Catégorie : Lectures 2013

[Roman] Arizona Tom – Norman Ginzberg

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Pourquoi ai-je eu envie de lire ce roman?

il faisait partie d’une sélection spéciale Premiers Romans du Club des Testeurs d’Amazon dans laquelle je pouvais choisir deux titres. Mais j’ai découvert ensuite qu’il ne s’agissait pas du tout d’un premier roman puisque sous le pseudo de Norman Ginzberg se cache en fait Jean-Christophe Giesberg (frère de Franz-Olivier) qui a déjà écrit plusieurs livres.

C’est quel genre ?

Mi-polar, mi-western.

L’histoire en deux mots :

Un shérif désabusé d’une petite ville d’Arizona va essayer de prouver l’innocence d’un enfant sourd et muet, qu’il a trouvé au milieu du désert traînant un cadavre démembré. Une étrange relation va se nouer entre ces deux solitaires, alors que les notables de la ville sont persuadés de la culpabilité du gamin et voudraient bien le  pendre haut-et-court.

Un sous-titre?

Le môme, le shérif et les truands.

La 1ère phrase:

Je m’appelle Miller, Ocean Miller.

Si ce livre était une musique ce serait…

Si ce livre était un plat ce serait…

du mouton faisandé et des fayots sans goût”.

Si c’était une boisson, ce serait

Du bourbon, “de l’authentique Kentucky aux notes de miel sauvage et de tabac blond”.

J’ai aimé:

L’atmosphère qui se la joue western sans avoir peur du cliché (Saloon, putes au grand cœur, jolies veuves pas franchement éplorées, brutes alcooliques à la gâchette facile, indiens…). Les personnages, rustiques et attachants. Le ton, à la limite de la parodie.

J’ai moins aimé:

Le style un peu lourd : trop d’adjectifs tue l’adjectif et à chaque fois qu’un nouveau personnage apparaît, l’auteur se sent obligé de nous dérouler son (long) CV.

Un livre à offrir à…

Un cinéphile nostalgique  qui avait 14 ans en 1968.

Bref… 

Sans être un coup de cœur, c’est un roman avec lequel j’ai passé un bon moment.

Une note:Note/4 etoiles

Une question subsidiaire:

Y’aura-t-il une suite ? La fin du roman peut le laisser penser.

Si ça vous tente…

Arizona Tom de Norman Ginzberg, 219 pages, éditions Héloïse d’Ormesson, août 2013

Challenge 1% littéraire
Challenge 50 états, 50 billets (Arizona)
Challenge Petit Bac (Catégorie Lieu)

Rentrée littéraire 2013 #1: Daffodil Silver, Voir du pays, Le tennis est un sport romantique

Je reviens rapidement sur mes lectures dans le cadre de l’opération “Rentrée littéraire – lecteurs VIP” du site Entrée Livre dont je vous avais parlé ici. Je ne peux pas reproduire mes critiques à l’identique, je vous invite donc si vous voulez en savoir plus sur l’un de ces titres à aller lire mes billets plus complets sur Entrée Livre 😉

 

Daffodil Silver d’Isabelle Monnin (JC Lattès, août 2013, 409 pages) – Note/4 etoiles

La mort brutale de Rosa à 26 ans anéantit sa sœur, Lilas, qui se lance alors dans un projet insensé, “le livre de Rosa”.

