Catégorie : Lectures

Lus en 2008 – Romans français

Attention, rafale de critiques express: histoire de
bien démarrer 2009, je fais table rase de 2008 en vous parlant rapidement de livres lus cette année et que j’avais passés sous silence par manque de temps ou d’inspiration! Je commence
par les romans français.



Dans le creux de
ta main de Michèle Reiser

Un homme et une femme, chabadabada. Enfin plutôt blablabla en l’occurrence. Marie revoit Baptiste, et
c’est le coup de foudre. Marie est mariée, Baptiste a un emploi du temps surchargé, ils entament donc une relation en pointillé, dans laquelle les SMS vont prendre beaucoup de place…
Allez, ce n’est pas si mal écrit, mais le sujet est d’une banalité affligeante et l’auteur n’a pas réussi à me convaincre que le SMS pouvait représenter un quelconque intérêt
littéraire.  Pour en savoir plus, je vous renvoie au commentaire de
Frank Bellucci qui qualifie ce roman de “Titanic littéraire”. Pas mieux.
(Albin Michel).



La mère qui voulait être femme de Maryse Wolinsky


Une jolie saga familiale qui raconte l’histoire de 3 générations de femmes: Il y a Marta, une ancienne
violoniste qui fête ce soir ses 90 ans et qui a jadis abandonné sa famille. Sa fille Cécile, qui cherche desespérément l’approbation et l’amour de sa mère, et qui malgré la froideur de celle-ci,
est bien décidée à lui organiser une belle soirée pour son anniversaire. Et puis il y a la fille de Cécile,  l’impulsive et colérique Esther, elle aussi violoniste, qui rentre tout
juste d’une mission humanitaire. Un récit émouvant autour d’un secret de famille, qui met en lumière la complexité des rapports entre mère et fille. (Seuil)



Les petits sacrifices de Caroline Sers


1914, comme chaque année, la famille Dutilleul organise sa grande fête de l’été.  La sévère Marie,
mariée à Henri, élève d’une main de fer ses 4 enfants: Pierre, qui vient de se fiancer, Fabrice qui a du mal a trouver sa place, la discrète Geneviève, et la benjamine, Charlotte. Personne ne le
sait encore mais dans quelques heures leur petit monde sera définitivement bouleversé: l’honneur de la famille sera terni par un double drame survenu pendant la réception. Les cent
premières pages sont très accrocheuses avec cette atmosphère de fin du monde, cette menace indéfinissable qui plane au-dessus de la famille. Malheureusement l’auteur a ensuite
choisi de passer sous silence un grand laps de temps (plusieurs années),  un choix assez déstabilisant pour le lecteur. Le reste du roman m’a du coup paru moins intense, plus froid, et
j’ai eu du mal à m’attacher à des personnages qui ont beaucoup changé en quelques pages… Malgré une petite déception donc, ce roman m’a quand même donné envie de lire d’autres titres de
Caroline Sers! (Buchet Chastel)


Lu aussi par
Cuné (ne lisez pas les commentaires à la
suite du billet, un lecteur  y révèle toute l’histoire!).


La porte des enfers de Laurent Gaudé

1980, Matteo, chauffeur de taxi, vit à Naples avec son épouse Guliana, femme de chambre dans un hôtel. En
retard pour déposer à l’école son petit garçon Pippo, Matteo court dans les rues de Naples ce matin-là, quand soudain une fusillade éclate : Pippo ne se relèvera pas. Ses parents réagiront
au drame de façon différente : Alors que Matteo erre dans les rues de Naples toutes les nuits rongé par la tristesse et la culpabilité, Guiliana le supplie d’aller chercher son fils ou de le
venger. Laurent Gaudé n’évite pas toujours les lourdeurs et les maladresses dans ce roman (la description des enfers, un peu kitsch, ou les longs monologues de la mère de Pippo par
exemple). Mais l’extrême sensibilité des personnages et l’atmosphère de Naples au creux de la nuit font oublier les défauts du récit.  “La porte des enfers”  est un conte noir mais
touchant sur l’amour filial et sur notre rapport à la mort. (Actes Sud)


Lu aussi par
Dda, Amanda et Papillon.

