Catégorie : Lectures – Classement par note

[Roman YA] La sélection – Kiera Cass

Dans un futur lointain, le royaume d’Illeá est né sur les ruines des Etats-Unis. La société est désormais régie par un système de castes, 8 au total, la 1ère étant celle de la famille royale, la 8ème celle des marginaux. America appartient à une caste inférieure, la 5ème, celle des artistes. Sa mère espère qu’elle épousera un homme d’une caste supérieure mais elle ignore qu’America est amoureuse d’Aspen qui appartient à la 6ème caste. Les deux jeunes gens cachent soigneusement leur liaison, les relations amoureuses étant proscrites hors mariage.

Le prince Maxon étant en âge de se marier, “la sélection” est organisée : 35 jeunes filles sont tirées au sort dans tout le pays et vont tenter de séduire le prince devant l’œil des caméras. A la fin, il n’en restera qu’une… (copyright Denis Brogniart) Poussée par ses parents et par Aspen qui ne veut pas qu’elle passe à côté de l’opportunité d’une vie meilleure, America s’inscrit à la Sélection et contre toute attente est retenue pour y participer.

Les amateurs de dystopie seront déçus, hormis le système de castes et les quelques attaques de renégats trop vite expédiées, il n’y a pokies pas grand-chose à se mettre sous la dent.  Les amateurs de romance seront en revanche comblés avec un  trio amoureux qui fonctionne plutôt bien. Si America n’a aucun doute en arrivant au palais – Aspen est son seul et unique amour – elle va rapidement succomber au charme élégant du Prince Maxon,  qui gagne en épaisseur et en charisme au fil des pages.

La sélection est une sorte de Bachelor royaliste, avec tout ce que les ressorts de la télé-réalité peuvent avoir à la fois d’abject et de jubilatoire. On se prend de sympathie pour certaines candidates, on a envie d’en claquer d’autres, on frétille lors des rencontres entre America et Maxon. J’ai regretté quand même que ce roman soit parfois très premier degré et manque singulièrement d’imagination : Par exemple l’héroïne vit sur ce qui fût autrefois les Etats-Unis et elle est chanteuse, elle s’appelle donc (tadam)… America Singer (Hum). Mon avis est plutôt mitigé, mais j’ai quand même trouvé cette lecture assez agréable pour avoir envie de lire le tome 2 qui sortira au mois d’avril.

La sélection de Kiera Cass, Robert Laffont (Collection R) 2012 – 343 pages –
*Lu en numérique*

[Album] Le voyage extraordinaire de Petit Pierre – Jo Hoestland & Charles Dutertre

C’était l’hiver, et le petit Pierre tenait bien fort la main de sa grand-mère. Le trajet de Petit Pierre jusqu’à l’école va se transformer en périple dans la jungle urbaine: Le bus se transforme en un énorme crocodile qui a avalé plein de gens, la bouche du métro devient la gueule noire sans dents d’un monstre dont le ventre grogne sous la terre. Pierre et sa grand-mère croisent aussi des poissons extraordinaires, dont un tout blanc nommé Ambulance qui a avalé un malade, un docteur et ses médicaments, et un autre tout rouge qui fait pimpon,  mais aussi des pingouins avec cartables et téléphones qui se pressent pour aller à leurs rendez-vous. Les voilà enfin arrivés devant une cour remplie de petits singes bruyants et turbulents, et c’est là que le voyage Online Pokies de Petit Pierre s’arrête…

Le voyage extraordinaire de Petit Pierre est une réinterprétation poétique de la ville et du quotidien, une expédition  magique entre peurs enfantines et imagination débridée. Des confettis multicolores parsèment toutes les pages, l’ambiance est festive, les couleurs éclatantes. La dernière planche montre la grand-mère faisant seule le chemin en sens inverse, la main dans la poche de son manteau pour ne pas avoir froid à cette main qui ne tient plus rien, petite tache chatoyante au milieu de la ville qui a repris son gris et sa froideur habituelle. Un très bel album, j’ai beaucoup aimé ce voyage chaleureux et pétillant!

