Catégorie : Lectures

L’amour comme par hasard – Eva Rice

l'amour comme par hasard

Depuis la mort de son père à la guerre, la jeune Pénélope vit avec sa mère et son frère Inigo à Magna, la grande demeure familiale qu’ils ne peuvent plus entretenir faute de moyens. Au hasard d’une rencontre dans une rue londonienne, Pénélope se lie d’amitié avec Charlotte, une jeune fille fantasque avec qui elle partage notamment une passion pour le chanteur Johnny Ray.  Charlotte présente aussi à Pénélope sa tante Clare, qu’elle aide à écrire ses mémoires, et son cousin Harry, qui rêve de devenir magicien et de reconquérir Marina, une riche américaine.

“L’amour comme par hasard” (quel dommage d’avoir ainsi modifié le titre original, “The lost art of keeping secrets” qui a tellement plus de sens et de saveur!) est un roman so british: On y croise des jeunes filles de bonne famille mais désargentées, des tantes excentriques et de séduisants cousins, on s’empiffre de scones au gingembre pendant l’incontournable tea time, et on y fait des “dîners de canard” dans des maisons qui tombent en ruine. Nous sommes en 1954, c’est la fin  du rationnement, les anglais réalisent que la guerre est bel et bien finie. Ivres de liberté et d’insouciance, Pénélope et ses nouveaux amis enchaînent les soirées mondaines, se gavent d’art et de musique: Jazz ou rock’n roll, telle est la question, alors qu’Elvis Presley débute tout juste sa carrière de l’autre côté de l’Atlantique et que les Teddy Boys envahissent les rues de Londres… On se laisse facilement charmer par ce portrait d’une génération, qui aborde aussi des thèmes plus profonds, comme le deuil, l’attachement aux êtres et aux choses, le passage à l’âge adulte. “L’amour comme par hasard” est un roman charmant et virevoltant, sans doute pas inoubliable, mais avec lequel on passe vraiment un moment délicieux!


Le livre de poche, 537 pages, 6,95€, traduction de Martine Leroy-Battistelli (Titre original: The lost art of keeping secrets)
Vous pouvez retrouver les avis d’une quinzaine de blogueurs dans le dossier spécial du livre de poche.

Sorties Poches Mars 2009



Le Montespan
de Jean Teulé

Au temps du Roi-Soleil, avoir sa femme dans le lit du monarque était pour les nobles une source de privilèges
inépuisable. Le jour où Louis XIV jeta son dévolu sur Mme de Montespan, chacun, à Versailles, félicita le mari de sa bonne fortune. C’était mal connaître Louis-Henri de Pardaillan, marquis de
Montespan…  Gascon fiévreux et passionnément amoureux de son épouse, Louis-Henri prit très mal la chose. Dès qu’il eut connaissance de son infortune, il orna son carrosse de cornes
gigantesques et entreprit de mener une guerre impitoyable contre l’homme qui profanait une union si parfaite. Refusant les honneurs et les prébendes, indifférent aux menaces répétées, aux procès
en tous genres, emprisonnements, ruine ou tentatives d’assassinat, il poursuivit de sa haine l’homme le plus puissant de la planète pour tenter de récupérer sa
femme…(
Pocket, 5 mars)
Lu par
Yspaddaden, Liliba, Marie, La liseuse, Anna
Blume
, So



Le coeur
cousu
de Carole Martinez
” Ecoutez, mes sœurs ! Ecoutez cette rumeur qui emplit la nuit ! Ecoutez… le bruit des mères ! Des choses sacrées se murmurent dans l’ombre des cuisines. Au fond des vieilles casseroles, dans
des odeurs d’épices, magie et recettes se côtoient. Les douleurs muettes de nos mères leur ont bâillonné le cœur. Leurs plaintes sont passées dans les soupes : larmes de lait, de sang, larmes
épicées, saveurs salées, sucrées. Onctueuses larmes au palais des hommes ! ” Frasquita Carasco a dans son village du sud de l’Espagne une réputation de magicienne, ou de sorcière. Ses dons se
transmettent aux vêtements qu’elle coud, aux objets qu’elle brode : les fleurs de tissu créées pour une robe de mariée sont tellement vivantes qu’elles faneront sous le regard jaloux des
villageoises; un éventail reproduit avec une telle perfection les ailes d’un papillon qu’il s’envolera par la fenêtre: le cœur de soie qu’elle cache sous le vêtement de la Madone menée en
procession semble palpiter miraculeusement… Frasquita a été jouée et perdue par son mari lors d’un combat de coqs. Réprouvée par le village pour cet adultère, la voilà condamnée à l’errance à
travers l’Andalousie que les révoltes paysannes mettent à feu et à sang, suivie de ses marmots eux aussi pourvus – ou accablés – de dons surnaturels… Le roman fait alterner les passages
lyriques et les anecdotes cocasses on cruelles. Le merveilleux ici n’est jamais forcé : il s’inscrit naturellement dans le cycle tragique de la vie.(Folio, 5 mars)
Lu par
Dda (Biblioblog), Sylvie, Clarabel, Sylire, Florinette, Karine, So, Fashion

