Mois : mars 2010

Inventaire

314 articles + 2003 commentaires  + 3 PAL + 32 partenariats + 334, 5 livres lus  + 4 bilans  + 5 challenges + 434 étoiles +  107 livres dans ma boite aux lettres  +  2 concours + 21 meurtres mais au moins 29 histoires d’amour  + 1 seul roman d’Amélie Nothomb mais 3 livres sur l’Iran + 15 coups de cœur + 705 sorties poches + 4 pauses +  27 marque-pages + 3 paires de lunettes + 20 billets du week-end + 260 heures passées à la bibliothèque +  3 plagiats +  1 déménagement…

= 5 ans de blog!

5

Merci pour votre fidélité!

Trudi la naine – Ursula Hegi

Trudi la naine

5 étoiles

Trudi Montag, qui restera pour toujours Trudi la naine, naît en 1915 à Burgdorf, une petite ville allemande proche de Düsseldorf. Dévorée par la culpabilité, sa mère sombre dans la folie peu après sa naissance, voyant dans la différence de sa fille le prix à payer pour ses propres péchés. Trudi est donc élevée par son père, un bibliothécaire  droit et aimant, blessé pendant la Grande Guerre. Pendant 37 ans Trudi observera les habitants de cette petite ville, et deviendra la dépositaire de leurs pires secrets.

Comment résumer en quelques lignes ce pavé de 730 pages, ce roman hors-normes, à l’image de sa figure principale? De 1915 à 1952, Trudi raconte l’histoire de l’Allemagne à travers le quotidien d’une petite ville: L’humiliation de la première guerre mondiale et du traité de Versailles, les rancœurs, la montée du nazisme, un deuxième conflit mondial, l’extermination des juifs. Des évènements qui se déroulent au loin et qui paraissent presque irréels, même si Burgdof n’est pas épargné par les restrictions alimentaires, même si les veuves deviennent de plus en plus nombreuses, même si les amis juifs  de Trudi ne reviendront pas.  Elle croisera la route de quelques nazis convaincus, et de quelques héros très discrets. Mais elle vivra surtout au milieu de tous ceux qui par leur passivité, leur lâcheté,  leur indifférence auront nourri le nazisme, et qui sitôt la guerre terminée se hâteront d’oublier. Avec sa taille d’enfant qui désarme la méfiance de ses interlocuteurs, forte du mépris qu’elle a du affronter toute sa vie, Trudi recueille les confidences et les secrets, porte un regard implacable et terriblement lucide sur ses compatriotes.

“Trudi la naine” porte assez mal son titre (le titre original Stones from the river est à mon avis plus pertinent) car il ne s’agit pas vraiment d’un livre sur Trudi  (même si rarement les rêves et les espoirs d’un personnage m’auront autant bouleversée). Ce n’est pas non plus à proprement parler un livre sur le nazisme.  Plutôt un livre sur l’humanité, rien que ça, un roman cruel qui nous rappelle comment nos choix quotidiens peuvent insensiblement conduire au tragique. Un livre vertigineux, qui vous laisse légèrement vaseux, car c’est une œuvre difficile sur le fond comme sur la forme (pas toujours facile de s’y retrouver dans cette multitude de personnages secondaires), mais qui vous reste longtemps en mémoire.

Le livre de poche 2010, 730 pages, 8€ (Première édition française chez Galaade en 2007). Titre original: Stones from the river, traduction de Clément Baude.

Lu par Fée Bourbonnaise, Jess, Mobylivres, Fabienne, Heclea.

Le billet du week-end #20: Ma lecture du dimanche, Le 8

le billet du week-end 20 Electionsle billet du week-end 20 - Palestine
Prix Télégrammejean ferrat

Au programme de ce dimanche, un petit tour au bureau de vote, puis je me plongerais dans Palestine de Hubert Haddad. Une lecture commune avec Sylire, vous pourrez lire nos avis sur nos blogs respectifs mercredi prochain.

Je me suis inscrite cette semaine au 8ème Prix des lecteurs du Télégramme. Il s’agit de lire au moins 5 livres sur les 10 titres proposés. Et comme chaque année 30 participants tirés au sort gagneront une année de pokies games lecture, à raison d’un Chèque-Lire de 15 € par mois.  Ce n’est pas réservé aux bretons bien sur, vous pouvez vous inscrire en ligne jusqu’au 16 mai.

Et puis je termine avec une petite pensée pour Jean Ferrat. J’aurais pu vous mettre bien des chansons,  il y en a beaucoup qui me touchent (je pense notamment à Nuit et Brouillard), mais j’ai finalement choisi un hommage qu’il avait rendu à un autre poète, Aragon (Aimer à perdre la raison).

