Catégorie : 2 étoiles – Pourquoi pas?

L’extraordinaire histoire de Fatima Monsour – Joanne & Gerry Dryansky

Répudiée par son mari, sans enfants, Fatima Monsour vit seule dans son village natal, à Djerba, et travaille comme femme de ménage dans un club de vacances. Quand sa jeune soeur meurt brutalement, Fatima accepte de la remplacer au service de la comtesse Merveil du Roc à Paris, dans le XVIe arrondissement. Avec son grand cœur, sa capacité d’écoute, sa simplicité et son courage, Fatima va conquérir les habitants du 34 avenue Victor Hugo, et les habitués du café Jean Valjean: Hadley Hadley 3ème du nom, un américain qui rêve de devenir écrivain, Hyppolyte Suget, l’ancien petit rat de l’opéra devenu cambrioleur ou encore Victorine, la domestique sénégalaise et son grand
rire sonore…

Amour, tolérance, intégration, ce roman est plein de louables intentions, mais on frôle souvent l’overdose de bons sentiments, et ce n’est malheureusement pas le seul défaut du livre: l’humour est un peu forcé, l’histoire manque de subtilité et souffre de nombreuses longueurs, les personnages, bien qu’attachants, sont plutôt caricaturaux. Malgré tout, L’extraordinaire histoire de Fatima Monsour fait partie de ces livres que l’on a envie d’aimer, c’est une petite comédie sympathique au charme désuet, un roman qui fait fi du cynisme et de la morosité ambiante pour prôner le pouvoir de la gentillesse, du bonheur tranquille et de la solidarité. Une grosse pâtisserie trop sucrée, mais réconfortante, à garder sous le coude en cas de coup de blues!

Héloïse d’Ormesson 2009, 334 pages, 21€. Traduction de Marianne Véron (Titre original:
“Fatima’s good fortune”)

Lu pour le Club des lectrices de Femme Actuelle.
Les avis de
Cuné, de Sylire, Bab’s.

Ailleurs – Julia Leigh

Fuyant l’Australie et un conjoint violent, une femme accompagnée de deux jeunes enfants trouve refuge en France, dans la demeure où elle a passé son enfance. Elle débarque de façon impromptue dans une maison en pleine effervescence, sa mère attendant le retour de la maternité de sa belle-fille Sophie et de Marcus, son mari. Quand le couple arrive enfin, l’heure n’est malheureusement plus aux réjouissances: l’enfant est mort-né, mais Sophie refuse de s’en séparer.

Ailleurs est un huis-clos etouffant, une bulle hors du temps dans laquelle les personnages semblent errer comme des ombres… Bien qu’on connaisse le prénom de la jeune femme, elle sera presque toujours désignée simplement comme “la femme“: Ses bleus, son bras en écharpe, cet homme qu’elle fuit semblent l’avoir vidée de toute substance. Les autres personnages ne semblent pas plus vivants, surtout Sophie, la belle-soeur qui se refuse à enterrer son bébé, qui ne quitte plus ce “paquet” morbide sauf quand elle se laisse convaincre de le mettre au congélateur (gloups). L’atmosphère est froide et lugubre, saturée de non-dits, les scènes absurdes s’enchaînent ainsi jusqu’à l’écoeurement. Seuls les deux enfants de la femme qui tentent confusément d’échapper au désespoir des adultes, insufflent un semblant de vie dans ce tableau… Je comprends que de nombreux lecteurs aient pu être séduits par ce récit atypique et maîtrisé, au style très épuré, mais sa noirceur m’a mise trop mal à l’aise pour que je puisse vraiment l’apprécier!

Christian Bourgois 2008, 15€

Elles ont aimé: Lily, Papillon, Cathe, Anna Blume, Sylvie, Chiffonnette mais Kathel et Bellesahi
sont plus mitigées.

On s’y fera – Zoya Pirzad


Divorcée, Arezou vit seule avec sa fille Ayeh à Téhéran et dirige une petite agence immobilière léguée par son père. Femme active et indépendante, elle se laisse pourtant mener
par le bout du nez par sa fille adolescente, qui rêve de retourner vivre en France auprès de son père. Arezou entretient aussi des relations difficiles avec sa mère, Mah-Mounir, très soucieuse du
qu’en-dira-t-on. Quand Arezou tombe amoureuse d’un client de son agence, Zardjou, ses relations avec son entourage vont se compliquer encore un peu plus…


Arezou est bien loin du stéréotype de la femme iranienne : Dans cette société pourtant très machiste
elle a réussi à s’affranchir de toute autorité masculine, et mène une brillante carrière professionnelle. On en oublierait presque dans quel pays le roman se déroule: hormis l’ambiance
particulière (très “nourrissante” !) et quelques anecdotes ici et là (la présence furtive de la police des mœurs ou le bus séparé en deux parties, l’une réservée aux hommes, l’autre aux femmes),
l’histoire d’Arezou est finalement assez universelle: celle d’une femme qui à la quarantaine tente de refaire sa vie en s’accommodant de bagages un peu encombrants (sa mère et sa fille sont
particulièrement égoïstes et antipathiques). Malgré les possibilités qu’offrait ce sujet, le propos reste malheureusement superficiel et s’éloigne de l’essentiel en se noyant dans les intrigues
secondaires, les détails inutiles ou l’abus de dialogues. On s’y fera est un roman qui se lit vite et bien, pas foncièrement désagréable, mais trop
lisse pour être vraiment captivant.