Ailleurs – Julia Leigh

Fuyant l’Australie et un conjoint violent, une femme accompagnée de deux jeunes enfants trouve refuge en France, dans la demeure où elle a passé son enfance. Elle débarque de façon impromptue dans une maison en pleine effervescence, sa mère attendant le retour de la maternité de sa belle-fille Sophie et de Marcus, son mari. Quand le couple arrive enfin, l’heure n’est malheureusement plus aux réjouissances: l’enfant est mort-né, mais Sophie refuse de s’en séparer.

Ailleurs est un huis-clos etouffant, une bulle hors du temps dans laquelle les personnages semblent errer comme des ombres… Bien qu’on connaisse le prénom de la jeune femme, elle sera presque toujours désignée simplement comme “la femme“: Ses bleus, son bras en écharpe, cet homme qu’elle fuit semblent l’avoir vidée de toute substance. Les autres personnages ne semblent pas plus vivants, surtout Sophie, la belle-soeur qui se refuse à enterrer son bébé, qui ne quitte plus ce “paquet” morbide sauf quand elle se laisse convaincre de le mettre au congélateur (gloups). L’atmosphère est froide et lugubre, saturée de non-dits, les scènes absurdes s’enchaînent ainsi jusqu’à l’écoeurement. Seuls les deux enfants de la femme qui tentent confusément d’échapper au désespoir des adultes, insufflent un semblant de vie dans ce tableau… Je comprends que de nombreux lecteurs aient pu être séduits par ce récit atypique et maîtrisé, au style très épuré, mais sa noirceur m’a mise trop mal à l’aise pour que je puisse vraiment l’apprécier!

Christian Bourgois 2008, 15€

Elles ont aimé: Lily, Papillon, Cathe, Anna Blume, Sylvie, Chiffonnette mais Kathel et Bellesahi
sont plus mitigées.

Sorties Poches Novembre 2008



Camille et Paul de Dominique Bona (Prix Elle du document 2007)
Fièvre, passion, génie. C’est sous les signes de feu de la création et de la destruction qu’ont vécu les Claudel: Camille le sculpteur, Paul le poète. Cette biographie évoque, pour la
première fois, leurs rapports fusionnels. Camille, intransigeante, affronte les incertitudes de l’art et de la vie de bohème ; Paul trompe son mal de vivre dans les voyages et l’exotisme, en
Chine, au Brésil, au Japon. Ces destins, séparésen apparence, se sont nourris l’unde l’autre. La sœur et le frère vont connaître les mêmes amours funestes. Paul s’éprend de Rosalie Vetch, une
femme mariée qui l’abandonnera ; Camille subit l’envoûtement de Rodin jusqu’à la folie. Dominique Bona retrace les épisodes de leurs vies tourmentées. Elle révèle les liens profonds entre ces
deux artistes lumineux et déchirés : unis, au-delà de l’adversité, par une fraternité indestructible. (Le livre de poche)


Le bois des amoureux de Gilles
Lapouge

La figure du soldat remontait, comme du fond d’un lac, et
resplendissante, à mesure
que la calèche aux coussins bleus s’élevait dans les tournants qui joignent la gare de Champtercier au village, surtout à partir du bois des amoureux qui forme la frontière, nous le disions
toujours, du village. La frontière de notre enfance. Notre bonheur commence et finit au bois des amoureux. Notre tristesse commence et finit au bois des amoureux. Un point, c’est tout ! (Le livre
de poche)


