Catégorie : Lectures – Classement par Genre

[Roman] Précoce automne – Louis Bromfield

Dans les années 20 en Nouvelle-Angleterre, Olivia mène une vie morne dans le domaine des Pentland, avec son mari Anson qui ne s’intéresse plus à elle depuis longtemps, ses enfants, Sybil et Jack, gravement malade, et son beau-père, dont la femme devenue folle est enfermée depuis des années dans l’aile nord de la maison. Sabine, orpheline élevée par la redoutable tante Cassie, est revenue après 20 ans d’absence s’installer dans le domaine voisin qui appartient désormais à O’Hara, un irlandais que la famille Pentland n’apprécie guère. La maladie de Jack, le retour de Sabine, l’intérêt que lui porte O’Hara vont faire  prendre conscience à Olivia de la vacuité de son existence.

Avant de lire ce roman je ne savais rien de Louis Bromfield, écrivain américain né en 1896 et décédé en 1956, et qui a obtenu le Prix Pulitzer en 1926 pour ce livre.  Précoce Automne raconte la fin d’une dynastie: Si les Pentland ont encore de l’argent et l’illusion de leur grandeur, leur prestige est en fait éteint depuis longtemps. La maladie, la folie, l’absence d’un héritier mâle vaillant sont autant de balises sur le chemin de la décadence. Le salut passera t-il par les femmes? Il est intéressant de us online casino reviews garder en tête que Précoce Automne a été écrit par un homme car il est empreint d’un certain féminisme (en tous cas pour l’époque), les hommes y sont passifs et engoncés dans leurs certitudes, et tout repose sur les femmes, les plus jeunes rêvant de se débarrasser des oripeaux de cette vieille noblesse pour gagner plus de  liberté.

S’il y a beaucoup de finesse dans l’écriture, les personnages m’ont en revanche paru souvent caricaturaux. La vieille tante Cassie, méchante et aigrie, Anson, le mari si fade, O’Hara, le solide gaillard irlandais. Et la folle enfermée dans l’aile nord rappelle forcément un peu trop Jane Eyre…  Une certaine torpeur soporifique  se dégage de l’histoire et des personnages, et j’avoue que je me suis beaucoup ennuyée pendant cette lecture. Malgré toute ma bonne volonté j’avais du mal à lire plus de 20 pages d’affilée, même si de temps à autre un passage parvenait momentanément à réveiller mon intérêt (notamment quand Olivia déterre un vieux secret de famille à propos de l’indigne Savina Pentland disparue lors d’un naufrage avec son cousin). Une déception donc.

Editions Phébus, 334 pages/
Merci à Babelio (Vous trouverez sur le site d’autres critiques plus élogieuses) et aux éditions Phébus.

[Roman] Avis de tempête – Susan Fletcher

Dans les années 80, sur la côte Sud-Ouest du Pays de Galles, la mère de Moïra mène enfin sa nouvelle grossesse à son terme, après plusieurs fausses couches. Jalouse, troublée par la prochaine naissance de cette petite sœur déjà envahissante, fâchée contre ses parents qui lui ont caché cette grossesse, Moïra profite d’une bourse d’études pour s’exiler dans un pensionnat à l’autre bout du pays. Mais avec son physique lunaire, son intelligence, sa soif d’apprendre, sa réserve, sa difficulté à établir des liens avec les autres, Moïra aura beaucoup de mal à s’intégrer dans son nouvel univers. Bien des années plus tard, Moïra raconte son parcours à sa jeune sœur Amy plongée dans un profond coma…

Je n’aime pas trop d’habitude les romans à tendance descriptive mais ici je me suis vraiment régalée, j’ai adoré la plume précise et ciselée de Susan Fletcher, la puissance sensorielle des paysages,  de chaque bruit, de chaque odeur. Avis de tempête est un roman intense qui vibre au rythme de la mer, une histoire de vent et d’écume.

