Catégorie : Lectures

Les habitants – Mano

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Marc et Carine ont quitté Paris avec leurs deux ados, Marie et Stéphane, pour une zone pavillonnaire située dans l’agglomération de Val d’Europe, à deux pas de Disneyland. Une ville artificielle et aseptisée, où tout est fait pour donner l’illusion de la sécurité et du bonheur à une population de cadres sup. Mais derrière les façades propres et lisses, rien de bien glorieux: Marc trompe sa femme sans aucun complexe et il est d’une bêtise crasse, au point que ses enfants le surnomment affectueusement “le connard”. Ambiance, ambiance… Carine est une parfaite desperate housewife, complètement à l’ouest, et leurs enfants ne relèvent guère le niveau: Marie est une gentille écervelée, tandis que son frère dépressif se taillade les bras à l’occasion. Quand un drame transforme la banlieue chic en cauchemar, les apparences vont rapidement se fissurer.

Sex, drug and rock’n roll chez Disney, c’est en gros le concept de ce roman déconcertant. J’avoue que je ne savais pas vraiment où je mettais les pieds en ouvrant ce livre! L’idée de départ n’est pas mauvaise, le cynisme plutôt séduisant mais il flirte trop souvent avec la facilité, que ce soit dans le fond ou dans la forme. Beaucoup de vulgarité, pas mal de scènes trash (certains passages sont vraiment à vomir), mais surtout le propos reste finalement assez superficiel, et c’est ce qui m’a le plus dérangé, on tombe souvent dans la provocation gratuite. La caricature est amusante au début, dommage que l’auteur n’essaye pas de la dépasser par la suite, j’aurais aimé un peu plus de subtilité, plus de nuances dans les personnages (même s’il y a bien une tentative avec le fils, Stéphane, qui semble être le seul à avoir un peu de recul sur le monde dans lequel il vit). Je n’ai pas vraiment adhéré donc, mais en même temps ce n’est pas un roman qui m’a laissée indifférente… Un livre violent à ne pas mettre entre toutes les mains, mais à tenter si vous aimez ce genre d’univers glauque et dérangeant.

Hachette 2008, 209 pages, 17€

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La consolante – Anna Gavalda

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Charles Balanda est architecte, voyage beaucoup, se noie dans le travail pour éviter de croiser sa compagne Laurence dans leur appartement parisien, pour oublier qu’elle
s’éloigne de lui inexorablement. Malgré ses problèmes de couple, il tente au quotidien de maintenir un lien privilégié avec Mathilde, sa belle-fille adolescente. Mais alors qu’il rend visite
à ses parents, il trouve une lettre de son ami d’enfance, Alexis, l’informant de la mort de sa mère, Anouk. La nouvelle lui fait l’effet d’un electrochoc et sans qu’il comprenne d’abord bien
pourquoi, l’univers de Charles s’écroule. Pour tenter de se reconstruire il part sur les traces de son passé, à la recherche d’Anouk et Alexis.

Pas de doute, nous sommes bien chez Gavalda, Charles est un personnage cassé, complexe et attachant, et tout est affaire de sentiments, amour et
amitié, deuil et retrouvailles, désirs et tendresse, ruptures et pardon s’entrelacent au fil des pages… Sans doute cela suffira t-il pour faire de ce roman un nouveau succès populaire (avec un
premier tirage à 300 000 exemplaires !). Pourtant si l’on retrouve bien la patte de Gavalda, il n’y a pas dans La consolante, l’étincelle, l’alchimie qui faisaient le charme et la
magie d’Ensemble c’est tout. Dès les premières pages j’ai bien senti que la sauce ne prendrait pas : le style est horripilant (une collection de phrases sans sujets! *), l’auteur
nous fait mariner en multipliant les non-dits, repousse longtemps le moment où le personnage principal va se résoudre à affronter ses souvenirs. On a ensuite du mal à suivre Charles sur sa route
tortueuse, et on ne comprend pas toujours les chemins qu’il emprunte. Le récit manque de rythme et de densité, c’est long long long, on tourne en rond, on s’ennuie, on s’impatiente… Anna Gavalda
a vraiment beaucoup de talent pour composer des personnages (celui de Nounou aurait mérité un roman à lui tout seul), mais malgré l’attachement que j’ai pu éprouver pour Charles, elle a sans
doute vu un peu grand en lui consacrant 640 pages!

