Catégorie : Lectures – Classement par Genre

[Sortie Poche] Les revenants – Laura Kasischke

(A l’occasion de la sortie en poche de Les revenants de Laura Kasischke, un de mes coups de cœur 2012, je vous propose une rediff de mon billet publié il y a quelques mois)

Nicole, une jolie et brillante étudiante, est tuée dans un accident de voiture provoqué par son petit ami Craig. Malgré l’hostilité générale Craig revient l’année suivante à l’université où il est accueilli par son colocataire Perry, qui peine lui aussi à se remettre de la mort de Nicole et s’est inscrit aux cours de Mira, une enseignante spécialisée dans l’histoire des pratiques funéraires. Craig ne se souvenant de rien, les circonstances de l’accident restent assez floues, et les informations du journal local ne corroborent pas celles de l’unique témoin de l’accident, Shelly. Et si Nicole n’était pas en plus la personne charmante et délicate qu’elle paraissait être ? Bientôt des phénomènes étranges surviennent sur le campus.

C’est le 6ème livre de Laura Kasischke que je lis (après Rêves de garçons, La couronne verte,… Sous leurs airs plutôt légers, traitant de la middle-class américaine, se cachent des romans d’une profondeur insondable dans lesquels la cruauté de la nature humaine finit toujours par vous exploser en pleine face. Les revenants est un roman choral qui alternent les points de vue, avant et après l’accident, de Craig, le petit ami de Nicole, de Perry, le colocataire de Craig, de Shelly, témoin de l’accident, et de Mira, une enseignante qui se débat dans des problèmes de couple. Chacun détient une petite part de la vérité et l’histoire se construit peu à peu comme un fragile château de cartes. Laura Kasischke a un talent inégalable pour créer une atmosphère de malaise, pour perdre et perturber son lecteur. A la fois campus novel (avec une plongée du côté sombre des sororités américaines, le pendant féminin des fraternités), drame psychologique, thriller, enquête surnaturelle, Les revenants est un roman inclassable et foisonnant dont on ressort complètement étourdi. C’est un livre qui m’a souvent empêché de dormir (je suis une vraie chochotte, et tout ce qui touche au surnaturel me colle des angoisses), mais quand on referme ce roman on se dit que les vivants peuvent être parfois bien plus terrifiants que nos morts.

Editions Le livre de Poche 2013, 672 pages/

[Album] Les Gratte-Ciel – Germano Zullo & Albertine (Sélection Rue des Livres)

Tous les ans en mars se tient à Rennes le festival Rue des Livres, et cette année est organisé pour la première fois un Prix des Lecteurs catégorie Albums Jeunesse (il existe aussi une catégorie romans adultes depuis l’année dernière) sur le thème de la ville. Les lecteurs sont invités à voter pour leur album préféré jusqu’au 31 janvier dans le réseau de bibliothèques et dans certaines librairies de Rennes. Les 6 ouvrages sélectionnés sont:

“La maison en petits cubes” de Kenya Hirata et Kunio Kato
“Mon voisin” de Marie Dorléans et Guillaume Gallienne
“Dans ma rue” de Rémi Saillard
“Zoo fermé pour travaux” de Jean-François Dumont
“Les gratte-ciel” de Germano Zullo et Albertine
“Rue de l’Articho” (Collectif d’auteurs)

Sans ce Prix des lecteurs, je ne me serais sans doute jamais intéressée à l’album Les gratte-ciel de Germano Zullo et Albertine, la couverture étant un peu austère à mon goût. Et ça aurait bien dommage de passer à côté de cette jolie pépite!

A gauche, la maison d’Agenor-Agobar Poirier des Chapelles. A droite, la maison de Willigis Kittycly Junior. Les deux maisons vont grandir en parallèle, au gré des extravagances de leurs propriétaires richissimes. Les architectes “les plus chers du monde” se succèdent au chevet de ces constructions délirantes. Jardin suspendu, salle de cinéma, piscine à vagues, salle de billard, cabinet de curiosité… mais aussi tigre du Bengale, fauteuil en cuir de rhinocéros blanc, yacht ou jet de luxe, pin de 4275 ans, baignoire en bois d’ébène…

Un album en noir et blanc, tout en hauteur, qui joue beaucoup sur la mise en page: Si au début de l’album les deux maisons n’occupent que le bas de la page, elles vont s’élever progressivement jusqu’à atteindre le haut de la page. Il y a peu de texte, juste des annotations indiquant les nouvelles acquisitions des deux hommes et la fonction de leurs nombreux employés de maison. Évidemment la fin nous montrera que l’argent ne fait pas le bonheur… Un très bel album fin et original sur la folie des grandeurs!

Editions La joie de lire 2011,  38 pages.

[Album] Dans les jupes de maman – Carole Fives & Dorothée de Monfreid

Un album qui prend au pied de la lettre l’expression “dans les jupes de sa mère”. Un petit garçon ne veut pas quitter les jupes de sa maman. C’est qu’on y est bien dans ces jupes douces, soyeuses, colorées et qui sentent bons (elles sentent maman quoi!).

Les jupes sont des petits rabats que l’on peut soulever pour y découvrir les activités du petit personnage: on peut  faire plein de choses à l’abri dans une jupe de maman, danser, nager, se déplacer partout avec elle. Et même y inviter des copains comme Mathias, qui pense que vous êtes un bébé.  Mais heureusement les jupes sont équipées d’un toboggan qui permet parfois d’aller jouer à l’extérieur avec les autres enfants. Et si maman y met un peu du sien, l’enfant pourrait même rester dehors un peu plus longtemps!

