Catégorie : Lectures – Classement par Genre

[Roman Jeunesse] Bal de givre à New-York – Fabrice Colin

Depuis quelques temps j’ai la chance de participer deux fois par mois au Club des Testeurs d’Amazon, ce qui me permet, entre autres, de recevoir des livres en échange d’une critique. Au mois de janvier le nouveau roman de Fabrice Colin, « Bal de givre à New-York » a été proposé aux testeurs mais je suis arrivée trop tard, tous les exemplaires avaient été attribués et j’étais extrêmement déçue. Le mois suivant quelques exemplaires de ce livre ont de nouveau été proposés  et cette fois je n’ai pas laissé passer mon tour ! En revanche j’ai reçu des épreuves non corrigées, ce qui m’a privé d’une fort jolie couverture, mais bon,  je ne vais pas me plaindre en plus…

Fille d’un célèbre architecte, Anna Claramond vit seule à New-York avec un domestique manchot et télékinésiste, depuis la mystérieuse disparition de ses parents.  Victime d’un accident de voiture, Anna ne se souvient plus de rien ou presque, ni de ses parents, ni de cette ville étrange où tout lui semble inconnu. Le responsable de son accident est Wynter, héritier de la plus grosse fortune de la ville. Tombé sous le charme d’Anna, il l’invite à l’accompagner au Bal de givre organisé par sa famille. Mais  Anna semble être la nouvelle cible du Masque, un mystérieux personnage qui terrifie les New-Yorkais depuis de longs mois.

Ca commence comme une gentille bluette entre une petite lycéenne et un bel héritier, mais rapidement ce roman prend une tournure inattendue: on comprend vite que l’héroïne ne se trouve pas dans la ville de New York telle que nous la connaissons.  Mais où est elle? Dans le futur? Dans un monde parallèle?  L’auteur sait garder le mystère tout au long du roman,  sans pourtant que l’on s’agace de ne pas tout comprendre (il faut dire que le rythme intense ne nous laisse pas de répit!).  Anna est vraiment une jolie héroïne, très attachante, et les personnages secondaires (Le beau Wynter et sa soeur Iris, Le Masque, Jacob le domestique, la vieille clocharde) sont plus troublants les uns que les autres. J’ai vraiment beaucoup aimé l’ambiance de ce roman, cette atmosphère étrange et énigmatique, et ce décor fantastique: Fabrice Colin a imaginé un New-York grandiose, une ville magique et immaculée, avec des constructions fantasques, une ville qui se fissure peu à peu, comme l’existence d’Anna. Toutes les questions trouveront leurs réponses dans les toutes dernières pages mais cette fin, dont je ne vous révélerais rien, m’a laissée un peu mitigée. C’est dommage, mais cela n’a pas réussi à entacher mon plaisir, hormis ce dernier petit accroc, “Bal de givre à New York” est vraiment un roman très séduisant.

Editions Albin Michel (collection Wiz), 293 pages, 13,50€/

Et en Cadeau Bonux, un préquelle disponible uniquement sur la page Facebook de l’auteur

“Il était une histoire”, un site incontournable pour les jeunes lecteurs

Même si je ne l’ai pas encore officiellement annoncé sur ce blog, les plus attentifs d’entre vous savent que j’attends un “heureux événement” pour la fin du mois. Et bien sûr pour la lectrice boulimique que je suis, je sais déjà que l’une de mes grandes joies de maman sera de raconter des histoires à ma fille et de lui transmettre le plaisir des mots. J’ai encore un peu de temps devant moi bien sûr, mais j’avoue que j’attends déjà avec impatience ces moments de complicité que nous partagerons, j’en suis sûre, autour des livres.

