Catégorie : Lectures

[Roman] Maine – J. Courtney Sullivan

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Veuve depuis quelques années, Alice a eu  3 enfants avec Daniel, dont  Kathleen, divorcée (un sujet épineux dans cette famille catholique d’origine irlandaise), ex-alcoolique, qui élève désormais des vers de terre en Californie, et Patrick qui a épousé Ann-Marie, épouse et mère (presque) parfaite qui est devenue une fille de substitution pour Alice. Depuis la mort du patriarche les liens familiaux se sont distendus, Alice a recommencé à boire pour oublier le drame qui a marqué sa jeunesse, les deux belle-sœurs ne se supportent plus. Avec Maggie, la fille de Kathleen, elles vont se retrouver bien malgré elles  dans leur maison de vacances du Maine pour quelques jours.

Maine est l’entrelacement de 4 portraits de femmes issues de  générations différentes et qui ont bien du mal à se comprendre, elles n’ont pas grand chose en commun si ce n’est d’être des mères (ou une future mère dans le cas de Maggie). C’est la maison du Maine qui va cristalliser les sentiments ambivalents que ces femmes éprouvent les unes pour les autres: à la fois lieu de rassemblement, de souvenirs, de bonheur qui symbolise le lien familial, cette  maison est aussi une incessante source de conflits.

Cet été-là chacune va devoir faire face à ses failles, ses échecs, ses secrets. Kathleen, le vilain petit canard, cherche toujours l’assentiment de sa famille; Ann-Marie ne sait plus vraiment qui elle est et à quoi elle sert depuis que ses enfants ont quitté le nid; Alice est toujours rongée par la culpabilité depuis la mort de sa sœur bien des années auparavant; Maggie vient d’être larguée par son petit ami alors qu’elle est enceinte, et a peur de reproduire les erreurs de sa mère. Chacune rentre facilement dans une case, la grand-mère acariâtre, la femme au foyer parfaite, le canard boiteux, et pourtant il en faut si peu pour faire bouger les lignes de démarcation entre elles…  Maine est un beau roman familial à 4 voix, qui parle de maternité, dans ce qu’elle révèle de notre féminité, avec beaucoup de nuances et de subtilité.

Maine de J. Courtney Sullivan, Le livre de poche 2014 – Note/4 etoiles

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Sorties Poches Mai 2014

Niceville – Carsten Stroud (Points, le 9 mai)

Niceville a tout d’une charmante bourgade, un peu assoupie, du Sud États-Unis. Les apparences sont trompeuses : la ville aux demeures somptueuses est construite près d’un lieu maudit, la Fosse du Cratère. Depuis longtemps, d’inquiétantes et inexplicables disparitions touchent les familles fondatrices. Niceville est née d’un pacte avec des forces démoniaques, le Mal réclame son dû…

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La scène des souvenirs – Kate Morton (Pocket, 7 mai)

La célèbre actrice Laurel Nicolson se rend dans le Suffolk, au chevet de sa mère mourante. En feuilletant un album de famille, la comédienne découvre une photographie qu’elle n’avait encore jamais vue. Datée de 1941, celle-ci montre sa mère aux côtés d’une inconnue – une certaine Vivien, comme Laurel ne tarde pas à l’apprendre. Ce prénom, étrangement familier à ses oreilles, la ramène brusquement cinquante ans en arrière, au cœur d’un après-midi d’été étouffant. L’adolescente rêveuse qu’elle était alors avait assisté à un événement tragique qu’elle avait ensuite tout fait pour oublier. Hantée par ce souvenir, Laurel décide de fouiller dans le passé de sa famille. L’histoire secrète qu’elle exhume la plonge dans Londres, en pleine Seconde Guerre mondiale.

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Un été avec Louise – Laura Moriarty (Pocket, 7 mai)

Août 1922. Louise Brooks a 15 ans. Cette future icône du cinéma muet intègre la prestigieuse école de danse de Denishawn et touche du doigt son rêve : quitter sa ville étriquée du Kansas pour la flamboyante New York. Seule ombre au tableau, ses parents lui imposent une chaperonne, Cora Carlisle. Une femme aux antipodes de Louise, avec le souci des convenances, mais aussi de lourds secrets… Car si Cora se porte volontaire pour accompagner la jeune fille, c’est avant tout pour pouvoir partir sur les traces de son propre passé obscur. Elle n’imaginait pas que préserver la vertu de sa protégée s’avérerait aussi difficile. Louise, avec son air mutin, son petit carré noir soyeux à la frange bien dessinée, attire les regards, elle a soif de liberté et entend bien profiter de cette ville enchanteresse qui foisonne de théâtres, résonne d’un jazz enivrant et fourmille d’hommes. Ces cinq semaines passées ensemble vont changer le cours de leur vie à jamais…

