Catégorie : Documents

[Témoignage] C’est qui Catherine Deneuve? Dominique Resh

Dominique Resh décrit ici son quotidien de prof dans les quartiers nord de Marseille, dans un lycée professionnel réputé « difficile ». Il raconte avec humour comment en vieux briscard de l’enseignement il a appris au fil des années à désamorcer les situations périlleuses, et sans édulcorer les choses, il livre un témoignage plutôt positif dans lequel il met souvent en valeur ses élèves, leur répartie, leur imagination et leur faculté à inventer leur propre langage.  C’est qui Catherine Deneuve ? est un télescopage entre deux univers, et celui qui apprend le plus de cette confrontation n’est pas toujours celui que l’on croit… Dans le sillage d’ Entre les murs de Begaudeau, le sujet de ce livre n’est pas très original, et j’ai parfois été agacée par les digressions de l’auteur (sur les moustiques, le GPS…) mais j’ai été touchée par la tendresse de ce prof pour ses élèves. Une lecture sympathique.

Editions Autrement, Rentrée Littéraire 2012, 184 pages/

Lu dans le cadre de l’opération Rentrée Littéraire du site Entrée Livre
Challenge 1% rentrée littéraire et Challenge Petit Bac (Catégorie Personne connue)

Je peux faire voyager ce livre, si vous êtes intéressés signalez le moi dans les commentaires (offre réservée aux blogueurs ou aux lecteurs que je connais déjà).

Les pintades

les pintades à téhéran

3 etoiles

Après Une vie de pintade à Paris, qui m’avait moyennement convaincu,  c’est donc le deuxième livre de la collection des Pintades que je lis, celui-ci étant consacré à Téhéran. Le concept est toujours le même, mêler guide touristique (avec les bonnes adresses et les bons plans de Téhéran) et chronique sociale au féminin. L’auteur, Delphine Minoui a habité en Iran pendant  plusieurs années et nous fait partager la vie quotidienne des Téhérannaises que ne peuvent imaginer les touristes, car ici plus qu’ailleurs le fossé entre la vie publique et la vie privée est énorme!  Nos pintades cultivent leurs contradictions (derrière les foulards se cachent des femmes très soucieuses de leur apparence), et multiplient les petits arrangements quotidiens avec le pouvoir religieux.

Dépaysement oblige, j’ai appris pas mal  de choses, mais comme dans “Une vie de pintade à Paris”,  certains côtés m’ont agacé, comme ce ton faussement enjoué, un peu forcé, qui imite le style des magazines féminins. Et alors que je m’attendais à ce que ce volume consacré aux iraniennes soit plus profond que celui dédié aux Parisiennes, quelle déception (!) de découvrir que toutes les pintades du monde semblent avoir les mêmes sujets de préoccupation: il n’est question à longueur de pages que de maquillage, de coiffure, de lingerie, de défilé de mode, de chirurgie esthétique ou  d’épilation… Qu’elles soient de Paris ou de Téhéran,  ces pintades me semblent désespérément frivoles et je ne suis pas sûre de toujours saisir la différence entre une pintade nouvelle et une bonne dinde traditionnelle. La condition féminine en Iran est traité avec trop de légèreté à mon goût, les sujets sérieux vite évacués. Et même si quelques trop rares passages abordent des sujets moins futiles (comme le portrait du prix Nobel Chirine Ebadi, ou des réflexions intéressantes sur le port du foulard, sujet d’actualité!), je n’aime décidément pas l’image des femmes que véhicule cette collection.

Le livre de poche 2009, 280 pages, 6,50€

Une lecture commune avec Sylire.

Lu aussi par Keisha qui nous offre en prime quelques photos de son voyage en Iran, Enna a abandonné ce livre,  Liliba a trouvé ça “amusant, plein d’anecdotes, de portraits sympathiques” mais a ressenti un certain malaise tout au long de sa lecture, pour Lorraine il s’agit d'”une plongée très instructive dans un univers féminin en effervescence”, Clarabel est la plus enthousiaste.