Roman d’apprentissage Online Casino et drame familial, c’est aussi un concentré d’émotions, un récit troublant sur la féminité et la relation entre sœurs. Moïra est un personnage extraordinaire et complexe, à la fois si forte et si faible, bouleversante dans sa solitude, dans sa difficulté à gérer ses sentiments et ceux des autres. J’ai été émue par sa façon de se tenir toujours à la frontière de tout, comme si elle n’était qu’une simple spectatrice, et puis par sa lente éclosion au monde. Au bout d’un périlleux chemin, elle renouera avec sa famille, qu’elle a si longtemps – et si injustement – rejetée, et surtout elle se réconciliera avec elle-même. On ne sort pas indemne de ce roman et les personnages de Moïra et d’Amy me hanteront pendant longtemps. Cet Avis de tempête m’a donné envie de me jeter sur les autres livres de Susan Fletcher, d’ailleurs La fille de l’irlandais est déjà sur ma PAL.

[Album] Isidore Tiperanole et les trois lapins de Montceau-les-Mines – Pierre Thiry

Il y a fort, fort longtemps, alors que les êtres humains n’existaient pas encore, trois lapins de Montceau-les-Mines tombèrent amoureux d’une princesse hermine, Ermelinde. Il s’agissait de 3 frères, Arthur le gendarme,  Théobald le marchand de glaces, et Justin le poète.  Mais avant de séduire Ermelinde, encore faut il pouvoir accéder à son palais, gardé par un concierge redoutable, Isidore Tiperanole. L’un des trois frères parviendra t-il à entrer dans le palais pour conquérir le cœur de la belle hermine ?

Ce livre au titre intrigant m’a été envoyé (gentiment dédicacé) par l’auteur. C’est une très jolie histoire, qui reprend les codes des contes traditionnels et des grands mythes, avec l’épreuve que doivent affronter les trois frères avant de pouvoir conquérir le cœur de la princesse.  Isidore Tiperanole et les trois lapins de Montceau-les-Mines est un Pokies petit livre vraiment charmant, poétique et plein d’imagination, vif et très rythmé. J’ai particulièrement aimé le personnage d’Isidore, mi-crocodile, mi-gorille, qui n’a qu’une obsession, tuer le temps, et qui tente de l’attraper en lui tirant dessus avec son vieux fusil. J’ai aussi apprécié que bien qu’étant destiné aux enfants, l’histoire soit assez ambitieuse, notamment au niveau du vocabulaire (un livre qui s’adresse donc plutôt aux bons lecteurs).

Seul regret j’aurais aimé que les  illustrations signés de la blogueuse Myriam Saci soient plus nombreuses et mieux mises en valeur (l’auto-édition trouve sans doute là ses limites). Globalement l’aspect visuel du livre  me semble un peu sobre pour le public auquel il est destiné. Avis aux éditeurs, voilà donc un chouette album qui mériterait un plus joli écrin…

Editions Books on Demand, 66 pages/

[Roman Jeunesse] Ing

Dans le Chicago des années 20, Gloria s’apprête à se fiancer au séduisant et froid Sebastian, fervent partisan de la prohibition. Sa cousine Clara, une petite campagnarde avec laquelle elle ne s’entend pas, est venue aider aux préparatifs du mariage. Mais avant de dire adieu à sa vie de lycéenne riche et insouciante, Gloria  compte bien en profiter pour s’encanailler un peu, jouer les garçonnes libérées, s’étourdir d’alcool et de musique dans les bars clandestins avec ses amis Marcus et Lorraine. Lorraine,  jalouse des nombreux atouts de Gloria, et amoureuse de Marcus, qui la regarde à peine. C’est au Green Mill que Gloria rencontre Jérôme, un pianiste de jazz talentueux. Mais entre une fille blanche promise à un beau mariage et un jeune homme noir, toute relation est impossible.

