Catégorie : Lectures – Classement par note

Passage du désir – Dominique Sylvain

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Jean-Luc, Farid et Noah braquent un bureau de change parisien. Malgré l’incompréhension de ses deux amis, Farid a l’intention de
donner sa part du butin à Vanessa, son ex-petite amie. Mais quelques heures plus tard, le corps de Vanessa est découvert par ses deux colocataires, avec un énorme sac de billets près
d’elle.
Les soupçons de la police se portent sur Maxime, un restaurateur du quartier, qui aurait eu une liaison avec la jeune
femme.  Mais deux habituées du restaurant, Lola Jost et Ingrid Diesel, joignent leurs efforts pour mener leur propre enquête et prouver l’innocence de Maxime.
Après avoir lu l’excellent Tokyo de Mo Hayder, distingué par le prix des Lectrices de Elle 2006, j’ai noté fébrilement les quelques polars ayant obtenu ce prix les années précédentes, espérant y découvrir d’autres pépites.
“Passage du désir” est la première aventure d’un duo d’enquêtrices peu banal: Lola Jost est une ex-commissaire
renfrognée, qui profite de sa retraite récente pour faire d’énormes puzzles en robe de chambre. Et sa comparse, Ingrid Diesel, est une masseuse américaine toute en force et sensualité, qui mène
une double vie. Deux personnages originaux certes, mais pas très crédibles,  et dont la complicité immédiate sonne un peu faux. Ce couple insolite écrase une intrigue assez fade, pas
désagréable, mais qui ne sort pas des sentiers battus. Malgré un décor sympathique qui met en avant un quartier parisien,  “Passage du désir” est un  polar peu convaincant!
2004, j’ai lu, 282 pages, 5,80€
Grand prix des lectrices de Elle 2005

Ce que je sais d’elle – Béatrice Hammer

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Une
femme a disparu. Sa famille, ses amis, sa femme de ménage ou les commerçants de son quartier ont tous une explication différente sur cette disparition mystérieuse: enlèvement, meurtre ou
fuite volontaire ? Chacun y va aussi de son avis sur le caractère et l’existence de cette femme aux contours mouvants, mère et épouse aimantes pour certains, manipulatrice égocentrique pour
d’autres.

J’ai vraiment été enchantée par la plume de Béatrice Hammer : Avec une belle économie de moyens et beaucoup de fluidité,
elle se livre ici à un exercice de style audacieux: les courts monologues s’enchaînent, liés par un enquêteur quasi-invisible que l’on ne devine qu’à travers les réponses de ses interlocuteurs.
Les différents témoignages se complètent, se contredisent et composent le visage d’une femme aux multiples facettes. La disparue ne se révèlera jamais tout à fait au lecteur, et on ne garde
finalement en tête que l’extraordinaire complexité de ce personnage. “Ce que je sais d’elle” est moins l’histoire d’une disparition, qu’un roman sur les regards qui nous construisent… ou nous
détruisent. C’est en tous cas un récit charmant et intriguant, très agréable à lire !

Editions Arlea 2006, 143 pages, 15€
Le site officiel de l’auteur

Le cri – Laurent Graff


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Employé de péage, le narrateur assiste depuis quelque temps à un mal étrange qui décime la population. Ses collègues disparaissent un à un, et seuls quelques usagers empruntent
encore l’autoroute pour tenter de s’enfuir. Le narrateur vit désormais dans une attente entrecoupée de quelques rares rencontres, un gendarme, un couple d’auto-stoppeurs, ou une femme qui se
rend tous les jours au chevet de son mari et de son amant.
Dernier livre lu pour le prix Fnac ! C’est le vol du célèbre
tableau de Munch,  “le cri”, qui a inspiré ce roman à Laurent Graff. L’auteur mêle habilement humour et angoisse et nous entraîne dans cette ambiance irréelle de fin du monde avec
beaucoup de facilité et de simplicité. J’ai particulièrement aimé le côté absurde du récit: le peu d’angoisse que la situation semble générer chez les personnages, leur difficulté à abandonner
les codes habituels de la société (travail, uniforme, horaires…), le calme du narrateur pourtant confronté à l’incompréhensible. J’ai cependant été un peu déconcertée par la fin du livre, et
j’avoue que je ne suis pas sûre d’avoir saisi toutes les subtilités du dénouement. Malgré ce bémol, j’ai vraiment été séduite par ce récit étrange et original, par l’écriture et l’univers de
Laurent Graff , qui m’a un peu rappelé celui de Joël Egloff…
Le dilettante 2006, 121 pages, 14€

La vie de bureau – Jean-Michel Delacomptée

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Encore un livre lu pour le Prix Fnac. Je renonce à vous faire
un résumé en bonne et due forme de ce roman… Disons qu’un sexagénaire à l’existence insipide tente de séduire l’une de ses jeunes collègues aux dents longues, en tous points opposée à lui. Je me
suis rapidement ennuyée avec ce personnage vieillot et réactionnaire. On s’englue dans ses bavardages interminables sur son combat quotidien contre le bruit, sur sa passion du baiser,
sur son rêve d’une retraite tranquille. L’intrigue minimale n’est finalement qu’un prétexte à une suite de discours plutôt creux sur la vie moderne.  Au prix de redoutables efforts, j’ai
réussi à lire 150 pages, soit environ la moitié du roman, avant de renoncer et de laisser ce livre de côté. C’est d’autant plus dommage que le style est très élégant, et qu’il aurait fait
merveille au service d’un contenu plus consistant ! Mais “La vie de bureau” est à l’image de son personnage, sans relief et sans saveur.
Calmann-Levy 2006, 284 pages, 17 euros

La guerre des légumes – Peter Sheridan

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Un soir, Philo trouve refuge dans un
couvent dublinois, bien décidée à entrer dans les ordres pour échapper à la pauvreté et à la violence de son mari. Son physique imposant, ses tatouages, son langage fleuri et son
franc-parler n’en font pourtant pas la candidate idéale pour une vie de silence et de contemplation! Grâce à sa générosité sans bornes, elle réussira pourtant  à se faire apprécier de tous,
et parviendra même à trouver une solution à la guerre entre deux marchands de primeurs, un affontement qui agite le quartier depuis plusieurs décennies.

Après le pire, le meilleur ! “La guerre des légumes” est le titre  que j’ai
préféré dans cette sélection Fnac. La trame est un  peu mince, mais le personnage de Philo porte ce roman sur ses
larges épaules avec une truculence tellement séduisante! Loin des héroïnes propres et lisses, elle étonne, agace, gêne, amuse et émeut tour à tour. Elle sème la panique dans un couvent,
joue les marieuses, secoue ce quartier populaire de Dublin… Mais sous ses excentricités sont tapies bien des douleurs, de son enfance meurtrie à son mariage malheureux, de l’abandon
de ses 5 enfants à son fils aîné qui s’enfonce dans la délinquance…  Sans jamais cesser d’aider les autres, Philo finira par comprendre comment s’aider elle-même. “La guerre des légumes”
est vraiment un beau portrait de femme, un livre débordant d’amour et de tendresse.
Vous pouvez lire le premier chapitre ici !
Lattès, 300 pages, 20€