Catégorie : Lectures – Classement par note

Miss pas touche – Hubert et Kerascoët


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Dans le Paris des années 30, deux petites bonnes, Blanche et Agathe sont des sœurs très différentes: Agathe, joyeuse et délurée, passe ses soirées à danser dans les guinguettes, alors que Blanche, prude et réservée, attend sagement son retour. Quand Agathe est assassinée, Blanche est persuadée que le coupable est le tueur en série que les journaux ont surnommé “le boucher des guinguettes”. Elle remonte sa piste jusqu’au Pompadour, une maison close fréquentée par la haute société.

Cette BD en deux volumes nous plonge dans un monde fascinant, un lieu de perdition et de fantasmes qui a parfois des faux airs de pensionnat de jeunes filles, avec ses amitiés et ses rivalités, ses fortes têtes et ses souffre-douleurs. Miss-pas-touche-tome-2.gif C’est dans cette ambiance à la fois sombre et légère que se retrouve notre délicieuse Blanche, personnage plein de panache, petit bout de femme au cœur d’or qui ne se laisse pas pour autant marcher sur les pieds, et qui saura conserver ses valeurs dans un monde qui n’en a pas beaucoup. Ajoutez le dessin fin et élégant de Kerascoët (un pseudo qui cache en fait un duo de dessinateurs, Marie Pommepuy et Sébastien Cosset) et une enquête rondement menée, et vous aurez une BD chaudement conseillée !

Tome 1 : La vierge du bordel (2006) / Tome 2 : Du sang sur les mains (2007) chez Dargaud, collection Poisson Pilote.

La sagesse de la courriériste du coeur – Carlotta Alessandri

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Très chère Elise, Mon mari est adorable
Ma meilleure Amie A un Amant
Un Jour elle m’a dit Bouge fait comme Moi
et me voilà parti. Depui un moi
J’ai un amant
Je Bois du vin Je m’abille et Maquille
Differament Je me sens libre
Jusqu’au jour ou mon Mari
va se douter de quelque chose
Je suivrais votre conseil Bon ou Mauvais

Nathalie


Le courrier du coeur est une histoire organique, une histoire de papier, chiffonné, plié en deux, en huit, bouts de
nappe arrachés ou joli papier à lettres. Une histoire de colle, de salive, de traces de doigts et d’espoir.
Quand on ne sait plus comment
trouver un sens à sa vie, un homme à aimer, une page à tourner, il y a cette phrase en haut de la page du courrier du coeur:
“Vous
éprouvez des difficultés dans votre vie sentimentale, vous avez envie de vous confier? Elise est là pour vous aider”. (4ème de couverture)

Depuis 20 ans, Carlotta Alessandri est Elise, la responsable de la rubrique “courrier du cœur” du magazine Nous Deux. Curieux métier dans lequel elle reçoit les confidences
d’inconnues: il y est question d’amour et de solitude, de choses légères (un premier baiser, un amant, l’attirance pour un homme que l’on croise tous les matins ou que l’on voit une fois par an)
mais aussi plus graves, inceste ou violence conjugale. Pour Elise, il s’agit alors d’
imaginer qui se cache derrière ce cœur en
détresse
, de dompter l’émotion pour prendre le recul nécessaire, de lire entre les lignes, de trouver le compromis entre la réponse que l’on attend et
celle que l’on ne veut pas entendre… Il faut remodeler les lettres pour en retirer la substantifique moëlle, pour qu’elles parlent à toutes les lectrices sans pour autant leur retirer
leur particularité. On sourit souvent en lisant les quelques lettres retranscrites dans ce livre, leur candeur désarmante, leur côté un peu suranné, leur orthographe douteuse… Pourtant jamais
ces mots maladroits ne sont ridicules et l’auteur sait nous faire partager la poésie de ces missives et la tendresse qu’elle ressent pour toutes ces correspondantes anonymes. Un livre très court
(une centaine de pages) mais très riche, sur un métier rare et magique.

Ce livre fait partie d’une collection lancée par les éditions L’œil neuf intitulée “la sagesse d’un métier”: vous pouvez retrouver l’ensemble des titres parus ici (la sagesse de l’éditeur ou du bibliothécaire, la sagesse du médecin ou du photographe…). Beaucoup de ces titres m’intéressent, donc je vous reparlerais
sûrement de cette collection bientôt !

Editions L’œil neuf 2007, 110 pages,
12,50€

Le combat d’hiver – Jean-Claude Mourlevat

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Deux adolescentes, Helen et Milena, vivent avec d’autres orphelines dans un pensionnat particulièrement austère et strict. Un soir, Helen profite d’une faveur qui leur est accordée deux fois par an en allant rendre visite à sa consoleuse, une femme chargée de lui offrir un court moment d’amour et d’affection. Milena l’accompagne, mais la règle est claire, si elles ne rentrent pas à l’heure dite, une de leurs camarades sera enfermée au “Ciel”, un cachot tristement célèbre. Sur le chemin, les deux amies font la connaissance de deux garçons du pensionnat voisin, Milos et Bartolomeo. Quand elle sort de chez sa consoleuse quelques heures plus tard, Helen a une bien mauvaise surprise : Milena s’est enfuie en compagnie de l’un des garçons.