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Coup de foudre à Austenland – Shannon Hale (Pocket, 22 mai)

Jane Hayes est une jeune New-Yorkaise en apparence tout à fait normale, mais elle a un secret : son obsession secrète pour Mr Darcy, ou plus précisément pour Colin Firth jouant Mr Darcy dans l’adaptation de la BBC d’ Orgueil et préjugés. Résultat, sa vie amoureuse est proche du néant : aucun homme n’est à la hauteur de la comparaison. Quand une riche parente lui laisse en héritage un séjour de 3 semaines dans un centre chic pour les Austen-addicts, où l’on peut revivre dans le monde de l’auteur d’ Orgueil et préjugés, les fantasmes de Jane impliquant une rencontre avec un héros tiré tout droit de l’époque de la Régence deviennent un peu trop réels. Cette immersion dans cet Austenland réussira-t-elle à débarrasser Jane de son obsession pour lui permettre de rencontrer un vrai Mr. Darcy ?

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Mémoire d’une nuit d’orage – Nancy Pickard (Pocket, 22 mai)

Un orage s’abat sur la petite ville de Rose, fougueux, dévastateur. Dans cette ambiance électrique, un drame va se nouer qui verra l’assassinat de Hugh-Jay Linder et la disparition de sa femme Laurie. Seule survivante : leur fille Jody, trois ans. Pour le très soudé clan Linder, et pour toute la bourgade, le coupable ne fait aucun doute : Billy Crosby, mauvais garçon notoire. Vingt-trois ans plus tard, le meurtrier présumé sort de prison. Une libération anticipée due aux nombreuses failles du dossier. Pour Jody qui avait pris soin de tenir son tragique passé à distance, c’est toute sa vie qui est de nouveau ébranlée. Mystères, mensonges et jalousies resurgissent ; la ville s’embrase. Pour la jeune femme, l’heure est venue de se confronter à des vérités dérangeantes…

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Les sorcières de North Hampton, tome 1 – Melissa de la Cruz (Le livre de poche, 14 mai)

Joanna Beauchamp vit avec ses filles, Ingrid et Freya, à North Hampton, à la pointe de l’île de Long Island. Elles y mènent une vie en apparence paisible. En réalité, les trois femmes sont de puissantes sorcières. Ressusciter les morts, guérir les blessures et les peines de cœur, prédire l’avenir sont autant de pouvoirs qu’elles n’ont pourtant pas le droit d’utiliser. Jusqu’au jour où Freya, la fille rebelle, emportée dans un dangereux jeu de désir entre deux frères, met son secret en péril. Quand North Hampton devient le théâtre d’événements tragiques, les trois femmes comprennent qu’elles ne pourront plus dissimuler leur vraie nature, tôt ou tard.

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Les roses de Somerset – Leila Meacham (Le livre de poche, 2 mai)

1916, Howbutker, Texas. Lorsque son père meurt, Mary n’a que 16 ans. C’est elle que Vernon Toliver a désignée comme l’unique héritière de sa plantation de coton. A charge pour elle de régler les dettes qu’il laisse et de subvenir aux besoins de sa mère et de son frère aîné, qui s’estiment spoliés. Sans doute Vernon avait-il compris que seule sa fille était animée par la même passion que lui pour le domaine familial. Mais, pour faire vivre les terres de ses ancêtres, Mary devra-t-elle sacrifier son amour pour Percy? Des décennies plus tard, Mary décide de déshériter sa nièce, Rachel, pourtant bien résolue à reprendre sa succession. Leila Meacham renoue avec les codes des grandes sagas historiques pour mieux les réinventer. Traduit dans vingt-cinq pays, ce roman d’amour et de sacrifice a déjà conquis les lectrices du monde entier.

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Secret d’été – Elin Hilderbrand (Le livre de poche, 2 mai)

 Par une chaude soirée de juin, les élèves du lycée de Nantucket se rassemblent sur la plage pour le traditionnel feu de camp de fin d’année. Mais la fête se termine en tragédie : un terrible accident de voiture coûte la vie à la conductrice, Penny, et plonge son frère jumeau, Hobby, dans le coma. Pour Zoe, la mère des victimes, tout s’effondre. Peu à peu, le drame soulève de nombreuses interrogations au sein des familles. Le soir de l’accident, Penny a découvert un secret qui l’a bouleversée… Ce secret risque-t-il d’ébranler le fragile équilibre de l’île ? Un roman captivant sur les liens délicats mais solides d’une famille et d’une communauté.

