Catégorie : 3 étoiles – A lire

Rentrée littéraire 2013 #1: Daffodil Silver, Voir du pays, Le tennis est un sport romantique

Je reviens rapidement sur mes lectures dans le cadre de l’opération “Rentrée littéraire – lecteurs VIP” du site Entrée Livre dont je vous avais parlé ici. Je ne peux pas reproduire mes critiques à l’identique, je vous invite donc si vous voulez en savoir plus sur l’un de ces titres à aller lire mes billets plus complets sur Entrée Livre 😉

 

Daffodil Silver d’Isabelle Monnin (JC Lattès, août 2013, 409 pages) – Note/4 etoiles

La mort brutale de Rosa à 26 ans anéantit sa sœur, Lilas, qui se lance alors dans un projet insensé, “le livre de Rosa”.

Elle veut écrire un livre qu’on mettra autant de temps à lire que Rosa a vécu. Il s’agit de reconstituer aussi précisément que possible chaque minute de la vie de ma tante, soit 26 années, 97 jours, 16 heures et 30 minutes. A chaque fois que quelqu’un commencera à lire Le livre de Rosa, pense ma mère, la vie de Rosa se trouvera prolongée d’autant. Ainsi Rosa vivra éternellement dans les yeux de ses lecteurs. On a les immortalités que l’on peut.” (extrait p.106)

C’est Daffodil, la fille de Lilas, qui raconte ici son histoire familiale. Sa mère a sacrifié sa vie au culte du souvenir, mais aussi celle de son mari et celle de Daffodil, née deux semaines avant le décès de Rosa, et qui a du grandir dans l’ombre envahissante de cette tante qu’elle n’a jamais connue. Le deuil insatiable de sa mère va prendre au fil des pages et des années des proportions démesurées, et tel Frankenstein va échapper à sa créatrice pour mener sa propre vie, bien loin finalement de Lilas et de Rosa. Daffodil Silver  est un roman poignant sur le deuil, l’amour, la folie, et les méandres de la mémoire. L’un des meilleurs livres de cette rentrée littéraire.

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Voir du pays de Delphine Coulin (Grasset, août 2013, 272 pages) – 3 etoiles

Amies d’enfance, Aurore et Marine s’engagent toutes les deux dans l’armée et sont envoyées en Afghanistan où une de leurs missions va mal se passer et mettre en péril leur amitié. Avant de rentrer en France elles vont passer 3 jours à Chypre, dans ce que l’armée appelle un “SAS de décompression”. Au programme, luxe, farniente, et debriefing. Mais ces 3 jours vont prendre une tournure tragique…

Le sujet est intéressant, je ne connaissais pas l’existence de ce SAS de décompression installé à Chypre depuis 2009, où sont envoyés les soldats revenant d’Afghanistan ou plus récemment du Mali. Dommage qu’une bonne partie du roman enchaîne les platitudes et les clichés (sur la guerre, les militaires, les touristes, etc…). J’ai eu en plus du mal à éprouver de l’empathie pour Aurore et Marine que j’ai trouvé peu charismatiques. La dernière partie du livre est plus intéressante, les personnages et l’histoire y trouvent plus de consistance, mais c’était un peu tard pour moi.

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Le tennis est un sport romantique d’Arnaud Friedmann (JC Lattès, août 2013, 250 pages) – 3 etoiles

Le 10 juin 1984, devant un match McEnroe/Lendl, Juliette déclare à son fils Julien  que John McEnroe est son père. Sans qu’on sache jamais si elle tient du fantasme ou de la réalité, tous deux vont s’accrocher à cette révélation. Mère célibataire,  Juliette va plonger dans la dépression, se raccrochant désespérément à cette lointaine étreinte  pendant laquelle a été conçue son fils, alors qu’elle était jeune fille au pair aux Etats-Unis. Sous la pression de sa mère Julien va se lancer dans le tennis, au fond il n’a aucun talent mais le travail et la perspective d’être le digne héritier de son père lui permettront de devenir un joueur honorable. Mère et fils vont ainsi vivre au rythme des victoires et des défaites de McEnroe, de ses coups de sang, de son apparition dans les médias.

L’auteur s’attaque ici à un thème plutôt classique, grandir sans père, mais avec un angle original puisque le père est ici à la fois inconnu et connu, absent et présent, trouvant sa place dans la sphère familiale via la télévision ou les magazines. Entre une mère démissionnaire et un père fantôme, Le tennis est un sport romantique est l’histoire de la solitude de deux êtres et de la difficulté d’un enfant à construire son identité sans repères. Si le thème est séduisant, j’ai trouvé l’écriture assez froide, maintenant les émotions et le lecteur à distance. J’ai donc eu bien du mal à m’attacher aux personnages et en plus l’histoire finit par tourner un peu en rond. Pas complètement convaincue là non plus.

