Catégorie : Lectures – Classement par Genre

[Roman] La première chose qu’on regarde – Grégoire Delacourt

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Jeune et beau garagiste, Arthur Dreyfuss a eu une enfance difficile : Après le décès de sa petite sœur dévorée par le doberman du voisin, son père a brusquement disparu et sa mère a sombré dans le Vermouth et la folie. Arthur, obsédé par les poitrines généreuses, vit désormais une existence morne et solitaire quand un beau jour, le 15 septembre 2010,  il découvre l’actrice américaine Scarlett Johansson sur le pas de sa porte.

Arthur habite à Long, un petit village de Picardie où le temps semble s’être arrêté, avec son salon de coiffure à l’enseigne délavée, sa boucherie sans âge, son bar-tabac-articles de pêche-loto-journaux et sa serveuse aux yeux gris amoureuse d’un chauffeur routier tatoué. Le trou du cul du monde qui sous la plume de Grégoire Delacourt devient un Hollywood miniature, presque un décor de cinéma, où chacun a un petit air de vedette : Arthur ressemble à Ryan Gosling mais-en-mieux, son patron à Gene Hackman, alors ce n’est finalement pas si surprenant d’y voir débarquer Scarlett Johansson.

La première chose qu’on regarde est un conte fantasque qui m’a un peu rappelé Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, avec son cadre atemporel, ses personnages à la fois simples et extraordinaires qui ont un petit grain de folie, son garagiste qui se pique de poésie. C’est l’histoire d’un amour improbable, entre deux personnages malmenés par la vie, un amour rare, celui qui peut vous sauver de tout, de l’enfance, de la solitude et du malheur. Une histoire entre un héros ordinaire et une fille trop jolie qui voudrait qu’on l’aime pour ce qu’elle est vraiment. C’est un livre sur les apparences, sur ce que nous voudrions être, sur ce que nous révèle le regard que les gens posent sur nous, sur la douleur que l’on enfouit tout au fond de nous pour que personne ne la voit.

Mais ce nouveau roman de Grégoire Delacourt n’a pas la douceur et la délicatesse de La liste de mes envies, son précédent livre dans lequel une petite mercière d’Arras gagnait au Loto. L’auteur a choisi d’ajouter ici une dimension féroce et cruelle que j’ai eu du mal à apprécier : un bébé se fait dévorer par un chien, une mère devient folle de douleur, un père disparaît un matin en abandonnant son fils unique….

Et puis j’ai vraiment été gênée par les artifices du style,  l’abondance des références (au cinéma ou à la chanson), le Name Dropping a-tout-va, les parenthèses interminables pour donner des précisions inutiles sur tel acteur ou tel lieu, on finit par se croire sur Wikipedia, vraiment que c’est agaçant. Il y a en plus une certaine ironie qui imprègne la narration, qui donne l’impression que l’auteur se moque un peu de ses personnages, comme s’il avait eu peur qu’on l’accuse de tomber dans le sentimentalisme, et cette dérision poisseuse laisse une sensation désagréable planer tout au long de la lecture. C’est donc un livre étrange et déroutant qui me laisse une impression mitigée, je n’ai pas détesté mais j’avais quand même nettement préféré La liste de mes envies.

La première chose qu’on regarde de Grégoire Delacourt, 250 pages, éditions JC Lattès 2013 – 3 etoiles

Merci à Entrée Livre de m’avoir envoyé ce roman. Sept autres blogueurs ont lu ce livre en même temps que moi: Cécile, Zazy, Jostein, Nelfe, Pierre, Mélo et Emeralda

 

 

[Romance] La maison d’hôtes – Debbie Macomber

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Après le décès de son mari seulement un an après leur rencontre, Jo Mary décide de quitter son poste confortable dans une banque de Seattle  pour acheter une grande maison d’hôtes dans la petite ville de Cedar Cove. Son premier client est Josh, venu rendre une dernière visite à son beau-père avec qui il a toujours entretenu des relations conflictuelles, et qui va bientôt mourir. Sa deuxième  cliente est une jeune femme, Abby, qui doit assister au mariage de son frère. Originaire de Cedar Cove, elle n’était pas revenue dans sa ville natale depuis l’accident qui a coûté la vie à sa meilleure amie 10 ans auparavant.

Sorti en mars, La maison d’hôtes de Debbie Macomber est la 3ème publication des éditions Charleston, une toute nouvelle maison d’éditions née en janvier 2013 qui se positionne sur le créneau de la romance de bon goût.