Je suis donc particulièrement sensible à l’initiative de la MAIF et de Rue des écoles qui ont lancé en septembre 2009 la première bibliothèque numérique gratuite pour les enfants de 3 à 10 ans. Iletaitunehistoire.com est destiné à faciliter l’accès à la lecture pour les plus jeunes en exploitant au mieux les formidables possibilités qu’offre Internet. Selon son âge ou ses envies,  l’enfant peut lire une histoire seul ou avec une aide vocale, mais il peut aussi simplement l’écouter (chaque histoire est lue par un comédien, une bonne initiative aussi pour les jeunes malvoyants), et certaines histoires sont même accessibles sous forme de petites vidéos. Il est possible d’imprimer ses histoires préférées, de les télécharger au format MP3, ou de les envoyer à ses amis. Et afin de prolonger un peu la lecture, des jeux (sous forme de quizz) et des bonus (des petites fiches qui approfondissent un aspect du texte) sont proposés en lien avec chaque récit. Tout est donc conçu pour apprendre à lire en respectant le rythme de chacun.

“Il était une histoire” se veut avant tout un site interactif dans lequel enfants, parents, enseignants disposent de leur espace réservé. Chaque semaine une nouvelle histoire vient enrichir cette bibliothèque, qui compte déjà 200 histoires, de longueur et de difficulté variables, classées en 6 catégories :

– Dans la catégorie Albums et histoires vous trouverez entre autres les nombreuses aventures de Jojo, le héros de Bruno Heitz (Jojo et le secret de la bibliothécaire, Jojo pas de bol, Les idées bleues de Jojo…). Petit plus, il suffit que l’enfant passe sa souris sur les mots ou expressions difficiles pour en découvrir le sens.

– Dans les Contes et légendes sont disponibles de grands classiques comme Cendrillon, Blanche-neige, La belle au bois dormant, mais aussi des récits issus d’autres cultures, des contes africains, inuit, berbères ou asiatiques.

– Dans Fables et poésies, on retrouve aussi des textes intemporels, les fables de La Fontaine bien sûr ou le magnifique poème de Jacques Prévert Le cancre (Il dit non avec la tête/Mais il dit oui avec le cœur/Il dit oui à ce qu’il aime/Il dit non au professeur…)

– La rubrique Comptines et chansons permet aux plus petits d’aborder les mots de façon ludique, en fredonnant des airs bien connus (Ainsi font, font, Au clair de la lune, Dodo l’enfant do…)

– Pour les graines de curieux, la catégorie Documentaires propose de petits textes  pour en apprendre plus sur notre histoire (Qui était Jules César, l’histoire des hiéroglyphes ou des chevaliers du Moyen-Âge) ou sur notre quotidien (l’histoire du vélo, ou d’où vient le vent par exemple)

– Last but not least, si vous voulez initier vos bambins aux langues étrangères, une rubrique Anglais regroupe des historiettes et des comptines dans la langue de Shakespeare.

Et dans la rubrique Bonus vous trouverez aussi des puzzles, des coloriages et bien d’autres activités imprimables. Avec des vacances de Noël qui approchent, je suis sûre que beaucoup d’entre vous seront ravis de trouver de quoi occuper leurs chères têtes blondes !

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Les Radley – Matt Haig

Peter Radley, médecin apprécié, et sa femme Helen mènent une existence rangée à Bishopthorpe, une petite ville anglaise paisible. Mais il ne faut pas se fier aux apparences, et ce que même leurs enfants ignorent, c’est que les Radley sont des vampires. Il y a bien longtemps ils ont quitté Londres et une vie de plaisirs pour devenir abstinents et offrir un cadre plus calme à leurs deux enfants, Rowan et Clara. Mais on ne renie pas si facilement sa véritable nature, et bientôt les Radley vont devoir à nouveau faire face à leurs vieux démons : Quand Clara tue un humain, Peter affolé appelle à l’aide son frère Will, un vampire qui lui a choisi de laisser libre cours à ses instincts sauvages et  sanguinaires…

