Catégorie : Romans étrangers

Les charmes discrets de la vie conjugale – Douglas Kennedy

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Elevée dans
les années 60 par des parents brillants, Hannah n’aspire qu’à une vie calme et paisible. Jeune mère de famille, elle suit son mari médecin dans une petite ville de l’Amérique profonde. Fragilisée
par l’ennui et la solitude, elle fera un soir un mauvais choix qui mettra en péril son existence trop bien réglée. Ce n’est pourtant que 30 ans plus tard qu’Hannah subira vraiment les
conséquences de ce faux-pas.

“Les
charmes discrets de la vie conjugale” est le portrait d’une femme qui mettra plusieurs décennies à se trouver, qui devra affronter bien des épreuves avant de s’accomplir. Kennedy décrit bien
la vie étriquée d’Hannah, la manière dont elle se laisse prendre au piège du quotidien et de la frustration. Fidèle lectrice de D.K, je suis cependant un peu déçue par ce nouvel opus. L’auteur a
décidément du mal à se renouveler! Un sentiment de déjà-lu auquel s’ajoutent beaucoup de longueurs, des rebondissements prévisibles, une description simpliste et manichéenne de l’Amérique de
Bush. Malgré tous ces défauts, les talents de faiseur d’histoires de Kennedy font que “Les charmes discrets…” reste pourtant un divertissement correct, une saga efficace qui se laisse lire sans
déplaisir.

Editions
Belfond 2005, 525 pages, 21€

Sélection
Roman Grand Prix des Lectrices de Elle 2006

Ambiguïtés – Elliot Perlman


Simon, un instituteur au chômage, est obsédé par son ex-petite amie, désormais mariée et mère de famille. Un jour, il enlève le fils de celle-ci à la sortie de l’école. Sept personnages touchés de près ou de loin par cet événement se passent le relais pour relater les circonstances et les conséquences de l’acte fou de Simon: Angélique, prostituée au grand cœur, Simon lui-même, qui découvre l’univers de la prison, Joseph, le trader qui raconte le naufrage de son mariage ou encore le psychiatre Alex  qui explique son attachement pour le kidnappeur. Leurs différents points de vues composent une mosaïque de réalités, la vérité de chacun s’habillant de sa subjectivité, de ses peurs ou de quiproquos.

Je suis bien moins enthousiaste que le magazine Lire qui a classé ce roman australien dans les 20 meilleurs livres de l’année. Certes, le style est agréable, la structure complexe est parfaitement maîtrisée, la psychologie des personnages très travaillée.  L’auteur construit avec habileté 7 romans en un seul, chaque personnage nous entraînant dans son univers. Mais en dépit de qualités formelles indéniables, ce roman-fleuve m’est souvent tombé des mains! Ma patience a été vaincue par une intrigue plutôt mince, des digressions interminables et un rythme excessivement lent. Comme le souligne la quatrième de couverture, il y a une ressemblance certaine avec “Les corrections” de Franzen, que j’avais abandonné en cours de route…

Editions Robert Laffont 2005, 645 pages, 23 € (sortie poche en février 2006)
Sélection Roman Grand Prix des lectrices de Elle 2006

Les cerfs-volants de Kaboul – Khaled Hosseini


Dans l’Afghanistan encore paisible des années 70, Amir et Hassan passent une enfance heureuse. Bien qu’ils appartiennent à deux castes différentes (Amir est le fils du maître Pachtoune et Hassan le fils du domestique Hazara), les deux enfants sont inséparables. Prêt à tout pour attirer l’attention d’un père méprisant, Amir tournera pourtant le dos à Hassan quand celui-ci aura le plus besoin de lui. Rongé par la culpabilité, il ne trouvera l’occasion de se racheter que bien des années plus tard…

Khaled Hosseini mêle le charme du conteur oriental à l’efficacité du romancier anglo-saxon dans ce récit initiatique aux thèmes universels, l’amitié, la loyauté et la trahison. On hésite entre compassion et agacement pour Amir, personnage ambigu, à la fois pathétique dans sa faiblesse et désarmant dans sa culpabilité.

Ce roman est aussi un formidable document sur la culture et l’histoire afghanes. L’auteur apporte un point de vue intimiste – et sans doute en grande partie autobiographique – sur ce pays vers lequel tous les regards se sont tournés au lendemain du 11 septembre 2001: Les ravages de la guerre avec les soviétiques, le régime de terreur instauré par les Talibans, mais aussi les affres de l’exil et la façon dont la communauté Afghane s’organise aux Etats-Unis. Une réussite!

Editions Belfond 2005, 383 pages, 20€
Sélection Roman du Grand Prix des lectrices de Elle 2006

Helen Fielding – Olivia Joules ou l’imagination hyperactive

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Journaliste anglaise gaffeuse et encombrante, Olivia Joules est cantonnée aux pages “tendances”, quand elle rêve pourtant de grands reportages.
Alors qu’elle se trouve à Miami pour le lancement d’une crème de beauté, un terrible attentat ébranle la ville. Olivia se lance alors sur les traces du séduisant Pierre Feramo, qu’elle soupçonne
d’être un terroriste: est ce encore un effet de son imagination hyperactive?

Difficile de succéder à l’hilarante et désormais mythique Bridget Jones. Ce n’est pas Olivia Joules qui supplantera en tous cas la précédente
héroïne d’Helen Fielding. L’intrigue est peu crédible et laborieuse, les rebondissements répétitifs… Tout repose sur les épaules d’Olivia Joules, personnage sympathique mais bien trop fragile
pour porter ainsi le roman à bout de bras. Une lecture très légère, loin d’être indispensable!

Editions Albin Michel 2004, 368 pages,
19.80€


Retour à Coal Run – Tawni O’Dell

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Ivan Zoshenko revient à Coal Run, sa ville natale, après seize ans d’absence. Pour les habitants du coin, il reste le grand Ivan Z., une star
locale du football. Après un accident qui a stoppé net sa carrière, Ivan a fui cette région sinistrée et ses rêves brisés, et s’est réfugié dans l’alcool. S’il revient aujourd’hui, c’est que
Reese, un ancien camarade d’école, doit bientôt sortir de prison: quel compte ont ils à régler?

Retour à Coal Run est tout autant l’histoire d’une région que celle d’Ivan. Ce
coin de Pennsylvanie est une région minière qui a sacrifié bien des hommes: Elle en a tué beaucoup, et a abandonné les autres au chômage et à l’alcool. Les
personnages, violents et désespérés, sont à l’image des paysages sinistrés dans lesquels ils évoluent. Marqués par les souvenirs des coups de grisou ou de la guerre du Vietnam, ils sont à la
recherche de la moindre et inestimable étincelle de bonheur. Un drame social noir et poignant, empreint cependant d’un certain classicisme qui ne réserve pas de réelle surprise.

Belfond 2004, 355 pages,
19.80€