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La bonne étoile – Esther Freud (Le livre de poche, 7 mai)

Ils se sont rencontrés au très select Drama Arts de Londres et rêvent de devenir des stars. Nell, timide et peu sûre d’elle, Charlie la magnifique, Dan l’ambitieux, Jemma la révoltée : tous croient en leur « bonne étoile ».Mais la réalité sera-t-elle à la hauteur de leurs espérances ? Auditions absurdes, agents injoignables, tapis rouge sans lendemain… Dans un milieu dominé par l’ambition, la vanité et les apparences, ceux qui prennent le chemin de la réussite doivent en payer le prix. Une comédie douce-amère où l’auteur, qui fut elle-même actrice, dépeint avec justesse les splendeurs et misères d’une profession aussi exaltante qu’impitoyable.

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A moi seul bien des personnages – John Irving (Points, 15 mai)

Adolescent ardent et confus, Billy rêve de devenir écrivain. Des béguins secrets pour son beau-père ou ses camarades de classe le bouleversent. Comment lutter contre ces « erreurs d’aiguillage amoureux » ? Il tait aussi son attirance pour Miss Frost, bibliothécaire aux seins juvéniles qui l’initie au plaisir et à la littérature. Quand Billy renoncera-t-il à l’art de la dissimulation ?

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Le fil des souvenirs – Victoria Hislop (Le livre de poche, 7 mai)

1917, Thessalonique. Le jour de la naissance de Dimitris, un terrible incendie détruit la ville. Sa famille doit déménager dans les quartiers populaires. C’est là aussi que viennent s’installer des réfugiés turcs quelques années après. Parmi eux, Katherina. Le destin réunit les deux enfants, l’un héritier d’un empire textile, l’autre couturière prodige. Ensemble, ils seront les témoins d’une Grèce tourmentée, de l’occupation allemande aux révolutions civiles et à la dictature, qui défigureront leur cité autrefois multiethnique et fraternelle. Presque un siècle plus tard, de quels secrets sont-ils les gardiens ? Comment les transmettre avant qu’il ne soit trop tard ? Le temps est venu de dérouler le fil de leurs souvenirs…

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80 notes de jaune – Vina Jackson (Le livre de poche, 7 mai)

Prisonnière d’une relation en demi-teinte, Summer, violoniste passionnée, trouve refuge dans la musique. Elle passe ses après-midi à jouer Vivaldi dans le métro londonien. Un jour, son instrument est détruit et elle reçoit un message d’un admirateur secret. Dominik, séduisant professeur d’université, se propose de lui offrir un violon en échange d’un concert… très privé. Dominik et Summer se jettent alors à corps perdu dans une liaison sulfureuse aussi imprévisible qu’excitante. La jolie violoniste laisse libre cours à des pulsions interdites et s’abandonne enfin à la passion. Elle va bientôt découvrir qu’il n’y a pas de plaisir sans souffrance… Grisante, charnelle et audacieuse, une histoire d’amour qui vous laissera le souffle court.

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Maine – J. Courtney Sullivan (Le livre de poche, 30 avril)

Pourquoi la vie familiale est-elle si compliquée ? Combien de regrets, de secrets, de non-dits se cachent derrière l’ordinaire du quotidien ? Et comment faire quand la moindre conversation déclenche un drame ? Les femmes de la famille Kelleher se posent les mêmes questions, mais chacune y répond à sa façon. Dans leur maison de vacances du Maine, Alice, 80 ans (la grand-mère), Kathleen (sa fille), Maggie (sa petite-fille) et Ann Marie (sa belle-fille) passent un dernier été réunies. Ce sont trois générations qui se retrouvent… pleines de doutes, de culpabilités, de frustrations, mais d’envies aussi. Entre tensions et explications, ce séjour transformera les liens unissant les quatre femmes, et bouleversera leur existence.

