Catégorie : Lectures – Classement par Genre

L’extraordinaire histoire de Fatima Monsour – Joanne & Gerry Dryansky

Répudiée par son mari, sans enfants, Fatima Monsour vit seule dans son village natal, à Djerba, et travaille comme femme de ménage dans un club de vacances. Quand sa jeune soeur meurt brutalement, Fatima accepte de la remplacer au service de la comtesse Merveil du Roc à Paris, dans le XVIe arrondissement. Avec son grand cœur, sa capacité d’écoute, sa simplicité et son courage, Fatima va conquérir les habitants du 34 avenue Victor Hugo, et les habitués du café Jean Valjean: Hadley Hadley 3ème du nom, un américain qui rêve de devenir écrivain, Hyppolyte Suget, l’ancien petit rat de l’opéra devenu cambrioleur ou encore Victorine, la domestique sénégalaise et son grand
rire sonore…

Amour, tolérance, intégration, ce roman est plein de louables intentions, mais on frôle souvent l’overdose de bons sentiments, et ce n’est malheureusement pas le seul défaut du livre: l’humour est un peu forcé, l’histoire manque de subtilité et souffre de nombreuses longueurs, les personnages, bien qu’attachants, sont plutôt caricaturaux. Malgré tout, L’extraordinaire histoire de Fatima Monsour fait partie de ces livres que l’on a envie d’aimer, c’est une petite comédie sympathique au charme désuet, un roman qui fait fi du cynisme et de la morosité ambiante pour prôner le pouvoir de la gentillesse, du bonheur tranquille et de la solidarité. Une grosse pâtisserie trop sucrée, mais réconfortante, à garder sous le coude en cas de coup de blues!

Héloïse d’Ormesson 2009, 334 pages, 21€. Traduction de Marianne Véron (Titre original:
“Fatima’s good fortune”)

Lu pour le Club des lectrices de Femme Actuelle.
Les avis de
Cuné, de Sylire, Bab’s.

Les feuilles mortes – Thomas H. Cook


Propriétaire d’un magasin de photos dans une petite ville américaine, Eric Moore mène une vie tranquille avec sa femme Meredith et leur fils de 15 ans, Keith. Ce dernier joue parfois les baby-sitters pour des voisins. Ainsi un soir, il garde la jeune Amy, mais le lendemain matin, la petite fille est introuvable, et les soupçons de la police se portent aussitôt sur le fils d’Eric.

Après la stupéfaction, le doute va aussi faire son chemin chez Eric: cet adolescent solitaire et taciturne avec qui il n’arrive pas à communiquer n’est certes pas le fils dont il rêvait. Est ce que cela en fait un coupable pour autant? Puis insidieusement, comme la gangrène, le soupçon va grignoter la vie d’Eric, il se met à douter de tout et de tous, de sa femme, de lui même: Sa propre enfance lui revient en pleine figure, sous un éclairage nouveau qui lui laisse penser que toute sa vie pourrait n’être qu’une succession de mensonges… En ouvrant ce livre, je m’attendais clairement à un polar, mais ce n’est pas tout à fait le cas, on est ici plutôt dans le roman noir, très axé sur la psychologie du personnage principal. Contre toute attente, la disparition de la petite Amy n’est pas le point central du récit, mais plutôt un déclencheur: La prise de conscience d’Eric, sa souffrance, les sentiments confus qu’il éprouve envers ses proches sont le véritable moteur de ce roman. Même si cet aspect est intéressant, et le point de vue original, j’ai un peu regretté quand même le manque de consistance de l’enquête qui passe souvent au second plan, et qui réserve finalement peu de surprises.

Gallimard Série Noire, 275 pages, 22,50€

livres, critiques citations et bibliothèques en ligne sur Babelio.com

A contretemps – Jean-Philippe Blondel


A 18 ans, Hugo quitte la maison familiale et une mère un peu envahissante pour suivre des études de lettres à Paris. Il  loue une chambre dans l’appartement de Jean Debat, un homme discret et taciturne qu’il ne fait que croiser entre deux portes. Hugo se trouve un job dans un bar, se crée un petit cercle d’amis parmi lesquels une libraire, Michelle, à qui il emprunte un jour un livre d’un certain Pascal Cami, intitulé “A contretemps”. Mais quand son logeur découvre ce roman dans son appartement, il est bouleversé, et il confie à Hugo qu’il en est l’auteur.

L’un sort de l’adolescence, c’est un lecteur insatiable qui se laisse un peu porter par les évènements, plein  d’incertitudes sur lui-même et sur le chemin qu’il veut prendre. L’autre a déjà vécu, et souffert, a cru trouver sa voie, a perdu dans la bataille ses rêves et ses illusions. Un livre va rapprocher ces deux êtres solitaires qui pensaient n’avoir rien en commun. Je ne peux pas dire que la relation entre Hugo et Jean ou leurs histoires respectives m’aient vraiment touchée mais comme d’habitude j’ai été sensible à la plume délicate et mélancolique de Blondel. On retrouve ici aussi l’habileté de l’auteur à établir une connivence avec le lecteur: c’est un roman qui  nous parle un peu de nous, notamment parce qu’il y est beaucoup question de livres, un moyen infaillible pour séduire une lectrice!  Je ne sais pas si je conseillerais ce roman à ceux qui voudraient découvrir Jean-Philippe Blondel (allez voir plutôt du côté d’Accès direct à la plage ou 1979), mais ceux qui aiment déjà cet auteur retrouveront ici avec beaucoup de plaisir un univers familier et attachant.


