Catégorie : 4 étoiles – Recommandés

L’orgue de Quinte (L’Arcamonde 2) – Hervé Picart

Frans Bogaert a quitté Bruges et sa boutique d’antiquités (laissée aux bons soins de son assistante Lauren), pour rendre visite à son beau-père, Victor Brunel, dans la petite ville française de Provins. C’est lors d’une brocante locale qu’un objet mystérieux attire son attention: il s’agirait selon son propriétaire de l’orgue à liqueurs de Des Esseintes, décrit par Huysmans dans son roman le plus célèbre, A rebours. Mais notre antiquaire flaire bien vite l’arnaque et part à la recherche des véritables origines de cet orgue énigmatique.

Deuxième enquête de Frans Bogaert après Le dé d’Atanas, et on a déjà l’impression de retrouver un vieil ami! Petite déception pourtant en ouvrant le livre, nous voilà bien loin de l’Arcamonde (sa petite boutique brugeoise) et de son ambiance particulière qui m’avait tant séduit dans le premier tome. Mais on ne perd finalement pas au change en passant quelques jours dans la maison du beau-père de Frans, “la maison Lamartine” (surnommée ainsi parce que le poète y aurait séjourné), tenue par une vieille dame revêche, Dame Corneille. On s’installe confortablement dans un salon à la lumière tamisée avec un verre de vin de glace, pendant que la pluie frappe les carreaux,  pour entendre l’étrange histoire d’un maitre verrier poursuivant d’incroyables chimères… L‘excellente impression que m’avait laissé le premier tome est ici confirmée: encore une fois Hervé Picart déroule une enquête minutieuse, chic et intelligente, flirtant avec le conte fantastique, sans jamais céder à la facilité et à l’air du temps. J’attends évidemment avec impatience la troisième aventure de notre antiquaire, “Le-Coeur-de-Gloire“, annoncée pour le 5 novembre.


Le Castor Astral 2009, 213 pages, 13€
“Un rendez vous incontournable” pour  Clarabel!

L’histoire d’Edgar Sawtelle – David Wroblewski



Edgar est né muet aux début des années 60, dans le nord du Wisconsin. Malgré son handicap il mène une existence paisible et heureuse auprès de ses parents, Trudy et Gar, avec qui il communique grâce au langage des signes. Tous les trois consacrent l’essentiel de leur temps à l’élevage de chiens qui fait la fierté familiale depuis plusieurs générations. Mais le retour de son oncle Claude, qui entretient une relation très conflictuelle avec le père d’Edgar, va bouleverser l’équilibre familial et le destin du jeune garçon.


Sélectionné par la prêtresse de la télé américaine, Oprah Winfrey, L’histoire d’Edgar Sawtelle a été un vrai phénomène littéraire aux Etats Unis, a emballé les critiques comme les lecteurs (plus de deux millions d’exemplaires vendus), et bien évidemment Hollywood s’est jeté sur les droits… Même si je trouve cette agitation médiatique un peu excessive, et que ce premier roman souffre de quelques défauts (le personnage de Claude et sa relation avec Gar auraient mérité d’être approfondis), j’ai vraiment beaucoup aimé ce livre aux accents shakespeariens (l’histoire d’Edgar n’étant pas sans rappeler celle d’Hamlet). Hymne à la nature, aux grands espaces, à la relation privilégiée entre l’homme et l’animal,  “L’histoire d’Edgar Sawtelle” est un roman à vif, un récit initiatique qui brasse de grands thèmes romanesques, la différence, l’amour filial, la confiance et la trahison… David Wroblewski ne ménage ni ses personnages, ni ses lecteurs et offre ici une tragédie familiale bouleversante, dont certains passages m’ont vraiment chaviré. Si ce n’est pas le chef d’œuvre annoncé, voilà en tous cas un très bon moment de lecture, et ma foi c’est déjà pas mal.


Editions JC Lattès 2009, 595 pages, 22€

Un coup de coeur pour Hathaway, un bon premier roman pour Elfe, Abeille a aimé meme si elle a  trouvé l’ensemble assez inégal,  Jules a abandonné.

livres, critiques citations et bibliothèques en ligne sur Babelio.com

Le dé d’Atanas (L’Arcamonde 1) – Hervé Picart



Au cœur de Bruges, Frans Bogaert tient une petite boutique d’antiquités, “L’Arcamonde”, avec l’aide discrète de Lauren, une jeune femme mystérieuse, sosie de Lauren Bacall . Une séduisante cliente, Margaret Van Ostande,  lui demande d’expertiser un petit objet ressemblant à un dé, et ayant appartenu à Atanas, son grand-père d’origine lituanienne. Sous le charme de Margaret, Frans ne va pas ménager ses efforts pour découvrir les origines et la fonction de cette étrange objet. Mais il va vite se rendre compte que Margaret ne lui a pas tout dit…


Voilà donc le premier tome d’une série-fleuve, puisque 12 volumes sont d’ors et déjà annoncés (deux dont déjà sortis, le troisième sera disponible en novembre). Dans cette première enquête, Frans Bogaert  plonge dans les méandres de la mythologie lituanienne, mais rien de poussiéreux dans tout ça, notre antiquaire  dispose d’une arrière boutique équipée des technologies les plus modernes pour l’aider dans ses investigations! L’enquête est plaisante, louchant souvent vers le fantastique, mais c’est l’atmosphère qui m’a séduite avant tout: “L’Arcamonde” possède un charme irrésistible, un rien désuet, c’est une petite bulle hors du temps, perdue dans le brouillard de Bruges, et peuplée de personnages mystérieux: Même Frans ne sait rien de son assistante énigmatique,  qui semble tout droit sorti d’un film hollywoodien. Et si Frans lui même semble d’abord un homme très simple, on découvre au détour d’une conversation qu’il a  lui aussi ses secrets… Voilà de quoi titiller la curiosité du lecteur et lui donner très envie de lire la suite de la série. Le tout est servi par une écriture très élégante, et quand j’ai tourné la dernière page, j’étais vraiment conquise, et impatiente de me plonger dans le deuxième tome!