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Une dernière chose avant de partir – Jonathan Tropper (10/18, 7 mai)

Drew Silver n’a pas toujours fait les bons choix. Sa gloire éphémère de batteur dans un groupe de rock – qu’un seul et unique tube a propulsé brièvement aux sommets des charts – remonte à près de dix ans. Aujourd’hui, il vit au Versailles, une résidence qui accueille des divorcés un peu paumés, comme lui. Pour gagner sa vie, il a intégré un orchestre spécialisé dans les cérémonies de mariages. Son ex-femme, Denise, est sur le point de se remarier. Et Casey, sa fille qui s’apprête à intégrer Princeton, vient de lui confier qu’elle est enceinte – et ce uniquement parce que de ses deux parents, Silver est celui qu’elle répugne le moins à décevoir. Lorsqu’il apprend que sa vie ne tient plus qu’à un fil et que seule une opération peut le sauver, Silver prend une décision radicale : il refuse l’intervention. Le peu de temps qui lui reste à vivre, il veut le consacrer à renouer avec Casey, à devenir un homme meilleur. Pendant que, sous le regard de sa famille au comble de l’exaspération, Silver bataille ferme avec cette question existentielle, chacun se démène pour recoller les morceaux de cette famille désunie, au risque de l’abîmer davantage encore…

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Je vais mieux – David Foenkinos (Folio)

«Un jour, je me suis réveillé avec une inexplicable douleur dans le dos. Je pensais que cela passerait, mais non. J’ai tout essayé… J’ai été tour à tour inquiet, désespéré, tenté par le paranormal. Ma vie a commencé à partir dans tous les sens. J’ai eu des problèmes au travail, dans mon couple, avec mes parents, avec mes enfants. Je ne savais plus que faire pour aller mieux… Et puis, j’ai fini par comprendre.»

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Comment j’ai appris à lire – Agnès Desarthe (Points, 22 mai)

« Apprendre à lire a été, pour moi, une des choses les plus faciles et les plus difficiles », constate Agnès Desarthe. Comment apprend-on à lire ? Notre désir de lecture peut-il être entravé ? L’écriture peut-elle rendre meilleur lecteur ? Cheminant à travers ses souvenirs, l’écrivain mène une enquête passionnante, puisant au cœur d’un secret : celui de n’avoir pas aimé lire pendant longtemps.

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[Nouvelles] Infidélités – Vita Sackville-West

 

infidélitésVoilà longtemps que j’avais envie de découvrir Vita Sackville-West (romancière anglaise née en 1892 et décédée en 1962, amie de Virginia Woolf), c’est désormais chose faite grâce à ce recueil de nouvelles paru le mois dernier au Livre de Poche. Infidélités regroupe six nouvelles publiées dans différents journaux entre 1922 et 1930.

Le texte qui ouvre ce recueil, Son fils, est celui que j’ai trouvé le plus abouti. Dans son domaine de la campagne anglaise une femme âgée attend avec impatience son fils qu’elle n’a pas revu depuis 5 ans. Il y a tant d’amour dans ses préparatifs entamés de longue date et dans son attente fébrile, tant de fierté envers son enfant, tant d’espoirs d’un avenir partagé… Mais quand le fils prodigue arrive enfin, il se révèle être un personnage odieux et vide, passé maître dans l’art des apparences, qui se fiche bien des attentions de sa mère et ne pense qu’à retrouver sa maîtresse à Londres. Le décalage entre les attentes de la mère et le comportement du fils m’a beaucoup touchée.

J’ai aussi aimé deux autres nouvelles qui ont su me surprendre, Justice dans lequel un homme trompé va imaginer une punition effrayante pour se venger de l’amant de sa femme,  et Fiançailles où une femme se décide enfin à répondre aux avances d’un marin qui la poursuit de ses assiduités depuis de nombreuses années. Mais rien ne va se passer comme elle l’avait prévu…

J’ai été moins séduite par les trois autres textes: Dans Patience un homme se souvient de son grand amour de jeunesse alors que sa femme joue aux cartes près de lui, cette nouvelle m’a laissée un peu sur ma faim; Je n’ai pas compris où voulait en venir l’auteur dans Cet été-là (l’amitié de 4 jeunes gens qui ont l’habitude de passer leurs vacances ensemble va être perturbée par la relation amoureuse de deux d’entre eux); Liberté enfin raconte une relation adultère dans laquelle va s’immiscer le mari de l’amante, là j’ai trouvé le style moins fluide que dans les autres nouvelles, et l’auteur insiste un peu trop lourdement sur  l’idée que peut-être l’amant cache en fait une homosexualité refoulée (en couchant avec la femme, il coucherait en quelque sorte par procuration avec son mari).