BD: Feuille de chou (journal d’un tournage) – Mathieu Sapin

feuille de chouNote/4 etoiles

En janvier 2010 est sorti le film “Gainsbourg, vie héroïque”, réalisé par Joann Sfar. Auteur de B.D. lui-même, il était naturel qu’il associe d’une façon ou d’une autre le monde de la B.D. à ce projet. Il a donc confié à un autre dessinateur, Mathieu Sapin, le soin de dessiner une sorte de making-off du film. Les repérages, les essais de costumes, la construction des décors, l’enregistrement de la musique, les coulisses du tournage lui même, Mathieu Sapin a donc eu le privilège pendant plusieurs mois de suivre cette aventure  de A à Z.

“Gainsbourg, Vie héroïque” bénéficiait d’un bien beau casting et on croise au fil des pages les nombreux acteurs qui ont participé à ce film, Eric Elmosnino, Laetitia Casta, Claude Chabrol, Anna Mouglalis, Sara Forestier, François Morel, Yolande Moreau ou Lucy Gordon… Mais ce qui est le plus intéressant c’est bien sûr le coté hors-champ que nous fait partager Mathieu Sapin, les conversations off, les rumeurs, les tensions, les blagues entre techniciens, la difficulté à faire tourner des enfants ou les animaux, les contretemps, les incidents, les anecdotes,  les secrets des effets spéciaux, les relations avec les médias ou la production.  “Feuille de chou” est un album très riche, incroyablement détaillé, bien plus qu’un making-off traditionnel.  Mathieu Sapin ayant saisi la majorité de ses dessins “sur le vif”, l’ensemble est un peu brouillon et peut-être parfois  fastidieux à décrypter:  Certaines pages sont très chargées, il n’y a pas toujours de cohérence entre deux dessins, il a aussi rajouté pas mal d’annotations dans tous les sens ou a rayé des éléments compromettants pour certains protagonistes.

Mais on apprend vraiment beaucoup de choses sur la façon dont se déroule un tournage, tous les métiers qui s’y côtoient, en quoi consiste exactement le travail de script par exemple, ce qu’est un steady cam ou un combo. Qu’on ne dit pas figurant, mais comédien de complément, qu’on ne dit pas cantine mais restaurant de tournage.  Bien plus qu’une BD destinée aux fans de Gainsbourg, “Feuille de chou” est un document passionnant pour tous ceux qui s’intéressent de près ou de loin à l’univers du cinéma.

Livre critiqué dans le cadre du programme Masse Critique de Babelio.

Editions Delcourt 2010, 358 pages, 29,90€
Lu aussi par Lorraine.

Artbook – Rebecca Dautremer

art book - rebecca dautremer

5 étoiles

“-Rebecca Dautremer, vous êtes née Ursula Biotrovitz en 1954 à Banska Stiavnica en Slovaquie.
– Non
(…)
– C’est durant le trajet qui devait vous conduire jusqu’à Paris que votre famille se fait attaquer par une bande de renégats tchèques et c’est durant cette attaque que vos parents perdent tragiquement la vie . Apeurée, vous parvenez néanmoins à prendre la fuite et trouvez refuge dans la forêt de Compiègne. Là vous serez recueillie par une meute de loups avec qui vous vivrez jusqu’à l’âge de douze ans, apprenant leur langage et partageant leur quotidien.
– Non
– Vous ne savez pas parler aux loups?
– Non
– Bon… A douze ans vous dessinez un peu quand même?
– Oui”

