Mois : janvier 2010

Créature de la nuit – Kate Thompson

creature de la nuit

Note/4 etoiles

“Je lui ai bien dit, à ma mère, que je ne voulais pas rester là-bas. Je lui ai dit quand elle m’a annoncé le truc, et je lui ai répété quand elle a essayé de m’acheter avec la nouvelle Xbox. Et puis pendant tout le trajet en car. Dès qu’elle ouvrait la bouche, je disais: “Je reste pas là bas. Tu peux pas me forcer.”

La mère de Rob quitte précipitamment Dublin avec ses deux fils pour s’installer dans un petit coin de campagne, près d’Ennis. Elle espère ainsi échapper à ses problèmes financiers, et protéger Rob de ses mauvaises fréquentations. Ils s’installent dans une petite bicoque en mauvais état, entourée de mystères: une petite fille y aurait été assassinée bien des années auparavant, et le locataire précédent a disparu du jour au lendemain.  Sans parler de ce bol de lait qu’il faudrait laisser tous les soirs à l’intention d’une petite fée… Mais Rob est bien décidé à trouver un moyen pour rejoindre Dublin et sa bande de copains.

Le titre, le résumé, la couverture sont un peu trompeurs, car donnent à penser qu’il s’agit d’un roman fantastique, mais ce n’est pas vraiment le cas même si quelques éléments sont laissés à votre libre interprétation (assez en tous cas pour instaurer une légère angoisse!).  J’ai été surprise donc, mais pas du tout déçue. “Créature de la nuit” raconte l’histoire d’une petite frappe irlandaise, qui à 14 ans a déjà tout vécu ou presque, la drogue, l’alcool, la petite délinquance…  Sans jamais tomber dans le misérabilisme ou la facilité, Kate Thompson raconte la rédemption de Rob qui en quittant son milieu d’origine va découvrir un autre monde, et d’autres valeurs. Mais c’est surtout le personnage de la mère qui m’a touchée, elle entretient une relation très difficile  avec son fils ainé, et on la découvre à travers les yeux de Rob. Impitoyable, ce dernier dresse un portrait peu glorieux de cette mère instable et immature,  paumée, incapable de s’occuper correctement de ses fils, de sa maison ou d’elle même.  Comme une petite fille elle a peur du noir, et se réfugie dans les cris ou les larmes au moindre problème. Mais dans un dernier sursaut d’orgueil ou d’amour elle s’imagine naïvement qu’elle peut effacer l’ardoise, et d’un geste  recommencer une autre vie.  “Créature de la nuit” est vraiment un très bon roman, inclassable mais intense, à mettre entre toutes les mains, ados ou adultes, chacun y trouvera son compte.  Mais il vous faudra malheureusement patienter un peu pour le découvrir puisqu’il ne sera disponible en librairies que le 17 mars prochain.

Editions Baam! 2010, 287 pages, 15€. Titre original: Creature of the night traduction de Marie de Prémonville).
Livre lu dans le cadre d’un partenariat entre le forum Livraddict et les éditions Baam!, merci!

Lu aussi par Flof13, Belledenuit, Taliesin, Le mammouth, Myarosa, Laure, Anne sophie.

Le dissident chinois – Nell Freudenberger

le dissident chinoisNote/4 etoiles

Dans le cadre d’un échange artistique avec les Etats-Unis, Yuan Zhao, un jeune dissident chinois,  s’installe à Los Angeles pour un an. Il donne des cours d’art dans une école de jeunes filles, et est hébergé par la famille Travers. Malgré les apparences, l’équilibre familial de ses hôtes est fragile: Le père, Gordon, psychiatre et passionné de généalogie, s’éloigne de plus en plus de sa femme, Cece, et de ses enfants, Olivia et Max. Cece, si elle tente tant bien que mal de garder l’image d’une épouse attentionnée et d’une mère compréhensive, n’est pourtant plus amoureuse de son mari depuis longtemps,  et a du mal à accepter l’attitude provocatrice de ses enfants, surtout celle de son fils ainé, qui vient d’être condamné à des travaux d’intérêt général.  Le retour à L.A. du frère de Gordon, Phil, avec qui elle entretient une relation ambigüe, va semer encore un peu plus le trouble dans l’esprit de Cece.

Ce premier roman de Nell Freudenberger fonctionne sur l’alternance de deux récits, celui de Yuan Zhao (à la 1ère personne), et celui de Cece (à la 3ème personne). Le jeune  chinois  évoque surtout l’ébullition artistique d’un petit quartier de Pékin aux début des années 90,  et les performances audacieuses qu’y organisait un cousin talentueux. Ses souvenirs permettent de lancer quelques pistes de réflexions intéressantes sur l’art, sur son sens même (qu’est ce que l’art, qu’est ce qui n’en est pas?), ou sur la paternité d’une œuvre (la photo d’une performance appartient elle à l’artiste ou au photographe?).  Il se souvient aussi de la jolie Mieling… Yuan Zhao n’a pas grand chose en commun avec Cece, une américaine d’age mur qui tente de préserver l’unité vacillante de sa famille aux dépens de ses propres désirs. Rien en commun, si ce n’est peut être de n’avoir ni l’un ni l’autre trouvé leurs  vraies places dans leurs mondes respectifs. Roman doux amer sur les désirs inassouvis, les opportunités ratées et les faux semblants, Le dissident chinois touche par la finesse des personnages, et par la discrète émotion exhalée par leurs cheminements intérieurs. Dommage en revanche que le rapport entre ces deux personnages ne soit pas plus développé, Yuan et Cece ne font que se croiser, et l’auteur a finalement trop peu exploité le thème du choc des cultures. Un bon roman, mais qui me laisse quand même quelques regrets.