Sans être follement originale, voilà une histoire qui change un peu des bluettes que l’on peut trouver dans les librairies au rayon vampires ces derniers temps. « Les Radley » est un livre qui ne se prend pas au sérieux, qui joue beaucoup sur la parodie en piochant dans de multiples genres, roman fantastique, roman policier, chronique familiale et sociale, le sujet des vampires étant aussi un prétexte pour évoquer de façon décalée des thèmes très humains : les relations familiales, les problèmes de couple (le mensonge, l’adultère, les difficultés à communiquer) ou les tourments de l’adolescence (plutôt chétif à cause du manque de sang, le fils aîné, Rowan,  est devenu le souffre-douleur de ses petits camarades). C’est juste assez sanguinolent pour satisfaire les amateurs du genre, il y a quelques pointes d’humour et l’auteur s’est visiblement beaucoup amusé à soigner les détails : On découvre ainsi au fil des pages que des artistes très célèbres étaient ou sont des vampires : Bram Stocker (auteur de « Dracula ») ou Sheridan Le Fanu (auteur de « Carmilla ») évidemment, mais aussi le peintre Veronèse, Lord Byron, converti à 18 ans dans un bordel florentin, Prince ou Jimi Hendrix qui après avoir simulé sa mort tient désormais  un club de vampires rock dans l’Oregon ! Il y a bien quelques longueurs, et l’intrigue aurait mérité d’être un peu plus fouillée, mais globalement « Les Radley » est un roman sympathique et un bon divertissement.

Editions Albin Michel 2010, 350 pages, 19,90€

Mélancolie du rocker – Toby Litt


Gamins, nous avions des problèmes assez similaires pour qu’ils nous rapprochent (Si tu insistes : ennui, détresse, haine, frustration). On a formé un groupe. Le succès a été au rendez-vous. Ca n’a rien résolu.
Il nous est même arrivé de devoir exacerber ces problèmes pour pouvoir écrire l’album suivant. Syph a réduit à néant de belles histoires d’amour pour une douzaine de bonnes chansons.
J’imagine que, sans ce côté torturé, nous n’aurions pas de fans. D’un point de vue émotionnel, on n’est toujours pas sortis de l’adolescence, si bien que les ados continuent de se reconnaître en nous.

Arrivé à un tournant de sa vie, le batteur Clap revient sur l’histoire du groupe Okay, qu’il a formé à l’adolescence avec 3 de ses camarades, Syph le chanteur charismatique, Mono le bassiste et Crab le percussionniste. Le succès va leur permettre de mener une existence hors-normes et insouciante entre voyages, fêtes et tentations en tous genres. Mais rapidement des dissensions vont apparaître au sein du groupe, chacun des membres ayant des aspirations différentes.

« Mélancolie du rocker » est construit sous la forme d’une interview (mais on imagine seulement la présence d’un journaliste ou d’un biographe). Chaque chapitre renvoie  à un souvenir de Clap, mais pas dans l’ordre chronologique, ce qui donne une construction plutôt décousue. Je pense que c’est surtout cet aspect qui m’a gêné, les infos sur les personnages sont livrées de manière confuse et parcellaire,  j’ai donc eu du mal à cerner et à m’attacher à ces adulescents enivrés par le succès. Le sujet n’est pas inintéressant, pourtant je me suis ennuyée assez vite. Il y est finalement assez peu question de musique,  mais surtout d’alcool, de drogue, de sexe, de filles, de ces innombrables groupies attirées par la lumière, et les anecdotes deviennent vite répétitives.

Il y a quelques années j’avais lu, et adoré, un autre roman de Toby Litt, Qui a peur de Victoria About ?. Ajoutons à cela  une maison d’édition que j’apprécie beaucoup (Phébus) et un résumé alléchant (Grandeur et décadence d’un groupe de rock), le cocktail était prometteur et j’étais dans de très bonnes dispositions à l’égard de ce roman quand j’ai attaqué ma lecture. Mais malheureusement cette fois la mayonnaise ne prend pas, et avec beaucoup de regrets j’abandonne cette lecture au bout de 150 pages (soit la moitié du roman).

Phebus 2010, 304 pages, 23€. Titre original: I Played the Drums in a Band Called Okay, traduction de Céline Leroy.

Prodigieuses créatures – Tracy Chevalier

En 1810, Elizabeth, Margaret et Louise Philpot, toutes les trois « vieilles filles », sont contraintes de quitter Londres et la demeure familiale après le mariage de leur frère. Elles s’installent à Lyme Regis, une petite ville de la côte anglaise. Passionnée par les poissons fossiles, Elizabeth y fait la connaissance de la jeune Mary Anning, une chasseuse de fossiles particulièrement douée. Après la découverte d’un spécimen inconnu, leur passion commune va prendre une nouvelle dimension…

En ouvrant ce livre, j’ignorais l’existence même de Mary Anning, collectionneuse de fossiles et paléontologiste anglaise et d’Elizabeth Philpot, et c’est au cours de ma lecture que j’ai découvert que si Prodigieuses créatures   reste un  roman, il s’inspire de faits  bien réels.

