un personnage sympathique,
mais un peu envahissant: ses souvenirs familiaux, son attirance pour une jeune femme rencontrée au cours de l’enquête, les heures passées à fabriquer des mouches pour la pêche, ses
envies et habitudes diverses sont autant de parasites qui déséquilibrent l’ensemble du roman.  L’intrigue elle-même recèle quelques bonnes idées, mais elle est assez longue à se mettre en
place et n’évite pas les maladresses. Malgré une deuxième partie plus accrocheuse, je suis restée sur ma faim avec ce roman un peu fade qui manque vraiment de densité.
Editions Buchet-Chastel 2005, 235 pages, 15€
Sélection Polar du Grand Prix des Lectrices de Elle 2006

La chambre des morts – Frank Thilliez



Vigo et Sylvain, deux informaticiens au chômage, renversent un homme au beau milieu d’un champ d’éoliennes. A côté du cadavre, deux millions d’euros dont les deux amis s’emparent avant de faire disparaître le corps. Le lendemain, une fillette est retrouvée morte près des lieux de l’accident: l’argent était il destiné à payer sa rançon?

Dans le duel classique entre le flic et le psychopathe s’immiscent ici deux paumés qui vont bousculer l’ordre des choses… L’occasion pour l’auteur de révéler la part d’ombre des gens ordinaires. Sur un rythme haletant, ce roman invite le lecteur à une plongée macabre dans l’horreur et la folie (âmes sensibles s’abstenir!). Au cœur des paysages ravagés du Nord de la France, l’intrigue oppressante prend vraiment le lecteur à la gorge. “La chambre des morts” est un excellent thriller qui montre que, tout en préservant une forte identité régionale, les auteurs français peuvent rivaliser dans ce domaine avec les anglo-saxons.

Editions Le Passage 2005, 311 pages, 15€
Retrouvez Frank Thilliez sur www.auteursdunord.com

Sélection Polar du Grand Prix des Lectrices de Elle 2006