Catégorie : Lectures – Classement par note

1979 – Jean-Philippe Blondel

Un matin, les habitants d’un quartier découvre une simple date tagguée sur un mur: “1979”. Les souvenirs des uns et des autres refont surface: Pour beaucoup d’entre eux, cette année 79 a marqué un tournant, sous la forme d’un deuil, d’un mariage, d’un accident, d’une rencontre… Peu à peu le doute s’insinue: cette inscription est elle un hasard ou une menace adressée à l’un d’entre eux?

J’avais été emballée l’année dernière par “Accès direct à la plage” (Cf mon top 2004), un roman que m’avait conseillé Clarabel (un grand merci à elle 😉 ). Jean-Philippe Blondel est un romancier du quotidien et de la nostalgie. Il gratte la banalité pour faire apparaître les secrets et les aspirations de ses personnages. Il excelle dans le détail qui fait mouche, dans ces minuscules fêlures qui vous serrent le cœur, dans ces petits riens qui donnent toute sa dimension à un être. Si je garde une petite préférence pour “Accès direct à la plage“, j’ai cependant retrouvé dans “1979” la patte qui m’avait tant séduite, cette capacité à rendre des personnages si proches et si attachants, mais aussi cette simplicité dans l’écriture et l’atmosphère, agrémentée ici d’une pincée de suspens bien conduit.


Pocket 2005 (2004 pour l’édition originale), 184 pages, 5.50€

La vie sauve – Lydie Violet et Marie Desplechin


La quarantaine active, la vie de Lydie Violet tourne autour de ses deux enfants, de son boulot dans une maison d’édition, de son mariage qui bat de l’aile. Mais après une violente crise d’épilepsie, on lui découvre une tumeur au cerveau. Avec l’aide de l’écrivain Marie Desplechin, elle évoque les souffrances et les doutes, les questions inéluctables sur la mort, mais aussi la vie qui continue, l’intensité que revêt désormais chaque instant, chaque victoire, chaque bonheur.

Malgré la gravité du sujet, il y a de la fraîcheur dans ce témoignage débarrassé des politesses hypocrites, des oripeaux sociaux. Lydie Violet et Marie Desplechin ont choisi le parti de la franchise, et racontent les médecins déshumanisés, l’administration sans âme, les amis maladroits ou absents, les regards gênés, les encouragements vides de sens. Qu’importe quand on n’a plus le temps de ménager ceux qui ne le méritent pas, quand on n’a plus le temps des faux semblants. La plume bien vivante, les paragraphes courts et incisifs, l’humour et la dérision donnent une légèreté inattendue à cette très belle leçon de vie et d’espoir.

Editions du Seuil 2005, 127 pages, 12€
Sélection Document du Grand Prix des lectrices de Elle 2006

Tokyo – Mo Hayder


Grey, une jeune anglaise au passé trouble, est obsédée par un film amateur tourné en Chine lors de l’invasion japonaise de 1937. Elle débarque à Tokyo, à la recherche de Shi Chongming, un vieux professeur chinois susceptible de détenir ce document. Sans ressources, Grey accepte un emploi dans un club à hôtesses et ne tarde pas à approcher l’univers terrifiant des Yakusas

D’un côté l’on suit les errements et les rencontres de la fragile Grey dans les bas-fonds de Tokyo, de l’autre on partage les doutes du jeune et orgueilleux Shi Chongming plongé dans l’horreur de Nankin. Ce récit à deux voix met en valeur deux personnages complexes et inquiétants, qui ont bâti leurs existences sur quantité de fêlures et d’obsessions. Tokyo est un bijou de noirceur au suspens implacable et au rythme dense, un roman étouffant et décapant à ne pas mettre entre toutes les mains: certaines scènes sont d’une violence inouïe et vous hanteront longtemps après avoir tourné la dernière page!

Editions Presses de la cité 2005, 425 pages, 20€
Sélection Polar du grand Prix des Lectrices de Elle 2006

Helen Fielding – Olivia Joules ou l’imagination hyperactive

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Journaliste anglaise gaffeuse et encombrante, Olivia Joules est cantonnée aux pages “tendances”, quand elle rêve pourtant de grands reportages.
Alors qu’elle se trouve à Miami pour le lancement d’une crème de beauté, un terrible attentat ébranle la ville. Olivia se lance alors sur les traces du séduisant Pierre Feramo, qu’elle soupçonne
d’être un terroriste: est ce encore un effet de son imagination hyperactive?

Difficile de succéder à l’hilarante et désormais mythique Bridget Jones. Ce n’est pas Olivia Joules qui supplantera en tous cas la précédente
héroïne d’Helen Fielding. L’intrigue est peu crédible et laborieuse, les rebondissements répétitifs… Tout repose sur les épaules d’Olivia Joules, personnage sympathique mais bien trop fragile
pour porter ainsi le roman à bout de bras. Une lecture très légère, loin d’être indispensable!

Editions Albin Michel 2004, 368 pages,
19.80€


[Roman] Fred et Mathilde – Corinne Roche

fred et mathildeMathilde quitte la région parisienne pour le petit village de Malesaygues. Loin de la fameuse “qualité de vie” dont elle rêvait, elle se heurte rapidement à des gens “bornés et intolérants“. Son histoire d’amour avec Fred va mettre le feu aux poudres et déchaîner les mauvaises intentions. La mesquinerie et la jalousie, les rancœurs et les frustrations des uns et des autres vont rogner peu à peu les idéaux de Mathilde.

Fred et Mathilde est une comédie grinçante dans laquelle chacun en prend pour son grade, la parisienne comme les autochtones, tous engoncés dans leurs a priori. La galerie de personnages est jouissive: une veuve joyeuse qui rêve d’une croisière au Groenland, un cadre hémorroïdaire, une aristocrate paumée, un bébé hurleur aux yeux globuleux, une patronne de bar dépressive, un vieil homme méchant… Sous la plume pleine d’humour de Corinne Roche, le quotidien de cette communauté bigarrée touche, amuse, désole. Un joli roman, auquel je reprocherais cependant un final un peu abrupt et frustrant!

Editions Héloïse d’Ormesson, 2005, 226 pagesNote/4 etoiles
*Sélection Prix Elle 2006*