Toutes ces nouvelles ont en commun de parler d’amour mais quelque soit sa forme (Amour maternel, adultère, relation triangulaire, voire quadrangulaire) il est ici toujours  associé à une bonne dose de cruauté, sali de petites trahisons, et ne sert finalement qu’à mieux marquer l’infinie solitude de chacun.  J’ai beaucoup aimé la plume fine et élégante de l’auteur, l’association de sentiments atemporels et d’une atmosphère délicieusement surannée. Si toutes les nouvelles de ce recueil ne m’ont pas forcément convaincue, j’ai quand même beaucoup aimé cette première rencontre avec Vita Sackville-West.

Infidélités de Vita Sackville-West, traduction de Micha Venaille, Le livre de poche mars 2013 – Note/4 etoiles

 

Sorties Poches Avril 2014

le manoir de tyneford  Le manoir de Tyneford – Natasha Solomons (Le livre de poche, 9 avril)

Au printemps 1938, l’Autriche n’est plus un havre de paix pour les juifs. Elise Landau, jeune fille de la bonne société viennoise, est contrainte à l’exil. Tandis que sa famille attend un visa pour l’Amérique, elle devient domestique à Tyneford, une grande propriété du Dorset. C’est elle désormais qui polit l’argenterie et sert à table. Au début, elle se fait discrète, dissimule les perles de sa mère sous son uniforme, tait l’humiliation du racisme, du déclassement, l’inquiétude pour les siens, et ne parle pas du manuscrit que son père, écrivain de renom, a caché dans son alto. Peu à peu Elise s’attache aux lieux, s’ouvre aux autres, se fait aimer… Mais la guerre gronde et le monde change. Elise aussi doit changer. C’est à Tyneford pourtant qu’elle apprendra qu’on peut vivre plus d’une vie et aimer plus d’une fois.

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Le mystérieux Mr Kidder – Joyce Carol Oates (Points, le 24 avril)

Lolita postmoderne, Katya oscille entre la naïveté de ses 16 ans et le cynisme d’une gamine élevée à la dure. Quand le très distingué Mr Kidder l’aborde, la jeune fille se méfie, puis se laisse séduire par le charme et la générosité désintéressée du vieil homme. Derrière sa richesse, ses bonnes manières, ses tableaux bizarres, qui est le mystérieux Mr Kidder ? Et que veut-il vraiment de Katya ?

 

 

 

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Demain est un autre jour – Lori Nelson Spielman (Pocket, le 3 avril)

À la mort de sa mère, Brett Bohlinger pense qu’elle va hériter de l’empire de cosmétique familial. Mais, à sa grande surprise, elle ne reçoit qu’un vieux papier jauni et chiffonné : la liste des choses qu’elle voulait vivre, rédigée lorsqu’elle avait 14 ans. Pour toucher sa part d’héritage, elle aura un an pour réaliser tous les objectifs de cette life list… Mais la Brett d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec la jeune fille de l’époque.
Enseigner ? Elle n’a aucune envie d’abandonner son salaire confortable pour batailler avec des enfants rebelles. Un bébé ? Andrew, son petit ami avocat, n’en veut pas. Entamer une vraie relation avec un père trop distant ? Les circonstances ne s’y prêtent guère. Tomber amoureuse ? C’est déjà fait, grâce à Andrew, à moins que…
Malgré tout, Brett va devoir quitter sa cage dorée pour tenter de relever le défi. Et elle est bien loin d’imaginer ce qui l’attend.

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La femme qui décida de passer une année au lit – Sue Towsend (10/18, le 17 avril)

Le jour où ses jumeaux quittent la maison pour entrer à l’université, Eva se met au lit… et elle y reste. Depuis dix-sept ans que le train de la vie l’entraîne dans une course effrénée, elle a envie de hurler : « Stop ! Je veux descendre ! » Voilà enfin l’occasion.Son mari, Brian, astronome empêtré dans une liaison extraconjugale peu satisfaisante, est contrarié. Qui lui préparera son dîner ? Eva ne cherche qu’à attirer l’attention, prétend-il. Mais la rumeur se répand et des admirateurs par centaines, voyant dans le geste d’Eva une forme de protestation, se pressent sous la fenêtre de sa chambre, tandis que son nouvel ami, Alexander, l’homme à tout faire, lui apporte du thé, des toasts, et une sollicitude inattendue. Depuis son étrange prison, Eva va-t-elle trouver (enfin) le sens de la vie ?