Le livre de poche, 316 pages, 6,50€
Lu par Sylire, Tamara, Lou, Clarabel, Anne, Fashion, Saxaoul, Praline, Flo, Cathulu, Joelle


Les habitants – Mano

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Marc et Carine ont quitté Paris avec leurs deux ados, Marie et Stéphane, pour une zone pavillonnaire située dans l’agglomération de Val d’Europe, à deux pas de Disneyland. Une ville artificielle et aseptisée, où tout est fait pour donner l’illusion de la sécurité et du bonheur à une population de cadres sup. Mais derrière les façades propres et lisses, rien de bien glorieux: Marc trompe sa femme sans aucun complexe et il est d’une bêtise crasse, au point que ses enfants le surnomment affectueusement “le connard”. Ambiance, ambiance… Carine est une parfaite desperate housewife, complètement à l’ouest, et leurs enfants ne relèvent guère le niveau: Marie est une gentille écervelée, tandis que son frère dépressif se taillade les bras à l’occasion. Quand un drame transforme la banlieue chic en cauchemar, les apparences vont rapidement se fissurer.

Sex, drug and rock’n roll chez Disney, c’est en gros le concept de ce roman déconcertant. J’avoue que je ne savais pas vraiment où je mettais les pieds en ouvrant ce livre! L’idée de départ n’est pas mauvaise, le cynisme plutôt séduisant mais il flirte trop souvent avec la facilité, que ce soit dans le fond ou dans la forme. Beaucoup de vulgarité, pas mal de scènes trash (certains passages sont vraiment à vomir), mais surtout le propos reste finalement assez superficiel, et c’est ce qui m’a le plus dérangé, on tombe souvent dans la provocation gratuite. La caricature est amusante au début, dommage que l’auteur n’essaye pas de la dépasser par la suite, j’aurais aimé un peu plus de subtilité, plus de nuances dans les personnages (même s’il y a bien une tentative avec le fils, Stéphane, qui semble être le seul à avoir un peu de recul sur le monde dans lequel il vit). Je n’ai pas vraiment adhéré donc, mais en même temps ce n’est pas un roman qui m’a laissée indifférente… Un livre violent à ne pas mettre entre toutes les mains, mais à tenter si vous aimez ce genre d’univers glauque et dérangeant.

Hachette 2008, 209 pages, 17€

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Dominique Mainard – Je voudrais tant que tu te souviennes

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Albanala prend soin depuis plusieurs années d’une de ses voisines, Mado, légèrement handicapée. Depuis sa petite enfance, Mado s’est construit un monde à
part, toujours l’oeil rivé au sol, elle traque sans relâche l’infiniment petit avec son appareil photo. Mais depuis quelques temps sa mémoire s’évapore doucement. Quand Albanala décide de
repartir dans son pays natal, elle confie à sa nièce Julide le soin de s’occuper de Mado. Mais la relation entre l’adolescente et la vieille femme se dégrade lorsque Mado tombe sous le charme
d’un inconnu de passage, chargé de réparer la girouette du marché couvert.

Le précédent roman de Dominique Mainard, “Le ciel des chevaux”, m’avait laissé une impression mitigée : le sujet (la folie) m’avait
mise assez mal à l’aise, mais j’avais apprécié la maîtrise du récit et l’art du rebondissement. Ici en revanche je n’ai pas été séduite par la forme, pas plus que par le fond. L’histoire met
un temps fou à se mettre en place et m’a paru particulièrement décousue. On passe d’un point de vue à l’autre, et les différentes voix composent un tableau bancal qui manque de
fluidité . Bien que la relation entre les deux femmes soit assez touchante, je n’ai jamais vraiment réussi à m’attacher aux protagonistes: L’auteur tente de titiller la curiosité du
lecteur en multipliant les non-dits, sous-entend des secrets enfouis, mais toutes ces pistes se révèlent être des cul-de-sac et les personnages restent désespérement hermétiques.

Je n’ai lu que de bonnes critiques sur ce livre, sans doute suis-je l’une des rares personnes à ne pas réussir à pénétrer l’univers de Dominique
Mainard. Reste dans ma P.A.L son premier roman ” Leur histoire”, qui me permettra peut-être de me réconcilier avec cet auteur ? A suivre…!

Gallimard 2007, 247 pages, 17,90 €

Les avis plus enthousiastes de Sylire et de Gambadou