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[Roman] La première chose qu’on regarde – Grégoire Delacourt

la premiere chose qu'on regarde 3

Jeune et beau garagiste, Arthur Dreyfuss a eu une enfance difficile : Après le décès de sa petite sœur dévorée par le doberman du voisin, son père a brusquement disparu et sa mère a sombré dans le Vermouth et la folie. Arthur, obsédé par les poitrines généreuses, vit désormais une existence morne et solitaire quand un beau jour, le 15 septembre 2010,  il découvre l’actrice américaine Scarlett Johansson sur le pas de sa porte.

Arthur habite à Long, un petit village de Picardie où le temps semble s’être arrêté, avec son salon de coiffure à l’enseigne délavée, sa boucherie sans âge, son bar-tabac-articles de pêche-loto-journaux et sa serveuse aux yeux gris amoureuse d’un chauffeur routier tatoué. Le trou du cul du monde qui sous la plume de Grégoire Delacourt devient un Hollywood miniature, presque un décor de cinéma, où chacun a un petit air de vedette : Arthur ressemble à Ryan Gosling mais-en-mieux, son patron à Gene Hackman, alors ce n’est finalement pas si surprenant d’y voir débarquer Scarlett Johansson.

La première chose qu’on regarde est un conte fantasque qui m’a un peu rappelé Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, avec son cadre atemporel, ses personnages à la fois simples et extraordinaires qui ont un petit grain de folie, son garagiste qui se pique de poésie. C’est l’histoire d’un amour improbable, entre deux personnages malmenés par la vie, un amour rare, celui qui peut vous sauver de tout, de l’enfance, de la solitude et du malheur. Une histoire entre un héros ordinaire et une fille trop jolie qui voudrait qu’on l’aime pour ce qu’elle est vraiment. C’est un livre sur les apparences, sur ce que nous voudrions être, sur ce que nous révèle le regard que les gens posent sur nous, sur la douleur que l’on enfouit tout au fond de nous pour que personne ne la voit.

Mais ce nouveau roman de Grégoire Delacourt n’a pas la douceur et la délicatesse de La liste de mes envies, son précédent livre dans lequel une petite mercière d’Arras gagnait au Loto. L’auteur a choisi d’ajouter ici une dimension féroce et cruelle que j’ai eu du mal à apprécier : un bébé se fait dévorer par un chien, une mère devient folle de douleur, un père disparaît un matin en abandonnant son fils unique….

Et puis j’ai vraiment été gênée par les artifices du style,  l’abondance des références (au cinéma ou à la chanson), le Name Dropping a-tout-va, les parenthèses interminables pour donner des précisions inutiles sur tel acteur ou tel lieu, on finit par se croire sur Wikipedia, vraiment que c’est agaçant. Il y a en plus une certaine ironie qui imprègne la narration, qui donne l’impression que l’auteur se moque un peu de ses personnages, comme s’il avait eu peur qu’on l’accuse de tomber dans le sentimentalisme, et cette dérision poisseuse laisse une sensation désagréable planer tout au long de la lecture. C’est donc un livre étrange et déroutant qui me laisse une impression mitigée, je n’ai pas détesté mais j’avais quand même nettement préféré La liste de mes envies.

La première chose qu’on regarde de Grégoire Delacourt, 250 pages, éditions JC Lattès 2013 – 3 etoiles

Merci à Entrée Livre de m’avoir envoyé ce roman. Sept autres blogueurs ont lu ce livre en même temps que moi: Cécile, Zazy, Jostein, Nelfe, Pierre, Mélo et Emeralda

 

 

[Roman YA] La sélection – Kiera Cass

Dans un futur lointain, le royaume d’Illeá est né sur les ruines des Etats-Unis. La société est désormais régie par un système de castes, 8 au total, la 1ère étant celle de la famille royale, la 8ème celle des marginaux. America appartient à une caste inférieure, la 5ème, celle des artistes. Sa mère espère qu’elle épousera un homme d’une caste supérieure mais elle ignore qu’America est amoureuse d’Aspen qui appartient à la 6ème caste. Les deux jeunes gens cachent soigneusement leur liaison, les relations amoureuses étant proscrites hors mariage.

Le prince Maxon étant en âge de se marier, “la sélection” est organisée : 35 jeunes filles sont tirées au sort dans tout le pays et vont tenter de séduire le prince devant l’œil des caméras. A la fin, il n’en restera qu’une… (copyright Denis Brogniart) Poussée par ses parents et par Aspen qui ne veut pas qu’elle passe à côté de l’opportunité d’une vie meilleure, America s’inscrit à la Sélection et contre toute attente est retenue pour y participer.