 

* Extrait (p. 105): “Prit une longue bouffée d’air pour expirer sa colère, chercha un siège libre, ferma son livre, remit les deux empereurs et
leur demi-million de morts chacun au fond de son cartable et sortit ses dossiers. Consulta sa montre, y ajouta deux heures, tomba sur une boîte vocale et se remit à jurer en anglais. Good
lord
, s’en donna à cœur joie. Ce fucking bastard ne l’écouterait pas jusqu’au bout de toute façon”

 

Le dilettante 2008, 640 pages, 24,50€

 

Sorties Poches Mars 2008

Deux titres hautement recommandés ce mois ci:


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L’histoire de l’amour de Nicole Krauss (Folio)
Ce roman a été un de mes grands coups de coeur en 2006, les destins croisés d’un livre “L’histoire de l’amour”, et de deux new-yorkais, une adolescente, Alma, et un vieil homme d’origine
polonaise. Si vous ne l’avez pas encore lu,
foncez
!

&

La fille du cannibale de Rosa Montero (Points)
un portrait de femme très émouvant dont je vous avais parlé ici

 




*Romans francophones*

Une
exécution ordinaire
de Marc Dugain (Folio) – Lu
par Bernard


Le magasin des suicides
de Jean Teulé (Pocket) – Lu par Tamara, Sophie, Cathulu, Flo


Dans l’or du temps
de Claudie Gallay (Babel) – Lu par Lorraine,
Clarabel, Lily


Doggy Bag saison 4
de Philippe Djian (10/18)

Le syndicat des pauvres types
d’Eric Faye (Folio) – Lu par Sylvie, Laurent
Un
pont d’oiseaux
d’Antoine Audouard (Folio)

L’inconsolable
d’Anne Godard (minuit double) – Lu par Laure

Le théâtre des rêves
de
Bernard Foglino (10/18) – Lu par Sylire, Clarabel, Yvon, Cuné
Les
soeurs de Prague
de Jerome Garcin (Folio)
Lorraine
connection
de Dominique Manotti (rivages noir) – Lu par Chaperlipopette, Lorraine, Michel


*Romans étrangers*

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Le
treizième conte
de Diane Setterfield (pocket) : un des grands succès de la blogosphère, lu par Allie, Clarabel, Laure, Gachucha, Papillon, Cuné


Mais aussi:


La société des jeunes pianistes
de Ketil Björnstad (Le livre de poche) – Lu par Papillon, Sole

La voleuse de livres
de Marcus Suzak (pocket) – Lu par Clarabel, Gachucha, Emjy,



Jonathan Strange et Mr Norrell
de S. Clarke (le livre de poche) – Lu par Nebelheim, Thom

La traversée de l’été
de Truman Capote (le livre de poche)

Le
chemin des âmes
de J. Boyden (livre de poche) – Lu par Gachucha,
Sophie, Pascal, Joëlle


Tours et détours de la vilaine fille
de Mario Vargas Llosa (Folio) – Lu par Jules
Cosmofobia height=”1″ border=”0″ src=”http://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=carnetdelectu-21&l=ur2&o=8″ alt=””> de Lucia Etxebarria
(10/18) – Lu par Laurent
Dévorations height=”1″ border=”0″ alt=”” src=”http://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=carnetdelectu-21&l=ur2&o=8″> de richard millet
(Folio)
Fleurs de
ya-ya

de Rebecca Wells (pocket)

La fille de l’irlandais
de Susan Fletcher (j’ai lu)
Tango height=”1″ border=”0″ alt=”” src=”http://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=carnetdelectu-21&l=ur2&o=8″> d’Elsa Osorio (Points
seuil) – Lu par Essel,


Tea bag
d’Henning Mankell (Points seuil) – Lu par Allie, Sole, Lorraine
Trauma height=”1″ border=”0″ src=”http://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=carnetdelectu-21&l=ur2&o=8″ alt=””> de Jeff Abbott (le livre
de poche)