Le canapé rouge de Michèle Lesbre
Parce qu’elle était sans nouvelles de Gyl, qu’elle avait naguère aimé, la narratrice est partie sur ses traces. Dans le transsibérien qui la conduit à Irkoutsk, Anne s’interroge sur cet homme
qui, plutôt que de renoncer aux utopies auxquelles ils avaient cru, tente de construire sur les bords du Baïkal un nouveau monde idéal. À la faveur des rencontres dans le train et sur les quais,
des paysages qui défilent et aussi de ses lectures, elle laisse vagabonder ses pensées, qui la renvoient sans cesse à la vieille dame qu’elle a laissée à Paris. Clémence Barrot doit l’attendre
sur son canapé rouge, au fond de l’appartement d’où elle ne sort plus guère. Elle brûle sans doute de connaître la suite des aventures d’Olympe de Gouges, auteur de la Déclaration des droits de
la femme et de la citoyenne, de Marion du Faouët qui, à la tête de sa troupe de brigands, redistribuait aux miséreux le fruit de ses rapines, et surtout de Milena Jesenskà qui avait traversé la
Moldau à la nage pour ne pas laisser attendre son amant. Autour du destin de ces femmes libres, courageuses et rebelles, dont Anne lisait la vie à l’ancienne modiste, une belle complicité s’est
tissée, faite de confidences et de souvenirs partagés. À mesure que se poursuit le voyage, les retrouvailles avec Gyl perdent de leur importance. Arrivée à son village, Anne ne cherchera même pas
à le rencontrer… Dans le miroir que lui tend de son canapé rouge Clémence, l’éternelle amoureuse, elle a trouvé ce qui l’a entraînée si loin : les raisons de continuer, malgré les amours
perdues, les révolutions ratées et le temps qui a passé. Le dixième livre de Michèle Lesbre est un roman lumineux sur le désir, un de ces textes dont les échos résonnent longtemps après que la
lecture en est achevée. (Folio, 1er mars)
Lu par
Clarabel, Flora, Amanda, Lily, Sophie, Papillon, Sylire, Bellesahi, Sylvie.



La passion selon Juette
de Clara Dupont – Monod
Juette naît en 1158 à Huy, une petite ville de l’actuelle Belgique. Mariée à treize ans, elle est veuve cinq ans plus tard. Juette est une femme qui dit non. Non au mariage. Non aux hommes
avides. Non au clergé corrompu. Elle n’a qu’un ami et confident, Hugues de Floreffe, un prêtre. À quelles extrémités arrivera-t-elle pour se perdre et se sauver ? Car l’Église n’aime pas les âmes
fortes… De ce Moyen Âge traversé de courants mystiques et d’anges guerriers, qui voit naître les premières hérésies cathares, Clara Dupont-Monoda gardé ici une figure singulière de sainte
laïque. (Le livre de poche)
Lu par Lilly, Clarabel, Florinette, Lily, Sophie, Chaperlipopette, Le
bibliomane



Les vivants et les
ombres
de Diane Meur
En Galicie, terre rattachée à l’Empire habsbourgeois depuis le partage de la Pologne, l’obscure famille Zemka reconquiert le domaine fondé par leur ancêtre et s’engage fiévreusement dans la lutte
d’indépendance polonaise. Pour retracer l’ascension et la décadence de cette famille, c’est la maison épiant ses habitants qui raconte, des révolutions de 1848 jusqu’au seuil de XXe
siècle.
(Le livre de poche)

Mon avis, et celui de Marie, Sentinelle, Florinette, Laure



Ma vie est tout à fait fascinante
de Penelope Bagieu
Pénélope Bagieu est une jeune illustratrice parisienne. Elle vit dans le plus petit appartement du monde, sous les toits, en compagnie de son chat rose, de sa collection de chaussures et de ses
tracas quotidiens : sa réticence à faire du sport, sa mère envahissante, son chéri qui ne l’écoute pas… Heureusement pour elle, il reste ses copines langues de vipère, les soldes, les séries
télé, la presse people et les macarons ! L’auteur croque dans cette bande dessinée les petits riens du quotidien avec beaucoup d’humour et un talent évident : à chaque page, elle nous raconte ses
petites histoires et péripéties, tour à tour drôles, justes et émouvantes.(Le livre de poche)
Le blog de Penelope Bagieu



No et moi
de Delphine de
Vigan
Lou Bertignac a 13 ans, un QI de 160 et des questions plein la tête. Enfant précoce et fantaisiste, elle rencontre un jour, à la gare d’Austerlitz, No, une jeune fille SDF à peine plus âgée
qu’elle. Elle décide alors de sauver No, de lui donner un toit et une famille et se lance dans une expérience de grande envergure menée contre le destin. Roman d’apprentissage, No et moi est un
rêve d’adolescence soumis à l’épreuve du réel. Un regard d’enfant précoce, naïf et lucide sur la misère du monde, un regard sur ce qui nous porte et la part de poésie qui nous manque. ( Le livre
de poche)
Lu par
Nina, Laure, Clarabel



J’aime pas les autres
de Bertrand André
De la petite école à la grande, y compris celle de la vie, des premiers baisers à la longue quête de l’âme sœur, la jeunesse du narrateur, Anatole Berthaud, aurait pu être parfaitement
heureuse… s’il n’y avait pas eu les autres. Entre roman d’apprentissage et récit autobiographique, le dernier livre de Jacques A. Bertrand nous enchante, comme toujours par sa finesse, son
humour et son élégance d’esprit. (10/18)



J’ai tant rêvé de toi
d’Olivier et Patrick Poivre d’Arvor
« Mon existence durant, je m’en souviendrai. De ce voyage vers lui. De cette guérison à coups de serpe. Et de Prague qui tout le jour n’a su émerger de ses brumes, ni le ciel se délester de
sa neige.
» (le livre de poche)


