Catégorie : Romans Jeunesse

Le mystère du lac – Robert McCammon




Cory Jay Mackenson a passé son enfance à la fin des années 60 à Zephyr, au sud de l’Alabama. Alors qu’il accompagne un jour son père laitier dans sa tournée matinale, ils assistent impuissants au plongeon d’une voiture folle dans un lac. Le père de Cory a juste le temps d’apercevoir le conducteur, défiguré et menotté au volant… Voilà un mystère de plus dans une petite ville qui en compte déjà beaucoup !

“Nous avions aussi une reine noire de cent six ans et un as de la gâchette qui avait sauvé Wyatt Earp à O.K. Corral. Notre rivière cachait un monstre et notre lac un secret. Un fantôme hantait la route au volant de son dragster noir, au capot décoré de flammes peintes. Nous avions un Gabriel, un Lucifer et un Rebel qui se releva d’entre les morts. Nous avions des envahisseurs, un garçon au bras d’or et même un dinosaure lâché dans la grand-rue.
Un endroit magique…
Mon enfance magique et tout ce pays de cocagne survivent en moi.
Je me souviens.
Faut que je vous raconte ça.”

Il s’agit ici de la réédition en jeunesse d’un roman paru il y a une quinzaine d’années dans une collection pour adultes, et c’est un billet très enthousiaste sur le blog Citrouille qui m’a donné envie de le lire. La première centaine de pages est un peu laborieuse, les évènements mystérieux s’enchaînent avec un certain manque de fluidité et de cohérence, et il est difficile de trouver ses repères dans une histoire touffue qui emprunte à la fois au thriller, au fantastique et au récit d’enfance. C’est finalement quand ce dernier aspect prend le dessus que le roman devient vraiment intéressant. La violence du monde va faire une entrée fracassante dans l’enfance protégée de Cory : 20 ans après la fin de la 2ème guerre mondiale, le Ku Klux Klan répand ses effluves nauséabondes, et la marche du monde laisse déjà pas mal de gens sur le bord de la route. Le jeune garçon devra apprivoiser sa peur face aux éléments surnaturels mais aussi face à la cruauté de l’humanité. Alternant épisodes sombres et jolis moments de grâce, “Le mystère du lac” est un roman inclassable, d’une imagination débordante, une épopée initiatique originale et attachante.

Albin Michel 2007 (collection Wiz), 599 pages, 17€ [ Traduction Stephane Carn]
Ce roman a reçu le World Fantasy Award en 1992


Uglies – Scott Westerfeld

undefined

Uglies.gif
Tally attend impatiemment son anniversaire : le jour de ses 16 ans, comme tous les jeunes de son âge, elle pourra subir la grande opération qui la rendra belle, et qui lui permettra de quitter le monde des Uglies pour celui des Pretties. Les deux communautés sont bien séparées, et Tally n’aspire plus qu’à rejoindre le plus vite possible cet univers de fête permanente où tout le monde semble si beau et si heureux. Mais quelques semaines avant l’opération, elle rencontre Shay avec qui elle se lie d’amitié. Celle-ci lui révèle alors l’existence de La Fumée, un camp de rebelles qui ont fui la ville pour échapper à l’opération.

Scott Westerfeld nous plonge ici dans un futur glaçant, un univers aseptisé dans lequel la beauté et le bonheur sont obligatoires, une dictature de l’apparence où l’uniformisation est la règle. Tally va progressivement ouvrir les yeux sur le monde dans lequel elle vit, découvrir comment elle a été manipulée, mais il sera difficile pour elle de remettre en question toutes ses certitudes. Après un début un peu mou, on se laisse embarqués dans ce récit rythmé et très visuel (courses-poursuites en planche magnétique ou sauts dans le vide grâce à des gilets de sustentation). Un premier tome efficace et accrocheur dont la fin m’a laissé un rien frustrée, si j’avais eu le deuxième volume sous la main je l’aurais commencé de suite !

Pocket jeunesse 2007, 432 pages, 13,50€
3 tomes sortis à ce jour: Tome 2: Pretties
& Tome 3: Specials

Le combat d’hiver – Jean-Claude Mourlevat

4-etoiles.gif

le-combat-d-hiver-copie-1.gif

Deux adolescentes, Helen et Milena, vivent avec d’autres orphelines dans un pensionnat particulièrement austère et strict. Un soir, Helen profite d’une faveur qui leur est accordée deux fois par an en allant rendre visite à sa consoleuse, une femme chargée de lui offrir un court moment d’amour et d’affection. Milena l’accompagne, mais la règle est claire, si elles ne rentrent pas à l’heure dite, une de leurs camarades sera enfermée au “Ciel”, un cachot tristement célèbre. Sur le chemin, les deux amies font la connaissance de deux garçons du pensionnat voisin, Milos et Bartolomeo. Quand elle sort de chez sa consoleuse quelques heures plus tard, Helen a une bien mauvaise surprise : Milena s’est enfuie en compagnie de l’un des garçons.

