Catégorie : 5 étoiles – Coups de coeur

[Pop-up] La maison hantée – Jan Pienkowski

la maison hantée

 J’adore les livres-jeux, à rabats, les tirettes, les pop-up… Je m’en donne à cœur joie avec les livres de ma fille, mais celui-là il n’est que pour moi (parce qu’il fait un-peu-peur quand même).

La maison hantée de Jan Pienkowski est un grand classique, publié pour la 1ère fois en 1979 et réédité récemment par les éditions Nathan. Il n’y a pas vraiment d’histoire (une personne que l’on ne voit pas guide un médecin dans sa maison particulièrement lugubre) ou en tous cas elle n’est qu’un prétexte pour visiter une à une les pièces de cette maison hantée.

Dès l’entrée le ton est donné avec un tableau qui semble vous suivre du regard, les placards de la cuisine cachent des mets peu ragoutants et la salle de bains est occupée par de drôles de bestioles. Dans la chambre je vous déconseille d’ouvrir l’armoire ou d’entrouvrir le rideau du baldaquin… Bouh! Et que veut donc ce maudit chat noir qui les suit partout? La visite du docteur s’achèvera (littéralement) dans le grenier. Un pop-up baroque et terrifiant, qui fourmille de détails et de surprises (n’oubliez pas de jeter un oeil par la fenêtre), j’ai adoré!

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La maison hantée de Jan Pienkowski, éditions Nathan, 12 pages (à partir de 4 ans environ) – 5 étoiles
Challenge Je lis aussi des albums 2013

[Album] Les fantastiques livres volants de Morris Lessmore – William Joyce

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Amoureux des mots, des histoires et des livres, Morris Lessmore remplit chaque jour le livre de sa vie, y consignant ses joies et ses peines, ses espoirs et son savoir. Mais un jour le vent se met à souffler si fort qu’il disperse tout le savoir de Morris et tous les mots de son livre. Errant au hasard Morris croise une jeune femme et ses livres volants (alors que son propre livre reste cloué au sol) qui le guident vers une énorme bibliothèque. Il y passera le reste de sa vie, prenant soin de ses compagnons de papier, conseillant des lectures à tous ceux qui le souhaitent. Un jour il doit partir, et c’est une petite fille qui prendra sa place, guidée à son tour par le livre de Morris, qui sait désormais voler lui aussi.

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Je me suis vraiment régalée avec cet album repéré chez George il y a quelques mois. C’est un très bel hommage à la lecture, un MAGNIFIQUE album superbement illustré (dans un style rétro années 50). Il y a tout un jeu entre les illustrations en noir et blanc (quand le personnage a tout perdu) et la couleur (les passants récupèrent leurs couleurs quand Morris leur donne un livre). C’est un récit métaphorique sur tout ce que peut nous apporter la lecture, l’évasion, le savoir, le bonheur, le sentiment de n’être jamais seul, le lien social, la transmission… Prenez soin de vos livres, lisez les surtout, et ils prendront soin de vous.

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J’ai tellement aimé cet album que je l’ai lu 3 fois de suite, et je le conseille chaudement à tous les amoureux des livres, petits et grands. Les fantastiques livres volants de Morris Lessmore est l’adaptation d’un dessin animé tout aussi splendide réalisé par William Joyce, pour lequel il a reçu l’Oscar du meilleur film d’animation en 2012,  et que vous pouvez voir en cliquant ici.

Les fantastiques livres volants de Morris Lessmore, Bayard jeunesse 2013 – 5 étoiles
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Challenge Petit Bac (Catégorie Objet)

[Roman] Nos étoiles contraires – John Green

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“Des entrailles prédestinées de ces deux familles ennemies
A pris naissance, sous des étoiles contraires, un couple d’amoureux
Dont la ruine néfaste et lamentable
Doit ensevelir dans leur tombe l’animosité de leurs parents”
(extrait de Roméo et Juliette)

Hazel a 16 ans et est atteinte d’un cancer incurable. Elle vit quasiment recluse chez elle, et ne trouve du réconfort que dans un roman, Une impériale affliction d’un certain Peter Van Houten, resté inachevé. Dans un groupe de soutien elle croise Augustus,  en rémission d’un cancer qui lui a pris sa jambe et qui a désormais “peur de l’oubli”. Les deux adolescents deviennent aussitôt très complices, et  Augustus va tout faire pour offrir à Hazel son souhait le plus cher, connaître la fin d‘Une impériale affliction.