Route royale
de Stephanie Polack
” C’est alors qu’il remarque : le bord des cils humides, les paupières humectées et la rétine de l’œil, l’âme à fleur d’être, luisante. Elle tourne un peu la tête, ses pupilles se dilatent, elles
absorbent un point flou. Werner n’en revient pas. Le visage de cette femme, en cette seconde, l’effare. Juste un instant grave et fragile et lui qui n’en finira plus de la fixer. Il la reconnaît,
il l’avait vue au tribunal, oui, rue de Cambrai, elle l’avait déjà sidéré : Constance Haroche. Il avait suivi son procès. Il se souvient de tout ; des chefs d’accusation et du verdict. Cette
fille l’avait ému mais la cour, elle, ne l’avait pas épargnée. Werner la regarde. Il voudrait la toucher, effleurer son visage, sentir qu’il pourrait la meurtrir et ne pas le faire, la caresser.
” (j’ai lu, 11 mars)



Le journal de Yaël
Koppman
de Marianne Rubinstein
Se marier avec un homme beau et intelligent. Avoir des enfants. Écrire un livre. Les ambitions de Yaël ont le mérite d’être claires. Sauf qu’à 34 ans, elle n’est pas en avance… Mais si elle veut
accueillir un homme dans sa vie, Yaël doit d’abord y faire un peu de ménage. Avec l’aide d’Éric, son colocataire homosexuel, de sa cousine Clara et d’Angelica Garnett, la nièce de Virginia Woolf
dont elle a décidé d’écrire la biographie, Yaël va secouer le tapis de ses origines juives, épousseter ses relations avec sa mère et soigner ses rapports avec les garçons. Car, c’est bien connu,
le prince charmant préfère les femmes épanouies…  (Pocket, 5 mars)
Lu par Lily, Amanda, Papillon, Cathulu, Florinette, Lou, Clarabel.

La ballade d’Iza de Magda Szabo
Dans sa maison de la Grande Plaine, Mme Szöcs attend qu’on vienne la chercher : son mari est en train de mourir. A l’hôpital, Vince ne la reconnaît pas, et sa dernière phrase est destinée à Iza,
leur fille trop aimée. Une fois son père enterré, Iza emmène sa mère vivre avec elle dans on appartement de Budapest. Elle a tout décidé, fait le tri entre meubles et objets à garder et à
abandonner, arrangé la chambre, sans demander à la vieille dame -qui pourra ” enfin se reposer ” -ni son avis ni ses envies. Peu à peu la fragile vieille dame se pétrifie de la non-existence qui
lui est ainsi offerte, jusqu’au jour où elle décide de retourner dans son village… (Viviane Hamy)
Lu par Gambadou, Bunee, Valdebaz


De la beauté
de Zadie Smith
Rien ne va plus pour le très britannique Howard Belsey, spécialiste de Rembrandt et gauchiste convaincu, qui végète en fin de carrière dans la petite université de Wellington, près de Boston :
son épouse vénérée, l’Afro-Américaine Kiki, lui bat froid depuis qu’elle le sait coupable d’infidélité. Leur fils aîné, Jerome, s’est réfugié chez Monty Kipps, l’ennemi juré de Howard, un
intellectuel anglo-antillais ultra-conservateur. Enfin, voilà que Monty lui-même débarque à Wellington comme professeur invité. Il est accompagné de sa famille et notamment de sa troublante fille
Victoria. Le chassé-croisé sentimental va commencer. Tandis que fait rage un débat sur la discrimination positive, les épouses des deux rivaux se lient d’amitié, Zora Belsey s’entiche d’un jeune
slammeur du ghetto, son frère Levi d’un groupe de réfugiés haïtiens… Zadie Smith aborde ici de front les enjeux les plus brûlants du XXIe siècle : le métissage culturel, l’héritage colonial,
les rapports de classes, l’opposition entre Europe et Amérique. Mais cette fresque foisonnante et tragi-comique, d’une invention verbale sans cesse renouvelée, offre aussi une méditation
tendrement ironique sur ce qui unit les êtres et donne un sens à leur vie : la quête de la beauté, l’effort pour s’ouvrir à l’autre, les liens affectifs en tous genres. Car De la beauté pourrait
tout aussi bien s’intituler De l’amour. (Folio, 12 mars)

Du sang dans la sciure de Joe R. Lansdale
Dans les années 1930, en pleine Dépression, la petite ville texane de Tyler survit grâce à la scierie de camp Rapture. Fils de la principale actionnaire de l’entreprise, Pete Jones est aussi le
shérif de la ville. La surprise est donc générale lorsque sa femme Sunset, violentée une fois de trop par ce mari brutal, l’abat d’une balle dans la tête. Malgré son acquittement pour légitime
défense, les commentaires vont bon train : comment une femme peut-elle se prétendre violée par son mari ? Et lorsque sa belle-mère, en alliée inattendue, confie à Sunset le poste vacant de
shérif, l’étonnement est à son comble. Avec la découverte du cadavre d’une femme enceinte enterré sur le terrain du seul propriétaire noir de la région, Sunset va devoir faire ses preuves,
revolver à la main. Son enquête sur cet assassinat la conduit à explorer un univers de préjugés, de corruption et de cynisme, où une femme qui ne sait pas rester à sa place est à la fois
considérée comme une menace et comme une cible. Une fois de plus, Joe R. Lansdale nous plonge dans la moiteur et la noirceur des marécages de l’Amérique profonde et livre dans ce polar aux
accents de western un superbe portrait de femme partie à la conquête de son indépendance. (Folio, 1er mars)
Lu par Jean-Marc Laherrère