J’avais en fait un peu peur que le sujet des fossiles soit rébarbatif, mais ce n’est pas du tout le cas, Tracy Chevalier sait doser  son sujet, et le traite avec assez de légèreté pour que le non-initié ne soit pas rebuté.  Je me suis même surprise à être vraiment intéressée par certains points, par exemple l’émoi que pouvait  provoquer à l’époque la découverte de fossiles dans la sphère religieuse, l’idée de l’extinction de certaines espèces remettant en cause la toute-puissance de Dieu. Et si la chasse aux fossiles est au cœur de ce roman,  la condition féminine au début du XIXe siècle est aussi un axe essentiel de ce récit: les femmes étaient encore considérées à l’époque comme des êtres inférieurs, incapables d’une réflexion approfondie, ne pouvant trouver leur salut qu’au sein du mariage. « Prodigieuses créatures » est l’histoire d’une belle amitié entre deux femmes d’âge et de conditions différentes qui unies par une passion commune, braveront ainsi les préjugés et les interdits de leur époque. Avec beaucoup de finesse dans l’écriture,  avec une grande tendresse pour ses personnages, avec cette infinie délicatesse que j’avais déjà tant aimée dans La jeune fille à la perle, Tracy Chevalier nous offre encore ici un très beau roman.

Editions de la Table ronde 2010, 377 pages, 23€  (Traduction d’Anouk Neuhoff). Titre original Remarkable Creatures.

Lu dans le cadre d’un partenariat avec les éditions de la Table Ronde, merci!

Voir aussi les avis de Leiloona et Canel.

En 1810, Elizabeth, Margaret et Louise Philpot, toutes les trois « vieilles filles », sont contraintes de quitter Londres et la demeure familiale après le mariage de leur frère. Elles s’installent à Lyme Regis, une petite ville de la côte anglaise. Passionnée par les poissons fossiles, Elizabeth y fait la connaissance de la jeune Mary Anning, une chasseuse de fossiles particulièrement douée. Après la découverte d’un spécimen inconnu, leur passion commune va prendre une nouvelle dimension…

En ouvrant ce livre, j’ignorais l’existence de Mary Anning, collectionneuse de fossiles et paléontologiste anglaise et d’Elizabeth Philpot, et c’est au cours de ma lecture que j’ai découvert que si « Prodigieuses créatures » reste un roman, il s’inspire de faits bien réels. J’avais en fait un peu peur que le sujet des fossiles soit rébarbatif, mais ce n’est pas du tout le cas, Tracy Chevalier sait doser ce sujet, et le traite avec assez de légèreté pour que le non-initié ne soit pas rebuté. Je me suis même surprise à être très intéressée par certains aspects, par exemple l’émoi que pouvait provoquer à l’époque la découverte de fossiles dans la sphère religieuse, l’idée de l’extinction de certaines espèces remettant en cause l’infaillibilité de Dieu. Et si la chasse aux fossiles est au cœur de ce roman, c’est aussi un prétexte pour aborder le thème de la condition féminine au début du XIXe siècle, les femmes étant encore considérées à l’époque comme des êtres inférieurs, incapables d’une réflexion approfondie, et ne trouvant leur salut qu’au sein du mariage. Mais au delà de tout cela, « Prodigieuses créatures » est avant tout l’histoire d’une belle amitié entre deux femmes d’âge et de conditions différentes, une relation complexe faite de rivalité et d’émulation. Unies par une passion commune, elles braveront les préjugés et les interdits de leur époque. Avec beaucoup de finesse dans le traitement des personnages et dans l’écriture, avec cette infinie délicatesse que j’avais déjà tant aimée dans « la jeune fille à la perle », Tracy Chevalier nous offre encore ici un très beau roman.