Céleste, Tome 2 : il est temps Monsieur Proust de Chloé Cruchaudet

Céleste : il est temps Monsieur Proust

J’avais beaucoup aimé le premier tome de Céleste : bien sûr Monsieur Proust*, inspiré par les mémoires de Céleste Albaret, qui fut au service de Marcel Proust pendant une dizaine d’années. Quel plaisir donc retrouver Céleste et Marcel dans ce second tome. Après avoir déserté son poste à la fin du premier volume, lassée du comportement tyrannique de Proust, Céleste reprend ici sa place auprès de l’écrivain. La santé de celui-ci ne s’améliore pas, et il continue à écrire À la recherche du temps perdu du fond de son lit. Éternellement insatisfait, il semble incapable d’y mettre un point final… Céleste a quant à elle fait venir sa sœur Marie de province afin de la seconder.

La seconde partie de ce diptyque est tout aussi réussie que la première, grâce notamment au trait de crayon de Chloé Cruchaudet et à ses personnages virevoltants. Elle décrit avec tendresse et humour la relation atypique et étonnante entre Marcel et Céleste. Si Céleste ne savait strictement rien faire quand elle a débarqué à Paris au début du tome 1, elle gère désormais tout l’aspect matériel de la vie de Proust avec beaucoup d’efficacité (l’épisode du déménagement est épique), et elle est aussi devenue sa confidente privilégiée. Elle l’aide même dans son travail d’écriture, en classant par exemple ses paperolles, ces petites bandes de papier qu’il utilisait pour apporter des modifications à son manuscrit. On tourne à regret la dernière page, difficile de dire adieu à ce duo très attachant ! 

Céleste : il est temps Monsieur Proust (clic)* de Chloé Cruchaudet, éditions du soleil 2023, 140 pages.

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Odette Froyard en trois façons d’Isabelle Monnin : une enquête familiale

Odette Froyard en trois façons - Isabelle Monnin

“Il n’y a de femme invisible que pour ceux qui regardent mal”. 

Près de 30 ans après sa mort, Isabelle Monnin entreprend de dresser le portrait de sa grand-mère. Quelle empreinte a donc laissé cette femme discrète, qui ne parlait jamais d’elle-même et préférait se consacrer au bien-être des autres ? Les souvenirs d’enfance ne vont finalement laisser qu’un grand sentiment de frustration à l’autrice : certes Odette était aimée, mais encore ? Qui était-elle vraiment, en dehors de son statut d’épouse et de mère ? Isabelle Monnin s’engage alors dans une véritable enquête familiale et généalogique

Y-a-t’il toujours de l’extraordinaire dans l’ordinaire ? Isabelle Monnin en est persuadée. Alors elle fouille inlassablement dans la vie d’Odette, interroge ceux qui restent, met à jour des secrets de famille. Et pour que l’on n’oublie pas Odette, elle s’arrange parfois un peu avec la réalité, se servant de son talent de romancière dans la dernière partie pour combler les fissures qui restent malgré son minutieux travail de recherche. Odette Froyard en trois façons est un livre cousu à petits points délicats, dans lequel l’autrice invoque aussi les autres fantômes de sa vie, son fils et sa sœur, pour l’accompagner sur le chemin de la mémoire. J’ai beaucoup aimé ce roman très émouvant, qui m’a parfois fait penser (de par l’enquête familiale, la période de la 2ème guerre mondiale, et cette envie de redonner leur entière place aux disparus) à un autre roman adoré, La carte postale d’Anne Berest. 

Odette Froyard en trois façons (clic)* d’Isabelle Monnin, éditions Gallimard 2024, 272 pages

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Les guerres de Lucas – Prix BD Fnac / France Inter 2024

Les guerres de Lucas

Les guerres de Lucas retrace le chemin de croix de George Lucas pour que le premier Star Wars voit le jour. A l’époque personne ne croit vraiment à ce projet farfelu de science-fiction, à commencer par les producteurs de la Fox, qui rechignent à signer le contrat de financement.  Du scénario que Lucas ne cesse de remodeler jusqu’au casting laborieux (il a auditionné plus de 2000 candidats en 3 semaines pour les rôles principaux) en passant par les effets spéciaux inédits qui lui donneront bien du fil à retordre, cette BD passionnante retrace toutes les péripéties de ce premier volet, et dévoile quelques secrets de tournage. Nul besoin d’être un fan inconditionnel de Star Wars (mieux vaut avoir vu le film quand même) pour apprécier cette BD richement documentée qui nous plonge dans une période en or du cinéma américain (on y croise aussi Brian de De Palma, Steven Spielberg ou Francis Ford Coppola). 

