Catégorie : 4 étoiles – Recommandés

Prodigieuses créatures – Tracy Chevalier

En 1810, Elizabeth, Margaret et Louise Philpot, toutes les trois « vieilles filles », sont contraintes de quitter Londres et la demeure familiale après le mariage de leur frère. Elles s’installent à Lyme Regis, une petite ville de la côte anglaise. Passionnée par les poissons fossiles, Elizabeth y fait la connaissance de la jeune Mary Anning, une chasseuse de fossiles particulièrement douée. Après la découverte d’un spécimen inconnu, leur passion commune va prendre une nouvelle dimension…

En ouvrant ce livre, j’ignorais l’existence même de Mary Anning, collectionneuse de fossiles et paléontologiste anglaise et d’Elizabeth Philpot, et c’est au cours de ma lecture que j’ai découvert que si Prodigieuses créatures   reste un  roman, il s’inspire de faits  bien réels.

J’avais en fait un peu peur que le sujet des fossiles soit rébarbatif, mais ce n’est pas du tout le cas, Tracy Chevalier sait doser  son sujet, et le traite avec assez de légèreté pour que le non-initié ne soit pas rebuté.  Je me suis même surprise à être vraiment intéressée par certains points, par exemple l’émoi que pouvait  provoquer à l’époque la découverte de fossiles dans la sphère religieuse, l’idée de l’extinction de certaines espèces remettant en cause la toute-puissance de Dieu. Et si la chasse aux fossiles est au cœur de ce roman,  la condition féminine au début du XIXe siècle est aussi un axe essentiel de ce récit: les femmes étaient encore considérées à l’époque comme des êtres inférieurs, incapables d’une réflexion approfondie, ne pouvant trouver leur salut qu’au sein du mariage. « Prodigieuses créatures » est l’histoire d’une belle amitié entre deux femmes d’âge et de conditions différentes qui unies par une passion commune, braveront ainsi les préjugés et les interdits de leur époque. Avec beaucoup de finesse dans l’écriture,  avec une grande tendresse pour ses personnages, avec cette infinie délicatesse que j’avais déjà tant aimée dans La jeune fille à la perle, Tracy Chevalier nous offre encore ici un très beau roman.

Editions de la Table ronde 2010, 377 pages, 23€  (Traduction d’Anouk Neuhoff). Titre original Remarkable Creatures.

Lu dans le cadre d’un partenariat avec les éditions de la Table Ronde, merci!

Voir aussi les avis de Leiloona et Canel.

En 1810, Elizabeth, Margaret et Louise Philpot, toutes les trois « vieilles filles », sont contraintes de quitter Londres et la demeure familiale après le mariage de leur frère. Elles s’installent à Lyme Regis, une petite ville de la côte anglaise. Passionnée par les poissons fossiles, Elizabeth y fait la connaissance de la jeune Mary Anning, une chasseuse de fossiles particulièrement douée. Après la découverte d’un spécimen inconnu, leur passion commune va prendre une nouvelle dimension…

En ouvrant ce livre, j’ignorais l’existence de Mary Anning, collectionneuse de fossiles et paléontologiste anglaise et d’Elizabeth Philpot, et c’est au cours de ma lecture que j’ai découvert que si « Prodigieuses créatures » reste un roman, il s’inspire de faits bien réels. J’avais en fait un peu peur que le sujet des fossiles soit rébarbatif, mais ce n’est pas du tout le cas, Tracy Chevalier sait doser ce sujet, et le traite avec assez de légèreté pour que le non-initié ne soit pas rebuté. Je me suis même surprise à être très intéressée par certains aspects, par exemple l’émoi que pouvait provoquer à l’époque la découverte de fossiles dans la sphère religieuse, l’idée de l’extinction de certaines espèces remettant en cause l’infaillibilité de Dieu. Et si la chasse aux fossiles est au cœur de ce roman, c’est aussi un prétexte pour aborder le thème de la condition féminine au début du XIXe siècle, les femmes étant encore considérées à l’époque comme des êtres inférieurs, incapables d’une réflexion approfondie, et ne trouvant leur salut qu’au sein du mariage. Mais au delà de tout cela, « Prodigieuses créatures » est avant tout l’histoire d’une belle amitié entre deux femmes d’âge et de conditions différentes, une relation complexe faite de rivalité et d’émulation. Unies par une passion commune, elles braveront les préjugés et les interdits de leur époque. Avec beaucoup de finesse dans le traitement des personnages et dans l’écriture, avec cette infinie délicatesse que j’avais déjà tant aimée dans « la jeune fille à la perle », Tracy Chevalier nous offre encore ici un très beau roman.