Elle veut écrire un livre qu’on mettra autant de temps à lire que Rosa a vécu. Il s’agit de reconstituer aussi précisément que possible chaque minute de la vie de ma tante, soit 26 années, 97 jours, 16 heures et 30 minutes. A chaque fois que quelqu’un commencera à lire Le livre de Rosa, pense ma mère, la vie de Rosa se trouvera prolongée d’autant. Ainsi Rosa vivra éternellement dans les yeux de ses lecteurs. On a les immortalités que l’on peut.” (extrait p.106)

C’est Daffodil, la fille de Lilas, qui raconte ici son histoire familiale. Sa mère a sacrifié sa vie au culte du souvenir, mais aussi celle de son mari et celle de Daffodil, née deux semaines avant le décès de Rosa, et qui a du grandir dans l’ombre envahissante de cette tante qu’elle n’a jamais connue. Le deuil insatiable de sa mère va prendre au fil des pages et des années des proportions démesurées, et tel Frankenstein va échapper à sa créatrice pour mener sa propre vie, bien loin finalement de Lilas et de Rosa. Daffodil Silver  est un roman poignant sur le deuil, l’amour, la folie, et les méandres de la mémoire. L’un des meilleurs livres de cette rentrée littéraire.

Retrouvez mon avis plus détaillé sur Entrée Livre

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Voir du pays de Delphine Coulin (Grasset, août 2013, 272 pages) – 3 etoiles

Amies d’enfance, Aurore et Marine s’engagent toutes les deux dans l’armée et sont envoyées en Afghanistan où une de leurs missions va mal se passer et mettre en péril leur amitié. Avant de rentrer en France elles vont passer 3 jours à Chypre, dans ce que l’armée appelle un “SAS de décompression”. Au programme, luxe, farniente, et debriefing. Mais ces 3 jours vont prendre une tournure tragique…

Le sujet est intéressant, je ne connaissais pas l’existence de ce SAS de décompression installé à Chypre depuis 2009, où sont envoyés les soldats revenant d’Afghanistan ou plus récemment du Mali. Dommage qu’une bonne partie du roman enchaîne les platitudes et les clichés (sur la guerre, les militaires, les touristes, etc…). J’ai eu en plus du mal à éprouver de l’empathie pour Aurore et Marine que j’ai trouvé peu charismatiques. La dernière partie du livre est plus intéressante, les personnages et l’histoire y trouvent plus de consistance, mais c’était un peu tard pour moi.

Retrouver mon avis plus détaillé sur Entrée Livre.

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Le tennis est un sport romantique d’Arnaud Friedmann (JC Lattès, août 2013, 250 pages) – 3 etoiles

Le 10 juin 1984, devant un match McEnroe/Lendl, Juliette déclare à son fils Julien  que John McEnroe est son père. Sans qu’on sache jamais si elle tient du fantasme ou de la réalité, tous deux vont s’accrocher à cette révélation. Mère célibataire,  Juliette va plonger dans la dépression, se raccrochant désespérément à cette lointaine étreinte  pendant laquelle a été conçue son fils, alors qu’elle était jeune fille au pair aux Etats-Unis. Sous la pression de sa mère Julien va se lancer dans le tennis, au fond il n’a aucun talent mais le travail et la perspective d’être le digne héritier de son père lui permettront de devenir un joueur honorable. Mère et fils vont ainsi vivre au rythme des victoires et des défaites de McEnroe, de ses coups de sang, de son apparition dans les médias.

L’auteur s’attaque ici à un thème plutôt classique, grandir sans père, mais avec un angle original puisque le père est ici à la fois inconnu et connu, absent et présent, trouvant sa place dans la sphère familiale via la télévision ou les magazines. Entre une mère démissionnaire et un père fantôme, Le tennis est un sport romantique est l’histoire de la solitude de deux êtres et de la difficulté d’un enfant à construire son identité sans repères. Si le thème est séduisant, j’ai trouvé l’écriture assez froide, maintenant les émotions et le lecteur à distance. J’ai donc eu bien du mal à m’attacher aux personnages et en plus l’histoire finit par tourner un peu en rond. Pas complètement convaincue là non plus.

Retrouvez mon avis plus détaillé sur Entrée Livre.