Il n’y a pas
de grandes personnes – Alix Saint Andre

Depuis un coup de foudre lors d’une dictée par un gris matin d’automne dans un collège du Maine-et-Loire, sa folle passion a conduit Alix de Saint-André à toute sorte d’extrémités. Pour l’amour
de Malraux, elle a acheté des chats de gouttière, appris la grammaire espagnole. visité la Bosnie en guerre, organisé une campagne télévisée, péroré à la chaire d’universités new-yorkaises, tenté
un acrobatique ménage à trois avec Proust, traqué sa trace chez Chateaubriand, assassiné Rousseau, poursuivi toutes ses femmes d’une jalousie féroce et même kidnappé sa fille dans les pages d’un
roman. Jusqu’au jour où elle s’est retrouvée face à face avec Florence, la véritable fille de son héros…

(06/11, Folio)
Lu par
Gambadou, Laure

Classe à part – Joanne Harris
Un imposteur rôde dans les couloirs de Saint Oswald, école huppée pour jeunes Anglais destinés à un brillant avenir. Il se faufile dans ses moindres recoins déguisé en élève,
mais sait bien au fond qu’il lui sera à jamais impossible de briser les barrières sociales, de sortir de son quotidien sordide : un père qui boit, une mère partie avec un amant, une école où la
violence des élèves a presque anéanti le corps enseignant, bref, des horizons très sombres. Mais le rêve lui est toujours permis et lors de ses incursions dans les murs de Saint Oswald, il va
nouer avec un de ces garçons tant enviés, un futur golden boy, une amitié intense qui virera fatalement au drame. Et fera encore sentir ses effets une quinzaine d’années plus tard dans un combat
des plus spectaculaires entre l’individu et la société tout entière. Joanne Harris, romancière qui aime les défis, s’aventure ici sur le terrain du suspense psychologique, menant avec maestria ce
récit d’une revanche diabolique. (13/11, Points)

Pension Eva – Andrea
Camilleri

Dans la Sicile des années 40, tout
minot qu’il est, Nenè s’interroge : que vont faire les hommes dans cette belle maison près du port, où habitent tant de femmes nues ? Bientôt, au fond d’un grenier, une cousine entreprenante
l’éclairera sur le sujet. En grandissant, il deviendra familier de ces dames et bien vite découvrira chez elles, au-delà de la sensualité, des trésors de récits. Autour de la table présidée par
l’austère Signura, avec ses amis Jacolino et Ciccio, il perçoit le caractère étrangement sacré de ce bordel et les miracles qui s’y déroulent. La guerre gronde dans le ciel, les bombes
américaines dévastent la ville, les armées allemandes quittent les lieux, mais à la Pension Eva, un vieux noble retrouve sa virilité, un ange descend nu en parachute, le portrait de Staline a des
effets inattendus sur un résistant communiste, le saint patron local rend visite à l’une de ces dames. Et puis des couples fixes se forment avant de connaître une fin terrible ou bien heureuse.
Mêlant le dur récit documentaire et l’allégresse rêveuse du réalisme magique, ce roman d’apprentissage par temps d’apocalypse, que l’auteur lui-même présente comme un moment très spécial dans son
œuvre, nous fait découvrir une nouvelle facette du grand romancier Andrea Camilleri.  (20/11, Points)
Lu par
Papillon, Cathe, Laurent, Eva, Dominique



Blessés – Percival Everett

Voilà bien des années que John Hunt, qui a maintenant atteint la quarantaine, a choisi de se détourner de la société des hommes en allant vivre dans un ranch où, aux
côtés d’un oncle vieillissant, il élève des chevaux. Mais le fragile éden, édifié en intime symbiose avec les rythmes naturels du monde animal par ces deux hommes noirs dans le grand Ouest
américain, vient à se fissurer: un jeune homosexuel est retrouvé dans le désert battu à mort, un fermier indien découvre deux de ses bêtes sauvagement assassinées, et l’inscription Nègre rouge en
lettres de sang dans la neige… C’est dans ce contexte menaçant que John s’interroge sur ses choix de vie depuis la mort tragique de sa femme, sur la nature de ses sentiments envers les uns et
les autres, sur les silences coupables qui couvrent, dans la région, les agissements d’un inquiétant groupe néo-nazi, sur la fin imminente de l’oncle Gus, frappé par la maladie, sur l’amour,
enfin, qu’une jeune femme vient réveiller en lui… Privilégiant une écriture de l’action qui exalte les puissances du non-dit, l’écrivain confère à ses personnages une attachante justesse et,
fidèle au chemin d’écriture qu’il s’emploie à frayer au fil de son œuvre, propose, à travers une subtile dénonciation de toutes les haines – raciale, sexuelle – qui meurtrissent l’Amérique
contemporaine, une variation chargée d’enseignements sur l’humaine condition, dans toute sa bouleversante vulnérabilité. (05/11, Babel). Lu par
Papillon, Laurent