Une situation légèrement délicate
de Mark Haddon (pocket) – Lu par Gachoucha, Jules
Tu
chercheras mon visage
de John Updike (points)

De l’eau pour les éléphants – Sara Gruen

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Jacob Jankowski a 90 ou 93 ans, il ne se souvient plus très bien. Quand un cirque s’installe sous les fenêtres de la maison de retraite dans laquelle il végète, il sort de sa torpeur et se souvient : Au début des années 30 il s’apprête à finir ses études de vétérinaire quand ses parents meurent brutalement, le laissant démuni tant financièrement que moralement. Il s’engage alors par hasard dans un cirque itinérant pour s’occuper des animaux.

Oui “De l’eau pour les éléphants” se passe bien dans le monde du cirque, mais ne vous attendez pas à retrouver les paillettes et la magie, les rires et les applaudissements, le roman ne fait que de très rares incursions du côté de la piste et du spectacle. Non ce sont les coulisses douteuses qui tiennent ici la vedette : les animaux maltraités, les hommes exploités, rarement payés, la misère quotidienne, la violence et la prostitution, voilà l’univers sordide que va découvrir Jacob. Tout ce petit monde traverse en train une Amérique dévastée par la crise de 1929 et ravagée par l’alcool frelaté qui passe entre les mailles de la prohibition. Pourtant, malgré les conditions misérables que dépeint ce roman, il nous réserve aussi des moments plus optimistes… C’est sur le fumier que poussent les plus belles fleurs et durant ces quelques mois, Jacob rencontrera aussi Marlène, la jolie écuyère, s’attachera aux animaux, notamment à Rosie l’éléphante, vivra de beaux moments d’amitié et de solidarité avec ses compagnons d’infortune. Et arrivé au crépuscule de sa vie, il nous livre ce récit emprunt de nostalgie.Avec son atmosphère unique et sa belle galerie de personnages (bien que parfois un peu manichéens),  “De l’eau pour les éléphants” est un road-movie très attachant!

Albin Michel 2007,  402 pages,  22€ [Traduction de Valérie Malfoy]
Les avis de Jules et de Joëlle

Moi, Fatty – Jerry Stahl

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Qui se souvient aujourd’hui de Roscoe Arbuckle qui fut pourtant en son temps
plus-célèbre-que-Chaplin” ? Après avoir fait très tôt ses premiers pas dans le musik-hall, son physique (qui lui vaudra le surnom de “Fatty”) et son talent comique lui ouvrent les
portes du cinéma muet. Il
connaît la gloire et la fortune, travaille avec Chaplin ou Keaton (qui resteront deux amis proches, même dans la tourmente). Mais au faîte de sa carrière il est accusé
du viol et du meurtre d’une jeune actrice, Virginia Rappe, et devient une cible de choix pour l’amérique puritaine.

 

En ce début de XXème siècle, le cinéma n’est encore qu’un genre mineur et méprisé, Hollywood n’en est qu’à ses
débuts,
et en toile de fond de l’histoire de Fatty, c’est vraiment une époque passionnante qui se
dessine au fil des pages!
Dans cette (auto)biographie romancée, Jerry Stahl se glisse dans la peau de
Roscoe, raconte son enfance terrible, entre une mère malade et un père alcoolique et violent.
Malgré
le succès, “Fatty” gardera une image de lui-même désastreuse, héritée de cette époque, et
toute sa vie
il n’aura de cesse de se détruire, se noyant dans l’alcool et les drogues. La deuxième partie du livre est déchirante : Eternel petit garçon terrorisé par son père, Roscoe voit dans le
public qui le conspue après l’avoir adulé un juste retour des choses, et retrouve presque avec soulagement l’écho familier de la haine que lui portait son père. Entre biographie et roman noir,
“Moi, Fatty” retrace à la fois les balbutiements de l’industrie du spectacle et un destin fascinant, celui du premier acteur dévoré par la machine hollywoodienne.

Rivages Thrillers 2007, 270 pages, 20€


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