Plus que l’histoire d’un film, ce roman graphique est également le portrait d’un réalisateur qui n’est alors qu’aux portes de la célébrité (American Graffiti vient de rencontrer un succès inattendu). G. Lucas était un enfant rêveur et rebelle qui deviendra un étudiant brillant, passé près de la mort après un accident de voiture. S’il a une imagination débordante, c’est en revanche un réalisateur taiseux, au tempérament parfois maniaque et obsessionnel, qui a souvent du mal à se faire respecter par ses équipes. Cette BD redonne également la place qu’elle mérite à Marcia, première épouse de Lucas, femme de l’ombre et soutien inconditionnel, même dans les périodes les plus difficiles. 

Les guerres de Lucas a reçu le Prix BD Fnac – France Inter 2024

Les guerres de Lucas (clic)* de Laurent Hopman & Renaud Roche, Deman éditions 2023, 208 pages

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Les aiguilles d’or – Michael McDowell

Les aiguilles d'or - Michael McDowell

“Ses fins cheveux bruns, constamment rassemblés en un chignon, lui arrivaient sur la nuque, ce qui lui permettait de masquer l’absence de son oreille gauche arrachée d’un coup de dent en 1869 lors d’une bagarre contre Phallus Meg au Hole In The Wall; on pouvait toujours admirer son oreille, préservée avec d’autres dans un bocal d’alcool derrière le comptoir de cet établissement aussi méprisable que florissant”. 

New York, 1882. Le juge James Stallworth est bien décidé à nettoyer “le triangle noir”, l’un des quartiers les plus mal-famés de la ville, et à profiter de sa position pour propulser son gendre Duncan sur la scène politique. Dans son viseur se trouve en particulier la famille Shanks, dirigée par la matriarche Lena. Si elle possède une modeste boutique de prêteuse sur gages, Lena Shanks, secondée par ses deux filles, s’est en fait construit une petite renommée locale grâce au recel et aux avortements clandestins. Les rues de New-York vont devenir le terrain d’affrontement des deux familles, chacune avec ses atouts, ses faiblesses et ses armes. 

J’avais beaucoup aimé la série Blackwater, et j’étais donc impatiente de lire ce roman de Michael McDowell. Mais il faut bien le dire, je me suis franchement ennuyée pendant plus de la moitié du livre. La mise en place est interminable et l’intrigue s’enlise dans de longues scènes descriptives : on est ici plutôt dans un roman d’ambiance, au milieu des fumeries d’opium et des cercles de jeux clandestins. J’ai aussi eu du mal à m’attacher à des personnages que j’ai trouvés caricaturaux et sans épaisseur. J’avoue, j’étais à deux doigts d’abandonner et puis un petit miracle a eu lieu vers la page 300 : Il se passe enfin un événement majeur qui a relancé mon intérêt pour ce roman et j’ai finalement eu beaucoup de plaisir à lire la dernière partie, tout à fait décoiffante et captivante. Je ne suis donc pas complètement fâchée avec Michael McDowell, ouf, et je lirai sans aucun doute son roman Katie, à paraître le 19 avril aux éditions Monsieur Toussaint Louverture. 

Les aiguilles d’or (clic)* de Michael McDowell, éditions Monsieur Toussaint Louverture 2023, 520 pages

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Sorties poches Mars 2024

Encore un mois riche en sorties poches qui comblera les petits budgets ! Comme chaque mois, je vous ai préparé une petite sélection, non exhaustive, de romans que j’ai aimé ou que j’ai très envie de lire. Je vous conseille notamment le livre d’Anthony Passeron, Les enfants endormis, qui a été un de mes grands coups de cœur de l’année dernière.


Les enfants endormis en pocheLes enfants endormis – Anthony Passeron – Sortie le 06 mars 2024 / Le livre de poche 

Au tournant des années 1980, alors qu’une partie de la jeunesse sombre dans l’héroïne, un étrange syndrome fait son apparition dans les hôpitaux français et américains. Les Enfants endormis retrace cette double histoire, intime et collective. À travers un prisme inédit, Anthony Passeron rouvre les archives de la lutte contre le sida, entre roman familial et épopée scientifique.


