Mois : avril 2010

Le billet du week-end #24: R

le billet du WE 24 - Katherine Pancolle billet du WE 24 - Philippe Claudelle billet du WE 24 - Albumsle billet du WE 24 - poirier

Vous êtes 55 à avoir répondu au petit sondage lancé dans la colonne de droite sur les sorties du mois d’avril (La question étant très exactement: Quelle sortie du mois d’Avril attendez vous le plus?) Et c’est Katherine Pancol qui l’emporte haut la main avec Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi (34,54 % des votes).

Viennent ensuite Peu de gens savent de Manu Larcenet (14,54%),  Orages Ordinaires de William Boyd (12,72%) et Hush, Hush de Becca Fitzpatrick (9,09%). Petites surprises de ce sondage, ni le roman inédit de Nabokov, ni la nouvelle BD de Pénélope Bagieu (à égalité avec 7,27%) ne semblent vous tenter. Ferment la marche Pense à demain d’Anne-Marie Garat (5,45%), La fille de papier de Guillaume Musso (5,45%) et Frisson de Maggie Stiefvater (3,63%). Merci à tous ceux qui ont joué le jeu et pris le temps de répondre à ce petit sondage, j’en lancerais un autre bientôt!

***

Ma lecture en cours, Le rapport de Brodeck de Philippe Claudel (lecture commune avec L’ogresse).  J’ai beaucoup de mal à m’immerger dans ce roman. Sa qualité n’est pas en cause,  c’est juste une histoire de mauvais timing, le printemps est enfin là, le soleil coule à flots, et j’ai envie de légèreté. Rien n’est plus éloigné de mon état d’esprit du moment que l’histoire très noire de ce village traumatisé par la deuxième guerre mondiale et qui va se liguer contre un étranger et le tuer. Je n’ai lu qu’une centaine de pages, et je me demande si je dois continuer ma lecture au risque de passer complètement à côté (c’est sans doute le danger de “programmer” ainsi des lectures). Je crois que je vais faire une pause cet après-midi en me plongeant plutôt dans quelques albums jeunesse!

***

Bon dimanche à tous!

Robe de mari

Note/4 etoiles

robe de marieSophie est une jeune et jolie parisienne qui a tout pour être heureuse. Mais petit à petit elle devient folle. D’abord de petits  trous de mémoire sans conséquences, mais  qui deviennent de plus en plus fréquents et graves. Sa vie lui échappe de manière insidieuse, et elle finit par accomplir des gestes irréparables dont elle ne garde aucun souvenir. Elle perd son boulot, sa famille est décimée, ses amis s’éloignent, et Sophie se retrouve seule. Alors qu’elle croit avoir enfin retrouvé un semblant d’équilibre en devenant la nounou sans histoires d’un petit garçon, elle commet à nouveau un meurtre effroyable et entame une cavale sans fin.

En commençant ce roman, je n’imaginais pas dans quel piège diabolique j’allais tomber! La première partie est assez déstabilisante, on plonge avec Sophie dans la spirale infernale de la folie. Mais quand bien même elle sème sur son passage plus d’un cadavre, on se prend à éprouver de la pitié, voire même de la compassion pour cette jeune femme perdue, impuissante à lutter contre elle-même. Et puis soudain un retournement de situation inattendu (dont je ne vous dirais rien bien sûr) bouleverse toutes nos certitudes et change radicalement la perspective du roman, vous laissant le souffle coupé. A ce stade le lecteur est ferré, et bien ferré, impossible alors de lâcher ce redoutable thriller. J’ai passé un excellent moment avec ce livre même s’il faut bien avouer que  tout ça n’est pas toujours très crédible, certains éléments sont vraiment peu vraisemblables. Autre bémol, la fin m’a un peu déçue, je m’attendais à quelque chose de différent, de plus spectaculaire peut-être. Mais Pierre Lemaître sait en tous cas merveilleusement jouer avec nos nerfs, et “Robe de marié” est un très bon page-turner!

Le livre de poche 2009, 314 pages, 6,50€. Ce livre m’a été offert par l’éditeur.
Lu aussi par Cuné, Stephie, Kathel, Canel

Le baiser de l’ange (Tome 1) – Elizabeth Chandler

le baiser de l'ange3 etoiles

Depuis toujours la douce et belle Ivy croit fermement à l’existence des anges, et collectionne les figurines qui les représentent. Suite au remariage de leur mère, Ivy et son petit frère Philip quittent leur quartier populaire pour s’installer dans la demeure cossue de leur nouveau beau-père, qui a lui-même  un fils, Gregory, un jeune homme ténébreux et insaisissable. Dans son nouveau lycée, la jeune fille tombe sous le charme de Tristan, un beau champion de natation qui va l’aider à affronter sa peur de l’eau.