On suit en parallèle les 3 histoires de Josh, d’Abby et de Jo Mary, qui ne font finalement que se croiser. J’ai été assez touchée par les parcours de Josh et d’Abby qui vont devoir se réconcilier avec leurs passés respectifs, et par les efforts de Jo Mary pour s’intégrer dans son nouvel environnement.  Mais la véritable héroïne de ce roman c’est indéniablement la « Villa Rose », cette maison d’hôtes accueillante et chaleureuse, qui sent bon les muffins, la cannelle et le feu de cheminée, un véritable refuge pour les âmes perdues et les cœurs brisés.

J’ai regretté parfois quelques platitudes (surtout en ce qui concerne la relation entre Jo Mary et Paul) ou quelques effets faciles (L’auteur fait parfois appel à un surnaturel pas toujours très subtil) mais j’ai globalement passé un joli moment avec ce livre. C’est un récit doux et réconfortant, léger et facile à lire, un vrai « roman doudou » avec lequel on a envie de se pelotonner sous la couette. J’ai été ravie de découvrir qu’il y aurait un 2ème tome,  Les anges se mettent à table à paraître en octobre 2013, dans lequel on retrouvera Jo Mary bien sûr, avec de nouveaux clients (La série comptera 6 tomes en tout). J’espère surtout que les frémissements d’une histoire entre Jo Mary et le ténébreux Mark se concrétiseront dans le prochain volume !

Vous pouvez télécharger gratuitement sur le site des éditions Charleston un prequel qui raconte la rencontre entre Jo Mary et Paul, une interview de l’auteur, ainsi qu’un extrait du livre.

La maison d’hôtes – retour à Cedar Cove de Debbie Macomber, éditions Charleston 2013, 395 pages  – Note/4 etoiles

[Thriller] Heather Mallender a disparu – Robert Goddard

Ancien garagiste d’origine anglaise, Harry a trouvé refuge à Rhodes où il garde la résidence secondaire d’un de ses amis, Dysart, un homme politique. C’est là qu’Heather Mallender a choisi de venir se reposer après la mort de sa sœur, tuée dans un attentat de l’IRA qui visait Dysart. Mais alors qu’Harry accompagne la jeune femme dans une excursion touristique, Heather se volatilise. Harry est le principal suspect, d’autant qu’il a entretenu dans le passé des relations conflictuelles avec la famille Mallender. Mais alors qu’il range les affaires d’Heather il découvre 24 photos, indiquant qu’Heather avait mené sa propre enquête sur la mort de sa sœur, et décide de refaire le même parcours pour tenter de comprendre ce qui est arrivé à la jeune femme.

Ce livre a d’abord été publié à la fin des années 80 (c’est d’ailleurs à cette époque que se déroule le roman) sous le titre « Les ombres du passé », et a été réédité par les éditions Sonatine en 2012, avant de sortir au Livre de Poche récemment.

J’ai trouvé que l’idée de suivre le chemin d’Heather grâce à ses 24 dernières photos (le charme de l’argentique!) était plutôt originale, et constituait un fil directeur intéressant. Ce qui n’est pas inutile parce que c’est un roman assez touffu, qui se passe entre les années 60 et les années 80, entre la Grèce et Angleterre, qui explore pas mal de pistes différentes pour mieux égarer le lecteur: La disparition d’Heather, sa dépression et ses rapports ambigus avec son psy, l’assassinat de sa sœur dans un attentat de L’IRA, le passé mystérieux de Dysart, la mort d’un de ses camarades d’université…. Les personnages sont tous difficiles à cerner, les victimes ont des airs de coupables, et vice-versa. Harry lui-même est une personnalité complexe, à la fois alcoolique, solitaire, désabusé, naïf, indépendant, charmeur…  Il y a bien quelques longueurs – ce roman fait quand même 720 pages et quelques coupes lui auraient donné plus de rythme –  mais le roman se termine sur une délicieuse pirouette que je n’avais pas du tout vu venir et qui m’a beaucoup plu. Un thriller psychologique plein de finesse avec lequel j’ai passé un très bon moment, et j’ai d’ailleurs déjà noté sur ma wish-list un autre titre de Robert Goddard, « Le secret d’Edwin Strafford » qui vient tout juste de sortir aux éditions Sonatine.

