1985, sous l’ère Thatcher, le jeune Graham rencontre Charlotte, il est fils d’ouvrier travailliste, elle est issue de la bourgeoisie conservatrice, autant dire qu’ils n’ont pas grand-chose en commun et que personne ne croit vraiment à leur histoire d’amour. 2010 : Graham élève désormais seul son fils de 15 ans, Michaël, mais entre eux le fossé ne cesse de se creuser, père et fils peinent à se comprendre. Depuis qu’il sort avec Carly, une fille des quartiers populaires, Michaël cumule les bêtises et les ennuis. Michaël lui, voudrait que son père le lâche un peu, et il l’inscrit à son insu sur un site de rencontres.
Le roman alterne les deux périodes, la jeunesse de Graham dans les années 1980, son histoire d’amour avec Charlotte, et l’époque actuelle (2010), dans une Angleterre qui a bien changé entre-temps, avec un arrière goût amer de crise et de violence. C’est moins l’histoire entre Charlotte et Graham (un peu trop “tire-larmes” à mon goût) que le sujet de la paternité qui m’a séduite dans ce livre.
Graham est loin d’être un super héros, c’est un type tout ce qu’il y a de plus banal, un petit comptable confronté quotidiennement à ses faiblesses et à ses petites lâchetés. Il a parfois oublié les principes que lui a inculqué son père, ses convictions sociales, pour mieux se protéger notamment dans sa vie professionnelle. Des choix que son père considère comme une trahison, au point de refuser toute nourriture achetée par Graham (avec son argent “sale”) et de débarquer systématiquement chez son fils avec sa propre bière et ses sandwichs. Tout au long du roman se déploie ainsi en parallèle la relation pittoresque de Graham avec son père, et celle qu’il entretient désormais avec son fils.
Même s’il est finalement assez classique, Ce qui restera de nous est un joli livre sur la paternité, sensible et émouvant. J’ai été particulièrement touchée par un passage dans lequel Graham tente de défendre son fils face à de petits voyous qui le harcèlent, et qu’il recule, terrassé par la peur. Quel modèle un père doit-il donner à son fils ? Quelles valeurs doit il lui transmettre ? Qu’est ce qu’être un homme? A défaut d’être le plus fort, peut-être est ce simplement être en accord avec soi-même et savoir admettre ses faiblesses. Et en retrouvant son fils, Graham se trouvera aussi lui-même.
Mention spéciale au titre que j’aime beaucoup, tiré d’un poème de Philip Larkin : “Ce qui restera de nous, c’est l’amour“.
A lire aussi l’avis de Laure.
Belfond 2013, 429 pages, traduction d’Isabelle D. Philippe –
Titres et couvertures me plaisent beaucoup, mais je crains de trouver ça un peu trop léger…
J’aime beaucoup le titre aussi, mais je ne suis pas tentée par la lecture du livre.