Les garçons
de Wesley Stace
Chez les Fisher, illustre famille de gens de théâtre, il y a deux George. L’un est un enfant de la balle qu’on envoie en 1973 dans un pensionnat pour parfaire son éducation. L’autre, un pantin de
ventriloque, divertissait les troupes britanniques avec le grand-père de George pendant la Seconde Guerre mondiale. Les deux George ne savent rien l’un de l’autre. Jusqu’à ce que les événements
les amènent à s’unir pour mettre au jour les secrets de famille les mieux gardés. Mêlant l’histoire de l’enfant et les ” mémoires ” du pantin, Les Garçons dresse sur trois générations le portrait
d’une famille fascinante. Drôle, incisif et d’une grande tendresse, ce roman raconte l’inoubliable épopée de deux jeunes êtres guidés par le même désir : trouver une voix, être aimé. (j’ai lu, 11
mars)
Mon avis



Retour en terre
de Jim Harrison
Donald, métis Chippewa, Finnois de 45 ans, souffre d’une sclérose en plaques. Prenant conscience que personne ne sera capable de transmettre à ses enfants l’histoire de leur famille après sa
mort, il commence à la dicter à sa femme Cynthia. Il dévoile ainsi, entre autres, sa relation à un héritage spirituel unique et l’installation de ses aïeux dans le Michigan voilà trois
générations. Pendant ce temps, autour de lui, ses proches luttent pour l’accompagner vers la mort avec la dignité qui l’a caractérisé toute sa vie. Jim Harrison écrit sur le cœur de ce pays comme
personne, sur le pouvoir cicatrisant de la Nature, le lien profond ente la sensualité et le spirituel et les plaisirs qui élèvent la vie jusqu’au sublime. (10/18, 5 mars)
Lu par
Cathe, Kathel



Torturez l’artiste
de Joey Goebel
Manque d’inspiration, triomphe du divertissement commercial : il y a quelque chose de pourri au royaume de la culture U.S. C’est du moins ce qui motive la création de la Nouvelle Renaissance, une
académie destinée à former des enfants prodiges aux carrières d’artistes. Mais il n’est pas d’art sans souffrance. Cela, le petit Vincent va vite le comprendre au contact de Harlan, son manager
et désormais bourreau, dont la fonction principale est de parsemer sa vie d’expériences désastreuses censées stimuler sa créativité. De désillusions en échecs inexpliqués, Vincent voit son talent
croître… et sa vie sombrer. Un même combat réunit dès lors l’artiste et son art : la survie de l’exception, menacée par le pouvoir vampirisant de l’argent et de la facilité.(10/18, 5 mars)



Café Paraiso
de Monica
Ali
À Mamarrosa, petit village de l’Alentejo aux airs de paradis perdu, la vie n’est pas toujours aussi douce qu’on croit. Et pourtant combien sont-ils à tenter ici le rêve d’une existence moins
amère ? Il y a Eillen et son mari, deux touristes à la dérive, Stanton, l’écrivain exilé en quête de sens et les Potts, un couple d’Anglais marginaux.  Et puis bien sûr, il y a les locaux du
village, ceux qui ont toujours été là, ceux qui reviennent, riches mais déracinés, ceux qui rêvent d’ailleurs. Tant de trajectoires et de destins en cavale. Tant de rêves à bâtir ou à ravaler. Et
un lieu pour les entremêler : le Café Paraiso, nœud de toutes les destinées.
(10/18)

Et j’ajoute deux romans oubliés le mois dernier:



Alabama Song
de Gilles
Leroy (Prix Goncourt 2007)
Alabama, 1918. Quand Zelda, «Belle du Sud», rencontre le lieutenant Scott Fitzgerald, sa vie prend un tournant décisif. Lui s’est juré de devenir écrivain : le succès retentissant de son premier
roman lui donne raison. Le couple devient la coqueluche du Tout-New York. Mais Scott et Zelda ne sont encore que des enfants : propulsés dans le feu de la vie mondaine, ils ne tardent pas à se
brûler les ailes…
Gilles Leroy s’est glissé dans la peau de Zelda, au plus près de ses joies et de ses peines. Pour peindre avec une sensibilité rare le destin de celle qui, cannibalisée par son mari écrivain, dut
lutter corps et âme pour exister… Mêlant éléments biographiques et imaginaires, Gilles Leroy signe ici son grand «roman américain». (Folio),
Lu par Karine, Chiffonnette, Fashion, Clarabel, Laurence, Lo, Miss Alfie, Lily



Les disparus
de Daniel Mendelsohn (Prix Medicis Etranger 2007)
Dans la famille de Daniel Mendelsohn, il y a un trou : en 1941, son grand-oncle, sa femme et leurs quatre filles ont disparu dans l’est de la Pologne. Comment sont-ils morts ? Nul ne le sait.
Pour résoudre cette énigme, l’auteur part sur leurs traces. Le résultat ? Non un énième récit sur la Shoah, mais un formidable document littéraire, à la fois enquête dans l’Histoire et roman
policier. (J’ai lu)
Lu par
Lily, Sentinelle, Sophie, Chaperlipopette, Le Bibliomane

L’extraordinaire histoire de Fatima Monsour – Joanne & Gerry Dryansky

Répudiée par son mari, sans enfants, Fatima Monsour vit seule dans son village natal, à Djerba, et travaille comme femme de ménage dans un club de vacances. Quand sa jeune soeur meurt brutalement, Fatima accepte de la remplacer au service de la comtesse Merveil du Roc à Paris, dans le XVIe arrondissement. Avec son grand cœur, sa capacité d’écoute, sa simplicité et son courage, Fatima va conquérir les habitants du 34 avenue Victor Hugo, et les habitués du café Jean Valjean: Hadley Hadley 3ème du nom, un américain qui rêve de devenir écrivain, Hyppolyte Suget, l’ancien petit rat de l’opéra devenu cambrioleur ou encore Victorine, la domestique sénégalaise et son grand
rire sonore…

Amour, tolérance, intégration, ce roman est plein de louables intentions, mais on frôle souvent l’overdose de bons sentiments, et ce n’est malheureusement pas le seul défaut du livre: l’humour est un peu forcé, l’histoire manque de subtilité et souffre de nombreuses longueurs, les personnages, bien qu’attachants, sont plutôt caricaturaux. Malgré tout, L’extraordinaire histoire de Fatima Monsour fait partie de ces livres que l’on a envie d’aimer, c’est une petite comédie sympathique au charme désuet, un roman qui fait fi du cynisme et de la morosité ambiante pour prôner le pouvoir de la gentillesse, du bonheur tranquille et de la solidarité. Une grosse pâtisserie trop sucrée, mais réconfortante, à garder sous le coude en cas de coup de blues!

