Catégorie : 4 étoiles – Recommandés

16 lunes – Kami Garcia & Margaret Stohl

16 lunes - couv

Note/4 etoiles

La famille d’Ethan Wate a toujours vécu à Gatlin, une petite ville du Sud des Etats-Unis où tout le monde se connaît. Depuis la mort accidentelle de sa mère, Ethan vit avec son père dépressif qui dort le jour et écrit son grand roman la nuit, et Amma, devenu sa mère de substitution, cartomancienne à ses heures et pourvoyeuse de gris-gris en tous genres. Mais la rentrée scolaire au lycée Jackson ne va pas se dérouler tout à fait  comme d’habitude avec l’arrivée d’une nouvelle, Lena Duchannes. Les  autres élèves vont vite se liguer contre la jeune fille quand ils découvrent qu’elle n’est autre que la nièce de ce Vieux Fou de Ravenwood, qui n’est pas sorti de son manoir depuis des années. Tous la rejettent, sauf Ethan, qui a reconnu en Lena la fille qui hante ses rêves depuis des mois, et qui tombe sous le charme de cette fille mystérieuse qui conduit un corbillard, porte un collier de breloques, et a une tache de naissance en forme de demi-lune sur la pommette. Il va découvrir que non seulement Lena n’est effectivement pas une fille comme les autres, mais aussi que sa propre famille et la ville toute entière cachent bien des secrets.

J’aime beaucoup les romans qui se déroulent dans le Sud des Etats-Unis et les auteurs ont vraiment su  ici tirer parti de ce décor, puisant dans l’histoire tourmentée et les croyances de cette région pour nourrir leur récit (Il y est beaucoup question par exemple de la guerre de Sécession ). L’atmosphère est le véritable point fort de ce roman, on savoure le climat inquiétant et oppressant qui règne dans cette petite bourgade où chacun épie sans cesse ses voisins, et où des forces invisibles et ténébreuses semblent à l’œuvre derrière chaque porte. Comme dans d’autres séries du même type, la dimension fantastique permet d’aborder de façon détournée les émois classiques de l’adolescence: les premiers sentiments amoureux, la difficulté à construire son identité, à choisir sa voie, et à assumer sa différence. Le jeune couple malheureusement m’a paru un peu fade, même si les deux auteurs ont tout misé sur un romantisme exacerbé, leur relation ne m’a pas réellement convaincue. En revanche j’ai beaucoup aimé les personnages secondaires, qui semblent tous cacher quelque chose et se dévoilent petit à petit: La généreuse Amma, le terrifiant Macon Ravenwood (l’oncle de Lena) et Marian, l’énigmatique bibliothécaire sont vraiment des personnages intéressants,  même si ma préférence va aux trois vieilles tantes farfelues d’Ethan, Grace, Prudence et  Charity. 16 lunes est encore une série qui marche dans les pas de Twilight, mais qui ma foi s’en sort plutôt honorablement,  je lirais sans aucun doute le deuxième tome!

Hachette (collection Black Moon) 2010, 634 pages, 18€
Livre lu dans le cadre d’un partenariat entre le forum Livraddict et les éditions Hachette, merci! Et deuxième lecture pour The Dark Side Challenge.

Lu aussi par Clarabel, Mallou, Heclea, Feetish, Melisende, Mamzelle Lily

Rebelles & Rumeurs – Anna Godbersen

rebelles

Note/4 etoiles

En ce jour d’automne 1899, toute la bonne société new-yorkaise est réunie pour les funérailles de la jeune Elizabeth Holland, issue d’une des plus grandes familles de la ville. Retour sur les jours qui ont précédé ce triste évènement: Le père de Henry Schoomaker ambitionne de se présenter aux élections pour devenir maire de New York, et pousse son fils unique à se fiancer à Elizabeth afin d’améliorer son image. Pour aider  sa famille qui connaît de sérieux problèmes financiers, Elizabeth accepte la demande d’Henry même si  elle est amoureuse  de Will, le cocher de la famille. Henry, lui fréquente en secret Pénélope Hayes, la meilleure amie d’Elizabeth, bouleversée par l’annonce de ces fiançailles et bien décidée à empêcher ce mariage. Et tout se complique encore un peu quand Henry tombe sous le charme de Diana, la jeune sœur d’Elizabeth.

Froufrous, élans passionnés, regards énamourés, amours contrariés, rendez-vous secrets,  coups de foudre, trahisons, Rumeursscandales étouffés et coups bas, les deux premiers tomes de cette série romanesque ont fait vibrer mon cœur de midinette!  Nous sommes en 1899, le 20ème siècle toque à la porte, le monde va bientôt changer, et nos jeunes new-yorkais aspirent à une liberté amoureuse entravée par les codes sociaux, la bienséance et les mauvaises langues. Ils vont tous devoir faire preuve d’une grande virtuosité pour  contourner ces obstacles et aller au bout de leurs désirs. Je pourrais chipoter un peu, les personnages sont  stéréotypés, certains évènements assez prévisibles, l’histoire parfois répétitive, mais qu’importe finalement, puisque le plaisir est là! J’ai beaucoup aimé ces relations croisées, cet embrouillamini de sentiments, et  la fébrilité, la tension qui règnent tout au long de ces deux volumes. Et j’ai été sensible aussi aux  petits liens entre les chapitres composés d’extraits des rubriques mondaines ou de guides de savoir-vivre à destination des jeunes filles… C’est léger et très sentimental, parfois un peu sirupeux mais vraiment charmant!