Trois mois et un jour en pocheTrois mois et un jour – Karine Reysset – Sortie le 6 mars 2024 / J’ai lu

“J’avais sept ans quand j’ai perdu un petit frère de la mort subite du nourrisson. Loïc avait trois mois et un jour. Sa présence, si éphémère fût-elle, a imprégné toute ma vie. Il y a quatre ans, notre mère m’a annoncé qu’elle songeait à le déménager du cimetière où il était enterré. Je me suis alors replongée dans ma mémoire trouée, au coeur d’une enfance heureuse, d’une famille heureuse, sans lui et avec lui, car il n’était jamais loin. Avant qu’il ne soit trop tard, j’ai traqué ses traces dans les petits papiers et les archives – il y a les reliques et les photos, les lettres, les signes et les légendes. Sans oublier les oiseaux.” Karine Reysset délaisse la fiction pour ce récit intime, qu’elle porte en elle depuis longtemps. En écho à d’autres livres sur le deuil, elle explore dans Trois mois et un jour la douleur de la perte et met en scène la réparation des vivants.


Les mangeurs de nuit en pocheLes mangeurs de nuit – Marie Charrel – Sortie le 06 mars 2024 / Le livre de poche

Hannah est une Nisei, une fille d’immigrés japonais. Bien que bercée de contes nippons pas son père, elle se sent avant tout canadienne et ne comprend pas pourquoi les autres enfants la traitent de « sale jaune ». Jack, lui, est un creekwalker : il veille sur la forêt et se réfugie dans les légendes autochtones depuis le départ de son frère à la guerre. Le jour où l’ermite tombe nez à nez avec un ours blanc au cœur de la Colombie-Britannique, il croit rêver : la créature n’existe que dans les mythes anciens. Pourtant, la jeune femme inconsciente qu’il recueille, marquée des griffes de la bête et qui développe d’étranges dons à son réveil, semble prouver le contraire. Des années 1920 à l’après-guerre, Marie Charrel brosse le portrait d’une Amérique du Nord où se lient, dans une fabuleuse ode à la nature et à la fraternité, contes japonais et légendes indigènes.


Des lendemains qui chantent en pocheDes lendemains qui chantent – Alexia Stresi – Sortie le 06 mars 2024 / J’ai lu

Paris, 1935. Lors de la première du Rigoletto de Verdi à l’Opéra-Comique, un ténor défraie la chronique en volant la vedette au rôle-titre. Le nom de ce jeune prodige ? Elio Leone. Né en Italie à l’orée de la Première Guerre mondiale, orphelin parmi tant d’autres, rien ne le prédestinait à enflammer un jour le Tout-Paris. Rien ? Si, sa voix. Une voix en or, comme il en existe peut-être trois ou quatre par siècle. Cette histoire serait très belle, mais un peu trop simple. L’homme a des failles. D’ailleurs, est-ce vraiment de succès qu’il rêvait ? En mettant en scène avec une générosité folle et une grande puissance romanesque des personnages inoubliables, Alexia Stresi nous raconte que ce sont les rencontres et la manière dont on les honore qui font que nos lendemains chantent et que l’on sauve sa vie.


Le colonel ne dort pas en pocheLe colonel ne dort pas – Emilienne Malfato – Sortie le 6 mars 2024 / J’ai lu

Dans une grande ville d’un pays en guerre, un colonel, spécialiste de l’interrogatoire, accomplit chaque jour son implacable office. La nuit, il ne dort pas. Une armée de fantômes, ses victimes, a pris possession de ses songes.
Dehors, il pleut sans cesse. La Ville et les hommes se confondent dans un paysage brouillé, un peu comme un rêve – ou un cauchemar. Des ombres se tutoient, trois hommes en perdition se répondent. Le colonel, tortionnaire torturé. L’ordonnance, en silence et en retrait. Et, dans un grand palais vide, un général qui devient fou.
Dans une langue d’une beauté crépusculaire, Emilienne Malfatto tisse une fable universelle sur la guerre et ce qu’elle fait aux hommes.


L'école des bonnes mères en pocheL’école des bonnes mères – Jessamine Chan – Sortie le 6 mars 2024 / Harper Collins Poche

« Nous avons votre fille. » C’est le message qu’entend Frida, mère célibataire, alors qu’elle s’est absentée en laissant seule sa fille de dix-huit mois. Les voisins l’ont vue sortir et ont appelé la police, venue récupérer l’enfant. Une série de conséquences qui la dépassent se déclenche. Frida perd la garde de sa fille pour un an, temps qu’elle passera dans un centre de rééducation pour apprendre à devenir une «  bonne mère  ». Jessamine Chan signe un roman glaçant sur les attentes impossibles qui pèsent aujourd’hui sur les femmes, les dérives de la société de surveillance et l’indicible solitude des mères.


