Catégorie : 4 étoiles – Recommandés

[Album] Arrete de lire! – Claire Gratias et Sylvie Serprix

Horatio est un jeune rat qui passe tout son temps le museau plongé sans les livres, au grand désespoir de ses parents. Selon eux la lecture ça rend myope, ça rend sourd, bref ça n’apporte rien de bon. Plus tard Horatio se verrait pourtant bien rat de bibliothèque… C’est toujours mieux que rat de laboratoire ou rat d’égout, non? Sa mère, elle, aurait rêvé d’avoir une fille petit rat de l’opéra.  Et puis un jour, c’est le drame:

C’est à cette période que se produisit un évènement terrible: à la fin du trimestre, la maîtresse écrivit sur le carnet d’Horatio que c’était un élève sage, mais beaucoup trop rêveur.
En lisant ces mots, le père d’Horatio se mit dans une colère noire.
Maintenant, ça suffit! déclara t-il
Il entra comme une furie dans la chambre de son fils et lui confisqua tous ses livres.
Avec de grands gestes énervés, il les jeta en vrac dans une malle qu’il ferma avec un gros cadenas avant de la descendre à la cave.
Mais Papa… protesta Horatio, en vain.
Pas de “mais” répliqua son père. Il est temps pour toi de redescendre sur terre, mon garçon!
Maman… tenta Horatio, paniqué.
Ton père a raison. Tu n’as plus l’âge de ces bêtises, dit sa mère.
Et pour couper court à toute discussion, ils allumèrent la télévision.

Mais Horatio va trouver une idée astucieuse pour pouvoir lire à nouveau, et va convaincre ses parents que l’avenir appartient à ceux qui aiment lire.

“Arrête de lire!” est d’abord un hymne à la lecture, alors forcément tous les amoureux des livres tomberont dedans à pieds joints et se délecteront du sujet de cet album!  Il y est aussi question mine de rien du pouvoir de la télévision, qu’Horacio parviendra à détourner à ses fins. Il réussira par ce biais à rétablir la communication avec ses parents, et peut-être (ha, je ne vous en dis pas plus!) à leur transmettre le goût de lire. J’aime bien l’idée que ce soit un enfant qui soit ainsi amené à défendre sa liberté de lire…  Le texte est séduisant et drôle, et les illustrations chaleureuses de Sylvie Serprix  ne sont pas pour rien dans le charme de cet album (Et pourtant d’habitude je ne suis pas une grande fan des rongeurs).

Arrête de lire! (clic) de Claire Gratias et Sylvie Serprix, 40 pages, mars 2012, Belin Jeunesse (A partir de 5 ans)
Challenge Petit Bac, catégorie Sport/Loisir

[Roman] Le temps n’efface rien – Stephen Orr

La vie est douce et paisible dans la petite ville australienne de Croydon, où vit Henry, même si les disputes entre ses parents et les coups d’éclat de sa mère dépressive deviennent de plus en plus fréquents. Objet de moqueries  à cause de son pied bot, Henry est un garçon solitaire qui se réfugie souvent dans la lecture, et sa voisine, Janice, ainsi que son frère Gavin et sa soeur Anna, sont ses seuls amis. Le jour de la fête nationale, Henry refuse de les accompagner à la plage. Janice, Gavin et Anna ne reviendront jamais de leur expédition.

Ce roman est inspiré d’un fait-divers qui a bouleversé l’Australie des années 60, la disparition des enfants Beaumont,  et qui n’a jamais été élucidé. Et c’est peut être pour éviter le piège du voyeurisme que Stephen Orr a choisi de peindre d’abord en détails la petite ville australienne où a eu lieu le drame.

La première moitié du roman est donc amplement consacrée à décrire une société métissée où se mêlent natifs du pays et immigrés européens, les petites histoires de chacun, les anecdotes de voisinage, l’entraide et les conflits du quotidien, les jeux des enfants. Une vie presque banale que viendra bouleverser à tout jamais la disparition des enfants Riley. Cette mise en place souffre de quelques longueurs (sans doute parce que le lecteur connaît déjà l’issue du livre) et est alourdie par certaines histoires secondaires. Mais elle permet de mieux découvrir le personnage attendrissant de Henry, handicapé par son pied bot et devant subir au quotidien les humeurs changeantes d’une mère lunatique. Le portrait qu’il dresse de son père, policier et héros ordinaire, est très touchant.

