Catégorie : 4 étoiles – Recommandés

[Roman YA] Vengeance (Cabaret, tome 2) – Jillian Larkin

Attention si vous n’avez pas lu le 1er tome de la série, cet article peut vous révéler des éléments importants de l’intrigue.

Après avoir fui Chicago pour échapper à la mafia, Gloria s’est installé à New-York avec Jérôme. Mais ici non plus il n’est pas bien vu qu’une jeune femme blanche s’affiche avec un jeune homme noir, et ils doivent toujours cacher leur relation. Le couple vit en plus dans des conditions précaires, ils  manquent d’argent et ont des difficultés à trouver un emploi. Inquiète pour son frère, Vera débarque dans la Grosse Pomme pour tenter de le retrouver.  Lorraine et Clara sont elles aussi à New-York : Lorraine gère un bar clandestin en attendant d’entrer à l’université, et espère trouver un moyen de se venger de son ancienne meilleure amie Gloria. Clara, elle, a suivi Marcus, mais arrivera t-elle à résister à ses anciens démons et aux folles nuits new-yorkaises?

Il y a quelques mois j’avais lu (et aimé) : la prohibition, les speakeasy, ces bars clandestins tenus par la mafia, les garçonnes et la mode des années 20, la musique et le jazz sont encore très présents. Les personnages féminins en revanche ont bien changé. Elles ont quitté le lycée et le cocon familial pour se confronter à la vie, et c’est pour Gloria que la chute est la plus dure, puisqu’elle a quitté son milieu très confortable de Chicago  pour la misère de NY. Après les premiers tourments de l’amour, viennent aussi les premières difficultés de la vie de couple pour Gloria et Clara. Tous les personnages gagnent en fragilité, ils sont moins sûrs d’eux et du coup deviennent plus sympathiques, notamment Gloria qui manquait un peu de consistance dans le volume précédent.  Même l’insupportable Lorraine a parfois su me toucher… on sent tant de solitude sous sa rancœur ! Et Vera, la sœur de Jérôme, qui dans le 1er tome n’avait qu’un rôle secondaire, a ici une place bien plus importante. La fin est ouverte sur un 3ème volume, dont je ne connais pas encore la date de sortie mais que je lirais avec plaisir bien sûr.

Cabaret, Tome 2 : Vengeance (clic) de Jillian Larkin, Bayard Jeunesse, 455 pages/

[Album] Arrete de lire! – Claire Gratias et Sylvie Serprix

Horatio est un jeune rat qui passe tout son temps le museau plongé sans les livres, au grand désespoir de ses parents. Selon eux la lecture ça rend myope, ça rend sourd, bref ça n’apporte rien de bon. Plus tard Horatio se verrait pourtant bien rat de bibliothèque… C’est toujours mieux que rat de laboratoire ou rat d’égout, non? Sa mère, elle, aurait rêvé d’avoir une fille petit rat de l’opéra.  Et puis un jour, c’est le drame:

C’est à cette période que se produisit un évènement terrible: à la fin du trimestre, la maîtresse écrivit sur le carnet d’Horatio que c’était un élève sage, mais beaucoup trop rêveur.
En lisant ces mots, le père d’Horatio se mit dans une colère noire.
Maintenant, ça suffit! déclara t-il
Il entra comme une furie dans la chambre de son fils et lui confisqua tous ses livres.
Avec de grands gestes énervés, il les jeta en vrac dans une malle qu’il ferma avec un gros cadenas avant de la descendre à la cave.
Mais Papa… protesta Horatio, en vain.
Pas de “mais” répliqua son père. Il est temps pour toi de redescendre sur terre, mon garçon!
Maman… tenta Horatio, paniqué.
Ton père a raison. Tu n’as plus l’âge de ces bêtises, dit sa mère.
Et pour couper court à toute discussion, ils allumèrent la télévision.