Les éclats en pocheLes éclats de Breat Easton Ellis – Sortie le 07 mars 2024 / 10/18

Los Angeles, 1981. Bret, dix-sept ans, plongé dans l’écriture de Moins que zéro, entre en terminale au lycée privé de Buckley. Avec Thom, Susan et Debbie, sa petite amie, il expérimente les rites de passage à l’âge adulte : alcool, drogue, sexe et jeux de dupes. L’arrivée d’un nouvel élève fait voler leurs mensonges en éclats. Beau, charismatique, Robert Mallory a un secret. Et ce secret pourrait le lier au Trawler, un tueur en série qui sévit dans les parages. Terrorisé par toutes sortes d’obsessions, Bret se met à suivre Robert. Mais peut-il se fier à son imagination paranoïaque pour affronter un danger menaçant ses amis et lui-même, et peut-être la ville et le pays entier ?


La faute en pocheLa faute d’Alessandro Piperno – Sortie le 07 mars 2024 / Liana Levi Piccolo

Un imposteur. Voilà ce qu’est devenu, à son corps défendant, le narrateur de ce roman. Oubliés le père fantasque, tendre et dépensier, la mère austère et impénétrable. Fini le couple parental dysfonctionnel, les disputes, les fins de mois difficiles, les vacances annulées. À présent c’est dans un milieu totalement différent qu’il évolue, sous une autre identité et sous la houlette du providentiel oncle Gianni, ténor du barreau, qui aimerait bien que son protégé tire une croix sur son passé et épouse complètement son mode de vie flamboyant. Et pourtant, toujours, souvenirs et fantômes du passé ressurgissent, tourmentant sa conscience, titillant son sentiment de culpabilité, l’incitant à reparcourir les étapes d’un itinéraire qui a fait de lui ce qu’il est…


Roman fleuve en pocheRoman fleuve – Philibert Humm – Sortie le 07 mars 2024 / Folio

« Averti de notre arrivée imminente, Tesson se tenait sur le débarcadère. Lorsqu’il vit poindre notre canot, sa tringle et son rideau de douche, il réprima un sourire. “Vous avez fière allure”, dit-il, sans que je puisse déterminer avec précision la proportion d’ironie.
— Se moque-t-il ? demanda Waquet à mi-voix.
— C’est possible, dis-je.
— C’est probable, ajouta Adrian. »

Trois hommes, un bateau, un fleuve : une histoire qui prend l’eau dès les premières pages.


Les vainqueurs en pocheLes vainqueurs – Roy Jacobsen – Sortie le 7 mars 2024 / Folio

“Alors oui, ici, il y a des histoires, un tas d’histoires, mais pas du genre qui s’entassent dans les livres et les bibliothèques, qui se lisent et qui durent, qui passent de génération en génération, non, ici, les mots sont arrachés par le vent à l’instant où ils sont prononcés.” Marta grandit au sein d’une famille nombreuse sur la côte du Helgeland, en Norvège. Dans ce lieu isolé à la beauté âpre et sauvage, son père Johan subvient à leurs besoins en pêchant et en cultivant la terre. Mais, en 1927, la nourriture se fait rare et Johan est contraint de placer sa fille au service d’une riche famille d’Oslo, qui choisira la collaboration à l’heure de la Seconde Guerre mondiale. Des années plus tard, Rogern, le fils de Marta, grandit dans la cité nouvelle d’Årvoll, posant un regard aussi vif que truculent sur son pays. Dans cette saga familiale parue en 1991, Roy Jacobsen déploie une spectaculaire fresque de la classe ouvrière et des mutations profondes de la Norvège sur un demi-siècle.


Lulu en pocheLulu – Léna Paul Le Garrec – Sortie le 7 mars 2024 / Libretto

Enfant singulier et solitaire, élevé par une mère maladroite, étouffante, malmené par ses camarades de classe, Lulu trouve refuge sur le littoral. Tour à tour naturaliste, collectionneur, chercheur de bouteilles, ramasseur de déchets, il fera l’expérience de la nature jusqu’à faire corps avec elle. Conte initiatique et poétique, Lulu, premier roman de Léna Paul-Le Garrec, interroge notre rapport à la liberté et à la nature.