L’évènement majeur, la disparition des enfants Riley, n’intervient finalement qu’au milieu du roman. Commence alors l’enquête, les fausses pistes et les questions sans réponses, l’attente et le chagrin. Au bout du chemin, le monde ne sera plus jamais le même et bien au delà du fait divers, ce roman raconte la fin d’une époque, celle où l’on laissait les enfants vagabonder à leur guise et où les portes des maisons restaient toujours ouvertes.  Le feu rouge qui viendra remplacer le dévoué Gino et sa guérite à côté de la voie de chemin de fer à la fin du livre est lui aussi tout un symbole de cette époque qui s’achève… Le temps n’efface rien est un récit bouleversant et empreint d’une enivrante nostalgie, un roman que l’on referme à regret, le cœur serré et les larmes aux yeux.

Editions Presses de la cité, 586 pages/

Lu dans le cadre de l’opération Rentrée Littéraire du site Entrée Livre.
3ème chronique pour le challenge 1% Rentrée Littéraire

[Roman YA] Divergent – Veronica Roth

A 16 ans Béatrice et son frère Caleb doivent désormais choisir la faction à laquelle ils appartiendront pour le reste de leur vie. Rejoindront-ils les  Sincères, les  Audacieux, les  Altruistes, les Fraternels ou les Erudits?  Elevée chez les Altruistes, qui sont entièrement dévoués aux autres, Béatrice ne peut pourtant s’empêcher d’admirer les Audacieux, chargés de protéger la société. Mais le test d’aptitudes qui doit l’aider à faire son choix indique qu’elle est “divergente”, et qu’elle pourrait appartenir à 3 factions différentes. Une information qu’elle doit absolument cacher car cela la met en danger.

Ce premier tome se concentre surtout sur la formation de “Tris” au sein de la tribu qu’elle a finalement choisie, ainsi que sur les tensions qui montent entre les différentes factions, et qui menacent l’équilibre de la société.  Ce volume est bouillonnant et accrocheur, et une fois lancée dans ma lecture, j’ai eu du mal à poser permanent penis enlargement mon livre. Il y a quelques bonnes trouvailles en ce qui concerne l’organisation de cette société post-apocalyptique, des choix osés qui rythment le récit et en relancent régulièrement l’intérêt (pas mal de personnages secondaires disparaissent en cours de route dans des circonstances assez violentes). Alors évidemment avec l’avalanche de dystopie dans les librairies ces derniers mois, certains points – la personnalité de l’héroïne ou l’inévitable histoire d’amour – apparaissent un peu prévisibles et caricaturaux. Mais l’auteur a posé assez de jalons et ouvert assez de pistes pour me donner vraiment envie de lire le prochain tome. J’aimerais surtout savoir ce qu’il y a au-delà de la clôture gardé par les audacieux… Le tome 2 paraîtra en novembre.

Divergent de Veronica Roth, 436 pages, éditions Nathan (collection Blast)/

Lu aussi par Theoma, Hérisson, Mya, Karine, Clarabel
Un livre gagné chez Jess, merci!

[Album] Isidore Tiperanole et les trois lapins de Montceau-les-Mines – Pierre Thiry

Il y a fort, fort longtemps, alors que les êtres humains n’existaient pas encore, trois lapins de Montceau-les-Mines tombèrent amoureux d’une princesse hermine, Ermelinde. Il s’agissait de 3 frères, Arthur le gendarme,  Théobald le marchand de glaces, et Justin le poète.  Mais avant de séduire Ermelinde, encore faut il pouvoir accéder à son palais, gardé par un concierge redoutable, Isidore Tiperanole. L’un des trois frères parviendra t-il à entrer dans le palais pour conquérir le cœur de la belle hermine ?