Je meurs d’envie de vous en dire plus pour vous donner envie de lire ce livre, mais ce serait vraiment dommage de déflorer l’intrigue (la quatrième de couverture en dit déjà beaucoup trop!). La fugue de Milena n’est que le point de départ d’une histoire très riche: A la fois récit initiatique et roman d’aventures imprégné de fantastique (on y croise des hommes hybrides, à moitié chien ou cheval), ce livre ne manque pas de souffle avec des personnages forts et attachants, une progression haletante et des rebondissements bien dosés. Le lieu et l’époque restent flous, Mourlevat construit un univers sombre et inquiétant dont le décor fait souvent penser à une grande ville européenne du XIXe, un peu à la Dickens, mais le thème et certaines scènes s’inspirent aussi de la seconde guerre mondiale. Un monde intemporel donc dans lequel les grands thèmes de la liberté et de la résistance se mêlent avec beaucoup de subtilité aux préoccupations de l’adolescence. A part la toute fin du roman que j’ai trouvé un peu plate, “Le Combat d’hiver” est vraiment un roman d’une très belle qualité, sans aucun doute l’un des meilleurs livres pour ados que j’ai pu lire récemment!

Gallimard 2006, 330 pages, 15€
Les avis enthousiastes de Flo, de Laure, de Clochette et de Clarabel!
Et pour lire les premières pages de ce roman, cliquez ici

Blanche ou la triple contrainte de l’enfer – Hervé Jubert

3-etoiles.gif



Paris, 1870. Les Prussiens s’apprêtent à encercler Paris, et les habitants fuient en masse vers la province. Dans la confusion, une jeune fille de 17 ans, Blanche Paichain, est séparée de sa famille, et manque le dernier train qui quitte la capitale. La situation n’a pas que des inconvénients, puisque Blanche est désormais libre d’aider son oncle Gaston Loiseau, commissaire de police, à résoudre une enquête sur une série d’assassinats visant des hommes portant tous le même tatouage.

Parvenue avec beaucoup de difficultés à la moitié du livre, j’ai hésité à abandonner ma lecture. L’auteur reconstitue avec minutie tous les aspects de la capitale assiégée, évoque en détails la passion pour les sciences de la jeune Blanche. A vouloir être ainsi exhaustif, le roman manque vraiment de simplicité et de fluidité. Les nombreuses descriptions, notamment des coins célèbres de Paris, sont trop présentes, trop scolaires à mon goût, et alourdissent le propos. J’ai persisté (j’ai toujours beaucoup de scrupules à abandonner un livre) et bien m’en a pris. La suite du roman adopte un rythme moins haché et ne manque pas d’arguments: des personnages vivants et attachants, une intrigue complexe et prenante, un décor et une atmosphère envoûtants. Réconciliée avec Blanche, j’envisage même de lire la suite de ses aventures (Blanche et l’oeil du grand Khan).

Albin Michel 2005, 441 pages, 15€

Les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire: Tout commence mal (Tome 1) – Lemony Snicket

3-etoiles.gif


Les malheurs des enfants Baudelaire commencent le jour où leurs parents meurent dans l’incendie de leur maison. Violette, Klaus et Prunille sont alors recueillis par l’énigmatique et terrifiant Comte Olaf, prêt à tout pour faire main basse sur la fortune des trois enfants.

Ce récit atemporel est une parodie de conte qui joue avec une atmosphère sombre à la Dickens. Les jeunes lecteurs seront séduits par les multiples rebondissements qui rythment les aventures de ces trois orphelins. Le lecteur adulte, lui, trouvera sans doute les ficelles de l’histoire plutôt classiques et prévisibles… Mais il appréciera le ton original et déconcertant, le deuxième degré alimenté par les interventions farfelues de l’auteur qui ne cesse d’interpeller le lecteur. Le deuxième tome ( 11 volumes sont parus pour le moment) m’attend déjà, j’aurais donc l’occasion de vous reparler de cette série!

Editions Nathan 2002, 173 pages, 5.99€
Le site officiel de la série: http://www.orphelinsbaudelaire.com/index.html