En 1936, un couple de basques espagnols, Ama et Aïta, doivent brutalement fuir leur pays avec leur famille, leurs trois fils, les parents d’Ama, ainsi que ses deux frères, des activistes. Ils abandonnent tout derrière eux et se réfugient un temps à Hendaye chez une amie, Mademoiselle Eglantine. Mais les deux frères d’Ama sont arrêtés et enfermés dans des camps. En 1939, la famille déménage une nouvelle fois pour suivre Aïta qui a trouvé un poste de metayer dans une ferme des Landes.
“Rêves oubliés” raconte d’abord l’attachement à une terre et la douleur de l’exil : “Nous sommes ici depuis de si nombreux mois et je réalise seulement au soir de cette triste journée que nous avons vécu uniquement dans l’espoir du retour. Ce rêve a lentement embrumé nos esprits, et maintenant la réalité nous frappe de plein fouet, fermant brutalement les frontières. Tant que le dictateur sera au pouvoir, nous ne pourrons pas revenir, nous le savons. Je ressens une blessure vive, une blessure de chair indescriptible, l’amour d’une terre, de ses odeurs, de ses rires, de sa langue que je perds irrémédiablement. J’y laisse mon insouciance, une légèreté de l’âme qui depuis trois ans s’est plombée de silences et de faux espoirs.” (extrait du journal d’Ama)
Mais c’est aussi un roman d’amour (du couple Aïta/Ama se dégage une force tranquille qui illumine tout le récit) et un hymne à la famille, qui est ici un socle inébranlable sur lequel on peut se reposer quoi qu’il arrive. Le roman alterne les extraits du journal d’ Ama et un récit plus distancié. J’ai beaucoup aimé les passages du journal dans lequel la mère de famille livre ses sentiments et qui ajoutent une touche plus personnelle au roman. Je suis plus mitigée en ce qui concerne le reste du livre, très dense, trop dense: Le franquisme, les menaces, l’exil, la guerre, l’amour d’un des oncles pour une jeune juive, les camps, les drames personnels, cela fait beaucoup, surtout que le tout est concentré sur seulement 169 pages… On a un peu l’impression de courir après l’histoire et les personnages, ce qui est assez frustrant pour le lecteur. Une lecture qui avait du potentiel mais me laisse un petit goût d’inachevé.
Sabine Wespieser Editeur, 169 pages/
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