Ce livre au titre intrigant m’a été envoyé (gentiment dédicacé) par l’auteur. C’est une très jolie histoire, qui reprend les codes des contes traditionnels et des grands mythes, avec l’épreuve que doivent affronter les trois frères avant de pouvoir conquérir le cœur de la princesse.  Isidore Tiperanole et les trois lapins de Montceau-les-Mines est un Pokies petit livre vraiment charmant, poétique et plein d’imagination, vif et très rythmé. J’ai particulièrement aimé le personnage d’Isidore, mi-crocodile, mi-gorille, qui n’a qu’une obsession, tuer le temps, et qui tente de l’attraper en lui tirant dessus avec son vieux fusil. J’ai aussi apprécié que bien qu’étant destiné aux enfants, l’histoire soit assez ambitieuse, notamment au niveau du vocabulaire (un livre qui s’adresse donc plutôt aux bons lecteurs).

Seul regret j’aurais aimé que les  illustrations signés de la blogueuse Myriam Saci soient plus nombreuses et mieux mises en valeur (l’auto-édition trouve sans doute là ses limites). Globalement l’aspect visuel du livre  me semble un peu sobre pour le public auquel il est destiné. Avis aux éditeurs, voilà donc un chouette album qui mériterait un plus joli écrin…

Editions Books on Demand, 66 pages/

[Roman Jeunesse] Ing

Dans le Chicago des années 20, Gloria s’apprête à se fiancer au séduisant et froid Sebastian, fervent partisan de la prohibition. Sa cousine Clara, une petite campagnarde avec laquelle elle ne s’entend pas, est venue aider aux préparatifs du mariage. Mais avant de dire adieu à sa vie de lycéenne riche et insouciante, Gloria  compte bien en profiter pour s’encanailler un peu, jouer les garçonnes libérées, s’étourdir d’alcool et de musique dans les bars clandestins avec ses amis Marcus et Lorraine. Lorraine,  jalouse des nombreux atouts de Gloria, et amoureuse de Marcus, qui la regarde à peine. C’est au Green Mill que Gloria rencontre Jérôme, un pianiste de jazz talentueux. Mais entre une fille blanche promise à un beau mariage et un jeune homme noir, toute relation est impossible.

Ingénue est le premier tome d’une nouvelle série,  Cabaret. On suit tour à tour les trois jeunes filles, Gloria, Lorraine, et Clara.  Gloria, petite fille gâtée, va découvrir les bas-fonds un peu glauques de Chicago, mais aussi le côté sombre de la haute société, dans laquelle l’argent et la réputation prévalent sur tout. Elle perdra certaines de ses illusions mais trouvera  l’amour, le vrai, celui qui n’a pas de raison ni de couleur. Lorraine est quant à elle le giada delaurentis little pokies vilain petit canard de l’histoire, scandaleuse, outrageuse, prête à tout pour qu’on la remarque, mais finalement bien seule et triste.  Clara est le personnage que j’ai préféré, la plus mature des trois, elle cache une double identité et un lourd secret :  Si pour la galerie elle joue les petites ploucs de Pennsylvanie, elle a en fait vécu une vie trépidante de garçonne à New York, qui s’est terminé par un drame, dont le lecteur ne connaîtra les détails que dans les toutes dernières pages.

Sur le fond ce premier tome brasse des thèmes assez classiques, amour, amitié, trahison, une sorte de Gossip Girl transposé dans les années 20.  J’ai surtout apprécié l’atmosphère : la prohibition, les établissements clandestins tenus par des gangsters, les garçonnes, l’émergence du jazz, la place (ou plutôt la non-place) des gens de couleur dans la société américaine, l’impossibilité pour un jeune homme noir et une jeune fille blanche de s’aimer. C’est un bon divertissement avec lequel j’ai passé un moment agréable, assez en tous cas pour avoir envie de lire le tome suivant, d’autant que l’histoire  s’accélère lors des dernières pages  avec un rebondissement inattendu qui annonce des changements intéressants pour nos jeunes héroïnes.

Bayard Jeunesse 2012, 450 pages /