Si les vampires occupent une grande place dans la littérature jeunesse actuelle, les éditeurs semblent vouloir explorer d’autres pistes et diversifier leur offre:  Pour sa fameuse collection Black Moon, Hachette édite donc cette fois une série dédiée aux anges, publiée aux Etats-Unis  il y a une quinzaine d’années.

La bluette entre Tristan et Ivy occupe une large place dans ce premier tome, tout ça est très mignon, rien de terriblement exaltant mais leur relation est plutôt touchante. Ce sont surtout les personnages secondaires qui m’ont plu: J’ai beaucoup aimé l’ambiguïté de Gregory par exemple, le fils du beau-père d’Ivy, qui apparaît d’abord comme un personnage détestable et arrogant, puis le vernis semble se craqueler et on croit deviner chez lui une sensibilité et une souffrance inattendues qui déstabilisent le lecteur. Est il sincère? Ou n’est il qu’un dangereux manipulateur? L’auteur ménage un peu trop sa monture dans la première partie, comme c’est souvent le cas dans les séries de ce type malheureusement, et elle réserve les évènements importants pour la fin du roman et, sans doute, pour les tomes suivants. La dernière partie du livre est vraiment plus intéressante, après un évènement tragique,  le roman semble enfin démarrer et prendre une nouvelle dimension: il y a un peu plus de rythme, de rebondissements, et d’humour avec l’apparition d’un nouveau personnage assez drôle et facétieux.

Ce premier tome ne m’a pas complètement convaincu, mais une fois la dernière page tournée il reste  en tous cas assez de questions en suspens pour titiller mon imagination et me donner envie de lire la suite (qui sera disponible dans les librairies en juillet prochain).

Editions Hachette Jeunesse (collection Black Moon), 232 pages, 14€. Titre original: Kissed by an angel, traduction de Catherine Guillet.

Lu dans le cadre d’un partenariat avec le forum Livraddict , ce livre m’a été offert par Les éditions Hachette Jeunesse, merci!
Lu aussi par Clarabel, Stephie, Pimprenelle, Fée Bourbonnaise, Heclea, Jess

Dark-side-challenge

Le billet du week-end #23: Challenge Daphn

challenge daphné du maurierle billet du WE 22 Judy blundellnurse jacky

Après avoir délaissé les classiques ces dernières années, j’ai très envie d’y revenir depuis quelques semaines. Je devrais recevoir d’ici peu un recueil d’œuvres de Charles Dickens en partenariat avec Blog-O-Book. Et je me suis inscrit au Challenge Daphné Du Maurier lancé par Océane. Si j’ai vu plusieurs fois le fabuleux Rebecca d’Alfred Hitchcock, je n’ai jamais lu le roman dont est tiré ce film, ni aucun livre de cette romancière britannique née en 1907 et décédée en 1989. Ce challenge est donc l’occasion de combler cette lacune!

En attendant, je lis Ce que j’ai vu et pourquoi j’ai menti de Judy Blundell (Gallimard jeunesse). C’est surtout la couverture qui m’a fait craquer, et puis ce résumé alléchant:  “Floride, 1947… Un ancien soldat au passé trouble, une femme trop belle, un homme aussi séduisant qu’énigmatique… quel fil invisible les relie? Dans un hôtel au luxe défraîchi et la chaleur étouffante de septembre, Evie surprend l’ombre de mensonges et de terribles secrets.”

J’ai vu cette semaine  les premiers épisodes de la série Nurse Jackie, une série médicale très politiquement incorrect ! Infirmière dans un hôpital new-yorkais, Jackie (Edie Falco, qui jouait la femme de Tony dans Les Sopranos) est un personnage est à la fois trash et touchant, qui n’hésite pas à malmener les médecins égocentriques, les patients difficiles ou ses collègues inexpérimentés. Sur son lieu de travail, personne ne sait qu’elle est mariée et mère de deux petites filles, y compris le pharmacien avec qui elle couche afin d’obtenir les médicaments qui lui permettent de tenir le coup… Une série étonnante et explosive!

L’amour est à la lettre A – Paola Calvetti

L'amour est à la lettre A

3 etoiles

Divorcée et mère d’un adolescent, Emma plaque son boulot de traductrice pour ouvrir à Milan “Rêves & sortilèges”, une librairie entièrement dédiée à la littérature amoureuse. Federico, son premier amour, refait alors brusquement irruption dans sa vie. Devenu un brillant architecte,  il vit à New-York avec sa femme et sa fille. Après de brèves retrouvailles Federico propose à Emma d’ouvrir une boite postale et d’entamer une correspondance “à l’ancienne”  afin qu’ils réapprennent à se connaître.