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Bernadette a disparu – Maria Semple (10/18, 3 avril)

Paralysée par son propre génie, asociable, trop originale et trop angoissée pour la petite ville ou elle a atterri, Bernadette se sent de plus en plus enfermée. Alors elle fuit Seattle et ses mères de famille proprettes jamais à court de muffins, son mari gourou chez Microsoft dont l’esprit trop cartésien ne parvient plus à la comprendre, et son passé glorieux d’architecte visionnaire montée trop haut trop vite et que la chute a laissée bancale. Tout a commencé quand Bee, brandissant son bulletin de notes, a réclamé la récompense qu’on lui avait promise : un voyage en famille en Antarctique ! Mais, au moment de partir, les névroses de Bernadette la rattrapent. Au pied du mur, elle disparaît. Sur les traces de sa mère, Bee découvre dans son courrier une montagne de secrets. La part d’ombre que toute mère cache à sa fille. À chaque page, Bee la découvre un peu plus géniale et imparfaite.

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  A l’encre russe – Tatiana de Rosnay (Le livre de poche, 23 avril)

L’Enveloppe a valu au jeune romancier Nicolas Kolt un succès international et une notoriété dans laquelle il tend à se complaire. C’est en découvrant la véritable identité de son père et en fouillant jusqu’en Russie dans l’histoire de ses ancêtres qu’il a trouvé la trame de son premier livre. Depuis, il peine à fournir un autre best-seller à son éditrice. Trois jours dans un hôtel de luxe sur la côte toscane, en compagnie de la jolie Malvina, devraient l’aider à prendre de la distance avec ses fans. Un week-end tumultueux durant lequel sa vie va basculer…

 

 

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  Park Avenue – Cristina Alger (Le livre de poche, 9 avril)

En épousant Merrill par amour, le jeune avocat Paul Ross est entré dans le clan Darling avec son cortège de privilèges : un appartement sur Park Avenue, un job en or, des week-ends dans les Hampton et des soirées avec le tout Manhattan. Mais bientôt Wall Street plonge et les grandes banques menacent de s’effondrer. Un scandale vient éclabousser la famille Darling, la propulsant sous les feux des médias, et Paul doit choisir son camp. Sauver sa peau en trahissant sa femme et les siens ou les protéger, coûte que coûte. Cristina Alger pose un regard subtil et implacable sur cette haute société new-yorkaise dont la crise financière de 2008 va faire voler en éclats les certitudes. Un roman étincelant, drôle et féroce, aussi tendu qu’un thriller, sur lequel plane l’ombre de Madoff.

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Confessions d’un gang de filles – Joyce Carol Oates (Le livre de poche, 16 avril)

Un quartier populaire d’une petite ville ouvrière de l’État de New York dans les années 1950. Cinq lycéennes – Maddy, la narratrice, Goldie, Lana, Rita et Legs –, pour survivre et se venger des humiliations qu’elles ont subies, concluent un pacte, à la vie, à la mort : elles seront le gang Foxfire. La haine, surtout celle des hommes, va les entraîner dans une impitoyable équipée sauvage. Dans une langue crue, précise et concrète, Joyce Carol Oates dépeint la « fureur de vivre » des cinq inséparables et leurs accès de générosité envers d’autres déshérités. Comme toujours chez l’auteur de Blonde, le Mal est d’autant plus vraisemblable qu’il nous ressemble…

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  Yellow Birds – Kevin Powers (Le livre de poche, 2 avril)

Bartle, 21 ans, est soldat en Irak, à Al Tafar. Depuis l’entraînement, lui et Murphy, 18 ans, sont inséparables. Bartle a fait la promesse de le ramener vivant au pays. Une promesse vaine… Murphy mourra sous ses yeux et le hantera toute sa vie. Yellow birds nous plonge au cœur des batailles où se déroule le quotidien du régiment conduit par le sergent Sterling. On y découvre les dangers auxquels les soldats sont exposés jour après jour. Et le retour impossible à la vie civile.

 

 

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Le jeu des ombres – Louise Erdrich (Le livre de poche, 9 avril)

Gil est peintre, Irène écrivain. Ils ont trois enfants. Irene a souvent servi de modèle à son mari. Trop souvent, sans doute. Irene tient son journal intime dans un agenda rouge. Lorsqu’elle découvre que Gil le lit, elle décide d’en rédiger un autre, un carnet bleu qu’elle met en lieu sûr et dans lequel elle livre sa vérité. Elle continue néanmoins à écrire dans l’agenda rouge, qui lui sert à manipuler son unique lecteur. Une guerre psychologique commence. En faisant alterner les journaux d’Irene et un récit à la troisième personne, Louise Erdrich témoigne, une fois de plus, d’une prodigieuse maîtrise narrative.