Rebelles: Albin Michel Jeunesse 2008, 452 pages, 17€/Rumeurs: Albin Michel Jeunesse 2009, 460 pages, 17€.  Traduction d’Alice Seelow.

Lu par Shopgirl, Abeille , Clarabel (ici pour le tome 2), Edelwe (ici pour le tome 2), Diddy, Croqueuse2livres, Audrey, Theoma.

Le 3ème tome, Tricheuses, sort en mars!

Tricheuses

Créature de la nuit – Kate Thompson

creature de la nuit

Note/4 etoiles

“Je lui ai bien dit, à ma mère, que je ne voulais pas rester là-bas. Je lui ai dit quand elle m’a annoncé le truc, et je lui ai répété quand elle a essayé de m’acheter avec la nouvelle Xbox. Et puis pendant tout le trajet en car. Dès qu’elle ouvrait la bouche, je disais: “Je reste pas là bas. Tu peux pas me forcer.”

La mère de Rob quitte précipitamment Dublin avec ses deux fils pour s’installer dans un petit coin de campagne, près d’Ennis. Elle espère ainsi échapper à ses problèmes financiers, et protéger Rob de ses mauvaises fréquentations. Ils s’installent dans une petite bicoque en mauvais état, entourée de mystères: une petite fille y aurait été assassinée bien des années auparavant, et le locataire précédent a disparu du jour au lendemain.  Sans parler de ce bol de lait qu’il faudrait laisser tous les soirs à l’intention d’une petite fée… Mais Rob est bien décidé à trouver un moyen pour rejoindre Dublin et sa bande de copains.

Le titre, le résumé, la couverture sont un peu trompeurs, car donnent à penser qu’il s’agit d’un roman fantastique, mais ce n’est pas vraiment le cas même si quelques éléments sont laissés à votre libre interprétation (assez en tous cas pour instaurer une légère angoisse!).  J’ai été surprise donc, mais pas du tout déçue. “Créature de la nuit” raconte l’histoire d’une petite frappe irlandaise, qui à 14 ans a déjà tout vécu ou presque, la drogue, l’alcool, la petite délinquance…  Sans jamais tomber dans le misérabilisme ou la facilité, Kate Thompson raconte la rédemption de Rob qui en quittant son milieu d’origine va découvrir un autre monde, et d’autres valeurs. Mais c’est surtout le personnage de la mère qui m’a touchée, elle entretient une relation très difficile  avec son fils ainé, et on la découvre à travers les yeux de Rob. Impitoyable, ce dernier dresse un portrait peu glorieux de cette mère instable et immature,  paumée, incapable de s’occuper correctement de ses fils, de sa maison ou d’elle même.  Comme une petite fille elle a peur du noir, et se réfugie dans les cris ou les larmes au moindre problème. Mais dans un dernier sursaut d’orgueil ou d’amour elle s’imagine naïvement qu’elle peut effacer l’ardoise, et d’un geste  recommencer une autre vie.  “Créature de la nuit” est vraiment un très bon roman, inclassable mais intense, à mettre entre toutes les mains, ados ou adultes, chacun y trouvera son compte.  Mais il vous faudra malheureusement patienter un peu pour le découvrir puisqu’il ne sera disponible en librairies que le 17 mars prochain.

Editions Baam! 2010, 287 pages, 15€. Titre original: Creature of the night traduction de Marie de Prémonville).
Livre lu dans le cadre d’un partenariat entre le forum Livraddict et les éditions Baam!, merci!

Lu aussi par Flof13, Belledenuit, Taliesin, Le mammouth, Myarosa, Laure, Anne sophie.

Le dissident chinois – Nell Freudenberger

le dissident chinoisNote/4 etoiles

Dans le cadre d’un échange artistique avec les Etats-Unis, Yuan Zhao, un jeune dissident chinois,  s’installe à Los Angeles pour un an. Il donne des cours d’art dans une école de jeunes filles, et est hébergé par la famille Travers. Malgré les apparences, l’équilibre familial de ses hôtes est fragile: Le père, Gordon, psychiatre et passionné de généalogie, s’éloigne de plus en plus de sa femme, Cece, et de ses enfants, Olivia et Max. Cece, si elle tente tant bien que mal de garder l’image d’une épouse attentionnée et d’une mère compréhensive, n’est pourtant plus amoureuse de son mari depuis longtemps,  et a du mal à accepter l’attitude provocatrice de ses enfants, surtout celle de son fils ainé, qui vient d’être condamné à des travaux d’intérêt général.  Le retour à L.A. du frère de Gordon, Phil, avec qui elle entretient une relation ambigüe, va semer encore un peu plus le trouble dans l’esprit de Cece.

