Catégorie : 3 étoiles – A lire

Falaises – Olivier Adam


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Un homme d’une trentaine d’années passe la nuit sur le balcon de son hôtel à contempler les falaises d’Etretat. Vingt ans plus tôt s’est
déroulée ici la première des tragédies qui ont jalonnées sa vie: sa mère s’est suicidée en se jetant du haut de ces falaises. Durant cette longue nuit, les souvenirs douloureux refont surface:
Après le drame,  leur père s’est réfugié dans le mutisme et la terreur domestique, tandis qu’Olivier et son frère ont tenté tant bien que mal de se construire…

Le style maîtrisé et envoûtant, sobre et sensible, évite à ce roman de tomber dans le catalogue morbide. L’univers d’Olivier Adam est
vraiment très noir, un monde de silence et de non-dits, de peurs et de violence, de blessures et de fantômes, d’absences et de solitude. Chaque personnage y semble emprisonné dans une bulle de
désespoir…. J’ai été assez touchée par le narrateur: A la fois hagard et lucide, poursuivi par le fantôme de sa mère, il tente de s’accrocher tour à tour à un frère, un amour, une voisine,
qui tous finissent par lui échapper, emportés par leurs propres douleurs. L’ambiguïté entretenue par l’auteur sur la dimension autobiographique rend ce personnage plus troublant encore.
“Falaises” me laisse cependant un sentiment un peu mitigé, ce roman lourd de mélancolie est à la fois bouleversant et etouffant.

Editions de l’Olivier 2005, 206 pages, 18€
Sélection Roman du Grand Prix des Lectrices de Elle 2006

Les charmes discrets de la vie conjugale – Douglas Kennedy

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Elevée dans
les années 60 par des parents brillants, Hannah n’aspire qu’à une vie calme et paisible. Jeune mère de famille, elle suit son mari médecin dans une petite ville de l’Amérique profonde. Fragilisée
par l’ennui et la solitude, elle fera un soir un mauvais choix qui mettra en péril son existence trop bien réglée. Ce n’est pourtant que 30 ans plus tard qu’Hannah subira vraiment les
conséquences de ce faux-pas.

“Les
charmes discrets de la vie conjugale” est le portrait d’une femme qui mettra plusieurs décennies à se trouver, qui devra affronter bien des épreuves avant de s’accomplir. Kennedy décrit bien
la vie étriquée d’Hannah, la manière dont elle se laisse prendre au piège du quotidien et de la frustration. Fidèle lectrice de D.K, je suis cependant un peu déçue par ce nouvel opus. L’auteur a
décidément du mal à se renouveler! Un sentiment de déjà-lu auquel s’ajoutent beaucoup de longueurs, des rebondissements prévisibles, une description simpliste et manichéenne de l’Amérique de
Bush. Malgré tous ces défauts, les talents de faiseur d’histoires de Kennedy font que “Les charmes discrets…” reste pourtant un divertissement correct, une saga efficace qui se laisse lire sans
déplaisir.

Editions
Belfond 2005, 525 pages, 21€

Sélection
Roman Grand Prix des Lectrices de Elle 2006

La petite trotteuse – Michèle Lesbre






Anne, une femme d’âge mûr, s’apprête à visiter une maison à vendre sur la côte Atlantique. La trentième en quelques mois… A chaque visite, elle parvient à voler quelques heures de solitude entre ces différents murs. Qu’y cherche t’elle exactement? Installée dans le petit hôtel du village, elle évoque quelques rencontres éphémères, la douceur d’instants volés, le temps qui suspend sa course. Et lentement le passé se mêle au présent: un père mystérieux, les querelles constantes entre ses parents, une enfance marquée par la guerre…

L’écriture est juste et délicate, créant une belle atmosphère empreinte de mélancolie… Chaque mot est pesé, chaque phrase ciselée, un vrai travail d’orfèvre! Si le style force l’admiration, je reste plus dubitative sur l’histoire elle-même: hormis quelques passages intéressants sur l’enfance de la narratrice, j’ai eu du mal à m’attacher à l’héroïne, à comprendre sa quête. Plus on avance dans le roman, plus les sentiments s’éparpillent et plus le personnage nous échappe. Malgré de jolies qualités de narration, ce roman n’est donc pas vraiment parvenu à me toucher.

Editions Sabine Wespieser 2005, 190 pages, 18 euros
Sélection Roman du Grand prix des lectrices de Elle 2006

De chair et de sang – John Harvey



Ancien inspecteur, Frank Elder passe une retraite morose dans un coin retiré des Cornouailles, le plus loin possible de son passé, et notamment de son ex-femme. Un cauchemar récurrent le renvoie sans cesse à une affaire non résolue, la disparition d’une adolescente. La remise en liberté du principal suspect, Shane Donald, condamné pour le meurtre d’une autre jeune fille, pousse Elder à reprendre progressivement l’enquête.

Ce polar est le premier volume de ce qui sera une série, construite autour du personnage de Frank Elder. A l’image de ce vieux loup solitaire et désabusé, “De chair et de sang” est un roman policier plutôt classique. Face à Elder, Shane Donald est quant à lui un personnage ambigu, toujours sur le fil: N’est-il qu’un gamin malmené par la vie, un adolescent influençable que la prison a remis sur le droit chemin? Ou un dangereux pervers prêt à basculer de nouveau dans la folie criminelle? John Harvey joue avec les apparences… Grâce à une intrigue efficace et un rythme savamment entretenu par les rebondissements et les accélérations, “De chair et de sang” est un roman sans temps mort qui ne vous laisse pas le temps de souffler. Un bon polar!

Rivages 2005, 366 pages, 20.99€
Sélection Prix Elle 2006

Si vous avez aimé ce roman, vous aimerez La colline des chagrins de Ian Rankin

Ne te retourne pas – James W. Nichol





A l’âge de trois ans, Walker est abandonné sur le bord d’une route. Devenu adulte, il part à la recherche de son passé, armé de quelques maigres indices, et aidé dans sa quête par Krista, une jeune fille handicapée rencontrée à Toronto. Parallèlement aux recherches de Walker et Krista, l’on suit l’histoire de Bobby, un jeune garçon inquiétant né dans les années 50. Quel est le lien entre Bobby et Walker? Qui cherche à empêcher Walker de découvrir sa véritable identité?

La principale réussite de ce roman tient au personnage de Bobby: On suit le cheminement patient de la folie criminelle qui va bientôt le ronger, nourrie de sa mégalomanie et de ses frustrations. L’intrigue est angoissante et menée sur un rythme haletant. Dommage que ce thriller tombe souvent dans les travers du genre, raccourcis faciles ou personnages un peu caricaturaux. “Ne te retourne pas” est un polar honnête qui permet de passer un bon moment, sans pour autant révolutionner le genre.

Fleuve Noir 2005, 278 pages, 18€
Sélection Prix Elle 2006