Héloïse d’Ormesson 2009, 334 pages, 21€. Traduction de Marianne Véron (Titre original:
“Fatima’s good fortune”)

Lu pour le Club des lectrices de Femme Actuelle.
Les avis de
Cuné, de Sylire, Bab’s.

Sorties Poches Février 2009



Festin
de miettes
de Marine Bramly
“Elle traversa le vestibule sur la pointe des pieds, s’appliquant comme par le passé à ne marcher que sur les cabochons noirs du carrelage en damier, moins par superstition que par crainte de
laisser des traces de son passage sur le marbre blanc. Elle retrouvait ses vieux réflexes. De peur que les Rausbœrling ne se lassent de sa présence […].”
Sophie la provinciale, la mal-aimée, idolâtrait Deya, fille de grands bourgeois protestants, décadents et singuliers.Puis Sophie a été chassée du paradis. Les années ont passé, et soudain ce coup
de fil de Deya… Roman d’amour et d’amitié, de démence et de ténèbres, ce Festin de miettes nous entraîne de Saint-Germain-des-Prés à la brousse sénégalaise, dans une épopée contemporaine
haletante. (11 février, Le livre de poche)
Lu par Clarabel, Choupynette, La muse
agitée
, et la critique de Lire.


Madeleine d’Amanda Sthers
” Il l’a vouvoyée. Il n’a parlé de rien. Ni de maisons, ni de ce lit, ni de cette fois. Est-ce un rendez-vous ? Une deuxième visite ? Il a donné l’heure d’arrivée de son avion. Le même, même
jour. Déjà deux mois plus tard. Le souvenir est bien là, brûlant sur les cuisses de Madeleine. Est-ce qu’il faut aller chez le coiffeur ? Du noir, ça mincit mais la peur aussi, le lointain. Du
marine ? Du marron ? Du temps, pas beaucoup ? Que dit-elle ? Elle dit oui, je vous attendrai. Le silence est long. “Vous me reconnaîtrez ?” essaie-t-elle. Il ne répond même pas. Elle ne sait pas
comment on attrape un homme, ils lui glissent entre les doigts comme du vif-argent, et celui-là est bien plus qu’un homme. Il est celui qu’elle aime, celui qu’elle attendait. ”  (11 février,
le livre de poche)
Lu par Lily



Odette Toulemonde d’Eric Emmanuel Schmitt
«Cher monsieur Balsan, Je n’écris jamais car, si j’ai de l’orthographe, je n’ai pas de poésie. Or il me faudrait beaucoup de poésie pour vous raconter l’importance que vous avez pour moi. En
fait, je vous dois la vie. Sans vous, je me serais tuée vingt fois.»
Odette Toulemonde.
La vie a tout offert à l’écrivain Balthazar Balsan et rien à Odette Toulemonde. Pourtant, c’est elle qui est heureuse. Lui pas. Leur rencontre fortuite va bouleverser leur existence.
Huit récits, huit femmes, huit histoires d’amour. De la petite vendeuse à la milliardaire implacable, de la trentenaire désabusée à une mystérieuse princesse aux pieds nus en passant par des
maris ambigus, des amants lâches et des mères en mal de filles, c’est une galerie de personnages inoubliables qu’Eric-Emmanuel Schmitt poursuit avec tendresse dans leur quête du bonheur. (le
livre de poche, 4 février)
Lu par
Deedee, Bernard, Laurence



Citoyens clandestins
de DOA
“A circonstances exceptionnelles, mesures exceptionnelles.” Le colonel Montana leva le nez pour observer le ciel qui s’assombrissait. “Croyez-moi, lorsque nous avons évoqué les retombées
éventuelles de l’utilisation de la petite saloperie qui se balade dans la nature… Il ne s’agit pas seulement de sauver quelques vies humaines, Charles, mais de préserver notre crédibilité,
notre influence internationale ainsi que des pans entiers de nos complexes militaro-industriel et pétrochimique. Nous ne pouvons pas nous permettre que des informations sur l’existence et la
circulation de ces armes s’ébruitent. Et encore moins que celles-ci soient utilisées dans le cadre d’une action terroriste. Surtout avec ce qui vient de se passer à New York et à moins d’un an
des présidentielles…” (19 février, Folio policier)



Tom est mort
de Marie
Darrieussecq
Voici dix ans que son fils est mort, il avait quatre ans et demi. Pour la première fois depuis ce jour quelques moments passent sans qu’elle pense à lui. Alors, pour empêcher l’oubli, ou pour
l’accomplir, aussi bien, elle essaie d’écrire l’histoire de Tom, l’histoire de la mort de Tom, elle essaie de s’y retrouver. Tom qui est devenu mort, Tom à qui on ne pense plus qu’en sachant
qu’il est mort. Elle raconte les premières heures, les premiers jours, et les heures et les jours d’avant pareillement, comme s’il fallait tout se remémorer, elle fouille sans relâche, elle veut
décrire le plus précisément et le plus profondément possible, pas tant les circonstances de la mort de Tom que ce qui a précédé, que ce qui s’en est suivi, la souffrance, le passage par la folie,
et le fantôme de son enfant. Le plus concrètement aussi parce que, c’est sûr, la vérité gît dans les détails. C’est la raison pour laquelle ce texte qui devrait être insoutenable et qui va si
loin dans l’interrogation de la douleur est si convaincant, si proche. (19 février, Folio)
Lu par Bernard, Thom, Flo, Laure, Sophie, Sylire, Gawou