Robe de mari

Note/4 etoiles

robe de marieSophie est une jeune et jolie parisienne qui a tout pour être heureuse. Mais petit à petit elle devient folle. D’abord de petits  trous de mémoire sans conséquences, mais  qui deviennent de plus en plus fréquents et graves. Sa vie lui échappe de manière insidieuse, et elle finit par accomplir des gestes irréparables dont elle ne garde aucun souvenir. Elle perd son boulot, sa famille est décimée, ses amis s’éloignent, et Sophie se retrouve seule. Alors qu’elle croit avoir enfin retrouvé un semblant d’équilibre en devenant la nounou sans histoires d’un petit garçon, elle commet à nouveau un meurtre effroyable et entame une cavale sans fin.

En commençant ce roman, je n’imaginais pas dans quel piège diabolique j’allais tomber! La première partie est assez déstabilisante, on plonge avec Sophie dans la spirale infernale de la folie. Mais quand bien même elle sème sur son passage plus d’un cadavre, on se prend à éprouver de la pitié, voire même de la compassion pour cette jeune femme perdue, impuissante à lutter contre elle-même. Et puis soudain un retournement de situation inattendu (dont je ne vous dirais rien bien sûr) bouleverse toutes nos certitudes et change radicalement la perspective du roman, vous laissant le souffle coupé. A ce stade le lecteur est ferré, et bien ferré, impossible alors de lâcher ce redoutable thriller. J’ai passé un excellent moment avec ce livre même s’il faut bien avouer que  tout ça n’est pas toujours très crédible, certains éléments sont vraiment peu vraisemblables. Autre bémol, la fin m’a un peu déçue, je m’attendais à quelque chose de différent, de plus spectaculaire peut-être. Mais Pierre Lemaître sait en tous cas merveilleusement jouer avec nos nerfs, et “Robe de marié” est un très bon page-turner!

Le livre de poche 2009, 314 pages, 6,50€. Ce livre m’a été offert par l’éditeur.
Lu aussi par Cuné, Stephie, Kathel, Canel

16 lunes – Kami Garcia & Margaret Stohl

16 lunes - couv

Note/4 etoiles

La famille d’Ethan Wate a toujours vécu à Gatlin, une petite ville du Sud des Etats-Unis où tout le monde se connaît. Depuis la mort accidentelle de sa mère, Ethan vit avec son père dépressif qui dort le jour et écrit son grand roman la nuit, et Amma, devenu sa mère de substitution, cartomancienne à ses heures et pourvoyeuse de gris-gris en tous genres. Mais la rentrée scolaire au lycée Jackson ne va pas se dérouler tout à fait  comme d’habitude avec l’arrivée d’une nouvelle, Lena Duchannes. Les  autres élèves vont vite se liguer contre la jeune fille quand ils découvrent qu’elle n’est autre que la nièce de ce Vieux Fou de Ravenwood, qui n’est pas sorti de son manoir depuis des années. Tous la rejettent, sauf Ethan, qui a reconnu en Lena la fille qui hante ses rêves depuis des mois, et qui tombe sous le charme de cette fille mystérieuse qui conduit un corbillard, porte un collier de breloques, et a une tache de naissance en forme de demi-lune sur la pommette. Il va découvrir que non seulement Lena n’est effectivement pas une fille comme les autres, mais aussi que sa propre famille et la ville toute entière cachent bien des secrets.

