Catégorie : Lectures – Classement par note

[Roman] L’ombre du vent – Carlos Ruiz Zafon

En 1945, le jeune Daniel vit seul avec son père, libraire à Barcelone. Un soir, celui-ci le conduit au “cimetière des livres oubliés”, une mystérieuse et gigantesque bibliothèque fréquentés par quelques passionnés. Daniel y choisit un livre, L’ombre du vent. Cette lecture va l’emmener dans une quête hallucinée sur les traces de son auteur, un certain Julian Carax, dont l’existence reste entourée de mystères.

L’ombre du vent tient tout à la fois du roman d’aventures, du récit d’apprentissage et de l’enquête surnaturelle. Fantômes, amours impossibles, secrets, scènes noyées dans la nuit et le brouillard, créent une atmosphère envoûtante. Si la subtile imbrication des différentes histoires rend la lecture parfois un peu difficile, cela reste un roman enthousiasmant.

Grasset 2004/ Pocket 2013 – Note/4 etoiles

Ensemble c’est tout – Anna Gavalda

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Quatre personnages abîmés par la vie, un peu sauvages et perdus, tentent de s’apprivoiser: Il y a Camille, femme de ménage et artiste
contrariée; Philibert, l’aristocrate désargenté, féru d’histoire et hypersensible; Frank, le cuisinier rustaud qui doit s’occuper de sa grand-mère Paulette, de plus en plus dépendante.

Anna Gavalda séduit par la simplicité de son écriture, la justesse de ses dialogues, le grain de folie de ses personnages. Pas d’effets
superflus ou d’intrigue fouillée, elle mise sur l’humour et les sentiments, sans jamais tomber dans la mièvrerie. Malgré quelques longueurs, c’est un livre qui touche au cœur!

“Ensemble c’est tout” a déjà une belle carrière, puisque plus de 500 000 exemplaires ont
été écoulés depuis sa sortie.

Le Dilettante 2004, 603 pages, 22€

A lire aussi: Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part, recueil de nouvelles publié chez J’ai lu.

Les Trois médecins – Martin Winckler

En 1999, Martin Winckler connaissait son premier succès de librairie grâce à La maladie de Sachs dans lequel il racontait le quotidien d’un médecin généraliste, Bruno Sachs. Dans Les trois médecins, l’on retrouve notre héros quelques années plus tôt, pendant ses études de médecine. Parallèlement à une histoire d’amitié entre quatre futurs médecins, leurs amours et leurs emmerdes, Martin Winckler dresse le portrait de la médecine dans les années 70: le carcan rigide des études, les humiliations et les conflits au sein des facs, le combat pour le droit des femmes (avortement et contraception), la remise en question de la place du médecin et de son rapport au patient, ou les premiers scandales pharmaceutiques (comme celui du distilbène).

La construction du roman, inspirée de Les trois mousquetaires d’Alexandre Dumas, est assez complexe. Ce roman polyphonique alterne les époques, les points de vues, les articles médicaux. Les Trois médecins est un livre foisonnant qui réussit le tour de force d’être à la fois divertissant et instructif, porté par le talent de Martin Winckler pour évoquer des tranches de vies.

P.O.L 2004/Folio 2006 – Note/4 etoiles

[Polar] La souris bleue – Kate Atkinson

La souris bleue est d’abord un polar à trois facettes: La petite Olivia disparaît mystérieusement en 1970 dans le jardin familial; Laura, 18 ans, est égorgée en 1994; Michelle assassine son mari en 1979 d’un coup de hache. En 2004, les proches de ces victimes embauchent tour à tour le même détective privé, Jackson Brodie. Voilà de sacrés défis pour ce quadragénaire de Cambridge, plutôt habitué aux affaires ennuyeuses de maris jaloux.

Kate Atkinson jongle avec les différentes intrigues avec une incroyable virtuosité. Elle construit un suspens sans faille, en distillant les indices au compte-gouttes et en multipliant les fausses pistes. Mais le terme “polar” semble une étiquette bien étriquée pour cette formidable comédie humaine, dans laquelle on croise une belle palette de personnages marginaux autour d’un détective, solitaire, désabusé et râleur, et pourtant si attachant.

Dans ce roman à tiroirs où les milieux sociaux, les générations, les personnages et les époques se croisent et s’entremêlent, l’auteur décortique l’âme humaine révélée par les drames familiaux. Avec un regard et un humour “so british”, elle aborde les drames qui jalonnent ce roman avec une ironie délicieuse, et elle effleure la noirceur pour mieux parler d’amour et d’espoir.

Editions de Fallois 2004/Le livre de poche 2006 – 5 étoiles

[Roman] La reine du silence – Marie Nimier

La petite Marie n’a que cinq ans lorsque son père, l’écrivain Roger Nimier, meurt dans un accident de voiture. Quarante ans plus tard, elle entreprend de dresser le portrait de ce père qu’elle a si peu connu.

A quelques bribes de souvenirs s’ajoutent une carte postale lapidaire, les portraits d’amis écrivains, les confessions des frères de Marie, les traces d’une correspondance, des photos à la Une de Paris-Match… Elle évoque, sans jamais le juger, ce père aux multiples démons, qui privilégiait son travail à sa famille, et pouvait se montrer particulièrement cruel. Sous la plume de la femme mûre, on retrouve les questions, les peurs et les doutes d’une petite fille qui tente de comprendre, de se rapprocher de ce père trop tôt disparu, afin d’apaiser ses propres tourments.

Sur le ton de la confidence, avec beaucoup de sensibilité et de pudeur, Marie Nimier offre un beau témoignage sur l’amour filial.

Gallimard 2004, 170 pages, 14.50€ – PRIX MEDICIS 2004 /