La chaussure sur le toit
de Vincent Delecroix
Au centre du roman, une chaussure abandonnée sur un toit parisien. Tous les personnages du livre fréquentent le même immeuble, à proximité des rails de la gare du Nord. On rencontrera un enfant
rêveur, un cambrioleur amoureux, trois malfrats déjantés, un unijambiste, un présentateur vedette de la télévision soudain foudroyé par l’évidence de sa propre médiocrité, un chien mélancolique,
un immigré sans papiers, une vieille excentrique, un artiste (très) contemporain, un narrateur au bord du suicide… et une chaussure pleine de ressources romanesques. L’imbrication des histoires
les unes dans les autres à l’intérieur du roman permet à Vincent Delecroix d’aborder des registres très différents, du délire philosophique à la complainte élégiaque en passant par la satire de
mœurs et par la peinture drolatique de la solitude – thème de prédilection de l’auteur. (12 février, Folio)
Lu par
Laurence, So



Cercle
de Yannick Haenel (Prix Décembre 2007)
Un homme décide, un matin, de ne plus aller à son travail. Il rompt ses attaches et se met à errer librement dans Paris. Il découvre ce qu’il nomme l'”existence absolue”. Des phrases ruissellent
dans son corps; des extases surgissent à chaque instant. Il rencontre une danseuse de la troupe de Pina Bausch, qui l’ouvre à la dimension poétique. Cette expérience de liberté lui donne accès à
un étrange phénomène – l’événement -, dans lequel se concentrent à la fois le secret de la jouissance et la destruction qui régit le monde. Son odyssée le conduit à travers l’Europe de l’Est.
Elle passe par Berlin, Varsovie et Prague, et fait l’épreuve de l’invivable contemporain. Elle réveille la mémoire du mal : le “cauchemar de l’Histoire” dont parle Joyce, mais aussi un monde
qu’il est possible de réenchanter par l’opération érotique des phrases. (19 février, Folio)
La critique de
Lire.



José
de Richard Andrieux
José a neuf ans. Ce bout de chou n’a jamais connu son père ; il vit avec sa mère, avec un lit qu’il appelle ” voyage “, et un bougeoir rebaptisé le ” colonel ” Dans sa chambre, il s’invente un
univers qui n’existe que pour lui. Personne n’y a accès, pas même sa propre mère. Reviendra-t-il indemne de cet ailleurs dans lequel il se mure ? Le docteur dit de ne pas trop s’inquiéter, alors
sa mère attend, sans trop y croire. Avec une infinie pudeur, Richard Andrieux explore l’imaginaire d’un enfant à part, qui tient par un fil, suspendu entre deux mondes. (Pocket)
Lu par Lily, Gawou, Florinette, Eric, Fab, Mimienco, Laure, Martine



Coeur de pierre
de Pierre Peju
Leïla, une lycéenne ardente et audacieuse, troublée par un cours de philosophie sur les âmes et les sorts, décide de tout quitter, famille, études, banlieue, pour partir sur les routes. Schulz,
un homme errant, au bout du rouleau, entraîne la jeune fille dans une fatale randonnée. Il y a aussi Ellen, belle Irlandaise, Juliette, comédienne en quête d’un rôle, Mahler, psychanalyste
détraqué, et Larsen, le romancier aux prises avec l’une de ses créatures… Qui manipule ces personnages ? Seule Mémé la Noire, la « femme oracle », connaît le secret des destins croisés. Roman
captivant, Cœur de pierre est aussi un récit ironique et métaphysique, qui parle du Destin, de l’incertitude des relations et des pouvoirs de l’écriture. (12 février, Folio)
Lu par
Florinette, So



Le serment des limbes
de Jean-Christophe Grangé
Quand Mathieu Durey, flic à la brigade criminelle de Paris apprend que Luc, son meilleur ami, flic lui aussi, a tenté de se suicider, il n’a de cesse de comprendre ce geste. Il découvre que Luc
travaillait en secret sur une série de meurtres aux quatre coins de l’Europe dont les auteurs orchestrent la décomposition des corps des victimes et s’appuient sur la symbolique satanique. Les
meurtriers ont un point en commun : ils ont tous, des années plus tôt, frolé la mort et vécu une « Near Death Experience ». Peu à peu, une vérité stupéfiante se révèle : ces tueurs sont des «
miraculés du Diable » et agissent pour lui. Mathieu saura-t-il préserver sa vie, ses choix, dans cette enquête qui le confronte à la réalité du Diable ? (le livre de poche)
Lu par
Coeurdechene
(Biblioblog)
, So



L’amour comme par hasard d’Eva Rice

1954. Pénélope et Charlotte, de
jeunes Anglaises issues de familles aristocratiques mais désargentées, sont folles du chanteur Johnnie Ray, qui fait fureur des deux côtés de l’Atlantique. Harry, le cousin de Charlotte, essaie
de reconquérir une extravagante actrice américaine qui s’est fiancée avec un autre. Pénélope, elle, est subjuguée par l’irrésistible Rocky Dakota, un imprésario hollywoodien de vingt-cinq ans son
aîné. Mais Rocky s’intéresse-t-il à elle ou à sa mère, une veuve éblouissante qui ne s’est jamais remise de la mort de son mari bien-aimé au champ d’honneur ?
Un marivaudage, dans lequel Eva Rice réinvente avec esprit les jeux de l’amour et du hasard, dans une Angleterre attachée à ses traditions, sur fond de rock’n roll…(Le livre de
poche)