Mais Horatio va trouver une idée astucieuse pour pouvoir lire à nouveau, et va convaincre ses parents que l’avenir appartient à ceux qui aiment lire.

“Arrête de lire!” est d’abord un hymne à la lecture, alors forcément tous les amoureux des livres tomberont dedans à pieds joints et se délecteront du sujet de cet album!  Il y est aussi question mine de rien du pouvoir de la télévision, qu’Horacio parviendra à détourner à ses fins. Il réussira par ce biais à rétablir la communication avec ses parents, et peut-être (ha, je ne vous en dis pas plus!) à leur transmettre le goût de lire. J’aime bien l’idée que ce soit un enfant qui soit ainsi amené à défendre sa liberté de lire…  Le texte est séduisant et drôle, et les illustrations chaleureuses de Sylvie Serprix  ne sont pas pour rien dans le charme de cet album (Et pourtant d’habitude je ne suis pas une grande fan des rongeurs).

Arrête de lire! (clic) de Claire Gratias et Sylvie Serprix, 40 pages, mars 2012, Belin Jeunesse (A partir de 5 ans)
Challenge Petit Bac, catégorie Sport/Loisir

[Roman] Le temps n’efface rien – Stephen Orr

La vie est douce et paisible dans la petite ville australienne de Croydon, où vit Henry, même si les disputes entre ses parents et les coups d’éclat de sa mère dépressive deviennent de plus en plus fréquents. Objet de moqueries  à cause de son pied bot, Henry est un garçon solitaire qui se réfugie souvent dans la lecture, et sa voisine, Janice, ainsi que son frère Gavin et sa soeur Anna, sont ses seuls amis. Le jour de la fête nationale, Henry refuse de les accompagner à la plage. Janice, Gavin et Anna ne reviendront jamais de leur expédition.

Ce roman est inspiré d’un fait-divers qui a bouleversé l’Australie des années 60, la disparition des enfants Beaumont,  et qui n’a jamais été élucidé. Et c’est peut être pour éviter le piège du voyeurisme que Stephen Orr a choisi de peindre d’abord en détails la petite ville australienne où a eu lieu le drame.

La première moitié du roman est donc amplement consacrée à décrire une société métissée où se mêlent natifs du pays et immigrés européens, les petites histoires de chacun, les anecdotes de voisinage, l’entraide et les conflits du quotidien, les jeux des enfants. Une vie presque banale que viendra bouleverser à tout jamais la disparition des enfants Riley. Cette mise en place souffre de quelques longueurs (sans doute parce que le lecteur connaît déjà l’issue du livre) et est alourdie par certaines histoires secondaires. Mais elle permet de mieux découvrir le personnage attendrissant de Henry, handicapé par son pied bot et devant subir au quotidien les humeurs changeantes d’une mère lunatique. Le portrait qu’il dresse de son père, policier et héros ordinaire, est très touchant.

L’évènement majeur, la disparition des enfants Riley, n’intervient finalement qu’au milieu du roman. Commence alors l’enquête, les fausses pistes et les questions sans réponses, l’attente et le chagrin. Au bout du chemin, le monde ne sera plus jamais le même et bien au delà du fait divers, ce roman raconte la fin d’une époque, celle où l’on laissait les enfants vagabonder à leur guise et où les portes des maisons restaient toujours ouvertes.  Le feu rouge qui viendra remplacer le dévoué Gino et sa guérite à côté de la voie de chemin de fer à la fin du livre est lui aussi tout un symbole de cette époque qui s’achève… Le temps n’efface rien est un récit bouleversant et empreint d’une enivrante nostalgie, un roman que l’on referme à regret, le cœur serré et les larmes aux yeux.

