Catégorie : Romans étrangers

Les cerfs-volants de Kaboul – Khaled Hosseini


Dans l’Afghanistan encore paisible des années 70, Amir et Hassan passent une enfance heureuse. Bien qu’ils appartiennent à deux castes différentes (Amir est le fils du maître Pachtoune et Hassan le fils du domestique Hazara), les deux enfants sont inséparables. Prêt à tout pour attirer l’attention d’un père méprisant, Amir tournera pourtant le dos à Hassan quand celui-ci aura le plus besoin de lui. Rongé par la culpabilité, il ne trouvera l’occasion de se racheter que bien des années plus tard…

Khaled Hosseini mêle le charme du conteur oriental à l’efficacité du romancier anglo-saxon dans ce récit initiatique aux thèmes universels, l’amitié, la loyauté et la trahison. On hésite entre compassion et agacement pour Amir, personnage ambigu, à la fois pathétique dans sa faiblesse et désarmant dans sa culpabilité.

Ce roman est aussi un formidable document sur la culture et l’histoire afghanes. L’auteur apporte un point de vue intimiste – et sans doute en grande partie autobiographique – sur ce pays vers lequel tous les regards se sont tournés au lendemain du 11 septembre 2001: Les ravages de la guerre avec les soviétiques, le régime de terreur instauré par les Talibans, mais aussi les affres de l’exil et la façon dont la communauté Afghane s’organise aux Etats-Unis. Une réussite!

Editions Belfond 2005, 383 pages, 20€
Sélection Roman du Grand Prix des lectrices de Elle 2006

Helen Fielding – Olivia Joules ou l’imagination hyperactive

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Journaliste anglaise gaffeuse et encombrante, Olivia Joules est cantonnée aux pages “tendances”, quand elle rêve pourtant de grands reportages.
Alors qu’elle se trouve à Miami pour le lancement d’une crème de beauté, un terrible attentat ébranle la ville. Olivia se lance alors sur les traces du séduisant Pierre Feramo, qu’elle soupçonne
d’être un terroriste: est ce encore un effet de son imagination hyperactive?

Difficile de succéder à l’hilarante et désormais mythique Bridget Jones. Ce n’est pas Olivia Joules qui supplantera en tous cas la précédente
héroïne d’Helen Fielding. L’intrigue est peu crédible et laborieuse, les rebondissements répétitifs… Tout repose sur les épaules d’Olivia Joules, personnage sympathique mais bien trop fragile
pour porter ainsi le roman à bout de bras. Une lecture très légère, loin d’être indispensable!

Editions Albin Michel 2004, 368 pages,
19.80€


Retour à Coal Run – Tawni O’Dell

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Ivan Zoshenko revient à Coal Run, sa ville natale, après seize ans d’absence. Pour les habitants du coin, il reste le grand Ivan Z., une star
locale du football. Après un accident qui a stoppé net sa carrière, Ivan a fui cette région sinistrée et ses rêves brisés, et s’est réfugié dans l’alcool. S’il revient aujourd’hui, c’est que
Reese, un ancien camarade d’école, doit bientôt sortir de prison: quel compte ont ils à régler?

Retour à Coal Run est tout autant l’histoire d’une région que celle d’Ivan. Ce
coin de Pennsylvanie est une région minière qui a sacrifié bien des hommes: Elle en a tué beaucoup, et a abandonné les autres au chômage et à l’alcool. Les
personnages, violents et désespérés, sont à l’image des paysages sinistrés dans lesquels ils évoluent. Marqués par les souvenirs des coups de grisou ou de la guerre du Vietnam, ils sont à la
recherche de la moindre et inestimable étincelle de bonheur. Un drame social noir et poignant, empreint cependant d’un certain classicisme qui ne réserve pas de réelle surprise.

Belfond 2004, 355 pages,
19.80€

[roman] La chorale des maîtres bouchers – Louise Erdrich

A la fin de la première guerre mondiale, Fidelis épouse la fiancée de son meilleur ami mort au combat, avant de quitter son Allemagne natale pour les Etats-Unis et le Dakota du Nord. Avec pour tout bagage une valise pleine de couteaux et de saucisses, il s’arrête dans la petite ville d’Argus, ouvre une boucherie et fonde une chorale. Quelques années plus tard, une jeune femme originaire d’Argus, rend visite à son père alcoolique. Elle est accompagnée de Cyprian, un équilibriste homosexuel.

Cette saga passionnante court d’une guerre à l’autre, des années 20 aux années 50. Autour de deux couples aux relations ambiguës, Louise Erdrich fait vivre avec talent le quotidien d’une petite communauté américaine bigarrée, avec ses notables et ses marginaux, ses commerces ou sa chorale, ses amitiés et ses animosités, ses joies ou ses drames. Ces histoires quotidiennes qui se déroulent sur fond de grande Histoire et de conflits mondiaux forment au final une fresque captivante!

Albin Michel 2005/ Le livre de poche 2007 – 5 étoiles

[Roman] Sang Impur – Hugo Hamilton

Dans ce roman autobiographique, Hugo Hamilton évoque son enfance dans l’Irlande des années 50-60. Entre un père nationaliste et une mère Allemande, le petit garçon peine à trouver son identité. Au sein du foyer, il est battu par son père dès qu’il prononce un mot d’anglais, tandis qu’à l’extérieur les autres enfants le traitent de
nazi.

Sang Impur est le témoignage émouvant d’un enfant écartelé entre ses différentes origines, écrasé par la lutte vaine de son père, et par les fardeaux que portent sa mère depuis la guerre. Malgré tout Hugo Hamilton ne sombre jamais dans le misérabilisme, son regard d’enfant ne connaît pas encore la colère ou l’amertume, grâce à la présence lumineuse d’une mère aimante.


Phebus 2004/ Points 2007 – PRIX FEMINA ETRANGER 2004 – 3 etoiles