Catégorie : Lectures – Classement par note

[Album] Isidore Tiperanole et les trois lapins de Montceau-les-Mines – Pierre Thiry

Il y a fort, fort longtemps, alors que les êtres humains n’existaient pas encore, trois lapins de Montceau-les-Mines tombèrent amoureux d’une princesse hermine, Ermelinde. Il s’agissait de 3 frères, Arthur le gendarme,  Théobald le marchand de glaces, et Justin le poète.  Mais avant de séduire Ermelinde, encore faut il pouvoir accéder à son palais, gardé par un concierge redoutable, Isidore Tiperanole. L’un des trois frères parviendra t-il à entrer dans le palais pour conquérir le cœur de la belle hermine ?

Ce livre au titre intrigant m’a été envoyé (gentiment dédicacé) par l’auteur. C’est une très jolie histoire, qui reprend les codes des contes traditionnels et des grands mythes, avec l’épreuve que doivent affronter les trois frères avant de pouvoir conquérir le cœur de la princesse.  Isidore Tiperanole et les trois lapins de Montceau-les-Mines est un Pokies petit livre vraiment charmant, poétique et plein d’imagination, vif et très rythmé. J’ai particulièrement aimé le personnage d’Isidore, mi-crocodile, mi-gorille, qui n’a qu’une obsession, tuer le temps, et qui tente de l’attraper en lui tirant dessus avec son vieux fusil. J’ai aussi apprécié que bien qu’étant destiné aux enfants, l’histoire soit assez ambitieuse, notamment au niveau du vocabulaire (un livre qui s’adresse donc plutôt aux bons lecteurs).

Seul regret j’aurais aimé que les  illustrations signés de la blogueuse Myriam Saci soient plus nombreuses et mieux mises en valeur (l’auto-édition trouve sans doute là ses limites). Globalement l’aspect visuel du livre  me semble un peu sobre pour le public auquel il est destiné. Avis aux éditeurs, voilà donc un chouette album qui mériterait un plus joli écrin…

Editions Books on Demand, 66 pages/

[Roman Jeunesse] Ing

Dans le Chicago des années 20, Gloria s’apprête à se fiancer au séduisant et froid Sebastian, fervent partisan de la prohibition. Sa cousine Clara, une petite campagnarde avec laquelle elle ne s’entend pas, est venue aider aux préparatifs du mariage. Mais avant de dire adieu à sa vie de lycéenne riche et insouciante, Gloria  compte bien en profiter pour s’encanailler un peu, jouer les garçonnes libérées, s’étourdir d’alcool et de musique dans les bars clandestins avec ses amis Marcus et Lorraine. Lorraine,  jalouse des nombreux atouts de Gloria, et amoureuse de Marcus, qui la regarde à peine. C’est au Green Mill que Gloria rencontre Jérôme, un pianiste de jazz talentueux. Mais entre une fille blanche promise à un beau mariage et un jeune homme noir, toute relation est impossible.

Ingénue est le premier tome d’une nouvelle série,  Cabaret. On suit tour à tour les trois jeunes filles, Gloria, Lorraine, et Clara.  Gloria, petite fille gâtée, va découvrir les bas-fonds un peu glauques de Chicago, mais aussi le côté sombre de la haute société, dans laquelle l’argent et la réputation prévalent sur tout. Elle perdra certaines de ses illusions mais trouvera  l’amour, le vrai, celui qui n’a pas de raison ni de couleur. Lorraine est quant à elle le giada delaurentis little pokies vilain petit canard de l’histoire, scandaleuse, outrageuse, prête à tout pour qu’on la remarque, mais finalement bien seule et triste.  Clara est le personnage que j’ai préféré, la plus mature des trois, elle cache une double identité et un lourd secret :  Si pour la galerie elle joue les petites ploucs de Pennsylvanie, elle a en fait vécu une vie trépidante de garçonne à New York, qui s’est terminé par un drame, dont le lecteur ne connaîtra les détails que dans les toutes dernières pages.

Sur le fond ce premier tome brasse des thèmes assez classiques, amour, amitié, trahison, une sorte de Gossip Girl transposé dans les années 20.  J’ai surtout apprécié l’atmosphère : la prohibition, les établissements clandestins tenus par des gangsters, les garçonnes, l’émergence du jazz, la place (ou plutôt la non-place) des gens de couleur dans la société américaine, l’impossibilité pour un jeune homme noir et une jeune fille blanche de s’aimer. C’est un bon divertissement avec lequel j’ai passé un moment agréable, assez en tous cas pour avoir envie de lire le tome suivant, d’autant que l’histoire  s’accélère lors des dernières pages  avec un rebondissement inattendu qui annonce des changements intéressants pour nos jeunes héroïnes.

Bayard Jeunesse 2012, 450 pages /

[Roman] Les revenants – Laura Kasischke

Nicole, une jolie et brillante étudiante, est tuée dans un accident de voiture provoqué  par son petit ami Craig. Malgré l’hostilité générale Craig revient l’année suivante à l’université où il est accueilli par son colocataire Perry, qui peine lui aussi à se remettre de la mort de Nicole et s’est inscrit aux cours de Mira, une enseignante spécialisée dans l’histoire des pratiques funéraires. Craig ne se souvenant de rien, les circonstances de l’accident restent assez floues, et les informations du journal local ne corroborent pas celles de l’unique témoin de l’accident, Shelly. Et si Nicole n’était pas en plus la personne charmante et délicate qu’elle paraissait être ?  Bientôt des phénomènes étranges surviennent sur le campus.