Fantaisies guerillères en pocheFantaisies guérillères – Guillaume Lebrun – Sortie le 7 mars 2024 / Christian Bourgois poche

En ce début de XVe siècle, tout est chaos au Royaume de France?: Englishes, Armagnacs et Bourguignons n’en finissent pas de s’écharper. Pour Yolande d’Aragon, il n’est plus temps de rester avachi dans les palais. Puisqu’une prophétesse est attendue pour couronner le dernier Dauphin vivant, la fulminante duchesse décide de hâter le destin. En secret, elle crée une école où quinze petites Jehanne deviendront des Guérillères accomplies. Mais la plus prometteuse d’entre elles se révèle bien différente de ce que Yolande imaginait.
Porté par une langue inouïe d’inventivité, ce premier roman est une réécriture endiablée d’un des plus illustres épisodes de l’histoire de France.


Le royaume désuni en pocheLe royaume désuni – Jonathan Coe – Sortie le 14 mars 2024 / Folio

« Charles et Diana s’embrassent. Crépitement de flashs. Les journaux de demain tiennent leur une. Sept cent cinquante millions de téléspectateurs les regardent à travers le monde. Parmi eux, une famille rassemblée autour d’un téléviseur à Bournville, Birmingham, code postal B30. »

Cette famille, c’est celle de Mary Clarke, fille d’un ouvrier de l’usine de chocolat Cadbury, mère de trois fils et épouse d’un taiseux rencontré pour la première fois lors des festivités organisées pour la victoire des Alliés. Au fil des années, de couronnements en Coupes du monde, de la mort de Diana au Brexit, nous verrons Mary et les siens grandir, s’aimer, se détester parfois. Scandant les temps majeurs de l’Angleterre moderne, Le royaume désuni mêle brillamment les destins d’un pays dysfonctionnel, d’une irrésistible famille anglaise et d’une célèbre chocolaterie.


Le gardien de téhéran en pocheLe gardien de Téhéran de Stéphanie Perez – Sortie le 14 mars 2024 / Pocket

Printemps 1979, Téhéran. Alors que la Révolution islamique met les rues de la capitale iranienne à feu et à sang, les Mollahs brûlent tout ce qui représente le modèle occidental vanté par Mohammad Reza Pahlavi, le Chah déchu, désormais en exil.
Seul dans les sous-sols du musée d’Art moderne de Téhéran, son gardien Cyrus Farzadi tremble pour ses toiles. Au milieu du chaos, il raconte la splendeur et la décadence de son pays à travers le destin incroyable de son musée, le préféré de Farah Diba, l’Impératrice des arts. Près de 300 tableaux de maîtres avaient permis aux Iraniens de découvrir les chefs d’œuvre impressionnistes de Monet, Gauguin, Toulouse-Lautrec, le pop art d’Andy Warhol et de Roy Lichtenstein, le cubisme de Picasso ou encore l’art abstrait de Jackson Pollock. Mais que deviendront ces joyaux que les religieux jugent anti islamiques ? Face à l’obscurantisme, Cyrus endosse, à 25 ans à peine, les habits un peu grands de gardien d’un trésor à protéger contre l’ignorance et la morale islamique.


La jurée en pocheLa jurée – Claire Jéhanno – Sortie le 20 mars 2024 / Harper Collins Poche

Anna Zeller a été tirée au sort pour devenir jurée aux assises. Une expérience aussi vertigineuse qu’inédite.
Appelée à juger un couple au casier vierge dans un procès pour empoisonnement et meurtre, la jeune femme va voir resurgir son passé. Un passé qui la transporte vingt ans plus tôt, sur une aire de jeux en Bretagne. Le jour où Anna Boulanger est devenue Anna Zeller. Les jurés ont une semaine pour décider du destin des accusés et s’emparer de leur troublante histoire. C’est aussi le temps qu’il faudra pour que bascule la vie d’Anna. Un premier roman sensible et lumineux sur la quête de vérité, les liens familiaux et les mirages de l’enfance.


Home toni morrison en pocheHome de Toni Morrison – Sortie  le 21 mars 2024 / 10/18

Frank Money est Noir, brisé par la guerre de Corée, en proie à une rage folle. À Atlanta, il doit retrouver sa jeune sœur Cee, cobaye d’un médecin blanc, pour regagner Lotus en Géorgie, la ville de son enfance – ” le pire endroit du monde “. S’engage pour lui un périple dans l’Amérique ségrégationniste des années 1950 où dansent toutes sortes de démons. Avant de trouver, peut-être, l’apaisement. Parabole épurée, violemment poétique, Home conte avec une grâce authentique la mémoire marquée au fer d’un peuple et l’épiphanie d’un homme.