Quelle jolie idée que de vouer une librairie aux mots et aux maux d’amour, de déambuler dans des rayons consacrés aux amours impossibles ou  aux cœurs brisés. “Rêves & sortilèges” est une bulle hors du temps où l’on chouchoute les livres et les lecteurs, et au fil des mois Emma et ses employés feront de cette librairie un endroit privilégié où se réfugient les habitants du quartier pour y parler littérature, et un peu plus selon les affinités.  Paola Calvetti saisit toutes les occasions d’évoquer tel ou tel roman,  oeuvres classiques ou contemporaines,  elle y cite aussi bien Marc Levy que les soeurs Brontë, Musso que Shakespeare, et j’ai noté au cours de ma lecture beaucoup de titres inconnus ou oubliés.

En revanche, que dire de la correspondance entre Emma et Federico? Federico est un type plutôt antipathique, infidèle et lâche, et sa relation avec Emma m’a fait plus d’une fois grincer des dents! Et moi qui ai pourtant une tendresse particulière pour les romans épistolaires, j’ai trouvé leurs lettres insipides, bavardes et répétitives, Federico s’attardant en plus longuement sur des considérations architecturales qui m’ont parues interminables. Un avis en demi-teinte donc, “L’amour est à la lettre A” est une lecture agréable qui sait flatter nos instincts de lecteurs (Nous aimons tous qu’on nous parle de livres, oui ça marche à tous les coups!). J’ai donc beaucoup apprécié les passages consacrés à la librairie d’Emma (et quel plaisir aussi de lire quelques belles pages sur  Belle-ile-en-mer, une ile bretonne chère à mon cœur, où les deux amoureux passent quelques jours) mais je n’ai pas été touchée par l’histoire d’amour entre Emma et Federico.

Editions Presses de la cité, 380 pages, 20€
Une lecture commune avec Canel et Mara.  Et cliquez ici pour découvrir la librairie Rêves & Sortilèges!

***

Deux extraits:

(extrait p. 328/329) Les livres sont là pour être touchés, pris en main, au lit, sur un banc, dans l’autobus, sur un canapé, par terre, couchés dans l’herbe. Même sur le ciment. Les gens lisent pendant qu’ils attendent. Ou dans les gares. Dans une chaise longue sur la plage, les romans se dégustent aux premières heures du matin ou au coucher du soleil. Dans la salle d’attente du dentiste, j’allège la tension en lisant; je le fais aussi chez l’esthéticienne pour supporter la douleur de la cire à épiler. Je lisais Lewis Carroll à Disneyland, pendant que Mattia tournait dans les “tasses d’Alice” et dévalait les montagnes russes avec son père. Ce que je préfère, ce sont les trains, la plus vaste salle de lecture du monde, sur tous les continents. Ceux qui n’ont pas mal au cœur lisent en voiture, comme cette Américaine qui éclaire les pages avec la lampe d’un casque de mineur pendant que son mari conduite en écoutant de l’opéra. C’est fantastique, un livre, ça n’a pas besoin de prise, de chargeur, de batterie, ça supporte avec patience le stylo-bille, le crayon, les marques et les “cornes” aux pages. Le livre c’est ma vie parallèle il me fait avoir partout de la famille et des amis, même morts. Quand je lis, j’oublie qui je suis. Je ne me rappelle pas qui disait que lire des livres c’est comme fumer, et que le plus beau, c’est qu’on n’a pas besoin d’arrêter (…)

(Extrait p. 354): Pour se sauver, on lit. On s’en remet à un geste méticuleux, une stratégie de défense, évidente mais géniale. Pour se sauver, on lit. Un baume parfait. Parce que peut-etre, pour tout le monde, lire c’est fixer un point pour ne pas lever les yeux sur la confusion du monde, les yeux cloués sur ces lignes pour échapper à tout, les mots qui l’un après l’autre poussent le bruit vers un sourd entonnoir par où il s’écoulera dans ces petites formes de verre qu’on appelle des livres. La plus raffinée et la plus lâche des retraites. Très douce. Qui peut comprendre quelque chose à la douceur s’il n’a jamais penché sa vie, sa vie toute entière, sur la première ligne de la première page d’un livre? C’est la seule, la plus douce protection contre toutes les peurs. Un livre qui commence.