Editions Presses de la cité, 586 pages/

Lu dans le cadre de l’opération Rentrée Littéraire du site Entrée Livre.
3ème chronique pour le challenge 1% Rentrée Littéraire

[Roman YA] Divergent – Veronica Roth

A 16 ans Béatrice et son frère Caleb doivent désormais choisir la faction à laquelle ils appartiendront pour le reste de leur vie. Rejoindront-ils les  Sincères, les  Audacieux, les  Altruistes, les Fraternels ou les Erudits?  Elevée chez les Altruistes, qui sont entièrement dévoués aux autres, Béatrice ne peut pourtant s’empêcher d’admirer les Audacieux, chargés de protéger la société. Mais le test d’aptitudes qui doit l’aider à faire son choix indique qu’elle est “divergente”, et qu’elle pourrait appartenir à 3 factions différentes. Une information qu’elle doit absolument cacher car cela la met en danger.

Ce premier tome se concentre surtout sur la formation de “Tris” au sein de la tribu qu’elle a finalement choisie, ainsi que sur les tensions qui montent entre les différentes factions, et qui menacent l’équilibre de la société.  Ce volume est bouillonnant et accrocheur, et une fois lancée dans ma lecture, j’ai eu du mal à poser permanent penis enlargement mon livre. Il y a quelques bonnes trouvailles en ce qui concerne l’organisation de cette société post-apocalyptique, des choix osés qui rythment le récit et en relancent régulièrement l’intérêt (pas mal de personnages secondaires disparaissent en cours de route dans des circonstances assez violentes). Alors évidemment avec l’avalanche de dystopie dans les librairies ces derniers mois, certains points – la personnalité de l’héroïne ou l’inévitable histoire d’amour – apparaissent un peu prévisibles et caricaturaux. Mais l’auteur a posé assez de jalons et ouvert assez de pistes pour me donner vraiment envie de lire le prochain tome. J’aimerais surtout savoir ce qu’il y a au-delà de la clôture gardé par les audacieux… Le tome 2 paraîtra en novembre.

Divergent de Veronica Roth, 436 pages, éditions Nathan (collection Blast)/

Lu aussi par Theoma, Hérisson, Mya, Karine, Clarabel
Un livre gagné chez Jess, merci!

[Album] Isidore Tiperanole et les trois lapins de Montceau-les-Mines – Pierre Thiry

Il y a fort, fort longtemps, alors que les êtres humains n’existaient pas encore, trois lapins de Montceau-les-Mines tombèrent amoureux d’une princesse hermine, Ermelinde. Il s’agissait de 3 frères, Arthur le gendarme,  Théobald le marchand de glaces, et Justin le poète.  Mais avant de séduire Ermelinde, encore faut il pouvoir accéder à son palais, gardé par un concierge redoutable, Isidore Tiperanole. L’un des trois frères parviendra t-il à entrer dans le palais pour conquérir le cœur de la belle hermine ?

Ce livre au titre intrigant m’a été envoyé (gentiment dédicacé) par l’auteur. C’est une très jolie histoire, qui reprend les codes des contes traditionnels et des grands mythes, avec l’épreuve que doivent affronter les trois frères avant de pouvoir conquérir le cœur de la princesse.  Isidore Tiperanole et les trois lapins de Montceau-les-Mines est un Pokies petit livre vraiment charmant, poétique et plein d’imagination, vif et très rythmé. J’ai particulièrement aimé le personnage d’Isidore, mi-crocodile, mi-gorille, qui n’a qu’une obsession, tuer le temps, et qui tente de l’attraper en lui tirant dessus avec son vieux fusil. J’ai aussi apprécié que bien qu’étant destiné aux enfants, l’histoire soit assez ambitieuse, notamment au niveau du vocabulaire (un livre qui s’adresse donc plutôt aux bons lecteurs).

Seul regret j’aurais aimé que les  illustrations signés de la blogueuse Myriam Saci soient plus nombreuses et mieux mises en valeur (l’auto-édition trouve sans doute là ses limites). Globalement l’aspect visuel du livre  me semble un peu sobre pour le public auquel il est destiné. Avis aux éditeurs, voilà donc un chouette album qui mériterait un plus joli écrin…

Editions Books on Demand, 66 pages/