Ingénue est le premier tome d’une nouvelle série,  Cabaret. On suit tour à tour les trois jeunes filles, Gloria, Lorraine, et Clara.  Gloria, petite fille gâtée, va découvrir les bas-fonds un peu glauques de Chicago, mais aussi le côté sombre de la haute société, dans laquelle l’argent et la réputation prévalent sur tout. Elle perdra certaines de ses illusions mais trouvera  l’amour, le vrai, celui qui n’a pas de raison ni de couleur. Lorraine est quant à elle le giada delaurentis little pokies vilain petit canard de l’histoire, scandaleuse, outrageuse, prête à tout pour qu’on la remarque, mais finalement bien seule et triste.  Clara est le personnage que j’ai préféré, la plus mature des trois, elle cache une double identité et un lourd secret :  Si pour la galerie elle joue les petites ploucs de Pennsylvanie, elle a en fait vécu une vie trépidante de garçonne à New York, qui s’est terminé par un drame, dont le lecteur ne connaîtra les détails que dans les toutes dernières pages.

Sur le fond ce premier tome brasse des thèmes assez classiques, amour, amitié, trahison, une sorte de Gossip Girl transposé dans les années 20.  J’ai surtout apprécié l’atmosphère : la prohibition, les établissements clandestins tenus par des gangsters, les garçonnes, l’émergence du jazz, la place (ou plutôt la non-place) des gens de couleur dans la société américaine, l’impossibilité pour un jeune homme noir et une jeune fille blanche de s’aimer. C’est un bon divertissement avec lequel j’ai passé un moment agréable, assez en tous cas pour avoir envie de lire le tome suivant, d’autant que l’histoire  s’accélère lors des dernières pages  avec un rebondissement inattendu qui annonce des changements intéressants pour nos jeunes héroïnes.

Bayard Jeunesse 2012, 450 pages /

[Roman] Les revenants – Laura Kasischke

Nicole, une jolie et brillante étudiante, est tuée dans un accident de voiture provoqué  par son petit ami Craig. Malgré l’hostilité générale Craig revient l’année suivante à l’université où il est accueilli par son colocataire Perry, qui peine lui aussi à se remettre de la mort de Nicole et s’est inscrit aux cours de Mira, une enseignante spécialisée dans l’histoire des pratiques funéraires. Craig ne se souvenant de rien, les circonstances de l’accident restent assez floues, et les informations du journal local ne corroborent pas celles de l’unique témoin de l’accident, Shelly. Et si Nicole n’était pas en plus la personne charmante et délicate qu’elle paraissait être ?  Bientôt des phénomènes étranges surviennent sur le campus.

C’est le 6ème livre de Laura Kasischke que je lis (après Rêves de garçons, La couronne verte, La vie devant ses yeux, En un monde parfait, A moi pour toujours) mais étrangement c’est seulement le 2ème que je chronique sur ce blog. Sans doute parce qu’il est très difficile de résumer un roman de Laura Kasischke… Sous leurs airs plutôt légers, traitant de la middle-class américaine, se cachent des romans d’une Pay Day Loans profondeur insondable dans lesquels la cruauté de la nature humaine finit toujours par vous exploser en pleine face. Les revenants est un roman choral qui alternent les points de vue, avant et après l’accident, de Craig, le petit ami de Nicole, de Perry, le colocataire de Craig, de Shelly, témoin de l’accident, et de Mira, une enseignante qui se débat dans des problèmes de couple. Chacun détient une petite part de la vérité et l’histoire se construit peu à peu comme un fragile château de cartes.  Laura Kasischke a un talent inégalable pour créer une atmosphère de malaise, pour perdre et perturber son lecteur. A la fois campus novel (avec une plongée du côté sombre des sororités américaines, le pendant féminin des fraternités), drame psychologique, thriller, enquête surnaturelle, Les revenants est un roman inclassable et foisonnant dont on ressort complètement étourdi. C’est un livre qui m’a souvent empêché de dormir (je suis une vraie chochotte, et tout ce qui touche au surnaturel me colle des angoisses), mais quand on referme ce roman on se dit que les vivants peuvent être parfois bien plus terrifiants que nos morts.

Editions Bourgois 2011, 587 pages/