C’est le 6ème livre de Laura Kasischke que je lis (après Rêves de garçons, La couronne verte, La vie devant ses yeux, En un monde parfait, A moi pour toujours) mais étrangement c’est seulement le 2ème que je chronique sur ce blog. Sans doute parce qu’il est très difficile de résumer un roman de Laura Kasischke… Sous leurs airs plutôt légers, traitant de la middle-class américaine, se cachent des romans d’une Pay Day Loans profondeur insondable dans lesquels la cruauté de la nature humaine finit toujours par vous exploser en pleine face. Les revenants est un roman choral qui alternent les points de vue, avant et après l’accident, de Craig, le petit ami de Nicole, de Perry, le colocataire de Craig, de Shelly, témoin de l’accident, et de Mira, une enseignante qui se débat dans des problèmes de couple. Chacun détient une petite part de la vérité et l’histoire se construit peu à peu comme un fragile château de cartes.  Laura Kasischke a un talent inégalable pour créer une atmosphère de malaise, pour perdre et perturber son lecteur. A la fois campus novel (avec une plongée du côté sombre des sororités américaines, le pendant féminin des fraternités), drame psychologique, thriller, enquête surnaturelle, Les revenants est un roman inclassable et foisonnant dont on ressort complètement étourdi. C’est un livre qui m’a souvent empêché de dormir (je suis une vraie chochotte, et tout ce qui touche au surnaturel me colle des angoisses), mais quand on referme ce roman on se dit que les vivants peuvent être parfois bien plus terrifiants que nos morts.

Editions Bourgois 2011, 587 pages/

[Roman] Hunger Games – Suzanne Collins

Dans un monde futur, les Etats-Unis n’existent plus et le territoire est désormais divisé en 12 districts plus ou moins pauvres, sous la coupe de l’opulent Capitole. Afin de maintenir une atmosphère de terreur, chaque année sont organisés les Hunger Games, un jeu télévisé durant lesquels 24  adolescents (2 par district, une fille et un garçon) sont désignés et enfermés dans une arène ultra-sophistiquée. Ils doivent alors se battre à mort jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un. Pour cette 74ème édition, c’est la jeune et délicate Prim Erdeven qui est tirée au sort pour le district 12. Mais sa sœur aîné, Katniss, qui prend soin de sa famille depuis la mort de leur père, se porte volontaire pour la remplacer.

Si vous avez raté le début, voici donc comment débutent ces fabuleux Hunger Games. J’ai un peu hésité à rédiger ce billet, vous devez être nombreux à avoir déjà lu cette série en 3 volumes, dont le premier tome a récemment été adapté au cinéma. Si ce n’est pas le cas, je ne saurais trop vous recommander de le faire d’urgence… Pour cette trilogie, l’auteur s’est inspiré à la fois de la télé-réalité et du mythe de Thésée, dans lequel de jeunes hommes et femmes étaient livrés en sacrifice au Minotaure.  Un cocktail très réussi auquel il faut ajouter quelques ingrédients savoureux : Un genre à la mode, efficace, de nombreux rebondissements qui ne laissent aucun répit au lecteur ; des personnages attachants mais jamais caricaturaux, et une héroïne à la forte personnalité; et enfin une histoire d’amour (Katniss est partagée entre Peeta, son concurrent dans l’arène, et Gale, son ami d’enfance) assez touchante pour combler l’esprit fleur bleue qui sommeille en chacune d’entre nous, sans pour autant verser dans le romantisme dégoulinant. Suzanne Collins a ainsi su doser les éléments essentiels pour créer une série profondément addictive.

Si j’ai adoré les deux premiers tomes, j’ai en revanche été un peu déçue par le 3ème et dernier épisode. Suzanne Collins a sans doute voulu aller là où on ne l’attendait pas, ce dernier volume est donc plein de surprises mais il  insiste trop à mon avis sur la face sombre des personnages. Certaines scènes sont particulièrement violentes, et je souhaite bien du courage au réalisateur qui s’attaquera à l’adaptation sur grand écran de ce 3ème volet. Enfin ce dernier volume répond bien à THE question, Gale ou Peeta, mais le choix de Katniss en demi-teinte ne contentera sans doute aucun lecteur. Je quitte à regret l’univers des Hunger Games sur cette note finale un peu amère… (Mais il me reste encore à voir l’adaptation ciné!)

Tome 1 : Hunger Games, Pocket Jeunesse 2009/
Tome 2 : L’embrasement, Pocket Jeunesse 2010/
Tome 3 : La révolte, Pocket Jeunesse 2011/

(la bande annonce du film)

[Roman] Grâce – Delphine Bertholon

Architecte parisien et veuf, Nathan élève seul ses jumeaux, Soline et Colin. En cette fin d’année 2010, ils rejoignent en province la sœur de Nathan, Lise,  chez leur mère Grâce pour les fêtes de Noël. Mais pendant ces quelques jours des phénomènes étranges vont se dérouler dans la maison familiale et des secrets douloureux vont refaire surface.

J’avais déjà lu et aimé le père de Nathan et Lise a quitté sa famille ?

L’atmosphère est étouffante, oppressante, notamment quand elle flirte avec le surnaturel. Qui donc lance des morceaux de charbon dans les vitres de la maison la nuit ? Qui a planté un couteau au plafond de la chambre de Grâce pendant son sommeil ? Et pourquoi Grâce a-t-elle toujours gardé une certaine distance avec Nathan alors qu’elle est si proche de Lise ? Les questions s’accumulent, l’angoisse monte…  Cette famille est minée par les drames et les secrets (la maison elle-même cache un lourd passé), qui vont tous rejaillir pendant cette réunion familiale. Nathan, qui a déjà du mal à se remettre de la mort de sa femme, va à nouveau plonger en plein cauchemar… « Grâce » est  un très bon roman que j’ai dévoré, et Delphine Bertholon est décidément un auteur que je vais continuer à  suivre de près.

Editions JC Lattès 2012, 356 pages /