Je meurs d’envie de vous en dire plus pour vous donner envie de lire ce livre, mais ce serait vraiment dommage de déflorer l’intrigue (la quatrième de couverture en dit déjà beaucoup trop!). La fugue de Milena n’est que le point de départ d’une histoire très riche: A la fois récit initiatique et roman d’aventures imprégné de fantastique (on y croise des hommes hybrides, à moitié chien ou cheval), ce livre ne manque pas de souffle avec des personnages forts et attachants, une progression haletante et des rebondissements bien dosés. Le lieu et l’époque restent flous, Mourlevat construit un univers sombre et inquiétant dont le décor fait souvent penser à une grande ville européenne du XIXe, un peu à la Dickens, mais le thème et certaines scènes s’inspirent aussi de la seconde guerre mondiale. Un monde intemporel donc dans lequel les grands thèmes de la liberté et de la résistance se mêlent avec beaucoup de subtilité aux préoccupations de l’adolescence. A part la toute fin du roman que j’ai trouvé un peu plate, “Le Combat d’hiver” est vraiment un roman d’une très belle qualité, sans aucun doute l’un des meilleurs livres pour ados que j’ai pu lire récemment!

Gallimard 2006, 330 pages, 15€
Les avis enthousiastes de Flo, de Laure, de Clochette et de Clarabel!
Et pour lire les premières pages de ce roman, cliquez ici

Une canaille et demie – Ian Levison

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Blessé au cours d’un braquage, poursuivi par la police, Dixon trouve refuge par hasard chez
Elias, un prof d’histoire du New Hampshire. Ayant surpris ce dernier dans une situation embarrassante, Dixon le fait chanter et l’oblige ainsi à l’aider. Pendant plusieurs jours les deux hommes
vont cohabiter et construire une relation étrange, entre méfiance, provocations et confidences. Denise, une fliquette séduisante, un peu désabusée parce qu’elle n’arrive pas à obtenir la
promotion qu’elle mérite, va s’immiscer dans ce duo improbable.
Malgré les apparences (un braqueur, un otage, un agent du FBI) Une canaille et demie tient plus du roman noir que du polar. Les repères
traditionnels tombent rapidement, on se prend d’emblée d’affection pour le braqueur qui rêve d’une existence simple et tranquille, alors que l’otage se révèle un petit être pathétique, arriviste
et sans morale. La confrontation entre les deux hommes est très bien menée, et comme dans son précédent roman (Un
petit boulot
), Ian Levison sait manier le poil à gratter : il dénonce encore ici les écueils
d’une société dans laquelle les dés sont pipés si l’on naît du mauvais côté de la barrière sociale, pauvre ou femme. Une canaille et demie n’a pourtant pas le mordant d’un petit
boulot
(que je vous recommande!) et manque parfois de rythme et d’intensité. Peu importe, ce roman original, et qui ne manque pas d’humour, permet de passer un très bon moment,
et Ian levison (qui n’a étrangement pas trouvé d’éditeur aux Etats-Unis pour ce livre) est vraiment un auteur à découvrir!
Editions Liana Levi 2006, 18€
Les avis de Papillon et de Chimère

Dominique Mainard – Je voudrais tant que tu te souviennes

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Albanala prend soin depuis plusieurs années d’une de ses voisines, Mado, légèrement handicapée. Depuis sa petite enfance, Mado s’est construit un monde à
part, toujours l’oeil rivé au sol, elle traque sans relâche l’infiniment petit avec son appareil photo. Mais depuis quelques temps sa mémoire s’évapore doucement. Quand Albanala décide de
repartir dans son pays natal, elle confie à sa nièce Julide le soin de s’occuper de Mado. Mais la relation entre l’adolescente et la vieille femme se dégrade lorsque Mado tombe sous le charme
d’un inconnu de passage, chargé de réparer la girouette du marché couvert.

Le précédent roman de Dominique Mainard, “Le ciel des chevaux”, m’avait laissé une impression mitigée : le sujet (la folie) m’avait
mise assez mal à l’aise, mais j’avais apprécié la maîtrise du récit et l’art du rebondissement. Ici en revanche je n’ai pas été séduite par la forme, pas plus que par le fond. L’histoire met
un temps fou à se mettre en place et m’a paru particulièrement décousue. On passe d’un point de vue à l’autre, et les différentes voix composent un tableau bancal qui manque de
fluidité . Bien que la relation entre les deux femmes soit assez touchante, je n’ai jamais vraiment réussi à m’attacher aux protagonistes: L’auteur tente de titiller la curiosité du
lecteur en multipliant les non-dits, sous-entend des secrets enfouis, mais toutes ces pistes se révèlent être des cul-de-sac et les personnages restent désespérement hermétiques.

Je n’ai lu que de bonnes critiques sur ce livre, sans doute suis-je l’une des rares personnes à ne pas réussir à pénétrer l’univers de Dominique
Mainard. Reste dans ma P.A.L son premier roman ” Leur histoire”, qui me permettra peut-être de me réconcilier avec cet auteur ? A suivre…!

Gallimard 2007, 247 pages, 17,90 €

Les avis plus enthousiastes de Sylire et de Gambadou