Le Castor Astral 2008, 209 pages, 12€

Lu aussi par Clarabel
Le blog officiel de la série: http://arcamonde.hautetfort.com/

L’amour comme par hasard – Eva Rice

l'amour comme par hasard

Depuis la mort de son père à la guerre, la jeune Pénélope vit avec sa mère et son frère Inigo à Magna, la grande demeure familiale qu’ils ne peuvent plus entretenir faute de moyens. Au hasard d’une rencontre dans une rue londonienne, Pénélope se lie d’amitié avec Charlotte, une jeune fille fantasque avec qui elle partage notamment une passion pour le chanteur Johnny Ray.  Charlotte présente aussi à Pénélope sa tante Clare, qu’elle aide à écrire ses mémoires, et son cousin Harry, qui rêve de devenir magicien et de reconquérir Marina, une riche américaine.

“L’amour comme par hasard” (quel dommage d’avoir ainsi modifié le titre original, “The lost art of keeping secrets” qui a tellement plus de sens et de saveur!) est un roman so british: On y croise des jeunes filles de bonne famille mais désargentées, des tantes excentriques et de séduisants cousins, on s’empiffre de scones au gingembre pendant l’incontournable tea time, et on y fait des “dîners de canard” dans des maisons qui tombent en ruine. Nous sommes en 1954, c’est la fin  du rationnement, les anglais réalisent que la guerre est bel et bien finie. Ivres de liberté et d’insouciance, Pénélope et ses nouveaux amis enchaînent les soirées mondaines, se gavent d’art et de musique: Jazz ou rock’n roll, telle est la question, alors qu’Elvis Presley débute tout juste sa carrière de l’autre côté de l’Atlantique et que les Teddy Boys envahissent les rues de Londres… On se laisse facilement charmer par ce portrait d’une génération, qui aborde aussi des thèmes plus profonds, comme le deuil, l’attachement aux êtres et aux choses, le passage à l’âge adulte. “L’amour comme par hasard” est un roman charmant et virevoltant, sans doute pas inoubliable, mais avec lequel on passe vraiment un moment délicieux!


Le livre de poche, 537 pages, 6,95€, traduction de Martine Leroy-Battistelli (Titre original: The lost art of keeping secrets)
Vous pouvez retrouver les avis d’une quinzaine de blogueurs dans le dossier spécial du livre de poche.

La vie devant ses yeux – Laura Kasischke



Un lycéen armé fait irruption dans les toilettes de son établissement, met en joue les deux jeunes filles qui s’y trouvent et leur demandent de choisir celle qu’il va tuer. Changement de décor: Mariée à un professeur d’université, Diana mène une petite vie tranquille dans une banlieue américaine. Elle élève sa petite fille, donne quelques cours, et a le temps de se consacrer à sa passion, la peinture. Mais le drame de son adolescence la rattrape…

Après une première scène choc (celle de la tuerie), il faut avouer qu’on s’ennuie un peu: la description de la vie plan-plan de Diana alterne avec ses souvenirs de lycéenne, les moments passés avec son amie Maureen. Mais soudain l’existence bien réglée de Diana se met insidieusement à dérailler et l’angoisse monte… Devient elle folle? Quelqu’un veut il lui rappeler un épisode sombre de son passé?  “La vie devant ses yeux” est un roman troublant et déroutant, et pour l’apprécier il faut accepter de ne jamais maîtriser  complètement le récit: Les allers-retours dans le temps, les ellipses, l’ambiguïté du personnage, une fin brumeuse, l’auteur ne nous donne pas toutes les clés et entretient la confusion chez le lecteur. J’aime décidément beaucoup l’univers de Laura Kasischke, sa façon de faire exploser les apparences de la middle-class américaine, à mi-chemin entre l’étude de moeurs, le thriller et le fantastique. J’ai déjà deux autres romans de Laura Kasischke dans ma PAL  (A moi pour toujours, et son petit dernier, La couronne verte) alors vous n’avez pas fini d’entendre parler de cet auteur sur ce blog!

Points 2003, 7€, traduction d’Ann Wicke. Lu par Laurence, Joëlle, Céline, et vous trouverez aussi l’avis de Clarabel
sur
Amazon.
Ce roman a récemment été adapté au cinéma, avec Uma Thurman & Evan Rachel Wood.
Voir la bande annonce.


*****


A lire aussi: Rêves de garçons de Laura Kasischke.

Trois pom-poms girls insousciantes et arrogantes, en camp de vacances, partent pour une virée en décapotable. Leur rencontre avec deux garçons du cru bouleversera leurs vies à jamais. Un roman inattendu et féroce sur la cruauté du destin, cauchemars garantis!