[Roman] Ce qui restera de nous – Mark Gartside

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1985, sous l’ère Thatcher, le jeune Graham rencontre Charlotte, il est fils d’ouvrier travailliste, elle est issue de la bourgeoisie conservatrice, autant dire qu’ils n’ont pas grand-chose en commun et que personne ne croit vraiment à leur histoire d’amour. 2010 : Graham élève désormais seul son fils de 15 ans, Michaël, mais entre eux le fossé ne cesse de se creuser, père et fils peinent à se comprendre. Depuis qu’il sort avec Carly, une fille des quartiers populaires, Michaël cumule les bêtises et les ennuis. Michaël lui, voudrait que son père le lâche un peu, et il l’inscrit à son insu sur un site de rencontres.

Le roman alterne les deux périodes, la jeunesse de Graham dans les années 1980, son histoire d’amour avec Charlotte, et l’époque actuelle (2010), dans une Angleterre qui a bien changé entre-temps, avec un arrière goût amer de crise et de violence. C’est moins l’histoire entre Charlotte et Graham (un peu trop “tire-larmes” à mon goût) que le sujet de la paternité qui m’a séduite dans ce livre.

Graham est loin d’être un super héros, c’est un type tout ce qu’il y a de plus banal, un petit comptable confronté quotidiennement à ses faiblesses et à ses petites lâchetés. Il a parfois oublié les principes que lui a inculqué son père, ses convictions sociales, pour mieux se protéger notamment dans sa vie professionnelle. Des choix que son père considère comme une trahison, au point de refuser toute nourriture achetée par Graham (avec son argent “sale”) et de débarquer systématiquement chez son fils avec sa propre bière et ses sandwichs. Tout au long du roman se déploie ainsi en parallèle la relation pittoresque de Graham avec son père, et celle qu’il entretient désormais avec son fils.

Même s’il est finalement assez classique, Ce qui restera de nous est un joli livre sur la paternité, sensible et émouvant. J’ai été particulièrement touchée par un passage dans lequel Graham tente de défendre son fils face à de petits voyous qui le harcèlent, et qu’il recule, terrassé par la peur. Quel modèle un père doit-il donner à son fils ? Quelles valeurs doit il lui transmettre ? Qu’est ce qu’être un homme? A défaut d’être le plus fort, peut-être est ce simplement être en accord avec soi-même et savoir admettre ses faiblesses. Et en retrouvant son fils, Graham se trouvera aussi lui-même.

Mention spéciale au titre que j’aime beaucoup, tiré d’un poème de Philip Larkin : “Ce qui restera de nous, c’est l’amour“.

A lire aussi l’avis de Laure.
Belfond 2013, 429 pages, traduction d’Isabelle D. Philippe – Note/4 etoiles

[Rentrée littéraire 2013] Le soleil à mes pieds – Delphine Bertholon

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Elles n’ont rien en commun, si ce n’est un lourd passé marqué par un évènement sordide, et le fait d’être sœurs. La Grande parle fort, remplit son appartement de bric et de broc, s’enivre de sexe et de cruauté, elle a le vice et la méchanceté chevillées au corps, elle aime par dessus tout malmener la Petite. Elle a basculé du côté sombre, attirée par la mort comme un moustique par le sang. La Petite est au contraire une fleur fragile et délicate, poussée dans l’ombre de cette sœur qui prend toute la place. Elle reste cloîtrée chez elle, dans un univers vide et aseptisé, elle ne s’alimente presque pas, espérant peut-être finir par disparaitre, par s’effacer.  “Quand on a une sœur, on n’est plus jamais seule“, leur serinait leur mère, et c’est bien le cas, pour le plus grand malheur de la Petite.

