Catégorie : Romans Jeunesse

Les exilés du Tsar (Terre Noire, tome 1) – Michel Honaker


En 1887, le jeune compositeur et musicien Stepan Tchakarov présente son premier ballet à Saint Petersbourg, en présence du Tsar lui-même. Une belle revanche pour cet orphelin qui fut adopté par une riche aristocrate russe mais a toujours été rejeté  par sa nouvelle famille. Son frère et l’époux machiavélique d’une de ses soeurs complotent d’ailleurs afin de ruiner sa carrière naissante, et de lui reprendre le domaine de Terre-Noire dont il a hérité. Seule sa jeune soeur adoptive Natalia, pour qui il épouve des sentiments très forts, tente de le défendre contre les siens. Mais peu prudent dans ses amitiés, Stepan est accusé de faire partie d’un groupe de révolutionnaires qui menace le tsar, et doit s’enfuir, loin de la Russie et de Natalia.

Cette trilogie est parue une première fois il y a une quinzaine d’années sous le titre  Le chevalier de Terre Noire, mais Michel Honaker, peu satisfait des choix et des coupes qu’il avait du faire à l’époque, a souhaité remanier son texte. C’est donc une nouvelle version, revue et corrigée, qui est désormais disponible dans les librairies. Les exilés du Tsar , premier volume de cette trilogie, est un livre incroyablement riche et maitrisé, qui  commence dans les paysages enneigés de la Russie et la terre noire d’Ukraine, avant de  nous faire voyager dans la France ou l’Italie du XIXe. C’est un vrai et beau récit d’aventures, intensément romanesque, une histoire tragique de jalousie, de haine, de trahison et de vengeance… Avec dans ce premier tome les prémices d’un amour contrarié entre Stepan et Natalia, que j’espère (mais je n’en doute pas) voir se développer dans les prochains tomes. Et puis un beau musicien russe, ça nous change un peu des vampires! Un premier volume en tous cas très prometteur, je suis impatiente de lire la suite.


Flammarion 2009, 263 pages, 13€
Clelie, Midola, Marie, Bauchette et Pauline sont enthousiastes,  Laloula est plus mitigée.

Le secret de Moonacre – Elizabeth Goudge



A la mort de son père, Maria Merryweather quitte Londres avec sa gouvernante pour s’installer au manoir de Moonacre, chez son oncle, Sir Benjamin. Ce dernier l’accueille avec beaucoup de chaleur et d’attention, et la jeune fille tombe tout de suite sous le charme de son nouvel environnement, bien qu’il s’y passe des choses très étranges. Son oncle lui même semble cacher beaucoup  de secrets: Pourquoi n’a t’elle pas le droit de s’approcher de la baie de Merryweather ou de la foret de pins? Pourquoi aucune femme n’a t’elle mis les pieds au manoir depuis plus de vingt ans? Maria va découvrir qu’une malédiction plane sur sa famille depuis de nombreuses générations.

Paru en 1946 sous le titre “The little white horse” (Le cheval d’argent), ce roman est un classique de la littérature anglo-saxonne, récemment adapté au cinéma (ce qui explique le changement de titre). C’est un livre taillé sur mesure pour les petites filles: On y trouve une chambre de princesse, de jolies robes, et des animaux fabuleux (Un  énorme chien, un chat très malin, un gentil cheval, un lièvre, une licorne…). L’ensemble ne manque pas d’un certain charme un peu démodé, les personnages sont attachants, avec une mention spéciale à Miss Heliotrope, la gouvernante qui souffre de terribles maux d’estomac, et au virevoltant cuisinier Marmaduke Scarlet. Malheureusement l’ensemble a beaucoup de défauts: un style épouvantable, surtout dans les premières pages où tout n’est que “joie”, “enchantement” et “émerveillement”, des descriptions interminables, une histoire un peu fade et bien trop prévisible. C’est mignon, plein de bons sentiments, mais si vous avez plus de dix ans vous risquez de vous ennuyer ferme!

Hachette 2009, 333 pages, 12,90€
L’avis de Lou, plus indulgente que moi, meme si elle regrette “quelques moments terribles de “bisounours’itude”!

Le mystère du lac – Robert McCammon




Cory Jay Mackenson a passé son enfance à la fin des années 60 à Zephyr, au sud de l’Alabama. Alors qu’il accompagne un jour son père laitier dans sa tournée matinale, ils assistent impuissants au plongeon d’une voiture folle dans un lac. Le père de Cory a juste le temps d’apercevoir le conducteur, défiguré et menotté au volant… Voilà un mystère de plus dans une petite ville qui en compte déjà beaucoup !

“Nous avions aussi une reine noire de cent six ans et un as de la gâchette qui avait sauvé Wyatt Earp à O.K. Corral. Notre rivière cachait un monstre et notre lac un secret. Un fantôme hantait la route au volant de son dragster noir, au capot décoré de flammes peintes. Nous avions un Gabriel, un Lucifer et un Rebel qui se releva d’entre les morts. Nous avions des envahisseurs, un garçon au bras d’or et même un dinosaure lâché dans la grand-rue.
Un endroit magique…
Mon enfance magique et tout ce pays de cocagne survivent en moi.
Je me souviens.
Faut que je vous raconte ça.”