Le voyage extraordinaire de Petit Pierre de Jo Hoestland & Charles Dutertre, Editions Nathan 2013

Challenge Je lis aussi des albums 2013
Challenge Petit Bac (Catégorie Prénom)

[Roman Jeunesse] Gregor Tome 1: La prophétie du gris – Suzanne Collins

L’été ne s’annonce pas très folichon pour Gregor, un jeune New-yorkais de 11 ans : Au lieu de partir en colonie de vacances avec sa sœur Lizzie, le voilà condamné à surveiller sa grand-mère qui perd un peu la tête et sa petite sœur de 2 ans, Moufle,  pendant que sa mère travaille. Son père, lui, a mystérieusement disparu deux ans plus tôt. Mais un jour  Moufle tombe dans un trou situé dans la buanderie de leur immeuble, et Gregor n’a d’autre solution que de s’élancer à son tour. Ils découvrent alors qu’existe sous New-York un monde souterrain à la fois fascinant et effrayant, peuplé d’humains, mais aussi de chauve-souris, de cafards et de rats géants.  Gregor ne pense qu’à une chose, remonter à la surface avec sa petite sœur, mais les habitants de Souterre ne semblent pas vouloir le laisser partir.

La série des Gregor compte 5 tomes, dont 4 ont déjà été traduits en français (le tome 4 “La Prophétie des Secrets” vient tout juste de sortir).  Elle a été écrite par Suzanne Collins avant sa trilogie Hunger Games et s’adresse à un lectorat beaucoup plus jeune, à partir de 10 ans environ.

Si cette version moderne d’Alice au pays des merveilles n’a pas grand-chose en commun avec Hunger Games, on retrouve le talent de Suzanne Collins pour insuffler un rythme trépidant à son histoire, pour multiplier les rebondissements et rendre ses personnages particulièrement attachants. Gregor est un jeune garçon courageux, généreux, et j’ai totalement fondu pour sa petite sœur Moufle, qui a le même âge que ma fille. Et alors que j’ai une vraie phobie des insectes et autres petites choses rampantes, j’ai même réussi à être émue par un cafard géant! C’est un très chouette roman d’aventures, et ce premier tome promet une belle série,  même si je me demande si l’auteur parviendra à se renouveler et à maintenir l’intérêt du lecteur sur 5 volumes . Affaire à suivre!

*Lu en numérique*
Gregor Tome 1: La Prophétie du Gris de Suzanne Collins, Hachette 2012, 288 pages –

Challenge Petit Bac (Catégorie Couleur)
Challenge New York
Challenge 50 états, 50 billets (Etat: New York)

[Roman graphique] Le journal de Frankie Pratt – Caroline Preston

Née dans le New Hampshire au début du XXème siècle, Frankie Pratt commence à tenir son journal à 18 ans. D’origine modeste et orpheline de père, elle est acceptée à l’Université de Vassar où elle côtoie des jeunes filles de la haute société. Elle qui pensais devenir infirmière comme sa mère, rêve désormais de devenir écrivain, s’installe d’abord à New-York avant de partir pour Paris…  De 1920 à 1928, on suit ses pérégrinations d’un côté et de l’autre de l’Atlantique, sa découverte du monde de l’édition, ses rencontres improbables et ses déceptions amoureuses.

L’originalité de ce roman tient surtout à sa forme: Le journal de Frankie Pratt est un “scrapbook”, un mélange hétéroclite de photos, de coupures de journaux, de dessins, de publicités, de lettres, d’objets divers et variés… Des éléments rassemblés patiemment par l’auteur pendant des années (à la fin du livre elle remercie notamment les 300 vendeurs Ebay qui l’ont aidé à constituer ce trésor). Cette composition originale et bigarrée m’a totalement subjuguée.