Le soleil à mes pieds est l’histoire d’une lutte inégale entre deux sœurs, entre deux jeunes femmes et un passé terrible dont elles n’arrivent pas à se libérer (et que l’on découvre au fil des pages). On a pitié de la Petite évidemment qui ne parvient pas à échapper à l’emprise malsaine de sa soeur,  mais on n’arrive pas à détester la Grande tout à fait, tant on sent dans sa méchanceté la douleur de la petite fille que la vie ne lui a pas laissé le temps d’être, et dans son comportement son désir désespéré de ne pas rester seule. Finalement celle des deux qui m’a le plus émue n’est peut-être pas celle que l’on croit… C’est un livre féroce, perturbant, qui m’a mis parfois un peu mal à l’aise parce que la littérature évoque rarement les rapports entre soeurs de cette façon là. Mais j’ai lu ce roman  presque d’une traite, en retenant mon souffle. Je ne sais pas si ce livre a été inspiré à Delphine Bertholon par un fait divers réel (comme c’était le cas dans Twist), on retrouve en tous cas le thème des relations familiales compliquées comme dans Grâce. Un auteur que j’aime toujours beaucoup, et un des livres de cette rentrée littéraire à découvrir impérativement.

Le soleil à mes pieds, 187 pages, éditions JC Lattès – Note/4 etoiles

Challenge 1% Rentrée littéraire
Challenge Petit bac (Catégorie partie du corps)

[Polar surnaturel] Niceville – Carsten Stroud

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J’ai d’abord reçu un message énigmatique dans ma boîte aux lettres, puis un roman accompagné de quelques goodies pas banals (un sac de preuves, un cordon de sécurité Police Do not cross et un kit pour relever les empreintes). Une entrée en matière bien sympa qui m’a donné envie de me plonger sans attendre dans ce polar publié aux Editions du Seuil.

A Niceville, le jeune Rainey Teague disparaît sur le chemin de l’école. Une disparition de plus dans cette petite ville des Etats-Unis, qui a le taux le plus élevé du pays. C’est l’inspecteur Nick Kavanaugh, ancien militaire au passé trouble qui va mener l’enquête, aidé par sa femme Kate, une avocate dont le père s’est intéressé de près à la sombre histoire de Niceville. Ils vont vite être confrontés à des évènements étranges.

Si la disparition de ce petit garçon est le point de départ du roman, de nombreuses histoires secondaires vont venir s’y greffer, notamment le braquage d’une banque et l’assassinat de plusieurs policiers. J’étais d’ailleurs un peu perdue au début du livre avec tous ces personnages qui ne semblent n’avoir aucun lien entre eux. J’ai finalement beaucoup aimé certaines histoires (surtout celles qui ont un lien direct avec la disparition de Rainey comme les évènements qui vont se dérouler dans la maison de Delia Cotton ou la cavale du braqueur Merle Zane), d’autres ont à mon avis moins d’intérêt comme celles qui tournent autour de Bock (qui veut se venger de tout le monde après l’humiliation de son divorce) ou de Byron Deitz (qui veut récupérer un mystérieux objet volé pendant le braquage de la banque).

Je m’attendais à un polar plutôt classique, mais Niceville est en fait un roman inclassable qui mêle enquête policière et évenements surnaturels, et qui n’est pas sans rappeler l’univers de Stephen King. J’ai adoré l’ambiance caractéristique du sud des Etats-Unis, tissée d’anciennes croyances indiennes, de lieux maudits et de vieux secrets de famille. Une fois la machine lancée, j’ai eu du mal à m’arrêter avant la fin. La bonne nouvelle c’est que ce roman est en fait le premier tome d’une trilogie, le 2ème tome The Homecoming vient de sortir en VO, et le 3ème tome, The Departure sortira en juin 2014.

Si vous avez envie vous aussi de découvrir ce roman, les éditions du Seuil lanceront le 20 juin un grand concours sur leur page facebook, et vous pourrez trouver de précieux indices sur des blogs partenaires de l’opération. Voici celui que je suis chargée de vous remettre : « Meilleur ami des « Narcisse », il pourrait aussi bien être l’instrument de votre fin ». Bonne chance à tous !

Niceville de Carsten Stroud, Editions du Seuil 2013, 502 pages – Note/4 etoiles