J’aime beaucoup les romans qui se déroulent dans le Sud des Etats-Unis et les auteurs ont vraiment su  ici tirer parti de ce décor, puisant dans l’histoire tourmentée et les croyances de cette région pour nourrir leur récit (Il y est beaucoup question par exemple de la guerre de Sécession ). L’atmosphère est le véritable point fort de ce roman, on savoure le climat inquiétant et oppressant qui règne dans cette petite bourgade où chacun épie sans cesse ses voisins, et où des forces invisibles et ténébreuses semblent à l’œuvre derrière chaque porte. Comme dans d’autres séries du même type, la dimension fantastique permet d’aborder de façon détournée les émois classiques de l’adolescence: les premiers sentiments amoureux, la difficulté à construire son identité, à choisir sa voie, et à assumer sa différence. Le jeune couple malheureusement m’a paru un peu fade, même si les deux auteurs ont tout misé sur un romantisme exacerbé, leur relation ne m’a pas réellement convaincue. En revanche j’ai beaucoup aimé les personnages secondaires, qui semblent tous cacher quelque chose et se dévoilent petit à petit: La généreuse Amma, le terrifiant Macon Ravenwood (l’oncle de Lena) et Marian, l’énigmatique bibliothécaire sont vraiment des personnages intéressants,  même si ma préférence va aux trois vieilles tantes farfelues d’Ethan, Grace, Prudence et  Charity. 16 lunes est encore une série qui marche dans les pas de Twilight, mais qui ma foi s’en sort plutôt honorablement,  je lirais sans aucun doute le deuxième tome!

Hachette (collection Black Moon) 2010, 634 pages, 18€
Livre lu dans le cadre d’un partenariat entre le forum Livraddict et les éditions Hachette, merci! Et deuxième lecture pour The Dark Side Challenge.

Lu aussi par Clarabel, Mallou, Heclea, Feetish, Melisende, Mamzelle Lily

Rebelles & Rumeurs – Anna Godbersen

rebelles

Note/4 etoiles

En ce jour d’automne 1899, toute la bonne société new-yorkaise est réunie pour les funérailles de la jeune Elizabeth Holland, issue d’une des plus grandes familles de la ville. Retour sur les jours qui ont précédé ce triste évènement: Le père de Henry Schoomaker ambitionne de se présenter aux élections pour devenir maire de New York, et pousse son fils unique à se fiancer à Elizabeth afin d’améliorer son image. Pour aider  sa famille qui connaît de sérieux problèmes financiers, Elizabeth accepte la demande d’Henry même si  elle est amoureuse  de Will, le cocher de la famille. Henry, lui fréquente en secret Pénélope Hayes, la meilleure amie d’Elizabeth, bouleversée par l’annonce de ces fiançailles et bien décidée à empêcher ce mariage. Et tout se complique encore un peu quand Henry tombe sous le charme de Diana, la jeune sœur d’Elizabeth.

Froufrous, élans passionnés, regards énamourés, amours contrariés, rendez-vous secrets,  coups de foudre, trahisons, Rumeursscandales étouffés et coups bas, les deux premiers tomes de cette série romanesque ont fait vibrer mon cœur de midinette!  Nous sommes en 1899, le 20ème siècle toque à la porte, le monde va bientôt changer, et nos jeunes new-yorkais aspirent à une liberté amoureuse entravée par les codes sociaux, la bienséance et les mauvaises langues. Ils vont tous devoir faire preuve d’une grande virtuosité pour  contourner ces obstacles et aller au bout de leurs désirs. Je pourrais chipoter un peu, les personnages sont  stéréotypés, certains évènements assez prévisibles, l’histoire parfois répétitive, mais qu’importe finalement, puisque le plaisir est là! J’ai beaucoup aimé ces relations croisées, cet embrouillamini de sentiments, et  la fébrilité, la tension qui règnent tout au long de ces deux volumes. Et j’ai été sensible aussi aux  petits liens entre les chapitres composés d’extraits des rubriques mondaines ou de guides de savoir-vivre à destination des jeunes filles… C’est léger et très sentimental, parfois un peu sirupeux mais vraiment charmant!

