Mois : octobre 2009

Moi vivant, vous n’aurez jamais de pauses, ou comment j’ai cru devenir libraire – Leslie Plée

En 2005 Leslie Plée décroche un poste de libraire dans “une grande surface de produits culturels” (Cultura pour ne pas la nommer) à Rennes. Mais la jeune diplômée va aller de désillusions en désillusions: Le poste n’a d’abord pas grand chose à voir avec les fonctions d’un libraire (elle étiquette des crayons à tour de bras ou nettoie les étagères avec du papier toilette). Les conditions de travail sont  difficiles,  les clients impatients et exigeants, et entre collègues c’est en général le règne du chacun pour soi.  Quant aux cadres, issus d’écoles de commerce,  ils pratiquent un management agressif et cynique, et  considèrent que le livre est un produit de consommation comme les autres (Et là mon petit cœur de lectrice frémit).

Leslie Plée a choisi l’humour pour dénoncer une réalité sociale et culturelle révoltante, et elle rapporte avec une ironie grinçante des anecdotes plus ubuesques les unes que les autres. C’est souvent drôle bien sur, mais aussi  touchant quand elle évoque  son mal être et ses illusions sacrifiées sur l’autel du profit et de la bêtise.  Écœurée, la jeune femme jettera finalement l’éponge au bout d’un an, et démissionnera pour se consacrer au dessin: A quelque chose malheur est bon!

Editions Jean-Claude Gawsewitch 2009, 91 pages, 15€
Lu par Laure, Cachou, Michel, Emeraude, Clarabel, Levraoueg, GeorgeLael

Le billet du week-end #5

Depuis l’échec cuisant de mon challenge ABC il y a deux ans je m’étais juré de ne plus m’inscrire à aucun challenge… Mais je n’ai pas pu résister à celui lancé par Bladelor, Lire en VO, qui m’aidera peut être à me motiver pour lire régulièrement en anglais. Je me suis inscrite dans la catégorie mini,/maxi , l’objectif étant de lire au moins 6 livres en version originale en un an.

Beaucoup de littérature jeunesse dans ma PAL en ce moment, je vais attaquer le premier tome de Terre noire (les exilés du tsar) de Michel Honaker.

Vu La fille de Monaco, un film d’Anne Fontaine. Un célèbre avocat débarque à Monaco, et se laisse séduire par une jeune présentatrice météo prête à tout pour réussir. Je n’ai pas été particulièrement emballée par le scénario mais le trio d’acteurs (Fabrice Luchini, Roschdy Zem et Louise Bourgoin est vraiment bluffant.

Connaissez vous Carmen Maria Vega? Une brune piquante et gouailleuse, qui chante des textes décoiffants sur une musique très énergique!  Vous pouvez écouter l’album en cliquant ici, et en bonus, pour réveiller votre dimanche soir, je vous laisse avec un clip de la demoiselle:

Carmen Maria Vega – La Menteuse

La rafale des tambours – Carol Ann Lee (Rentrée littéraire 2009)

A la veille de la première guerre mondiale Ted présente sa fiancée à Alex, son meilleur ami. Mais entre Clare et Alex c’est le coup de foudre, immédiat, intense, absolu. Quand la guerre éclate les trois jeunes gens partent séparément pour la France: Clare comme infirmière, Alex comme correspondant de guerre, tandis que Ted part combattre dans les tranchées. Malgré la guerre et l’affection qu’ils portent tous deux à Ted, Clare et Alex entament une relation passionnée et chaotique.