Lu par Virginie, Clarabel



Le seigneur de Bombay de Vickram
Chandra
Bombay est un monstre. Cruelle aux misérables, douce aux corrompus, elle grouille, vibre, enfle et dévore les imprudents qui gênent sa croissance. Pourtant, ceux qui goûtent trop longtemps à
l’air vicié de ses rues défoncées ne peuvent plus s’en passer. Bombay est une drogue. Et le lieux de tous les possibles. Là, vivent deux hommes qui ne se connaissent pas : Ganesh, un gangster,
roi de la pègre – le seigneur de Bombay ; Sartaj, flic de quartier sur le retour, ancien play-boy vieillissant, qui a perdu ses ambitions et ses illusions. Le grand bandistisme n’est pas de son
ressort. Mais un jour, Sartaj se trouve face au cadavre de Ganesh. Pourquoi le seigneur de Bombay s’est-il mis une balle dans la tête dans le sous-sol de son bunker flambant neuf ? De la réponse
dépend la vie de vingt-six millions de personnes – de tous les citoyens de la région de Bombay. (le livre de poche, 5 février)
Lu par
Val, Agnès, Callyrhoé



Perte et fracas de Jonathan Tropper
J’avais une femme. Elle s’appelait Hailey. Aujourd’hui, elle est morte. Et je suis mort aussi. Doug a 29 ans et il est veuf. Depuis deux ans. Depuis que l’avion dans lequel voyageait Hailey a
explosé en plein vol. Et depuis, Doug se noie dans l’autoapitoiement comme dans le Jack Daniel’s… Jusqu’à ce que sa petite famille débarque en force. Son beau-fils, Russ, en conflit avec
l’humanité entière. Sa jumelle, enceinte, qui décide de s’installer chez lui. Et sa plus jeune sœur, qui s’apprête à épouser l’ex-meilleur ami de Doug… rencontré à l’enterrement de Hailey !
Sans oublier son père, qui commence à perdre la tête et lui demande régulièrement des nouvelles de sa femme, ou encore sa voisine qui s’obstine à lui susurrer des mots cochons à l’oreille… Et
que dire de ses allures d’écrivain ténébreux qui lui attirent les faveurs de la gent féminine et des grands éditeurs, grâce à sa chronique hebdomadaire ” Comment parler à un veuf ” qui a fait de
lui une star ! Qu’il le veuille ou non, plus question de se couper des autres. Pourtant, ce n’est que lorsque Russ est précipité dans les pires ennuis que Doug reprend réellement les choses en
main. Et son retour à la vie ne se fera pas sans perte et fracas… (10-18, 5 février)
Lu par
Clochette



Mort aux cons de Carl Aderhold

« Contrairement à l’idée répandue,
les cons ne sont pas réformables. Une seule chose peut les amener non pas à changer, mais du moins à se tenir tranquilles : la peur. Je veux qu’ils sachent que le temps de l’impunité est révolu.
Je compte à mon actif cent quarante meurtres de cons. Afin qu’ils ne soient pas morts pour rien, je vous enjoins de lire ce manifeste. Il explique le sens véritable de mon combat. » Qui n’a
jamais rêvé de tuer son voisin le dimanche matin quand il vous réveille à coups de perceuse ? Ou d’envoyer dans le décor l’automobiliste qui vous serre de trop près ? Mais passé les premiers
meurtres d’humeur qui le débarrassent des cons de son entourage, le héros prend peu à peu conscience de l’ampleur de sa mission. (Le livre de poche, 4
février)

Lu par Clochette



Tribulations d’un précaire
d’Ian Levison
C’est dans la mythique et sulfureuse ville de Chicago, dans le microcosme d’un département d’université, qu’Alaa El Aswany recrée une little Egypt en exil. Avec son art de camper de multiples
personnages et de bâtir des intrigues palpitantes, il compose un magnifique roman polyphonique, entrecroisant des vies qui se cherchent et se perdent dans les méandres du monde contemporain, des
existences meurtries d’avoir été transplantées dans un univers à la fois étrange et étranger.
Alors que la visite officielle du président égyptien à Chicago est annoncée, le système policier de l’ambassade se met en branle pour protéger et rassurer une Amérique traumatisée par les
attentats du 11 Septembre. Cette dimension politique confère au passionnant Chicago l’ampleur d’un roman choral propre à exprimer le monde dans la douceur de ses rêves comme dans la violence de
ses contradictions. (Liana Levi)
Lu par
Laurent, Flo



Chicago
d’Alaa El Aswany
C’est dans la mythique et sulfureuse ville de Chicago, dans le microcosme d’un département d’université, qu’Alaa El Aswany recrée une little Egypt en exil. Avec son art de camper de multiples
personnages et de bâtir des intrigues palpitantes, il compose un magnifique roman polyphonique, entrecroisant des vies qui se cherchent et se perdent dans les méandres du monde contemporain, des
existences meurtries d’avoir été transplantées dans un univers à la fois étrange et étranger. Alors que la visite officielle du président égyptien à Chicago est annoncée, le système policier de
l’ambassade se met en branle pour protéger et rassurer une Amérique traumatisée par les attentats du 11 Septembre. Cette dimension politique confère au passionnant Chicago l’ampleur d’un roman
choral propre à exprimer le monde dans la douceur de ses rêves comme dans la violence de ses contradictions. (Babel)
Lu par
So