Sauvez Hamlet – Jasper
Fforde

Retour à Swindon, dans le Monde
Extérieur, pour la célèbre détective littéraire Thursday Next désireuse d’offrir à son fils, Friday, une vie paisible… Le vœu pieu dans toute sa splendeur ! D’abord, elle n’aurait jamais dû
accepter d’embarquer Hamlet dans la réalité. Rongé par ses états d’âme et tellement soucieux de savoir ce que les gens pensent de lui – rapport à son incapacité notoire à prendre des décisions -,
il s’incruste chez les Next, flirte avec lady Hamilton, pendant qu’en son absence Ophélie fomente une révolution dans la pièce éponyme de Shakespeare. En fait de vie calme, Thursday aura à peine
quelques jours pour régler le problème Hamlet, récupérer Landen, son mari éradiqué par Goliath, et empêcher le redoutable Yorrick Kaine, personnage sans scrupule, de déclencher un cataclysme
planétaire. Sans parler d’un mystérieux tueur à gages lancé à ses trousses, d’un saint du XIIIe siècle aux manières douteuses ; et d’un match de croquet censé décider du sort de l’humanité…
Sauver le monde ? Pas de problème, Thursday a l’habitude… mais qui va garder Friday ? (20/11, 10/18)
Lu par
Val




Into the wild – Jon Krakauer

Il avait renoncé au rêve américain. Pour vivre une aventure extrême. En 1992,
le cadavre d’un jeune homme est découvert dans un bus abandonné en Alaska, au pied du mont Mckinley, loin de tout lieu habité. Fils de bonne famille, Chris McCandless aurait dû en toute logique
devenir un américain bien tranquille à l’avenir sans surprise. Mais, dès l’obtention de son diplôme universitaire, il décide de partir à l’aventure. Après avoir fait don de ses économies à une
œuvre humanitaire, il entame son périple sous un nom d’emprunt avec sa vieille voiture, qu’il abandonnera un peu plus tard. Il sillonne le sud des Etats-Unis, subsistant grâce à de menus travaux,
avant de réaliser son grand projet: s’installer au cœur de l’Alaska, seul, en communion avec la nature. Mais on ne s’improvise pas trappeur, ni homme des bois… Ce parcours dramatique d’un jeune
homme qui a voulu vivre jusqu’au bout son impossible idéal est retracé par Jon Krakauer, l’auteur du best-seller tragédie à l’Everest. Livre-culte dans le monde entier, Into the Wild a d’emblée
fasciné Sean Penn, qui en a réalisé une adaptation cinématographique applaudie par la critique américaine. (10/18)
Lu par
Allie