Ce résumé ne rend vraiment pas justice au roman, car bien plus que l’histoire d’amour entre Clare et Alex, c’est bien la grande guerre qui est au cœur de ce livre. Les différents points de vue des personnages permettent de l’aborder sous tous ses angles: Dans des hôpitaux de fortune Clare accueille les victimes de cette gigantesque boucherie, des jeunes hommes ravagés, littéralement en morceaux, les aidant à mourir plus souvent qu’elle ne les soigne. Alex lui fréquente les états-majors et  les officiers, se heurtant sans cesse à la censure, les autorités refusant que le peuple britannique connaisse l’effrayante réalité des combats, et le sort terrible réservé à ses fils. Ouvrant et fermant le livre quelques pages particulièrement bouleversantes évoquent aussi le rapatriement et l’inhumation du Soldat Inconnu en 1920, et le recueillement d’une nation toute entière. En contrepoint, la passion entre Clare et Alex, animale et destructrice, résonne comme un écho à la guerre et si le thème du triangle amoureux  est assez classique, l’écriture de Carol Ann Lee, d’une précision implacable et tranchante, lui donne du relief. La rafale des tambours est vraiment un très beau roman, ce que j’ai lu de mieux dans cette rentrée littéraire pour le moment.

Editions de la Table Ronde 2009, 395 pages, 22,50€
Lu dans le cadre d’un partenariat entre Blog-O-Book (vous y trouverez d’autres avis de lectrices) et les éditions de La Table Ronde, merci!

Le billet du week-end #4




Je pars prendre l’air ce week-end, je poste donc mon billet un peu plus tôt que d’habitude. J’ai déjà glissé dans mon sac un polar envoyé par Le livre de poche, Etat de choc de Margaret Murphy.

Mais avant de partir j’irais sans doute faire un tour au premier salon littéraire organisé par mon centre commercial (!). Pour les rennaiszerennaises, ça s’appelle “Les auteurs se livrent” et ça se passe au Colombia ce samedi 17 octobre uniquement. J’espère y croiser entre autres Maxime Chattam, David Foenkinos ou Leonora Miano…

Je vous laisse avec deux petits conseils si vous cherchez comment occuper votre week-end entre deux lectures: D’abord un peu de musique avec le nouvel album de Renan Luce, Le clan des miros. Et puis si vous avez Canal Plus, ne ratez pas les deux premiers épisodes de Braquo, la série d’Olivier Marchal avec Jean Hugues Anglade et Nicolas Duvauchelle. C’est noir, violent, sanglant, mais vraiment bien fichu, et une bonne série française ça n’arrive pas tous les jours!

Bon week-end à tous!

(Film) 2 days in Paris – Julie Delpy

Marion, une photographe d’origine française, vit avec Jack à New York. Après une escapade à Venise, le couple fait une halte de  deux jours à Paris:  L’occasion pour Jack de découvrir la France, de rencontrer les parents de Marion, ses amis et ses nombreux ex!

2 days in Paris est le deuxième long métrage de Julie Delpy, actrice française qui vit depuis longtemps à Los Angeles (elle a notamment joué dans quelques épisodes d’Urgences). Pas étonnant donc que le choc des cultures soit au cœur de ce film!

On n’échappe pas aux clichés sur les français (sales, vulgaires, obsédés par la bouffe et le sexe), sur les taxis parisiens, racistes et homophobes, et sur les américains (hypocondriaques, méfiants, individualistes). Mais le trait est tellement forcé, à la limite de la parodie, que tout ça passe plutôt bien, et qu’on peut même y voir une certaine forme d’affection (qui aime bien châtie bien!).  Julie Delpy est  attendrissante avec ses états d’ame et ses énormes lunettes, Adam Goldberg est très à l’aise dans son rôle d’américain ahuri, jaloux et un peu paumé. Il y a quelques scènes assez drôles, notamment quand Jack rencontre ses beaux-parents, d’ex soixante-huitards totalement hystériques (joués par les vrais parents de Julie Delpy, Albert Delpy et  Marie Pillet). Mais l’ensemble est trop bavard et décousu, les scènes s’empilent de façon inégale (les scènes de couple sont  à mon avis les moins réussies), et j’ai eu un peu de mal à aller au bout du film.  Il y a de bonnes idées, du style et du caractère, mais le tout est mal dosé, et le film peine à trouver sa voie et son rythme. Une petite déception donc.

Un film de Julie Delpy avec Adam Goldberg & Julie Delpy, 2007, 1h36.