Ce premier roman de Nell Freudenberger fonctionne sur l’alternance de deux récits, celui de Yuan Zhao (à la 1ère personne), et celui de Cece (à la 3ème personne). Le jeune  chinois  évoque surtout l’ébullition artistique d’un petit quartier de Pékin aux début des années 90,  et les performances audacieuses qu’y organisait un cousin talentueux. Ses souvenirs permettent de lancer quelques pistes de réflexions intéressantes sur l’art, sur son sens même (qu’est ce que l’art, qu’est ce qui n’en est pas?), ou sur la paternité d’une œuvre (la photo d’une performance appartient elle à l’artiste ou au photographe?).  Il se souvient aussi de la jolie Mieling… Yuan Zhao n’a pas grand chose en commun avec Cece, une américaine d’age mur qui tente de préserver l’unité vacillante de sa famille aux dépens de ses propres désirs. Rien en commun, si ce n’est peut être de n’avoir ni l’un ni l’autre trouvé leurs  vraies places dans leurs mondes respectifs. Roman doux amer sur les désirs inassouvis, les opportunités ratées et les faux semblants, Le dissident chinois touche par la finesse des personnages, et par la discrète émotion exhalée par leurs cheminements intérieurs. Dommage en revanche que le rapport entre ces deux personnages ne soit pas plus développé, Yuan et Cece ne font que se croiser, et l’auteur a finalement trop peu exploité le thème du choc des cultures. Un bon roman, mais qui me laisse quand même quelques regrets.

Editions de la Table Ronde 2010, 445 pages, 23€. Titre original: The Dissident (Traduction de Clément Baude)
Lu aussi par Keisha, Biblio, Yv, Lili Galipette, Chaperlipopette, Yohan, Goelen.

Lu dans le cadre d’un partenariat entre Blog-O-Book & Les éditions de la Table Ronde, merci!

Les accommodements raisonnables – Jean Paul Dubois


Note/4 etoiles



les accommodements raisonnables

Un scénariste toulousain d’âge mûr, Paul Stern, accepte de passer quelques semaines à Los Angeles afin d’adapter pour le marché américain un petit film français sans beaucoup d’intérêt, “Désarticulé”. Il laisse en France sa femme, Anna, profondément dépressive, et avec qui il ne parvient plus à communiquer. Dans les studios hollywoodiens dans lesquels il a pris ses quartiers, Paul rencontre Selma, le sosie d’Anna quand elle était plus jeune…

Plongé dans l’univers en carton-pâte de Hollywood, Paul va naviguer pendant presque un an entre fiction et réalité. La réalité, c’est son père, Alexandre, qui va se charger de l’entretenir, lui commentant régulièrement l’actualité française au téléphone: Nous sommes en 2008, ce sont les élections présidentielles et Alexandre est intarissable sur les candidats, le nouveau président, ses frasques amoureuses et ses dérives bling-bling.

Ce qui m’a touché avant tout dans ce roman, c’est l’infinie tendresse que semble éprouver Jean-Paul Dubois pour ses personnages, même s’il n’a de cesse de souligner leurs failles et leurs défauts. Paul, lâche et infidèle, tétanisé par la vie, se laissant porter par les évènements, aurait pu m’être antipathique, mais je l’ai finalement trouvé très attendrissant, j’ai aimé son regard vaguement désabusé et sa douce ironie. Son père, Alexandre a lui tout du veuf joyeux et indigne: alors que son frère, qu’il a tant détesté, vient de mourir, il va renier tout ce qu’il a été, tout ce qu’il a aimé comme si un verrou avait brusquement sauté, au grand dam de son fils. Mais les personnages les plus pathétiques sont les américains que côtoie Paul et qui évoluent dans un monde irréel et sans consistance: Walter Whitman, un producteur forcément cynique; Edward Waldo-Finch, looser magnifique, un metteur en scène tombé dans l’oubli qui rêve de reconquérir sa place; Selma, apparition fantôme qui se réfugie dans les brumes réconfortantes et destructrices de la drogue. L’ensemble manque un peu de rythme, mais Dubois mêle avec talent absurde et mélancolie, et cette belle galerie de personnages a suffit à emporter mon adhésion.

Points 2009, 275 pages, 7€  (1ère édition: Editions de L’Olivier 2008).

Les avis d’ Amanda, Clarabel, Val, Bouh, HecleaHerisson08, Loic, Laurent, Pauline, Emeralda, Tiphanie, Nathalie, Miiiel, Jelis.
Lu dans le cadre d’un partenariat entre les Editions Points et le Forum Livraddict, merci!