 

 

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  Les paradis aveugles – Duong Thu Huong (Le livre de poche, 9 avril)

Hàng tente de gagner sa vie comme ouvrière dans une usine en URSS. Dans le train qui la conduit à Moscou, elle est appelée au chevet de son oncle malade, l’occasion pour elle d’une plongée dans un passé douloureux. L’oncle Chinh, membre zélé du Parti communiste, a été l’un des ardents serviteurs de la réforme agraire au Vietnam. La mère de Hàng, par piété fraternelle et par respect des traditions, n’a jamais osé s’opposer à son frère. Pas même quand il a obligé son mari, instituteur, à fuir le village, dédaignant la classe de sa famille, ces « ennemis mortels de la paysannerie ». Contrainte de s’installer à Hanoi et d’y élever seule sa fille, c’est elle qui subviendra aux besoins de Chinh, incapable de nourrir ses enfants avec sa maigre solde de fonctionnaire. Dans ce livre de jeunesse, Duong Thu Huong , en pointant à travers un drame familial, une tragédie collective, interroge déjà le paradis marxiste… celui de tous les aveuglements.

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  Désordre – Penny Hancock (Le livre de poche, 2 avril)

Sonia mène une vie confortable mais solitaire dans sa maison des bords de la Tamise. Greg, son mari, est souvent en déplacement professionnel à l’étranger. Kit, leur fille, est partie à l’université. Pourtant, alors que Greg la presse de le rejoindre, Sonia se sent incapable de quitter la maison où elle a grandi et où elle a été heureuse. Lorsque Jez, 15 ans, le neveu de son amie Helen, frappe à sa porte pour lui emprunter un album de Tim Buckley, Sonia décide de ne plus le laisser partir. Prise d’une étrange et inquiétante obsession pour la jeunesse de Jez, elle va le séquestrer. La police, alertée par Hélène, se lance dans une enquête qui prend vite un tour inattendu. Désordre est un premier roman envoûtant et terrifiant. Les voix des deux femmes s’y conjuguent dans une tension extrême. Elles nous racontent une histoire de folie, cruellement humaine, qui culmine dans un suspense infernal.

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Nous étions faits pour être heureux – Véronique Olmi (Le livre de poche, 2 avril)

Serge, la soixantaine, a tout ce dont peut rêver un homme : une belle situation, une femme jeune et jolie, deux beaux enfants. Pourquoi s’éprend-il soudain de Suzanne, une accordeuse de piano d’apparence ordinaire, mariée elle aussi, et qui n’est a priori pas son genre ? Et pourquoi la choisir comme confidente de lourds secrets d’enfance dont il n’a jamais parlé et qui ont changé le cours de sa vie ?

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Noces de neige – Gaëlle Josse (J’ai lu, 2 avril)

Roman double emmenant le lecteur en 1881 en compagnie d’une jeune aristocrate russe ne supportant pas son reflet et en 2012 avec Irina, jeune Moscovite embarquant à bord du Riviera express qui relie Moscou à Nice.

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Le plus petit baiser jamais recensé – Mathias Malzieu (J’ai lu, 2 avril)

L’histoire d’amour entre une fille qui disparaît quand elle est embrassée et un inventeur dépressif. Alors qu’ils échangent le plus petit baiser jamais recensé, elle se volatilise. Aidé d’un détective à la retraite et d’un perroquet hors du commun, l’inventeur part à sa recherche.

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 Indigo – Catherine Cusset (Folio, 17 avril)

Un festival culturel rassemble pendant huit jours en Inde quatre Français, deux hommes et deux femmes, qui ne se connaissent pas. Une surprise attend chacun d’eux et les confronte avec leur passé. Cette semaine bouleverse leur vie. De Delhi à Kovalam, dans le Sud, ils voyagent dans une Inde sur le qui-vive où, juste un an après les attentats de Bombay, se fait partout sentir la menace terroriste. Une Inde où leur jeune accompagnateur indien déclare ouvertement sa haine des Etats-Unis. Une Inde où n’ont pas cours la légèreté et la raison françaises, où la chaleur exacerbe les sentiments, où le ciel avant l’orage est couleur indigo. Tout en enchaînant les événements selon une mécanique narrative précise et efficace, ce nouveau roman de Catherine Cusset nous fait découvrir une humanité complexe, tourmentée, captivante.