Les amateurs de dystopie seront déçus, hormis le système de castes et les quelques attaques de renégats trop vite expédiées, il n’y a pokies pas grand-chose à se mettre sous la dent.  Les amateurs de romance seront en revanche comblés avec un  trio amoureux qui fonctionne plutôt bien. Si America n’a aucun doute en arrivant au palais – Aspen est son seul et unique amour – elle va rapidement succomber au charme élégant du Prince Maxon,  qui gagne en épaisseur et en charisme au fil des pages.

La sélection est une sorte de Bachelor royaliste, avec tout ce que les ressorts de la télé-réalité peuvent avoir à la fois d’abject et de jubilatoire. On se prend de sympathie pour certaines candidates, on a envie d’en claquer d’autres, on frétille lors des rencontres entre America et Maxon. J’ai regretté quand même que ce roman soit parfois très premier degré et manque singulièrement d’imagination : Par exemple l’héroïne vit sur ce qui fût autrefois les Etats-Unis et elle est chanteuse, elle s’appelle donc (tadam)… America Singer (Hum). Mon avis est plutôt mitigé, mais j’ai quand même trouvé cette lecture assez agréable pour avoir envie de lire le tome 2 qui sortira au mois d’avril.

La sélection de Kiera Cass, Robert Laffont (Collection R) 2012 – 343 pages –
*Lu en numérique*

[Nouvelles] L’odeur du figuier – Simonetta Greggio

Je ne suis pas d’habitude une grande adepte des nouvelles, mais je me suis laissée séduire par la promesse ensoleillée de ce recueil. Le titre est un peu trompeur, car si le figuier est bien présent dans les cinq récits, il s’agit cependant d’un fil rouge assez anecdotique, et c’est plutôt le thème de l’amour qui relie ces différentes nouvelles.

J’ai beaucoup aimé la première nouvelle, Acquascura, dans laquelle un couple de profs profite de ses vacances d’été dans le cabanon familial. Tout semble parfait, jusqu’à ce qu’une invasion de fourmis viennent enrayer la machine et mettre les nerfs à fleur de peau. Un récit étrange et envoutant, à la limite de l’absurde, qui m’a donné des frissons. La troisième nouvelle, Quand les gros seront maigres, quand les maigres seront gros est aussi un petit bijou: Un vieil homme se retrouve coincé dans l’ascenseur de son immeuble à la veille des grandes vacances. Cet homme solitaire qui se laissait bercer par sa petite routine quotidienne va soudain se retrouver seul face à lui-même dans cet espace exigu, se souvenir de sa vie, de sa femme disparue. C’est sans doute la nouvelle la plus triste du recueil, mais aussi la plus belle.

Du coup à côté de ces deux très beaux textes, les trois autres nouvelles, notamment Plus chaud que braise qui raconte la nouvelle rencontre de deux amants quadragénaires qui se sont connus à 20 ans et L’année 82, l’histoire d’une jeune femme engluée dans un chassé-croisé amoureux, m’ont parues assez fades. La toute dernière nouvelle Fiat 500 n’est pas inintéressante mais elle est malheureusement trop courte et pas assez aboutie à mon goût. Un recueil assez inégal donc mais que je vous conseille pour les deux textes que j’ai particulièrement aimés, et pour découvrir la jolie plume de cet auteur d’origine italienne.

L’odeur du figuier, le livre de poche 2012, 192 pages /

[Témoignage] C’est qui Catherine Deneuve? Dominique Resh

Dominique Resh décrit ici son quotidien de prof dans les quartiers nord de Marseille, dans un lycée professionnel réputé « difficile ». Il raconte avec humour comment en vieux briscard de l’enseignement il a appris au fil des années à désamorcer les situations périlleuses, et sans édulcorer les choses, il livre un témoignage plutôt positif dans lequel il met souvent en valeur ses élèves, leur répartie, leur imagination et leur faculté à inventer leur propre langage.  C’est qui Catherine Deneuve ? est un télescopage entre deux univers, et celui qui apprend le plus de cette confrontation n’est pas toujours celui que l’on croit… Dans le sillage d’ Entre les murs de Begaudeau, le sujet de ce livre n’est pas très original, et j’ai parfois été agacée par les digressions de l’auteur (sur les moustiques, le GPS…) mais j’ai été touchée par la tendresse de ce prof pour ses élèves. Une lecture sympathique.

Editions Autrement, Rentrée Littéraire 2012, 184 pages/

Lu dans le cadre de l’opération Rentrée Littéraire du site Entrée Livre
Challenge 1% rentrée littéraire et Challenge Petit Bac (Catégorie Personne connue)

Je peux faire voyager ce livre, si vous êtes intéressés signalez le moi dans les commentaires (offre réservée aux blogueurs ou aux lecteurs que je connais déjà).