Catégorie : 3 étoiles – A lire

[Roman] Sang Impur – Hugo Hamilton

Dans ce roman autobiographique, Hugo Hamilton évoque son enfance dans l’Irlande des années 50-60. Entre un père nationaliste et une mère Allemande, le petit garçon peine à trouver son identité. Au sein du foyer, il est battu par son père dès qu’il prononce un mot d’anglais, tandis qu’à l’extérieur les autres enfants le traitent de
nazi.

Sang Impur est le témoignage émouvant d’un enfant écartelé entre ses différentes origines, écrasé par la lutte vaine de son père, et par les fardeaux que portent sa mère depuis la guerre. Malgré tout Hugo Hamilton ne sombre jamais dans le misérabilisme, son regard d’enfant ne connaît pas encore la colère ou l’amertume, grâce à la présence lumineuse d’une mère aimante.


Phebus 2004/ Points 2007 – PRIX FEMINA ETRANGER 2004 – 3 etoiles

[Roman] La reine du silence – Marie Nimier

La petite Marie n’a que cinq ans lorsque son père, l’écrivain Roger Nimier, meurt dans un accident de voiture. Quarante ans plus tard, elle entreprend de dresser le portrait de ce père qu’elle a si peu connu.

A quelques bribes de souvenirs s’ajoutent une carte postale lapidaire, les portraits d’amis écrivains, les confessions des frères de Marie, les traces d’une correspondance, des photos à la Une de Paris-Match… Elle évoque, sans jamais le juger, ce père aux multiples démons, qui privilégiait son travail à sa famille, et pouvait se montrer particulièrement cruel. Sous la plume de la femme mûre, on retrouve les questions, les peurs et les doutes d’une petite fille qui tente de comprendre, de se rapprocher de ce père trop tôt disparu, afin d’apaiser ses propres tourments.

Sur le ton de la confidence, avec beaucoup de sensibilité et de pudeur, Marie Nimier offre un beau témoignage sur l’amour filial.

Gallimard 2004, 170 pages, 14.50€ – PRIX MEDICIS 2004 /

[Roman Jeunesse] Reine du fleuve – Eva Ibbotson

1910. La jeune Maia est orpheline et vit dans un pensionnat anglais lorsque les Carter, de lointains parents installés au Brésil, acceptent de l’adopter. Elle part alors vers l’inconnu avec la mystérieuse et revêche Mademoiselle Minton. Ses rêves s’évanouissent en découvrant sa nouvelle famille qui ne s’intéresse en fait qu’à la généreuse pension qui lui est versée. Mais elle va aussi découvrir la magie de l’Amazonie, se lier avec Finn, un jeune indien, et avec Clovis, un comédien anglais, avec qui elle va vivre de multiples aventures.

Une douce orpheline dans un pensionnat anglais et de méchants parents, nous voilà dans la plus pure tradition du roman pour enfants. De fait, l’on peut parfois regretter un manichéisme un peu désuet et le manque d’aspérités de l’héroïne. On découvre en revanche avec beaucoup d’intérêt le Brésil au début du XXème siècle, sa faune et sa flore, les autochtones, les explorateurs et les colonisateurs. Un joli récit initiatique plein d’exotisme qui a reçu le prix Smarties 2001, décerné par plus de mille écoles anglaises.

Albin Michel Jeunesse 2004 (collection Wiz), 381 pages, 15€/

[Roman] Merci – Daniel Pennac

Un artiste reçoit un prix pour l’ensemble de son œuvre. Seul sur scène, il doit sacrifier au traditionnel discours de remerciement.

Merci, oui, mais à qui, pourquoi, comment? Ces questions et l’ambiguïté du terme ( “Etre remercié” ou “à la merci de”…) font naviguer le personnage entre l’humour et la mélancolie. Il s’interroge sur son métier, sur ces gens qui le jugent, fouille ses sentiments, met à jour ses doutes et ses rancœurs. D’une digression à l’autre, il entre dans une sphère plus intime, évoque la solitude, la sincérité de ses amis ou de sa famille, l’impossibilité de remercier en amour.

Merci est un exercice de style déroutant mais plein de charme. Pennac s’amuse avec le cadre convenu et rigide du discours de remerciement, détourne les règles et repousse les limites du genre. Merci est un monologue doux-amer à savourer, une friandise pour les fans de Pennac!

Gallimard 2004, 127 pages, 13.50€/