Zoli – Colum Mc
Cann

Les plaines de Bohême à la
France, en passant par l’Autriche et l’Italie, des années trente à nos jours, une magnifique histoire d’amour, de trahison et d’exil, le portrait tout en nuances d’une femme insaisissable. Porté
par l’écriture étincelante de Colum McCann, Zoli nous offre un regard unique sur l’univers des Tziganes, avec pour toile de fond les bouleversements politiques dans l’Europe du XXe siècle.
Tchécoslovaquie, 1930. Sur un lac gelé, un bataillon fasciste a rassemblé une communauté tzigane. La glace craque, les roulottes s’enfoncent dans l’eau. Seuls en réchappent Zoli, six ans, et son
grand-père, Stanislaus. Quelques années plus tard, Zoli s’est découvert des talents d’écriture. C’est le poète communiste Martin Stránský qui va la remarquer et tenter d’en faire une icône du
parti. Mais c’est sa rencontre avec Stephen Swann, Anglais exilé, traducteur déraciné, qui va sceller son destin. Subjugué par le talent de cette jeune femme, fasciné par sa fougue et son audace,
Swann veut l’aimer, la posséder. Mais Zoli est libre comme le vent. Alors, parce qu’il ne peut l’avoir, Swann va commettre la pire des trahisons… (10/18)
Lu par
Sylvie,
Jules,
Yueyin,
Gambadou,
Laure,
Choupynette, & l’interview de
l’auteur chez
Bernard.

Le martyre des magdalènes – Ken Bruen


Lessivé, rincé par sa dernière
enquête, Jack Taylor tente d’en faire passer le goût amer en éclusant des pintes de Guinness au comptoir de son pub préféré. Alors qu’il répète à qui veut bien l’entendre qu’on ne l’y reprendra
plus, Jack est sommé par un caïd local de retrouver «l’ange des Magdalènes». Contraint et forcé d’accepter afin de s’acquitter d’une dette d’honneur, Jack se retrouve au cœur d’un fait divers des
années 1960, et croise bientôt les fantômes des «Magdalènes», des filles-mères reniées par leurs familles, exploitées dans des couvents catholiques où elles lavaient leurs péchés en travaillant
comme blanchisseuses. Hanté par ses échecs passés, poursuivi par une police locale qui lui cherche constamment des crosses, Jack va tenter de retrouver cet «ange», une mystérieuse femme qui
serait venue en aide à ces pauvres filles mises au ban de la société. Cependant, comme l’alcool, la vérité est bien souvent trompeuse. Gare au retour de flamme. Ce qui s’annonçait comme une
mission rédemptrice va vite se transformer en chemin de croix. Le martyre de Jack Taylor ne fait que commencer… (06/11, Folio)


Divisadero – Michaël Ondaatje

Une ferme en Californie, deux sœurs (Anna et Claire) et un garçon (Cooper), un amour fou, une nuit d’orage,
un père meurtrier : ça commence très fort, comme dans un roman des sœurs Brontë, passions adolescentes et tourments éternels. Les années passent, nous voici à Las Vegas, en plein roman noir.
Cooper est devenu un joueur professionnel, et c’est Claire qui lui sauve la mise en le protégeant des gangsters qui veulent sa peau. Changement de décor : le Sud-Ouest de la France, aujourd’hui.
Cloîtrée dans une maison mystérieuse, Anna se penche sur la vie d’un obscur écrivain du début du XXe siècle, Lucien Segura, et tombe amoureuse d’un manouche. Changement d’époque : cette fois,
nous sommes dans un roman de Giono, le Giono stendhalien, caracolant sur les traces de Lucien Segura. Et soudain tout s’éclaire. Anna, Claire, Cooper, Segura, le manouche sont comme les notes
d’une chanson, des variations sur un thème, une de ces ritournelles comme en connaissent les artistes pour qui l’Éternel Retour n’est pas un vain mot. (Points)

Le fourgon des fous – Carlos Liscano
Plus qu’un
témoignage, une réflexion sur l’homme et son inextinguible appétit de vivre, sur la nécessité de comprendre l’inimaginable. Sans cris, sans fureur, un plaidoyer vibrant pour le droit à la
dignité, un récit pudique et bouleversant. Montevideo, 1972. Carlos Liscano est jeté en prison par le régime militaire à l’âge de vingt-trois ans. Il en sortira treize ans plus tard. Il aura
connu la torture, les humiliations, la honte, les étranges relations qui lient victimes et bourreaux, l’absurdité d’un système qui veut lui faire avouer quelque chose qu’il ne sait pas. Mais il
aura aussi connu la résistance envers et contre tout, l’amitié indéfectible qui se noue entre camarades d’infortune, l’urgence de l’ouverture au monde et, par-dessus tout, le pouvoir libérateur
de l’écriture. Le 14 mai 1985, avec ses derniers compagnons, Carlos Liscano est embarqué dans un fourgon qui va le mener vers la liberté. Une liberté inquiétante, douloureuse, impossible…
(20/11, 10/18)

