La voix secrète de Michaël Mention
Pierre-François Lacenaire “poète-assassin” du début du 19ème, se fit connaître aussi bien par ses crimes (il fut guillotiné en 1836) que par ses écrits, mémoires et poèmes. Ce livre qui mêle histoire et fiction se déroule juste avant son exécution alors qu’il est enfermé à la prison de la Santé et qu’un autre assassin tue des enfants dans les rues de Paris en imitant sa “patte”. La police va devoir recourir à l’aide du poète pour arrêter le nouveau meurtrier, entre répugnance et fascination. J’ai trouvé l’intrigue assez secondaire mais j’ai apprécié d’en apprendre plus sur la figure de Lacenaire, et sur le contexte politique de l’époque, les Républicains tentant de mettre à terre le pouvoir de Louis-Philippe en commettant des attentats sanglants dans la capitale. (Editions 10/18 Collection Grands détectives – janvier 2017 – 240 pages – clic)
Juliette : Les fantômes reviennent au printemps de Camille Jourdy
J’avais adoré la série Rosalie Blum du même auteur (adapté sur grand écran par Julien Rappeneau, avec Kyan Khojandi et Noémie Lvovsky), Juliette est dans la même veine, on y suit une jeune parisienne angoissée et hypocondriaque qui revient dans la ville de province dans laquelle elle a grandi. Elle y retrouve son père solitaire, sa mère en plein trip new age, sa sœur aîné qui trompe son mari dans la serre au fond du jardin… Difficile de se (re)construire au sein de cette famille dysfonctionnelle ! On retrouve ici le même type d’univers que dans Rosalie Blum, délicat et sensible, Camille Jourdy sait saisir avec une jolie finesse la beauté et l’épaisseur des existences ordinaires. (Actes Sud éditions – Février 2016 – 240 pages – clic)
Les furies de Lauren Groff
Lotto et Mathilde sont jeunes, beaux, charismatiques, amoureux, il veut devenir comédien, elle travaille dans une galerie d’art, ils forment un couple parfait et fusionnel. Mais connaît-on jamais vraiment la personne qui partage notre vie ? Le livre est construit sous forme de diptyque, la 1ère partie est racontée du point de vue de Lotto, la 2ème du point de vue de Mathilde. Les furies les suit pendant toute une vie, entre petits secrets et grandes trahisons, désirs et frustrations. J’ai aimé l’ambiance feutrée et cruelle de cette autopsie d’un couple, même si je me suis parfois un peu perdue dans quelques longueurs. (éditions de l’Olivier – Janvier 2017 – 432 pages – clic)
Good Morning, Midnight de Lily Brooks-Dalton
L’un des livres de ma PAL de l’été et incontestablement mon coup de cœur de ces derniers mois. August, astronome reconnu, finit sa carrière en arctique lorsque la base est brutalement évacuée. Resté seul, il découvre une petite fille dans un dortoir, et tente de joindre la civilisation afin que quelqu’un vienne la récupérer mais plus personne ne répond. Sully, jeune astronaute revient quant à elle avec son équipage d’une longue mission de 2 ans dans l’espace, et tente elle aussi en vain de joindre la Terre. Que s’est-il passé ? Plus qu’un énième récit apocalyptique, Good morning, midnight est l’histoire de 2 solitudes qui cheminent côte à côte dans un silence étourdissant, à l’image de la citation de T.S. Eliot cité en exergue : Et ainsi prend fin le monde, non dans une explosion, mais dans un murmure. Prenant et émouvant. (Presses de la Cité – janvier 2017 – 272 pages – clic)
L’amie prodigieuse (Tome 1) d’Elena Ferrante
J’ai enfin pris le temps de lire le 1er tome de cette série, et comme tout le monde ou presque, j’ai beaucoup aimé. Elena et Lila grandissent dans les quartiers pauvres de Naples dans les années 50. Poussée par son institutrice Elena continuera ses études, alors que les parents de Lila refuseront de l’inscrire au collège. Les chemins des deux amies prendront alors deux directions très différentes. Un très beau roman d’amitié et d’apprentissage dans une Italie en pleine mutation, avec une grande part accordée à l’importance de l’éducation, des livres qui vont permettre à la narratrice de s’élever au-dessus de sa condition et de s’ouvrir au monde, mais aussi à la culpabilité que cela engendre par rapport à son milieu d’origine (Folio – janvier 2016 – 448 pages – clic)
Vernon Subutex (Tome 1) de Virginie Despentes
Ancien disquaire, Vernon Subutex se retrouve à la porte de chez lui, et va devoir se faire héberger par quelques connaissances surgies du passé. Sa seule richesse est désormais une série d’interviews d’Alex Bleach, chanteur à succès qui vient de mourir d’une overdose dans la baignoire d’un hôtel. Autre série qui squatte le rayon des best-sellers depuis un moment déjà, et pourtant j’ai été franchement déçue par ce 1er tome. Pas vraiment d’histoire mais un prétexte pour égréner une galerie de personnages en marge, drogués, acteurs pornos, bourgeoise hystérique, cinquantenaire frustré, transsexuelle, mari violent, SDF, nazillons… “Magistral et fulgurant” claironne François Busnel sur le bandeau de couverture (François, françois, tsss, vraiment). Pour ma part j’ai trouvé que Virginie Despentes jouait surtout sur la corde d’un trash peu inspiré et bourré de clichés. La suite ce sera sans moi. (Le livre de poche – mars 2016 – 432 pages, clic)
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