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Melisande! Que sont les rêves? – Hillel Halkin (Folio,  avril)

“Si nous n’avions qu’une vie à vivre ensemble, je la passerais avec toi dans la joie, en souhaitant encore davantage. Si toi et moi pouvions renaître encore et encore, je voudrais que ce soit toujours toi, toujours moi, pour qu’à chaque renaissance nous soyons toujours ensemble”. Dans le New York des années 1950, au club de littérature du lycée, Hoo, un adolescent timide, écoute avec ravissement la belle Melisande. Vingt-cinq années passeront, il ne cessera pas de l’aimer. Vingt-cinq années, de la chasse aux sorcières à la guerre du Vietnam, depuis que, le temps d’un été, ils formèrent avec le fougueux Ricky un inséparable trio. Hillel Halkin nous offre un hymne à l’amitié et à l’amour : le long et émouvant regard d’un homme mûr sur celle qui donna à son existence tout son sens.

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[BD] Pendant que le roi de Prusse faisait la guerre, qui donc lui reprisait ses chaussettes? – Zidrou & Roger

Pendant que le roi de prusse 3

– Comment va Michel?
– Bien. Enfin! Mieux qu’on ne l’aurait jamais espéré. Il vit sa vie, quoi! Avec ses petites misères et ses grandes joies.
– Et vous, Madame Hubeau?
– Moi aussi… Je vis sa vie.

 Catherine Hubeau, veuve, s’occupe seule de son fils Michel, 43 ans, qui souffre d’un important retard mental depuis un accident de voiture. Michel c’est un enfant coincé dans un corps d’adulte, qui aime le chocolat, les jeux vidéos, le dessin animé Hippie Papy, tricher au Puissance 4, mais aussi la bière et les films pornos (il a vu 13 fois Les jumelles perverses).  A 72 ans, Mme Hubeau n’a plus l’âge ni la force physique pour s’occuper de son ‘gros bonhomme en chocolat’, capable de piquer des colères retentissantes parce qu’il ne trouve pas son T-shirt préféré à sa place habituelle. Pourtant chaque jour elle répète inlassablement les mêmes gestes, les mêmes mots, les petits rituels qui rassurent Michel.

Cette BD au titre énigmatique raconte donc l’histoire de Mme Hubeau et de Michel sous forme de petites scènes quotidiennes.  Ayant moi-même un frère handicapé, j’ai été profondément touchée par la justesse des émotions: c’est un récit qui retranscrit parfaitement ce que peut être la vie d’un adulte souffrant de ce type de handicap, et la complexité des sentiments que ses proches peuvent éprouver.

Il y a des moments de découragement, des envies de liberté, la tentation parfois de tourner les talons. Il y a le décalage entre le regard extérieur même s’il est bienveillant (Michel trouve toujours quelqu’un pour disputer une partie de Puissance 4) et les difficultés quotidiennes (Sa mère est seule quand il fait un malaise sous la douche ou pour affronter ses colères dévastatrices). Il y a les regrets, de ce que la vie de son fils aurait pu être sans cet accident, et la culpabilité.

Mais il y a aussi les moments de tendresse et de complicité, les petits bonheurs quotidiens, cette relation fusionnelle et unique entre une mère et son fils.  Si le handicap est le sujet principal, il est aussi beaucoup, et surtout, question d’amour maternel (c’est d’ailleurs dans ce sens que je comprends le titre). C’est beau, c’est triste, mais c’est drôle aussi parfois, je vous rassure, par exemple  quand Mme Hubeau va emprunter avec la plus grande décontraction un DVD porno sous les yeux affolés d’un client lambda. Les dessins participent grandement à la réussite de cet album, beaucoup de sentiments passent par les attitudes des personnages, les proportions (Michel a une stature impressionnante alors que sa mère est toute petite) et les regards (les grands yeux ronds de Mme Hubeau sont  particulièrement expressifs).

Pendant que le roi de Prusse faisait la guerre, qui donc lui reprisait ses chaussettes? est vraiment un concentré d’émotions, le magnifique portrait d’une mère courage. Vous l’aurez compris, pour moi c’est un grand, énorme coup de cœur.

Pendant que le roi de Prusse faisait la guerre, qui donc lui reprisait ses chaussettes? de Zidrou & Roger, éditions Dargaud septembre 2013 – 5 étoiles

Challenge petit bac 2014