Rebelles: Albin Michel Jeunesse 2008, 452 pages, 17€/Rumeurs: Albin Michel Jeunesse 2009, 460 pages, 17€.  Traduction d’Alice Seelow.

Lu par Shopgirl, Abeille , Clarabel (ici pour le tome 2), Edelwe (ici pour le tome 2), Diddy, Croqueuse2livres, Audrey, Theoma.

Le 3ème tome, Tricheuses, sort en mars!

Tricheuses

Créature de la nuit – Kate Thompson

creature de la nuit

Note/4 etoiles

“Je lui ai bien dit, à ma mère, que je ne voulais pas rester là-bas. Je lui ai dit quand elle m’a annoncé le truc, et je lui ai répété quand elle a essayé de m’acheter avec la nouvelle Xbox. Et puis pendant tout le trajet en car. Dès qu’elle ouvrait la bouche, je disais: “Je reste pas là bas. Tu peux pas me forcer.”

La mère de Rob quitte précipitamment Dublin avec ses deux fils pour s’installer dans un petit coin de campagne, près d’Ennis. Elle espère ainsi échapper à ses problèmes financiers, et protéger Rob de ses mauvaises fréquentations. Ils s’installent dans une petite bicoque en mauvais état, entourée de mystères: une petite fille y aurait été assassinée bien des années auparavant, et le locataire précédent a disparu du jour au lendemain.  Sans parler de ce bol de lait qu’il faudrait laisser tous les soirs à l’intention d’une petite fée… Mais Rob est bien décidé à trouver un moyen pour rejoindre Dublin et sa bande de copains.

Le titre, le résumé, la couverture sont un peu trompeurs, car donnent à penser qu’il s’agit d’un roman fantastique, mais ce n’est pas vraiment le cas même si quelques éléments sont laissés à votre libre interprétation (assez en tous cas pour instaurer une légère angoisse!).  J’ai été surprise donc, mais pas du tout déçue. “Créature de la nuit” raconte l’histoire d’une petite frappe irlandaise, qui à 14 ans a déjà tout vécu ou presque, la drogue, l’alcool, la petite délinquance…  Sans jamais tomber dans le misérabilisme ou la facilité, Kate Thompson raconte la rédemption de Rob qui en quittant son milieu d’origine va découvrir un autre monde, et d’autres valeurs. Mais c’est surtout le personnage de la mère qui m’a touchée, elle entretient une relation très difficile  avec son fils ainé, et on la découvre à travers les yeux de Rob. Impitoyable, ce dernier dresse un portrait peu glorieux de cette mère instable et immature,  paumée, incapable de s’occuper correctement de ses fils, de sa maison ou d’elle même.  Comme une petite fille elle a peur du noir, et se réfugie dans les cris ou les larmes au moindre problème. Mais dans un dernier sursaut d’orgueil ou d’amour elle s’imagine naïvement qu’elle peut effacer l’ardoise, et d’un geste  recommencer une autre vie.  “Créature de la nuit” est vraiment un très bon roman, inclassable mais intense, à mettre entre toutes les mains, ados ou adultes, chacun y trouvera son compte.  Mais il vous faudra malheureusement patienter un peu pour le découvrir puisqu’il ne sera disponible en librairies que le 17 mars prochain.

Editions Baam! 2010, 287 pages, 15€. Titre original: Creature of the night traduction de Marie de Prémonville).
Livre lu dans le cadre d’un partenariat entre le forum Livraddict et les éditions Baam!, merci!

Lu aussi par Flof13, Belledenuit, Taliesin, Le mammouth, Myarosa, Laure, Anne sophie.