16 lunes – Kami Garcia & Margaret Stohl

16 lunes - couv

Note/4 etoiles

La famille d’Ethan Wate a toujours vécu à Gatlin, une petite ville du Sud des Etats-Unis où tout le monde se connaît. Depuis la mort accidentelle de sa mère, Ethan vit avec son père dépressif qui dort le jour et écrit son grand roman la nuit, et Amma, devenu sa mère de substitution, cartomancienne à ses heures et pourvoyeuse de gris-gris en tous genres. Mais la rentrée scolaire au lycée Jackson ne va pas se dérouler tout à fait  comme d’habitude avec l’arrivée d’une nouvelle, Lena Duchannes. Les  autres élèves vont vite se liguer contre la jeune fille quand ils découvrent qu’elle n’est autre que la nièce de ce Vieux Fou de Ravenwood, qui n’est pas sorti de son manoir depuis des années. Tous la rejettent, sauf Ethan, qui a reconnu en Lena la fille qui hante ses rêves depuis des mois, et qui tombe sous le charme de cette fille mystérieuse qui conduit un corbillard, porte un collier de breloques, et a une tache de naissance en forme de demi-lune sur la pommette. Il va découvrir que non seulement Lena n’est effectivement pas une fille comme les autres, mais aussi que sa propre famille et la ville toute entière cachent bien des secrets.

J’aime beaucoup les romans qui se déroulent dans le Sud des Etats-Unis et les auteurs ont vraiment su  ici tirer parti de ce décor, puisant dans l’histoire tourmentée et les croyances de cette région pour nourrir leur récit (Il y est beaucoup question par exemple de la guerre de Sécession ). L’atmosphère est le véritable point fort de ce roman, on savoure le climat inquiétant et oppressant qui règne dans cette petite bourgade où chacun épie sans cesse ses voisins, et où des forces invisibles et ténébreuses semblent à l’œuvre derrière chaque porte. Comme dans d’autres séries du même type, la dimension fantastique permet d’aborder de façon détournée les émois classiques de l’adolescence: les premiers sentiments amoureux, la difficulté à construire son identité, à choisir sa voie, et à assumer sa différence. Le jeune couple malheureusement m’a paru un peu fade, même si les deux auteurs ont tout misé sur un romantisme exacerbé, leur relation ne m’a pas réellement convaincue. En revanche j’ai beaucoup aimé les personnages secondaires, qui semblent tous cacher quelque chose et se dévoilent petit à petit: La généreuse Amma, le terrifiant Macon Ravenwood (l’oncle de Lena) et Marian, l’énigmatique bibliothécaire sont vraiment des personnages intéressants,  même si ma préférence va aux trois vieilles tantes farfelues d’Ethan, Grace, Prudence et  Charity. 16 lunes est encore une série qui marche dans les pas de Twilight, mais qui ma foi s’en sort plutôt honorablement,  je lirais sans aucun doute le deuxième tome!

Hachette (collection Black Moon) 2010, 634 pages, 18€
Livre lu dans le cadre d’un partenariat entre le forum Livraddict et les éditions Hachette, merci! Et deuxième lecture pour The Dark Side Challenge.

Lu aussi par Clarabel, Mallou, Heclea, Feetish, Melisende, Mamzelle Lily

Mes petites morts – Elsa Fottorino

Mes petites morts0001

3 etoiles

Pour fuir Paris et une relation trop fusionnelle avec sa sœur enceinte, Anna part s’installer en Irlande, à Cork, “une ville de brouillards”. Elle y rencontre Marek, un jeune Tchèque gravement malade, mais malgré les sentiments qu’ils éprouvent l’un pour l’autre, Marek choisit de garder ses distances avec la jeune femme et de lui cacher sa maladie. Anna se console alors dans les bras d’un jeune allemand, Otto, fou amoureux d’elle. Sur l’air de “Je t’aime moi non plus”, elle construit avec ces deux hommes une double relation fragile, entre non-dits, mensonges, illusions et frustrations…

L’histoire est assez convenue, une énième variation sur le thème du triangle amoureux (au cours du roman Elsa Fottorino évoque d’ailleurs elle même le film “Jules et Jim” de François Truffaut), mais les personnages sonnent juste: j’ai aimé l’indécision d’Anna, l’exaltation d’Otto, et la touchante maladresse de Marek qui ment à la jeune femme, qui la fuit pour mieux la protéger (ou pour se protéger lui même?). Dommage en revanche que l’écriture, trop travaillée, trop rigide, ressemble un peu à une démonstration formelle. “Mes petites morts” n’est pas un livre déplaisant, mais j’aurais aimé  plus d’audace dans le sujet et de simplicité dans le style.

***

Pour l’anecdote, Elsa Fottorino n’est autre que la fille d’Eric Fottorino, écrivain lui même et directeur du journal Le Monde.  Et quand j’ai cherché quelques infos sur ce livre avant ma lecture,  le premier article sur lequel je suis tombée était celui… du Monde. (dithyrambique bien sûr!).

Flammarion 2010, 147 pages, 13€
Lu dans le cadre du club des lectrices de Femme Actuelle.