C’est un livre incroyablement dur, je n’essaierais pas de vous faire croire le contraire, même si cela risque de faire fuir la plupart d’entre vous.  L’auteur n’élude pas la face sombre de la maladie, l’amputation d’Augustus, les difficultés quotidiennes d’Hazel pour respirer ou pour monter un escalier, les machines qui l’accompagnent, la mort qui se reflète dans le regard de ses proches. Mais ce n’est pas pour autant un livre larmoyant, l’auteur adopte souvent aussi un ton drôle et décalé,  Hazel, Augustus et leur pote Isaac se moquant facilement d’eux mêmes et de la maladie. Si j’ai évidemment adoré Hazel et Augustus, les personnages secondaires sont aussi remarquables: L’extravagant et insupportable Peter Van Houten, l’attachant Isaac et son chagrin d’amour, les parents de Hazel, totalement dévoués à leur fille, et en même temps souvent maladroits.  J’ai été particulièrement bouleversée par les mots de la mère d’Hazel quand elle pense à la mort de sa fille unique “Je ne serais plus jamais une maman” … Nos étoiles contraires est avant tout un roman d’amour, d’une intensité rare, un livre sur les rêves qu’il ne faut jamais abandonner, parce que la vie avant la mort est encore la vie, jusqu’au dernier souffle. Certains infinis sont plus vastes que d’autres. Et certains romans plus essentiels que d’autres.

Nos étoiles contraires de John Green, éditions Nathan 2013, 330 pages – 5 étoiles

[Album] Paul – Alice Brière-Haquet & Csil

Paul n’est pas timide: il a la pigmentation fragile. Il vit la vie à fleur de peau et ça n’est pas toujours facile.Un petit non le rend tout blanc, une colère le rend tout vert, un bruit douteux le rend tout bleu…

La vie le colore de l’intérieur: le dehors est dedans, le dedans est dehors. Il lui faudrait une armure en or, de cet or qui transforme les enfants en hommes.

Paul va donc partir à la recherche de cette armure qui le rendra plus fort, mais il va découvrir que le monde est à son image, qu’il peut revêtir aussi bien le rose des belles choses, le noir du désespoir, le jaune du sable chaud, ou le violet des soirs d’été, et que la sensibilité n’est pas un défaut que l’on doit combattre. Paul est un album doux et tendre, qui passe en revue avec beaucoup de subtilité la gamme de nos émotions. Chaque page est un tableau délicat et aérien, j’ai eu un gros coup de cœur pour les couleurs pastels et le raffinement des illustrations, pour la simplicité et la poésie du texte.

Paul d’Alice Brière-Haquet & Csil, 32 pages, éditions Frimousse 2012.

Challenge Petit Bac 2013 (Catégorie Prénom)
Challenge Je lis aussi des albums 2013

[Film] Camille redouble – Noémie Lvosky

La quarantaine pas vraiment florissante, actrice ratée, alcoolique, Camille se fait larguer par son mari, son amour de jeunesse rencontré au lycée (et père de sa fille). Au cours d’un 31 décembre bien arrosé, elle s’évanouit et se retrouve en 1985, juste avant ses 16 ans. Elle n’a alors plus que deux obsessions, fuir son futur ex-mari, et sauver sa mère qui va bientôt mourir d’une rupture d’anévrisme.

Le film tient beaucoup à la prestation de Noémie Lvosky qui joue sans aucun artifice une ado de 16 ans – alors qu’elle en a 30 de plus – et à un casting impeccable, Yolande Moreau, d’une justesse étincelante, qui joue la mère de Camille, la lumineuse Judith Chemla, mais aussi Denis Podalydès, Vincent Lacoste…  J’ai juste une réserve sur Samir Guesmi (le mari de Camille) dont j’avais déjà eu du mal à apprécier le jeu un peu lourd dans la série Les revenants.

Voir cette mère de famille des Viagra années 2000 retrouver les années 80, le lycée, les heures de colle, son walkman et son enregistreur de cassettes, les fringues fluos, les affiches de Flashdance ou de Scorpions, sa bande de copines et ses premiers flirts est hilarant. Je suis un peu plus jeune que l’héroïne (j’avais 10 ans en 1985) mais j’ai quand même pu facilement me mettre dans ses baskets.

Mais si Camille redouble commence comme une blague potache, il s’oriente rapidement vers des questions essentielles. Peut-on maitriser son destin? Aurais-je pu faire des choix différents? Et si l’on vous offrait une seconde chance, qu’en feriez vous? C’est un film dans lequel l’émotion vous prend en traitre, où l’on a envie de rire dans les moments graves et de pleurer dans les passages gais. Un film bouleversant, qui raconte le temps qui passe, les êtres qui nous manquent, les souvenirs, la nostalgie, les occasions manquées, les regrets, et l’amour, toujours.