***

Cette fausse interview qui figure au début du livre donne le ton, cet artbook ne se prend surtout pas au sérieux! Construit comme un jeu de piste, il vous renvoie de page en page selon vos préférences plus ou moins farfelues, c’est un peu “Le premier Artbook dont vous êtes le héros“. Il permet d’explorer de façon ludique l’univers très riche de Rebecca Dautremer: les coulisses de son travail (la maquette de la maison de Kerity par exemple),  des croquis,  des projets avortés, ses premiers dessins… Mais on découvre également au fil des pages d’autres facettes de son travail, comme ses photos,  on en apprend  aussi un peu plus sur la femme à travers  quelques portraits de famille.  Le tout est agrémenté de commentaires ou d’anecdotes amusantes, vous y trouverez même la recette des mojitos!  Chaque page est une véritable curiosité qui fourmille de détails, ça se lit dans tous les sens,  ça se picore selon vos envies ou ça se lit bien sagement de la première à la dernière page pour ne rien rater…  Un joyeux bazar, mais un bien beau livre qui confirme s’il en était besoin l’éclatant talent de Rebecca Dautremer.

Editions du chêne 2009, 160 pages, 39,90€
L’avis de Laure.

art book - image2
art book - image3

Photos piochées sur le site officiel de Rebecca Dautremer.

-Rebecca Dautremer, vous êtes née Ursula Biotrovitz en 1954 à Banska Stiavnica en Slovaquie.

– Non

(…)

– C’est durant le trajet qui devait vous conduire jusqu’à Paris que votre famille se fait attaquer par une bande de renégats tchèques et c’est durant cette attaque que vos parents perdent tragiquement la vie . Apeurée, vous parvenez néanmoins à prendre la fuite et trouvez refuge dans la foret de Compiègne. Là vous serez recueillie par une meute de loups avec qui vous vivrez jusqu’à l’age de douze ans, apprenant leur langage et partageant leur quotidien.

– Non

– Vous ne savez pas parler aux loups?

– Non

– Bon… A douze ans vous dessinez un peu quand même?

– Oui

Une vie de pintade à Paris – Layla Demay & Laure Watrin

Note/ 2 étoiles


une vie de pintade à parisA la fois guide touristique et chronique sociale, Une vie de pintade à Paris décortique les petites habitudes des Parisiennes en abordant tous les thèmes qui peuvent a-priori intéresser la gent féminine: L’univers de la mode et de la beauté, la vie professionnelle, les transports, les hommes, les enfants, les sorties… Layla Demay & Laure Watrin dressent un portrait complet mais souvent peu flatteur des parisiennes: emmerdeuses, râleuses, snobs, serial shoppeuses, indisplinées et décoiffées,  femmes fatales et femmes enfants, accros aux fourneaux mais pas aux salles de sport, adeptes du bio mais aussi des longs bains moussants, jamais à un paradoxe près dans tous les domaines. Elles ont en tous cas du caractère, et j’ai beaucoup aimé les portraits de figures  parisiennes que l’on trouve au début du livre (Mick la cantinière, Lulu la landaise, la graffeuse Miss Tic ou le travesti Jenny Bel’Air), mais par la suite j’ai souvent regretté que les deux auteurs ne prennent pas plus le temps d’approfondir certains thèmes et témoignages. L’ensemble est un peu répétitif et caricatural, on n’échappe pas encore une fois aux sempiternels clichés sur les taxis parisiens, les  français toujours en RTT  ou  les lourdeurs de l’administration, mais d’autres scènes sont assez enlevées comme les terrifiantes  empoignades pendant les soldes presse chez Zadig & Voltaire, ou l’épilation du maillot chez l’esthéticienne du quartier. Comme un magazine féminin, ça se picore plus que ça ne se dévore pour ne pas risquer l’indigestion, le ton sautillant est parfois agaçant mais le tout est plutôt sympa et léger, sans prétention, plein de bonnes adresses en tous genres.  Last but not least, c’est la bloggueuse Margaux Motin qui signe les illustrations de ce guide de survie dans la jungle parisienne!

Le livre de poche 2009, 338 pages, 6,50€ (1ère édition Calmann-Levy 2008)

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Lu dans le cadre d’un partenariat entre Le livre de Poche et le Forum Livraddict