Il s’agit ici de la réédition en jeunesse d’un roman paru il y a une quinzaine d’années dans une collection pour adultes, et c’est un billet très enthousiaste sur le blog Citrouille qui m’a donné envie de le lire. La première centaine de pages est un peu laborieuse, les évènements mystérieux s’enchaînent avec un certain manque de fluidité et de cohérence, et il est difficile de trouver ses repères dans une histoire touffue qui emprunte à la fois au thriller, au fantastique et au récit d’enfance. C’est finalement quand ce dernier aspect prend le dessus que le roman devient vraiment intéressant. La violence du monde va faire une entrée fracassante dans l’enfance protégée de Cory : 20 ans après la fin de la 2ème guerre mondiale, le Ku Klux Klan répand ses effluves nauséabondes, et la marche du monde laisse déjà pas mal de gens sur le bord de la route. Le jeune garçon devra apprivoiser sa peur face aux éléments surnaturels mais aussi face à la cruauté de l’humanité. Alternant épisodes sombres et jolis moments de grâce, “Le mystère du lac” est un roman inclassable, d’une imagination débordante, une épopée initiatique originale et attachante.

Albin Michel 2007 (collection Wiz), 599 pages, 17€ [ Traduction Stephane Carn]
Ce roman a reçu le World Fantasy Award en 1992


Uglies – Scott Westerfeld

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Tally attend impatiemment son anniversaire : le jour de ses 16 ans, comme tous les jeunes de son âge, elle pourra subir la grande opération qui la rendra belle, et qui lui permettra de quitter le monde des Uglies pour celui des Pretties. Les deux communautés sont bien séparées, et Tally n’aspire plus qu’à rejoindre le plus vite possible cet univers de fête permanente où tout le monde semble si beau et si heureux. Mais quelques semaines avant l’opération, elle rencontre Shay avec qui elle se lie d’amitié. Celle-ci lui révèle alors l’existence de La Fumée, un camp de rebelles qui ont fui la ville pour échapper à l’opération.

Scott Westerfeld nous plonge ici dans un futur glaçant, un univers aseptisé dans lequel la beauté et le bonheur sont obligatoires, une dictature de l’apparence où l’uniformisation est la règle. Tally va progressivement ouvrir les yeux sur le monde dans lequel elle vit, découvrir comment elle a été manipulée, mais il sera difficile pour elle de remettre en question toutes ses certitudes. Après un début un peu mou, on se laisse embarqués dans ce récit rythmé et très visuel (courses-poursuites en planche magnétique ou sauts dans le vide grâce à des gilets de sustentation). Un premier tome efficace et accrocheur dont la fin m’a laissé un rien frustrée, si j’avais eu le deuxième volume sous la main je l’aurais commencé de suite !

Pocket jeunesse 2007, 432 pages, 13,50€
3 tomes sortis à ce jour: Tome 2: Pretties
& Tome 3: Specials

Le combat d’hiver – Jean-Claude Mourlevat

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Deux adolescentes, Helen et Milena, vivent avec d’autres orphelines dans un pensionnat particulièrement austère et strict. Un soir, Helen profite d’une faveur qui leur est accordée deux fois par an en allant rendre visite à sa consoleuse, une femme chargée de lui offrir un court moment d’amour et d’affection. Milena l’accompagne, mais la règle est claire, si elles ne rentrent pas à l’heure dite, une de leurs camarades sera enfermée au “Ciel”, un cachot tristement célèbre. Sur le chemin, les deux amies font la connaissance de deux garçons du pensionnat voisin, Milos et Bartolomeo. Quand elle sort de chez sa consoleuse quelques heures plus tard, Helen a une bien mauvaise surprise : Milena s’est enfuie en compagnie de l’un des garçons.

Je meurs d’envie de vous en dire plus pour vous donner envie de lire ce livre, mais ce serait vraiment dommage de déflorer l’intrigue (la quatrième de couverture en dit déjà beaucoup trop!). La fugue de Milena n’est que le point de départ d’une histoire très riche: A la fois récit initiatique et roman d’aventures imprégné de fantastique (on y croise des hommes hybrides, à moitié chien ou cheval), ce livre ne manque pas de souffle avec des personnages forts et attachants, une progression haletante et des rebondissements bien dosés. Le lieu et l’époque restent flous, Mourlevat construit un univers sombre et inquiétant dont le décor fait souvent penser à une grande ville européenne du XIXe, un peu à la Dickens, mais le thème et certaines scènes s’inspirent aussi de la seconde guerre mondiale. Un monde intemporel donc dans lequel les grands thèmes de la liberté et de la résistance se mêlent avec beaucoup de subtilité aux préoccupations de l’adolescence. A part la toute fin du roman que j’ai trouvé un peu plate, “Le Combat d’hiver” est vraiment un roman d’une très belle qualité, sans aucun doute l’un des meilleurs livres pour ados que j’ai pu lire récemment!

Gallimard 2006, 330 pages, 15€
Les avis enthousiastes de Flo, de Laure, de Clochette et de Clarabel!
Et pour lire les premières pages de ce roman, cliquez ici