C’est un joli album sur la difficulté à quitter le giron maternel et à prendre son envol, avec une chute délicieuse. J’ai beaucoup aimé le style graphique et moderne basé sur le noir, le blanc et le rouge, et le côté ludique des rabats. A glisser dans les mains des petits à partir de 3 ans et dans celles de leurs mamans poules.

Dans les jupes de maman de Dorothée de Monfreid (son blog) et Carole Fives, éditions Sarbacane 2012 /

[Beau livre] Ma première histoire de l’art – Béatrice Fontanel

Ma première histoire de l’art est un ouvrage plutôt destiné aux enfants, mais il est tellement agréable à feuilleter que les adultes s’y plongeront aussi avec plaisir pour rafraîchir un peu leurs bases! C’est un ouvrage superbe, à la fois simple d’accès et très complet, avec des illustrations de belle qualité et une mise en page claire et aérée: chaque courant ou peintre est présenté sur une double page, avec un texte concis, 3 à 5 œuvres représentatives et une fresque permettant de le situer dans le temps. Les textes sont assez courts pour ne pas effrayer le lecteur, mais ils résument bien l’essentiel à retenir.

(Pour la partie consacrée à l’impressionnisme les œuvres proposées sont par exemple Un bar aux Folies-Bergères de Manet, La Toilette de Toulouse-Lautrec, Danseuses montant un escalier de Degas et une estampe japonaise ayant influencé les impressionnistes)

Toute l’histoire de l’art est traitée en une centaine de pages. Après une rapide introduction sur l’art préhistorique, il y a 6 grandes parties:

  • Les temps antiques avec les rois de Mésopotamie, l’art Egyptien, les statues grecques et la vie à Pompéi.
  • Le Moyen âge avec les enluminures, le peintre italien Giotto, l’art courtois.
  • La Renaissance avec les peintures de guerre,  Signorelli, Botticelli, Léonard de Vinci, Michel-Ange, l’invention de la peinture à huile, Jérôme Bosh, Dürer, le portraitiste allemand Hans Holbein, le travail sur la lumière et les couleurs des peintres vénitiens, un chapitre sur Raphaël, Véronèse et Titien (les titans de la toile), Bruegel.
  • Le XVIIe & XVIIIe avec Rembrandt, la peinture hollandaise, le baroque, la peinture classique, le rococo…
  • Le XIXe siècle avec le tournant de la Révolution, Goya, les romantiques, le naturalisme, l’impressionnisme, Rodin, Gauguin et Cézanne, Van Gogh.
  • Le XXe siècle avec le fauvisme, le cubisme, Le Bauhaus, l’expressionnisme, le surréalisme, l’art abstrait, le pop art, l’art contemporain…

Bref, un livre indispensable pour initier vos enfants à l’art, j’ai particulièrement apprécié la grande place accordée aux illustrations. J’ai aussi découvert grâce à ce livre le magnifique catalogue des éditions Palette qui propose de nombreux livres d’art à destination des enfants et des adultes. Si vous cherchez un cadeau intelligent à mettre sous le sapin, je ne saurais trop vous conseiller d’aller faire un tour sur leur site.

Ma première histoire de l’art, Editions Palette 2009, 111 pages /
Merci à Babelio

[Nouvelles] L’odeur du figuier – Simonetta Greggio

Je ne suis pas d’habitude une grande adepte des nouvelles, mais je me suis laissée séduire par la promesse ensoleillée de ce recueil. Le titre est un peu trompeur, car si le figuier est bien présent dans les cinq récits, il s’agit cependant d’un fil rouge assez anecdotique, et c’est plutôt le thème de l’amour qui relie ces différentes nouvelles.

J’ai beaucoup aimé la première nouvelle, Acquascura, dans laquelle un couple de profs profite de ses vacances d’été dans le cabanon familial. Tout semble parfait, jusqu’à ce qu’une invasion de fourmis viennent enrayer la machine et mettre les nerfs à fleur de peau. Un récit étrange et envoutant, à la limite de l’absurde, qui m’a donné des frissons. La troisième nouvelle, Quand les gros seront maigres, quand les maigres seront gros est aussi un petit bijou: Un vieil homme se retrouve coincé dans l’ascenseur de son immeuble à la veille des grandes vacances. Cet homme solitaire qui se laissait bercer par sa petite routine quotidienne va soudain se retrouver seul face à lui-même dans cet espace exigu, se souvenir de sa vie, de sa femme disparue. C’est sans doute la nouvelle la plus triste du recueil, mais aussi la plus belle.

Du coup à côté de ces deux très beaux textes, les trois autres nouvelles, notamment Plus chaud que braise qui raconte la nouvelle rencontre de deux amants quadragénaires qui se sont connus à 20 ans et L’année 82, l’histoire d’une jeune femme engluée dans un chassé-croisé amoureux, m’ont parues assez fades. La toute dernière nouvelle Fiat 500 n’est pas inintéressante mais elle est malheureusement trop courte et pas assez aboutie à mon goût. Un recueil assez inégal donc mais que je vous conseille pour les deux textes que j’ai particulièrement aimés, et pour découvrir la jolie plume de cet auteur d’origine italienne.

L’odeur du figuier, le livre de poche 2012, 192 pages /