Un brillant avenir – Catherine Cusset



Née en Roumanie dans les années 40, Helen a reçu une éducation très stricte, et sa vie ressemble à un combat ininterrompu: Elle s’est d’abord battu pour épouser Jacob, l’amoureux juif dont ses parents ne voulaient pas, s’est battu encore et toujours pour quitter son pays natal, puis pour trouver sa place aux Etats-Unis. Elle s’est surtout battu pour que son fils Alexandru ait “un brillant avenir”. Alors quand ce dernier tombe amoureux de Marie la petite française, Helen reprend les armes pour évincer l’intruse et préserver l’unité familiale.

L’histoire d’Helen se construit comme un puzzle, au fil des pages et des allers-retours dans le temps. De la Roumanie de Ceaucescu à l’Amérique des années 2000, en passant par Israël ou l’Italie, son parcours est plutôt chaotique! Intelligente et déterminée, courageuse et travailleuse, toute sa vie elle saura forcer le destin et imposer ses choix… Mais le personnage nous échappe parfois, Helen est facilement déstabilisée, dévorée par ses peurs et ses sentiments: Terrifiée à l’idée que sa belle-fille puisse bouleverser l’équilibre familial qu’elle a si patiemment construit, elle lui refuse son affection, et elle engage contre Marie une guerre mesquine, faite de reproches silencieux et de petites vexations. J’ai parfois eu du mal à comprendre le comportement excessif d’Helen envers sa belle-fille mais j’ai aimé qu’elle se révèle finalement une femme comme les autres, avec ses failles et ses doutes, ses défauts et ses contradictions. Un brillant avenir est un très beau portrait de femme!

Gallimard, 369 pages, 21€.

Lu par Cuné et Essel.

On s’y fera – Zoya Pirzad


Divorcée, Arezou vit seule avec sa fille Ayeh à Téhéran et dirige une petite agence immobilière léguée par son père. Femme active et indépendante, elle se laisse pourtant mener
par le bout du nez par sa fille adolescente, qui rêve de retourner vivre en France auprès de son père. Arezou entretient aussi des relations difficiles avec sa mère, Mah-Mounir, très soucieuse du
qu’en-dira-t-on. Quand Arezou tombe amoureuse d’un client de son agence, Zardjou, ses relations avec son entourage vont se compliquer encore un peu plus…


Arezou est bien loin du stéréotype de la femme iranienne : Dans cette société pourtant très machiste
elle a réussi à s’affranchir de toute autorité masculine, et mène une brillante carrière professionnelle. On en oublierait presque dans quel pays le roman se déroule: hormis l’ambiance
particulière (très “nourrissante” !) et quelques anecdotes ici et là (la présence furtive de la police des mœurs ou le bus séparé en deux parties, l’une réservée aux hommes, l’autre aux femmes),
l’histoire d’Arezou est finalement assez universelle: celle d’une femme qui à la quarantaine tente de refaire sa vie en s’accommodant de bagages un peu encombrants (sa mère et sa fille sont
particulièrement égoïstes et antipathiques). Malgré les possibilités qu’offrait ce sujet, le propos reste malheureusement superficiel et s’éloigne de l’essentiel en se noyant dans les intrigues
secondaires, les détails inutiles ou l’abus de dialogues. On s’y fera est un roman qui se lit vite et bien, pas foncièrement désagréable, mais trop
lisse pour être vraiment captivant.


Le livre de poche, 316 pages, 6,50€
Lu par Sylire, Tamara, Lou, Clarabel, Anne, Fashion, Saxaoul, Praline, Flo, Cathulu, Joelle