Heather Mallender a disparu de Robert Goddard, le livre de poche 2013, 720 pages – Note/4 etoiles

[Roman] Nos étoiles contraires – John Green

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“Des entrailles prédestinées de ces deux familles ennemies
A pris naissance, sous des étoiles contraires, un couple d’amoureux
Dont la ruine néfaste et lamentable
Doit ensevelir dans leur tombe l’animosité de leurs parents”
(extrait de Roméo et Juliette)

Hazel a 16 ans et est atteinte d’un cancer incurable. Elle vit quasiment recluse chez elle, et ne trouve du réconfort que dans un roman, Une impériale affliction d’un certain Peter Van Houten, resté inachevé. Dans un groupe de soutien elle croise Augustus,  en rémission d’un cancer qui lui a pris sa jambe et qui a désormais “peur de l’oubli”. Les deux adolescents deviennent aussitôt très complices, et  Augustus va tout faire pour offrir à Hazel son souhait le plus cher, connaître la fin d‘Une impériale affliction.

C’est un livre incroyablement dur, je n’essaierais pas de vous faire croire le contraire, même si cela risque de faire fuir la plupart d’entre vous.  L’auteur n’élude pas la face sombre de la maladie, l’amputation d’Augustus, les difficultés quotidiennes d’Hazel pour respirer ou pour monter un escalier, les machines qui l’accompagnent, la mort qui se reflète dans le regard de ses proches. Mais ce n’est pas pour autant un livre larmoyant, l’auteur adopte souvent aussi un ton drôle et décalé,  Hazel, Augustus et leur pote Isaac se moquant facilement d’eux mêmes et de la maladie. Si j’ai évidemment adoré Hazel et Augustus, les personnages secondaires sont aussi remarquables: L’extravagant et insupportable Peter Van Houten, l’attachant Isaac et son chagrin d’amour, les parents de Hazel, totalement dévoués à leur fille, et en même temps souvent maladroits.  J’ai été particulièrement bouleversée par les mots de la mère d’Hazel quand elle pense à la mort de sa fille unique “Je ne serais plus jamais une maman” … Nos étoiles contraires est avant tout un roman d’amour, d’une intensité rare, un livre sur les rêves qu’il ne faut jamais abandonner, parce que la vie avant la mort est encore la vie, jusqu’au dernier souffle. Certains infinis sont plus vastes que d’autres. Et certains romans plus essentiels que d’autres.

Nos étoiles contraires de John Green, éditions Nathan 2013, 330 pages – 5 étoiles

[Thriller] Le manuel du serial killer – Frédéric Mars

manuel du serial killer

 Thomas Harris est un freak avec un seul oeil, solitaire et orphelin depuis la mort accidentelle de ses parents 10 ans plus tôt. Il n’a plus aucun souvenir de son enfance avant ce drame. Désormais brillant étudiant à Harvard, il intègre la prestigieuse rédaction du Crimson et suit de près l’enquête sur les meurtres par empoisonnement de quatre jeunes garçons. Mais ayant du mal à supporter l’aspect macabre de cette affaire, Thomas quitte rapidement son job et devient lecteur pour une maison d’édition. Un jour il découvre que l’un des manuscrits qu’il a recalé a été finalement publié…  sous son propre nom, Thomas Harris. “Le manuel du serial killer” connaît un succès foudroyant mais attire aussi l’attention de la justice car il présente d’étranges similitudes avec la vague d’empoisonnements qui agite Boston.

Le roman alterne le point de vue de Thomas, le compte-rendu de ses séances chez un psychiatre (qui doit l’aider à retrouver la mémoire et à calmer ses crises d’angoisse) et des extraits du Manuel du serial killer.  Thomas se trouve subitement entouré de personnages trop empressés et bienveillants pour être honnêtes: Il y a Sophie, une étudiante qui va l’aider à mener son enquête, le journaliste Richard Reily, le professeur French, le capitaine Joe Kennedy… Tout au long du roman on se demande qui sont les méchants et les gentils, et qui manipule qui.  Thomas ne peut faire confiance à personne et il va devoir enquêter sur son propre passé pour comprendre qui lui en veut à ce point. J’ai dévoré ce roman mais j’ai trouvé l’explication finale un peu tirée par les cheveux, j’étais un brin déçue… mais c’était avant que l’auteur n’abatte un dernier joker dans les ultimes pages. Le lecteur n’est pas le dernier à se faire berner et moi pauvre petit agneau, je n’avais rien vu venir! Un thriller glaçant et mené tambour battant qui vous mettra la tête à l’envers.

Le manuel du serial-killer de Frédéric Mars, 462 pages, éditions Hachette 2013 (Collection Black Moon Thriller – parution le 6 mars) – Note/4 etoiles
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