Le fond est plus classique mais tout à fait exquis, j’ai beaucoup aimé cette traversée culturelle dans les années 20 (il faut dire que c’est une période que j’adore): l’apparition du cinéma parlant (“Nous sommes d’accord – le cinéma parlant n’est qu’un feu de paille et les films muets sont bien plus romantiques“), la traversée de l’atlantique par Lindbergh, la naissance du New-Yorker (« Je ne dis pas à O. que je ne donne pas un mois au New-yorker avant de disparaître – pauvre Wolf, il y croyait tellement »), l’ébullition littéraire et artistique qui agite New-York et Paris…

Ce journal a été inspiré à Caroline Preston par l’amitié entre sa grand-mère et Sylvia Beach,  libraire et éditrice à Saint-Germain-des-Prés dans les années 1920. Le roman est donc bourré de références littéraires, Frankie lit Edith Wharton et Francis Scott Fitgerald, côtoie le Paris des expatriés et Hemingway, découvre le sulfureux Ulysse de James Joyce, alors interdit aux Etats-Unis.  Le journal de Frankie Pratt est un OLNI (Objet Littéraire Non Identifié) enthousiasmant, so romantic et délicieusement vintage, un coup de cœur dans lequel j’ai eu envie de replonger sitôt la dernière page tournée.

Le journal de Frankie Pratt, éditions Nil 2012, 236 pages –

Challenge New-York
Challenge 50 états, 50 billets (Etats: New Hampshire et New York)
Challenge Petit bac (Catégorie Prénom)

[Roman YA] Divergente 2 – Veronica Roth

Attention si vous n’avez pas lu le tome 1 de cette série, cet article vous révèlera des éléments importants de l’intrigue. Si vous voulez découvrir cette série, je vous invite à lire plutôt mon billet sur Divergente 1.

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Depuis que les Erudits ont manipulé les Audacieux pour massacrer les Altruistes, les différentes factions sont en guerre. Dans un monde à feu et à sang, Tris a tout perdu, sa faction, son foyer, ses parents, et elle reste hantée par la mort de son ami Will. Avec son petit ami Quatre et son frère Caleb,  elle doit désormais trouver des alliés pour lutter contre la menace des simulations orchestrées par les Erudits.

Un 2ème tome qui s’avère d’abord surprenant et un peu frustrant, puisque tous les repères du lecteur volent en éclats, le monde qu’il a connu dans le 1er volume n’existe plus. Le personnage de Tris a lui-même profondément changé après  toutes les épreuves qu’elle a du endurer à la fin du premier tome. Désormais orpheline, elle est aussi dévorée par la culpabilité d’avoir du exécuter son ami Will pendant la simulation. On la sent même au bord de la dépression, prête à braver un peu trop souvent la mort et les ennuis. Plus fragile psychologiquement, elle est aussi moins forte physiquement, la peur et une épaule blessée l’empêchant de se battre comme avant. Loin de me déplaire, j’ai trouvé que cette nouvelle fragilité la rendait plus attachante que dans le 1er tome.

Elle est aussi très seule, ne sachant plus vraiment à qui se fier… les ennemis d’hier seront les alliés de demain et inversement. Elle ne peut même plus se reposer sur Quatre (aux prises avec ses problèmes familiaux) et leur relation passe un peu au second plan.

Un 2ème épisode déroutant où chacun se cherche et qui m’a laissé un peu sur ma faim, mais qui montre que Divergente est une série capable de se renouveler et de surprendre le lecteur. A la fin du premier tome j’espérais surtout savoir ce qui se cachait au-delà de la clôture. Ce 2ème tome n’apporte pas encore de vraie réponse, mais une révélation à la toute fin du livre donne un indice essentiel sur la nature du monde dans lequel Tris et ses compagnons évoluent. Evidemment je suis impatiente de lire le 3ème tome (qui sortira à l’automne 2013) pour en savoir plus!

Divergente 2 de Veronica Roth, éditions Nathan 2012, 462 pages –