Indian
Tango
d’Ananda Devi
” Elle s’est tournée pour partir sans même me voir, rentrée en elle-même, inatteignable. Elle a resserré le pan de son sari sur ses épaules. Sous la finesse du tissu, l’échancrure de la blouse
laisse entrevoir une poitrine abondante. Peut-être n’est-elle même pas consciente de son attrait ? Peut-être n’y a-t-il eu personne pour le lui apprendre et réveiller en elle quelque orgueil
endormi, quelque secrète vanité ? J’ai perçu en elle la promesse d’une musique qui n’avait pas encore été jouée et qui, même désaccordée, contiendrait sa secrète harmonie. Suffirait-il de jouer
en virtuose de l’instrument pour l’allumer de lumières et de couleurs nouvelles et franchir ses ténèbres ? ” Avril 2004. New Delhi. L’Inde est en pleine campagne électorale. Sonia Gandhi –
l’Italienne, l’étrangère – deviendra-t-elle le prochain Premier ministre ?… Mais pour Suhhadra, cinquante-deux ans, grande, plutôt ronde, une femme ordinaire, la préoccupation est autre :
ira-t-elle à ce pèlerinage de renoncement des femmes ménopausées que lui propose sa belle-mère pour marquer la fin de sa féminité ? Ou cédera-t-elle au contraire à la mystérieuse séduction de
l’autre qui la suit depuis un mois dans les rues de Delhi ? Un étrange pas de deux, chassé-croisé amoureux qui lui offre une chose que personne ne lui a jamais offerte : son propre corps… (12
février, Folio)



Un homme
de Philip Roth
Un homme. Un homme parmi d’autres. Le destin du personnage de Philip Roth est retracé depuis sa première et terrible confrontation avec la mort sur les plages idylliques de son enfance jusque
dans son vieil âge, quand le déchire la vision de la déchéance de ses contemporains et que ses propres maux physiques l’accablent. Entre-temps, publicitaire à succès dans une agence à New York,
il aura connu épreuves familiales et satisfactions professionnelles. D’un premier mariage, il a eu deux fils qui le méprisent et, d’un second, une fille qui l’adore. Il est le frère bien-aimé
d’un homme sympathique dont la santé vigoureuse lui inspire amertume et envie, et l’ex-mari de trois femmes, très différentes, qu’il a entraînées dans des mariages chaotiques. En fin de compte,
c’est un homme qui est devenu ce qu’il ne voulait pas être. Ce roman puissant – le vingt-septième de Roth – prend pour territoire le corps humain. Il a pour sujet l’expérience qui nous est
commune et nous terrifie tous. (5 février, Folio)
Lu par Yohan (Biblioblog), Cathe, Bernard



Cochon d’allemand
de Knud Romer
Que signifie être allemande dans une petite ville danoise, quelques années après la fin de la Seconde Guerre mondiale ? Que ressent-on quand on se fait traiter de “cochon d’Allemand” à chaque
récréation ? Quand on est témoin de l’ostracisme permanent à l’égard de sa mère ? Pour avoir été ce “cochon d’Allemand” à Nykobing Falster où il est né en 1960, KNUD ROMER le sait. À partir de
ses souvenirs, il compose un récit déchirant sur l’enfance réduite malgré elle à se fondre dans un conformisme de survie. En évoquant sa famille, l’auteur dresse une galerie de portraits
pathétiques et nous fait remonter dans le temps : le roman autobiographique se transforme en une fresque historique, celle du Danemark et de l’Allemagne au cours du XXe siècle. Lauréat en 2006 de
nombreux prix, Cochon d’Allemand dépeint dans un style dense et enlevé une époque teintée de rancœur et de culpabilité. (12 février,
Folio)
Lu par Bernard, Elfe, Sentinelle, Lily, Thom, Papillon, Florinette, Chaperlipopette, Cathulu, Fashion, Sébastien

Les feuilles mortes – Thomas H. Cook


Propriétaire d’un magasin de photos dans une petite ville américaine, Eric Moore mène une vie tranquille avec sa femme Meredith et leur fils de 15 ans, Keith. Ce dernier joue parfois les baby-sitters pour des voisins. Ainsi un soir, il garde la jeune Amy, mais le lendemain matin, la petite fille est introuvable, et les soupçons de la police se portent aussitôt sur le fils d’Eric.

Après la stupéfaction, le doute va aussi faire son chemin chez Eric: cet adolescent solitaire et taciturne avec qui il n’arrive pas à communiquer n’est certes pas le fils dont il rêvait. Est ce que cela en fait un coupable pour autant? Puis insidieusement, comme la gangrène, le soupçon va grignoter la vie d’Eric, il se met à douter de tout et de tous, de sa femme, de lui même: Sa propre enfance lui revient en pleine figure, sous un éclairage nouveau qui lui laisse penser que toute sa vie pourrait n’être qu’une succession de mensonges… En ouvrant ce livre, je m’attendais clairement à un polar, mais ce n’est pas tout à fait le cas, on est ici plutôt dans le roman noir, très axé sur la psychologie du personnage principal. Contre toute attente, la disparition de la petite Amy n’est pas le point central du récit, mais plutôt un déclencheur: La prise de conscience d’Eric, sa souffrance, les sentiments confus qu’il éprouve envers ses proches sont le véritable moteur de ce roman. Même si cet aspect est intéressant, et le point de vue original, j’ai un peu regretté quand même le manque de consistance de l’enquête qui passe souvent au second plan, et qui réserve finalement peu de surprises.

Gallimard Série Noire, 275 pages, 22,50€

livres, critiques citations et bibliothèques en ligne sur Babelio.com