Mois : février 2007

La robe – Robert Alexis

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Dans une ville de garnison (on imagine qu’elle se situe quelque part à l’est de l’europe), à une période indéterminée (au début du
XXème siècle ?), un homme en piteux état entreprend de raconter son histoire à un inconnu : il y a quelques années, alors jeune officier, il rencontre Rosetta, une jeune femme
mystérieuse mais peu farouche. Elle va lui ouvrir les portes d’un monde insoupçonné où tombent tous les tabous, toutes les inhibitions.
Voilà un roman particulièrement troublant, dans lequel s’entrelacent les thèmes du désir, de la sexualité, de la perversion, mais aussi de la
manipulation et de la folie. Personnage touchant et ambigü, le narrateur devient la victime consentante d’un piège pervers… “La robe” est un texte dense et hors du temps, à l’atmosphère hypnotique, presque hallucinatoire, qui provoque à la fois fascination et malaise. Dommage que la fin ne soit pas vraiment à la
hauteur du reste du récit : on attend un final choc, une chute vertigineuse, on échafaude les hypothèses les plus folles… Mais malheureusement la conclusion est un peu
précipitée  et les dernières pages se révèlent sans grande surprise. Cela ne m’empêchera pas cependant de vous recommander ce livre surprenant, à l’écriture remarquable.
Editions José Corti 2006, 122 pages, 14,50€

Sorties Poches de Février 2007

Je commence par m’excuser auprès des abonnés de la newsletter qui ont reçu un mail vide il y a quelques jours suite à une mauvaise manipulation…
Cette fois-ci c’est la bonne 🙂
Deux sorties à signaler en particulier ce mois-ci:


Les charmes discrets de la vie conjugale
de Douglas Kennedy
(Pocket, sortie le 15 février), mon commentaire ici
et

Elle fait les galettes c’est toute sa vie
de Karine Fougeray, notre plume
salée
(Pocket)
Ce mois de février est une période faste pour les sorties poches, en voilà une liste non exhaustive et tout à fait subjective:
*Romans français*
Asiles de
fous
de Regis
Jauffret (folio), Prix Femina 2005, l’avis de Laurence
Chasse à
courre
de
Clémence Boulouque (folio)
Harraga
de Boualem Sansal
(Folio)
Le
rire de l’ogre
de
Pierre Peju (Folio), Prix du roman Fnac 2005.
Je
t’oublierai tous les jours
de Vassilis Alexakis (Folio)
Bleu de
chauffe

de Nan Aurousseau (Le Livre de poche), l’avis de Laurence
La douceur
des hommes
de Simonetta Greggio (le Livre de poche)

La possibilité d’une île
de Michel Houellebecq (le Livre de poche), l’avis de Lorraine
Le ciel
t’aidera
de

Sylvie Testud (le Livre de poche),  l’avis de Laure
Un
heureux évènement
de Eliette Abécassis (le livre de poche),  l’avis de Sophie

Les jouets vivants de Jean-Yves Cendrey (Points
seuil)

Romans
étrangers*

Brooklyn follies
de
Paul Auster (Babel)
Une
épouse presque parfaite
de Laurie Colwin (le livre de poche)
Le livre de
joe
de Jonathan
Tropper (10/18, sortie le 15 février), l’avis de Chimère et celui
d’Agapanthe
Les
normaux
de David
Gilbert (10/18, sortie le 15 février)
L’infortunée
de Wesley Stace
(J’ai Lu), l’avis de Caroline et de Laurent
Shalimar le
clown
de Salman
Rushdie  (Pocket)
Sous un autre
jour
de Jens
Christian Grondahl (Folio)
Les
amis d’Emma
de
Claudia Schreiber (Pocket)
Un homme
heureux
de Arto Paasilinna (Folio) l’avis de Lisbhei et de Flo
Un monde
vacillant
de
Cynthia Ozick (Points Seuil),  l’avis de Pitou

Hortense et Queenie – Andrea Levy





Hortense et Queenie
est un roman polyphonique, un récit à 4 voix. La première à prendre la parole est Queenie Bligh, une jeune londonienne dont le mari Bernard n’est pas revenu des Indes à la fin de la seconde guerre mondiale. Contrainte de louer des chambres pour survivre, elle héberge notamment Gilbert, un jeune jamaïcain qui a servi dans la R.A.F. La femme de Gilbert, Hortense, a toujours souhaité vivre en Angleterre, mais ce pays qui a bien du mal à se relever après des années de guerre, le racisme ambiant, cette chambre sale et étriquée, tout ça ne ressemble vraiment pas à ce dont elle avait rêvé.
L’angleterre de l’après-guerre reste le coeur du roman, mais l’intrigue fait des allers-retours dans le temps et l’espace : On découvre progressivement la jeunesse d’Hortense en Jamaïque, l’enfance de Queenie dans la campagne anglaise, les difficultés de Gilbert au sein d’une armée profondément raciste,  celles de Bernard qui se retrouve à combattre à l’autre bout du monde. La vie n’est pas tendre avec nos quatre personnages, confrontés à la guerre, à l’intolérance, à la cruauté, à la trahison. S’ils sont peu sympathiques au début du roman, ils deviennent au fil des évènements terriblement attachants. Chacun d’entre eux va devoir réviser ses certitudes, abandonner ses illusions. J’ai une faiblesse particulière pour le personnage d’Hortense : Malgré ses grands airs, elle est d’une candeur désarmante, et on a le coeur qui se serre quand elle découvre cette angleterre décrépie, et que la réalité égratigne méchamment ses rêves de petite fille. Hortense et Queenie (le titre original, Small Island, me semble mieux correspondre à l’esprit du roman) est une belle saga, une galerie de portraits très émouvante!
Editions de la table ronde (Quai Voltaire) 2006, 444 pages, 22€

Les coeurs solitaires – Cyril Pedrosa

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Jean-Paul travaille sans beaucoup d’enthousiasme dans l’entreprise familiale de jouets en bois. Etouffé par une mère envahissante et le souvenir vivace d’un père disparu, c’est un garçon timide et docile, désireux de plaire à tout le monde. Quand la pression devient trop forte, il part pourtant sans prévenir personne et embarque pour une croisière dédiée aux célibataires.

Le personnage principal est assez attachant, et le point fort de cet album est de rendre palpable l’extrême solitude de ce jeune homme pourtant très entouré. Mais j’ai trouvé que le scénario restait un peu à la surface des choses… L’épisode de la croisière, par exemple, s’attarde trop sur des personnages secondaires caricaturaux (notamment les aventures d’un animateur de séminaires d’entreprises très jaloux et de sa fiancée nymphomane). Je n’ai pas non plus été séduite par le dessin, moi qui aime les traits épurés et doux, je l’ai trouvé un peu sec. Les scènes de groupes sont très chargées, et même si elles visent à accentuer, par contraste, le sentiment de solitude du personnage, je les ai trouvées difficiles à décrypter. Malgré tous ces petits défauts, “Les coeurs solitaires”  reste un album intéressant et plutôt agréable à lire, mais qui m’a laissé sur ma faim.

Dupuis 2006, 56 pages, 9,80€
Les avis (plus enthousiastes) de Clarabel et d’ Elfe.
Vous pouvez aussi voir quelques planches ici