Robert Laffont 2009, 240 pages, 19€
Lu aussi par Clarabel, Amanda, Laurence

L’église des pas perdus – Rosamund Haden


En 1990, des ossements humains sont découverts par une petite fille près de l’église indigène d’Hebron, en Afrique du Sud. Cette découverte ravive les souvenirs de deux vieilles femmes: Catherine, fille de propriétaires blancs, et Maria, fille de la domestique noire, étaient inséparables durant leur enfance. Mais suite à un drame familial, Catherine a du quitter brusquement la ferme et Maria. Devenue adulte, elle revient sur la terre de son enfance et retrouve son amie. Mais la ferme
appartient désormais à un couple, Tom et Isobel Fynchman, et Catherine tombe sous le charme de Tom.

Au delà du mystère qui règne sur l’ensemble du récit (à qui appartiennent les ossements? Qui est vraiment Tom?), “L’église des pas perdus” est avant tout un roman sur l’enfance et l’attachement à une terre. Un roman sur la liberté aussi, Catherine bravant les interdits de l’époque et du pays, ignorant les commérages pour vivre tant son amour pour Tom que son amitié avec Maria, sur fond d’apartheid. Une amitié qui résistera à tout, au temps et à l’éloignement, aux hommes et aux drames. J’ai parfois été gênée par le style un peu rugueux de ce roman, et sa construction très “hachée”: phrases et paragraphes très courts, allers-retours dans le temps, allusions énigmatiques. Mais j’ai en revanche beaucoup aimé les histoires croisées de Catherine et de Maria, et les décors majestueux de l’Afrique du sud! Partout résonne l’écho de l’enfance des deux femmes, et on se laisser hypnotiser par leurs souvenirs: Les expéditions nocturnes dans l’église indigène, les baignades dans l’étang, les courses dans le veld au milieu des koppies… A lire, surtout pour cette atmosphère envoûtante.


Le livre de poche 2008, 283 pages, 6,60€ (Traduction de Judith Roze)

Voir aussi les billets d’Amanda, Joëlle, Lorraine, Praline, Malice, Annie, Uncoindeblog, Fashion, Clarabel, Lou


Et retrouvez  les avis de toutes les bloggeuses dans le dossier du Livre de Poche!

Lus en 2008 – Romans étrangers



Le treizième conte de Diane
Setterfield (Pocket)

Gravement malade, la célèbre écrivain Vida Winter contacte la jeune Margaret Lea afin qu’elle rédige sa biographie. Alors qu’elle a toujours menti aux journalistes, révèlera t’elle enfin la
vérité sur sa vie à la jeune femme?  L’atmosphère de ce roman est un hommage aux grands classiques de la littérature anglaise: Une demeure isolée dans le yorkshire, des
âmes tourmentées, des fantômes qui rôdent, des secrets inavouables tapis sous les pierres et sous les peaux… Ajoutez des passages délicieux sur l’amour de la lecture, et tous les
ingrédients sont là pour passer un moment divin!  A  lire au coin du feu pendant les longues soirées d’hiver, evidemment. (Pocket)

Un incontournable de la blogosphère! Lu (et aimé) par Clarabel, Lilly, Laure, Joëlle, Cathulu, Fashion, Emjy, Papillon, Lily, Karine


Les grandes espérances du jeune Bedlam de George Hagen (Belfond)

Né dans les années 1860 dans un quartier défavorisé de Londres, Tom est élevé par sa mère, employée dans une manufacture de porcelaine. Son père, William Bedlam les a abandonné, peu après sa
naissance, pour tenter sa chance sur les planches. Mais un jour ce père indigne, voleur et fourbe, refait surface, et le destin de Tom va en être bouleversé.
Quelque part entre
Dickens et Irving, des bas-fonds de Londres aux paysages éclatants de l’Afrique du Sud, “Les grandes espérances du jeune Bedlam” est l’histoire d’une vie rythmée par les coups du sort, les
secrets et les trahisons. J’avais déjà beaucoup aimé le précédent livre de George Hagen, La famille
Lament
(en poche, chez 10-18) et ce deuxième roman est tout aussi réussi, c’est une belle saga qui s’appuie sur une galerie de personnages étonnants… Un auteur à suivre
de près!

Voir aussi l’avis de Keisha.


Les filles de Riyad de Rajaa Alsanea

“Les filles de Riyad” a d’abord été diffusé sur internet, sous forme de feuilleton hebdomadaire, puis publié au Liban (mais reste interdit en Arabie Saoudite). Dans une série de mails,
la narratrice évoque la vie quotidienne et amoureuse de quatre amies saoudiennes, Lamis, Michelle, Sadim et Gamra.  A travers les destins très différents de ces quatre jeunes
femmes, on découvre toutes les facettes de la féminité en Arabie Saoudite, la cohabitation difficile entre le carcan des traditions et les envies de ces femmes issues d’une classe sociale assez
aisée et donc ouvertes sur le monde occidental. Le sujet est intéressant, et le résultat plutôt sympathique, une sorte de Sex and the city version orientale. (Plon)


Les garçons de Wesley Stace

Il y a eu deux Georges dans la famille Fischer. L’un est né de père inconnu dans les années 60. Sa mère Frankie étant actrice et souvent absente, il est donc élevé par sa grand-mère Queenie
et son arrière-grand mère Evie, qui fut en son temps une célèbre marionnettiste. Son grand-père lui aussi était ventriloque, et l’autre George de la famille n’était autre que sa
marionnette… Les deux Georges prennent la parole chacun leur tour pour raconter l’histoire familiale. “Les garçons” est un roman sur l’identité masculine, George comme son grand-père,
essayant de trouver leur place dans une famille de femmes et d’artistes assez envahissantes! Un roman original et très agréable à lire, malgré quelques longueurs.(Flammarion)

Lu aussi par Virginie.