Divorce à l'anglaise en pocheDivorce à l’anglaise – Margaret Kennedy – Sortie le 21 mars 2024 / Folio

“Il lui semblait qu’il y avait de nombreux points communs entre le divorce et le mariage ; les parents risquaient de se vexer qu’on ne le leur annonce pas à l’avance.” À trente-sept ans, Betsy Canning constate que, malgré sa richesse et ses trois beaux enfants, le bonheur lui échappe. Elle décide alors de se séparer de son mari. Mais, en 1936, la société anglaise est encore frileuse au sujet du divorce. À peine Betsy a-t-elle écrit à ses parents pour les préparer à cette idée que sa décision suscite l’ingérence de ses proches. Les plans de bataille se mettent en place, les quiproquos s’enchaînent et chacun, enfant comme adulte, ami ou simple connaissance, devra choisir son camp.


V13 en pocheV13 – Emmanuel Carrère – Sortie le 21 mars 2024 / Folio

V13 : c’est le nom de code du procès des attentats terroristes qui, le vendredi 13 novembre 2015, ont causé 130 morts au Stade de France, sur des terrasses de l’Est parisien, dans la salle de concert du Bataclan. 14 accusés, 1 800 parties civiles, 350 avocats, un dossier haut de 53 mètres : ce procès hors norme a duré neuf mois, de septembre 2021 à juin 2022. Je l’ai suivi, du premier au dernier jour, pour l’hebdomadaire L’Obs. Expérience éprouvante, souvent bouleversante, fascinante même quand elle était ennuyeuse. Une traversée.


Papa courait les paris en pochePapa courait les paris de Louise Meriwether – Sortie le 21 mars 2024 / 10/18

À l’été 1934, nulle part les effets de la Grande Dépression ne sont plus criants qu’à Harlem, où sont établies Francie, douze ans, et sa famille. Dans l’incapacité de trouver un travail, le père s’adonne à une série de paris pour les infimes éclats d’espoir qu’ils promettent, mais jamais n’exaucent ; la mère rapièce les vêtements, court les ménages, essaie péniblement de joindre les deux bouts ; tandis que Junior, le frère aîné, est entraîné dans la vie dangereuse des gangs de rue. Francie, elle, est une grande rêveuse, qui sent néanmoins dans sa naïveté d’enfant qu’il y a des risques partout, surtout pour une fille noire à l’aube de son adolescence, qu’il s’agisse d’aller au cinéma ou de traverser son quartier. Harlem, source de tous les dangers, mais aussi lieu d’amour et de tendresse, refuge où s’expriment l’humour, la colère et la vitalité d’une communauté solidaire.
Aux côtés de l’œuvre de Maya Angelou et de Toni Morrison, Papa courait les paris s’est installé dès sa publication originale en 1970 comme un classique de la littérature américaine, en ce qu’il révèle de la condition noire à Harlem dans les années 1930. Doux-amer, caractérisé par un vif sens de l’observation, ce grand roman de Louise Meriwether, traduit ici pour la première fois en français, est un vibrant hommage à la résilience, à l’intégrité et à l’esprit de son inoubliable héroïne.


La chair est triste hélas en pocheLa chair est triste hélas – Ovidie – Sortie le 22 mars 2024 / Points

Ce livre est la confession intime d’une femme qui a décidé de ne plus avoir de relations sexuelles. Au fil des pages, écrites dans un souffle, et dont chaque ligne porte le poids d’une colère longtemps contenue, elle raconte ce jour où elle n’a plus été capable de partager son lit avec qui que ce soit. Entre lassitude face à la répétition des mêmes scénarios érotiques et refus général de céder aux injonctions faites aux femmes, la narratrice s’octroie alors le droit de se tenir désormais éloignée de la sexualité. Une étape qui l’amène à revisiter certaines anecdotes marquantes de son existence, bouleversant le regard qu’elle porte aujourd’hui sur son parcours de femme, mais aussi sur les relations sociales formatées par une culture hétérocentrée. Un texte sans concession, toujours sincère et poignant, qui n’épargne ni les hommes ni les femmes, ni l’autrice elle-même, et ne laisse personne indifférent.