Editions de la Table Ronde 2010, 445 pages, 23€. Titre original: The Dissident (Traduction de Clément Baude)
Lu aussi par Keisha, Biblio, Yv, Lili Galipette, Chaperlipopette, Yohan, Goelen.

Lu dans le cadre d’un partenariat entre Blog-O-Book & Les éditions de la Table Ronde, merci!

Le billet du week-end #15

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J’ai enfin vu cette semaine l’incontournable  Avatar de James Cameron. Sur le fond, une fable écolo sur la convoitise et la bêtise humaine, pas forcément originale mais efficace. Visuellement en revanche c’est un film magnifique, étourdissant, et même si la 3D est encore perfectible, je suis sortie de la salle en ayant l’impression d’avoir touché du doigt un nouveau monde.

Au programme de mon dimanche, le Art Book de Rebecca Dautremer, un objet imposant, étrange et fascinant. Et aussi  Créature de la nuit de Kate Thompson: Ce roman jeunesse ne sortira qu’en mars chez Baam Editions, mais je l’ai reçu en avant -première grâce à un partenariat avec Livraddict. Le tout en musique avec le 4ème album de Pink Martini Splendor in the grass, il tourne en boucle ici depuis 15 jours, je ne veux plus rien écouter d’autre… Bon dimanche  à tous!

Night World, tome 1: Le secret du vampire – L.J. Smith

Night World Tome 1

Note/ 2 étoiles

Poppy, une jeune américaine de 17 ans, apprend qu’elle est atteinte d’une maladie incurable, et qu’il ne lui reste que quelques semaines à vivre. Désespéré, son meilleur ami James lui révèle alors qu’il est un vampire, et qu’il peut la sauver en la transformant à son tour. Mais en révélant son secret à Poppy, il transgresse les deux règles essentielles du monde dont il vient, le Night World: Ne jamais en révéler l’existence, et ne jamais tomber amoureux d’une humaine…

Cette série de L.J. Smith a déjà été publiée dans les années 90, et est rééditée à la faveur du succès rencontré par la bit-lit ces dernières années. “Night World” comportera 10 tomes qui peuvent se lire indépendamment, chaque volume étant consacré à des personnages différents. Il y a quelques bonnes pistes dans cette première histoire: L’idée même du “Night World”, sans être follement originale, est plutôt attirante: il s’agit d’une sorte de société secrète où se côtoient toutes les créatures de la nuit, vampires, loup-garous ou sorcières.   Malheureusement, on ne fait que survoler le sujet dans ce premier tome, l’auteur n’ayant sans doute pas voulu brûler toutes ses cartouches d’emblée. Le personnage de James qui est un lamie (c’est à dire qu’il est né de parents vampires), sa relation houleuse avec le frère jumeau de Poppy, qui a du mal à accepter la transformation de sa sœur font aussi partie des bons points du récit. Mais le style est décidément trop plat, l’enchaînement des faits bien trop rapide alors que les  personnages sont confrontés à des choix cruciaux. Et la relation  entre Poppy et James, au cœur du récit, reste très froide et convenue, sans beaucoup d’étincelles. Ce premier tome  manque donc de saveur et de piquant, et sans être désagréable, il se survole d’un oeil et s’oublie vite. Le deuxième tome, intitulé  “Les sœurs des ténèbres” sort aujourd’hui en librairie, et est consacré à un trio de sorcières: me laisserais je tenter? A voir.

Michel Lafon 2009, 283 pages, 14,95€

Livre lu dans le cadre d’un partenariat entre le Forum Livraddict & les éditions Michel Lafon, merci! Il s’agit aussi de ma première lecture pour The Dark Side Challenge.

Lu aussi par Clarabel, Serafina, Malou, Esmeraldae, Taylor, Virginie, Ankya, Heclea, Karine, Jess, Myarosa, Liliba.

Le billet du week-end #14

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Télérama a consacré cette semaine une enquête aux blogs de lectrices, intitulée “Les amazones de la blogosphère”, (rien que ça!) . Un papier avec ses défauts, ses approximations, ses oublis, mais à mon sens un article plutôt honnête et bienveillant (ce qui était loin d’être le cas des quelques articles publiés jusqu’ici dans la presse culturelle à propos de la blogo). Pour vous faire votre propre avis, vous pouvez le lire en ligne sur le site de Télérama.

Il parait que j’avais dit plus de challenges, mais je suis un esprit faible, maintenant tout le monde le sait,  et n’ai pas su résister au dernier défi lancé par Fashion, Lunettes noires sur pages blanches. Il faut dire que c’est un challenge plutôt facile, il suffit de publier un seul billet comparatif entre un roman et son adaptation ciné…

Je continue de prendre possession petit à petit de mon nouveau territoire, et de l’améliorer. Pour ceux qui ne sont pas encore à l’aise avec les flux RSS, vous pouvez désormais vous abonner à une newsletter (dans la colonne de droite). Et  ma PAL est aussi à votre disposition  (levez les yeux, c’est là, juste en dessous de ma bannière).  Si vous  êtes tentés par une lecture commune n’hésitez pas à me contacter.

Sur ce, je vais me replonger dans ma lecture en cours, Martin Dressler, ou le roman d’un rêveur américain de Steven Millhauser. Bonne fin de week-end à tous!